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revue rapide, je noterai plusieurs représentations de mystères pendant les dix ans de 1451 à 1461.-En 1451, la ville subvenait aux frais de la représentation du mystère de Saint-Pierre et Saint-Paul'. Le 14 août 1451, on jouait le mystère de SainteAgnès. Au mois de mai 1455, les jeunes compaignons de Compiègne » jouaient celui de Berthe et du roi Pepin ; trois ans après, je trouve un don aux compaignons qui jouèrent la vie et invencion de saint Anthoine, pour supporter leurs despenses et leurs habillements. » La ville donnait aussi chaque année une gratification aux « jeunes compagnons à marier des paroisses Saint-Jacques et Saint-Antoine, pour supporter la despense des menestrels. Enfin, je joindrai à cette énumération des frais de réjouissance, ces lignes du compte de 1460 don à « plusieurs jeunes compaignons et jeunes filles qui ont dancé par plusieurs festes en la halle de la ville.

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1. C. C. 19. 2. Ib.

HENRI DE L'ÉPINOIS.

(La fin à un prochain numéro.)

EXÉCUTION

DU

TESTAMENT D'AMÉDÉE III,

COMTE DE GENEVOIS,

EN 1371.

Le document que nous faisons connaître aujourd'hui éclaire deux points obscurs de l'histoire des comtes de Genevois : 1o la sépulture d'Amédée III, ainsi que l'agrandissement apporté par lui à l'église de Notre-Dame-de-Liesse d'Annecy; 2° l'endroit où ce prince et son successeur firent battre monnaie au quatorzième siècle.

L'origine de l'église de Notre-Dame de Liesse ou de Lété se perd dans la nuit qui enveloppe les premiers temps de l'existence d'Annecy. A la place où s'élève aujourd'hui cet édifice, récemment reconstruit, il n'y avait primitivement qu'une chapelle, célèbre déjà par l'affluence de pèlerins qu'elle attirait. Fut-elle fondée avec la ville nouvelle qui remplaça - vers le dixième siècle, à ce que l'on présume, -l'Annessiacum vetus, bâti sur la colline voisine? ou bien lui préexista-t-elle, et n'auraitelle pas été même une des causes déterminantes de sa formation, en un mot le noyau de l'Annessiacum novum 1? Tant de bourgs, tant de villes ont pris naissance de la même manière autour

1. Le nom d'Annessiacum se trouve en 867 dans une charte de l'empereur Lothaire; mais la plus ancienne mention que nous ayons rencontrée du nouvel Annecy opposé au vieux est dans une donation faite, en 1192, par le comte de Genevois à l'abbaye de Talloires (Guichenon, Bibliotheca Sebusiana, p. 40). Dès 1132, cependant, une église paroissiale, dédiée à saint Maurice, fut élevée auprès du château. (Besson, Mém. pour servir à l'histoire des diocèses de Genève, Tarentaise, etc., p. 117.)

d'un couvent, d'un oratoire! Quoi qu'il en soit, on trouve, dans le treizième siècle, à côté de la chapelle, un hôpital servant d'asile aux pèlerins malades ou indigents'. C'est aux premières années du même siècle, vraisemblablement, qu'il faut rapporter la construction de l'église dont le clocher seul nous reste aujourd'hui. Cette tour, le plus ancien monument d'Annecy, est aussi le spécimen le plus remarquable de l'architecture romane en Savoie. Elle présente l'aspect d'un campanile carré à trois étages, percé, sur chacune de ses faces, de dix arcades en plein-cintre, qui sont disposées quatre, quatre et deux, et séparées par des colonnettes. Ses formes élancées appartiennent à la dernière période de l'art roman, qui a pu, à la rigueur, se maintenir dans le pays, comme dans certaines contrées voisines, jusqu'au commencement du treizième siècle. Il ne serait guère possible de faire descendre plus bas la date d'un semblable morceau d'architecture, et de le rattacher aux agrandissements entrepris, dans le siècle suivant, par le comte Amédée III. Quelques historiographes ont avancé pourtant que ce prince avait transformé l'ancienne chapelle en basilique à trois nefs, et fait creuser son tombeau dans le chœur 2. Mais, comme le clocher est antérieur par son caractère à l'époque d'Amédée III, et que, d'un autre côté, il est trop important pour avoir appartenu à une simple chapelle, la transformation en question a dû nécessairement avoir lieu plus tôt 3.

Ce qui peut-être a donné le change, c'est que le comte Amédée introduisit réellement dans l'église une modification nouvelle. Mais elle fut moins considérable; et l'acte publié ci-après en révèle précisément la nature. Ce document contient les clauses du testament d'Amédée III relatives à Notre-Dame de Liesse, et le procès-verbal de leur exécution par sa veuve Mathilde de Boulogne (Mahaut de Bolon) et ses fils Robert et Pierre, ou du moins par les trois délégués que ceux-ci nommèrent pour la circonstance, en 1371. Le double que nous en avons fut dressé un peu

1. Besson, ibid., p. 114. L'abbé Magnin (aujourd'hui Mer Magnin, évêque d'Annecy), Notice sur l'église de Notre-Dame, p. 1.

