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vœu a reçu dans fon expreffion la forme d'un fentiment, & a para celui de tous les Membres de Ja Chambre du Clergé. La délibération formelle n'a pu être admife, comme trop prématurée, & hors des pouvoirs d'une Affemblée non encore conftituée. Il n'y a rien d'écrit dans la Chambre fur cet objet. »

« On a fait dans l'Affemblée du Tiers-Etat la propofition de former un Comité de rédaction compofé de vingt-quatre perfonnes, choifies au fcrutin, pour rédiger tout ce que l'Assemblée jugeroit à propos de publier, & en conféquence on a demandé que le Comité foit chargé de se procurer une Imprimerie aux ordres de l'Afïemblée. On a auffi propofé de charger les Commiffaires de faire imprimer le détail de ce qui s'eft paffé jufqu'à ce jour. »

"Ces propofitions ont été combattues, d'abord parce que la forme inconftitutionnelle de l'Affemblée ne permettoit pas de prendre une détermination fur un objet fi important: enfuite on a pris en confidération les dépenfes qu'entraîneroit l'établiffement d'une Imprimerie, le tems & les foins qu'exigeroit un travail confié à tant de Membres, enfin les débats que pourroit occafionner dans l'Affemblée la révifion des différens résultats deftinés à l'impreffion. Mais une des raifons qui a furtout excité les oppofitions, eft la crainte que les Membres du Comité propofé ne donnent, même involontairement, aux matières qu'ils feroient chargés de rédiger, quelque impreffion particulière qui pourroit en altérer l'efprit primitif. Ces propofitions feront reprises à la prochaine Affemblée. »

« 22 Mai. La propofition de nommer un Comité de rédaction a été reprife aujourd'hui dans l'Affemblée du Tiers-Etat; mais elle a été rejetée

prefqu'à l'unanimité, puifqu'il ne s'eft trouvé que 36 voix pour l'admettre. Un des motifs d'oppofition fur lequel on s'eft le plus généralement réuni, eft que l'établissement d'un Journal compofé par des Membres des Etats-Généraux, étoit incompatible avec la dignité & les devoirs de Repréfentans de la Nation. Demain au foir les Membres nommés pour conférer avec les Commiffaires des deux autres Ordres, doivent s'affembler pour commencer leurs opérations. ››

«La Chambre du Clergé s'eft divifée par Bailliages pour travailler à l'examen de fes cahiers. »

FIN du Discours de M. le DirecteurGénéral des Finances.

Enfin, fi le crédit s'étoit rétabli, le Roi auroit trouvé dans l'extinction annuelle de 1500 mille livres de rentes viagères, le moyen d'emprunter & de dépenfer 20 ou 30 millions tous les ans fans altérer les rapports entre les revenus & les dépenfes ordinaires.

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Ainfi, tandis que la France, tandis que l'Europe entière attribue la convocation des Etats-généraux à la néceffité abfolue, au befoin inévitable d'augmenter les impofitions, l'on voit par ce réfumé précis, qu'un Roi, jaloux uniquement de fon autorité, auroit trouvé dans les retranchemens fumis à fa puiffance ou à fa volonté, un moyen de fuffire aux circonftances, & fe paffer de nouveaux tributs.

C'eft uniquement en temps de guerre que les embarras de finance furpaffent l'étendue des reffources ou des expédiens de tout genre dont on pourroit faire ufage, & dont les règnes précédens ont donné l'exemple. Il faut pendant la guerre un crédit immenfe, & ce crédit ne fe commande point; mais au milieu de la paix, un Roi de

France qui fe permettroit d'exécuter tous les retranchemens de rentes, d'intérêts, de penfions, d'appointemens, d'encouragemens, de fecours, de remifes, & d'autres dépenfes de ce genre, dont le tableau de fes finances lui donneroit l'indication, ne fe trouveroit jamais environné de difficultés d'argent qu'il n'eût la puissance de franchir.

C'est donc, Meffieurs, aux vertus de Sa Maj. que vous devez fa longue perfévérance dans le deffein & la volonté de convoquer les Etats-Généraux du royaume. Elle fe fû tirée, fans leurs fecours, de l'embarras de fes finances, fi elle n'eût mis un grand intérêt à maintenir les droits de la propriété, à conferver les récompenfes méritées par des fervices, à refpecter les titres que donne l'infortune, & à confacrer enfin tous les engagemens émanés des Souverains d'une Nation fidel e à l'honneur & à fes promeffes.

