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HISTOIRE

DE

FRANÇOIS WILLS,

OU LE TRIOMPHE DE LA

BIENFAISANCE.

PREMIERE

PARTIE.

CHAPITRE I.

L'opinion du lecteur pourra bien ne pas être favorable à cet ouvrage, s'il en juge d'après la qualité des acteurs qui figurent dans ce chapitre; mais nous espérons que, dans la fuite, leur compagnie ne lui paroîtra pas fi défagréable.

V

Ers la fin du mois d'aout, environ fur les huit heures du foir, peu de tems après le coucher du foleil, trois voyageurs arrivérent, à pied, dans un de ces cabarets borgnes, fur le A

grand chemin du nord, à dix-neuf milles de Londres. La pluie, qui étoit tombée fans interruption pendant une grande partie de la journée, les avoit tellement pénétré, qu'ils demanderent auffi-tôt quelques rafraichiffemens. Leur trifte état émut la maitreffe du logis, veuve naturellement charitable & compatiffante; elle commença par faire bon feu: l'habillement de ces nouveaux hôtes lui annonçant, d'ailleurs, qu'ils étoient d'une condition fupérieure à celle des gens qu'elle hébergeoit ordinairement, cette peti. te obfervation ne contribua pas peu à exciter fon émulation; elle redoubla donc d'activité. Nos voyageurs n'eurent plus plûtot quitté leurs habits pour les faire fécher, que le foin le plus preffant de la bonne hôteffe fut de leur apprêter quelque bon reftaurant. Elle excelloit dans la préparation d'une liqueur, ou boiffon, qui, compofée de bierre, d'œufs, & de toutes fortes d'ingrédients propres à fortifier, rendit à nos voyageurs les forces & la vigueur que l'épuifement & la fatigue leur avoient fait perdre.

On feroit peut-être curieux de favoir quel nom portoit l'enfeigne du cabaret dont il eft ici queftion; mais les injures du tems n'en ayant pas refpecté les peintures, cette obmiffion ne nous empêchera pas de continuer notre histoire.

L'entrée étoit remplie de Moiffonneurs que la

pluie avoit forcé de déférter les champs: leur gaieté vive & franche se manifeftoit par des éclats de rire dont toute la maifon retentiffoit; animés réciproquement par les chorus répétés de leurs chanfons villageoifes, ils écartoient ainfi de leurs plaisirs toutes réflexions affligeantes fur l'intempérie qui fufpendoit leurs travaux.

Dans la piece la plus reculée de cette brillante hôtellerie, dans l'appartement le moins ho norable, mais fans contredit le plus attraiant; dans la cuifine enfin, avoient été admis deux jeunes garçons qui travailloient dans une thuillerie voifine; obligés de quitter leur feu, que la pluie avoit éteint, ils étoient venus fe mettre à l'abri auprès de celui de notre bonne hoteffe, dont l'humanité mérite bien d'être tranfmife à la postérité par nos éloges. On verra, au furplus, dans le cours de cette hiftoire, combien nous. fommes jaloux d'honorer la vertu, & de rendre justice au mérite, même dans les perfonnes d'une condition pauvre & obfcure; auffi, l'infolence, l'avarice & les baffeffes n'y feront pas ménagées, fans égard aux titres faftueux de ceux qui fe laiffent dominer par ces indignes paffions. On jugera à ce debut que l'auteur eft pauvre, & que fes fociétés ne font compofées que d'honnêtes indigens.

La converfation des deux manœuvres, qui

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