2. Magnin, ibid.; Grobel, Notre-Dame de Savoie, etc.

3. Cela soit dit toute réserve faite des modifications ou additions que le clocher a subies depuis; car, tel qu'il est aujourd'hui, c'est un monument hybride, et on reconnaît dans sa partie supérieure plusieurs caractères du quinzième siècle, entre autres des tourelles d'angles, dont il ne reste plus que la base.

plus tard en faveur de la même église, pour laquelle il faisait titre de ses archives, il a passé dans celles de la Société Florimontane'.

Amédée III, dans son testament, ordonne à son héritier de fonder et de construire, si lui-même ne réalise pas ce projet de son vivant, une chapelle dans l'église de Notre-Dame de Liesse d'Annecy, et, dans ladite chapelle, le tombeau où il veut être enterré, de la manière qui convient à sa condition. » Trois messes, dont une grande, devront y être célébrées chaque jour pour le repos de son âme et de celles de sa femme, de ses prédécesseurs et de ses successeurs; dans ce nombre, il y en aura une de la sainte Vierge, une du Saint-Esprit et une des défunts. A chacune d'elles se fera la commémoration de saint Antoine. Si la chapelle, ajoute le prince, n'est pas terminée au moment de notre mort, nous voulons que ces offices soient célébrés, jusqu'à son achèvement, au maître-autel de la même église.

"

Amédée ne choisit donc pas sa sépulture dans le chœur de Notre-Dame, mais dans une chapelle spéciale, construite, soit aux alentours du chœur, soit le long d'un bas-côté de la nef. II agrandit ainsi l'édifice mais il n'indique en aucune façon, comme les testateurs ne manquaient pas de le faire en pareil cas, qu'il l'eût précédemment rebati. Au contraire, il parle de l'église comme possédant un maître-autel, et, par conséquent, comme ayant acquis son développement, depuis une époque indéterminée.

Il affecte ensuite à l'entretien de sa fondation une rente annuelle de soixante livres genevoises, à assigner par son héritier sur ses propres revenus. Le patronage de la chapelle est entièrement réservé aux comtes de Genevois. Un recteur est institué pour la desservir, sous l'obligation expresse de demeurer dans la ville d'Annecy. Enfin, chaque année, le jour de l'Assomption, il devra être fait, toujours dans la même chapelle, une done ou distribution de quatre deniers à chaque pauvre d'Annecy, et, la veille de Noël, vingt-quatre indigents recevront chacun un corset blanc (viginti quatuor corselos albos).

1. Société académique fondée dans la ville d'Annecy par saint François de Sales et son ami le président Antoine Favre, et rétablie sur de nouvelles bases en 1851, après une longue interruption.

2. La done existe encore dans plusieurs paroisses des environs.

Telles sont les dispositions qu'exécutèrent, le 5 septembre 1371, Humbert de Nave, juge de Genevois, Jean Mossures et Guillaume de Crans, commissaires désignés par la veuve et les enfants du comte. Après avoir arrêté que les aumônes seraient réparties par le recteur même de la nouvelle chapelle, ils assignèrent et remirent entre les mains de ce dernier, sur son serment solennel d'en faire l'usage prescrit, la quantité de revenus nécessaire à l'accomplissement des legs qu'on vient de voir, formant une somme annuelle de 85 livres 13 sous 4 deniers genevois. Dans cette évaluation, la done de l'Assomption est comptée pour 16 livres 13 sous 4 deniers, ce qui porte les pauvres gratifiés chacun de 4 deniers au nombre de mille. Les vingt-quatre corsets sont estimés 9 livres, soit 7 sous et 6 deniers chacun. Le vêtement bon marché ainsi désigné correspond, vraisemblablement, à la colte ou habit de dessous, en usage du douzième au quatorzième siècle. Les trois commissaires ne parlent nullement de l'érection du tombeau et de la chapelle, et on ne voit point de fonds assignés pour ces travaux; ce qui laisse entendre qu'ils étaient terminés en 1371, et peut-être avant la mort du comte, arrivée en 1367.

L'église, ainsi enrichie par Amédée III, devait être portée à un plus haut degré de splendeur par Robert de Genève, son fils et l'un de ses exécuteurs testamentaires, devenu antipape, sous le nom de Clément VII. Ce dernier, qui se signalait ailleurs par une conduite toute différente, confirma, le 18 avril 1388, les priviléges accordés précédemment à Notre-Dame de Liesse : il y institua, en outre, un jubilé septennal, connu sous le nom de grands pardons, et qui durait trois jours, à la fête de la Nativité de la Vierge. Depuis lors, le célèbre sanctuaire fut encombré de milliers de pèlerins qui venaient, à l'époque fixée, chercher des indulgences et déposer leurs offrandes pour l'entretien de l'hôpital. Clément VII voulait encore ériger l'église en collégiale. Ce projet fut mis à exécution par son successeur Benoît XIII, en 1395, et tout le décanat d'Annecy, comprenant quatre-vingt-seize paroisses, fut successivement uni à NotreDame'. Le 16 septembre 1398, Guillaume de Lornay, évêque de Genève, consacrait la nouvelle collégiale sous le vocable de

1. Magnin, p. 8.

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