Mais Sa Majefté, conftaniment animée par un efprit de fageffe, de juftice & de bienfaisance, a confidéré dans fon enfemble, & fous le point de vue le plus étendu, l'état actuel des affaires publiques; Elle a vu que les Peuples, alarmés de l'embarras des finances & de la fituation du crédit, afpiroient à un rétabliffement de l'ordre & de la confiance qui ne fût pas momentané, qui ne fût pas dépendant des diverfes viciffitudes dont on avoit fait l'épreuve. Sa Majefté a cru que ce vœu de la Nation étoit parfaitement jufte; & défirant d'y fatisfaire, Elle a penfé que pour atteindre à un but fi intéreffant, il falloit appeler de nouveaux garans de la fécurité publique, & placer pour ainfi dire l'ordre des finances fous la garde de la Nation entière. C'eft alors, en effet, qu'on ceffera de rapporter le crédit à des circonftances pallagères; c'eft alors que les inquiétudes fur l'avenir ne troubleront plus le calme & la tranquillité da préfent; c'est alors que chacun s'eftimera riche

de tout ce qu'il poffède en créances fur le Roi & fur l'Etat; c'est alors que les propriétaires innom-. brables de toutes les portions de la dette publique feront en repos fur leur fortune, & fe trouveront difpofés à venir au fecours de la France quand fes dangers pourront le demander.

Ainfi, Meffieurs, la connoiffance positive & indifpenfable de la véritable fituation des finances, l'établiffement de l'ordre, la certitude de fa permanence, auront des effets incalculables. Qui feroit affez inconfidéré pour se priver de l'intérêt de fes fonds, quand cet avantage ne feroit acheté par aucune inquiétude ? Cependant cette fimple détermination, fi elle avoit lieu dans un royaume tel que la France, dans un royaume propriétaire bientôt de deux milliards & demi d'argent monnoyé, produiroit le mouvement le plus profpère. Des capitaux immenfes foigneufement renfermés, des capitaux femblables en ce moment aux murs & à l'airain qui les environnent, ces capitaux viendroient par un heureux retour enrichir la circulation, & groffir au milieu de nous ce flot de la richeffe publique. Et qu'on fe figure l'époque, peutêtre peu éloignée, où l'exactitude des paiemens, la rareté des emprunts, leur cessation abfolue, & l'action falutaire d'une caiffe d'amortiffement, réduiroient l'intérêt à quatre pour cent, & forceroient à confidérer ce prix comme le feu! auquel on doit afpirer. Alors, non-feulement les finances de l'Etat s'améliorevient par la réduction libre des intérêts les plus onéreux; mais un effet plus important, c'eft qu'une diminution générale dans le produit des fonds publics, rendroit des fommes confidérables au commerce & à l'agriculture, & leur procureroit fans effort les fecours les plus néceffaires, l'encouragement le plus efficace Que l'on compare à tant d'effets falutaires, que l'on compare à tant d'avantages le bénéfice qui réfutes

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roit d'un raba's injufte fur les rentes légitimement dues, l'on verra promptement laquelle des deux politiques mérite la préférence. C'eft ains, je dois le dire encore, c'est ainfi que la fidélité des engagemens, c'eft ainfi que ia juftice des Rois entraînent une multitude de dépendances qui toutes ont une intime relation avec la durée & la profpérité des Empires. Et fans ce principe de droiture qui doit fervir de guide dans toutes les déterminations, un Prince, une Nation même ne pourroient fuffire à l'adminiftration des affaires publiques; alors à chaque inftant on chercheroit fa route, on itoit en avant, on retourneroit fur fes: pas, on s'égareroit en circuits, & l'on fe trouveroit infenfiblement dans un labyrinthe de doutes & d'incertitudes. Oui, tout eft perfonnel, tout eft féparé, tout eft exception quand on abandonne ces deux grandes généralités, la morale publique & la morale particulière.

Cependant, Meffieurs, ce feroit fans doute confidérer les Etats-Généraux d'une manière bien limitée, que de les voir feulement fous le rapport. de la finance, du crédit, de l'intérêt de l'argent, & de toutes les combinaisons qui tiennent immédiatement aux revenus & aux dépenses. On aime à le dire, on aime à le penfer ils doivent fervir à tout ces Etats Généraux; ils doivent appartenir. au temps préfent & aux temps à venir; ils doivent, pour ainfi dire, obferver & fuivre les principes, & les traces du bonheur national dans toutes fes ramifications; ils doivent, après avoir bien connu les principes de ce bonheur, s'appliquer à la recherche des moyens qui peuvent l'effectuer & le rendre folide. Un vaste champ eft encore en friche, mais par-tout il promet des fruits falutaires. Quel pays offrit jamais plus de moyens de profpérité ? quel pays fit jamais naître plus d'encouragemens & plus d'efpérances? La douce & bienfaifante température

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