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elle ne montre point la persévérance, les lumières, la jalouse préoccupation de ses droits, qui ne permettraient à personne de douter de sa force. C'est en ce sens que le gouvernement parlementaire ne me paraît pas avoir encore reçu chez nous ses lettres de grande naturalisation. Je sais quels obstacles tiennent aux mœurs et aux préjugés; j'avoue que la démocratie, en appelant dans le monde politique des hommes nouveaux et souvent inexpérimentés, est condamnée à faire leur apprentissage; la fondation d'une forme de gouvernement qui réclame le concours de tous, son incorporation, si je puis ainsi dire, avec le pays, ne peut être l'œuvre d'un jour. Il y faut de longs efforts et un courage qui ne se rebute point; mais c'est à ce but que doivent tendre avant tout les vrais amis de nos institutions et les partisans sincères du gouvernement de juillet. Je voudrais qu'il nous fût donné de l'atteindre, et si, dans l'état actuel de la chambre, des hommes de cœur se réunissaient pour rendre la vie au régime parlementaire, pour le faire fleurir en France, pour lui donner les développemens qu'il a pris en d'autres lieux, ils auraient bien mérité du pays. Ce sont là des efforts que nous préférerions à l'élan de certains réformateurs, esprits plus brillans que solides, plus aventureux que politiques.

UN DÉPUTÉ.

succès prochain et assuré. On sait assez que la persévérance ne manque pas plus que le talent à son honorable auteur.

La proposition de M. de Sade a rencontré un accueil moins favorable, et il en devait être ainsi. Les questions que soulève la présence des fonctionnaires publics dans le parlement présentent, en effet, un double péril : ou les réformes proposées atteignent un très petit nombre d'intérêts particuliers, et alors elles sont stériles, ou elles menacent l'administration tout entière et les principes même de la législature, et alors elles sont souverainement dangereuses. L'interdiction faite aux députés de suivre le cours régulier et légitime d'une carrière antérieurement commencée ne peut avoir pour effet que d'enlever à la représentation nationale un personnel accoutumé au maniement des affaires publiques, pour le remplacer par des hommes systématiquement hostiles au pouvoir, ou qui se croient, dans leur confiance, appelés à conquérir de haute lutte une de ces positions dites politiques, qu'on prend grand soin d'excepter dans toutes les propositions soumises à la chambre, et qui n'avaient jamais été aussi nombreuses que dans celle de l'honorable M. de Sade.

Le système des incompatibilités atteint moins directement et la carrière des fonctionnaires, et l'économie générale de l'administration. Il est à croire que, si la loi électorale de 1831 était à refaire, l'intérêt du service déterminerait à ajouter quelques catégories de fonctions publiques à celles que cette loi atteint aujourd'hui. Mais cet intérêt est-il de nature à légitimer, de la part de la chambre, une tentative dont le moindre inconvénient est d'inquiéter de nombreuses existences? Nous ne le pensons pas, et nous comprenons qu'à la suite d'un débat sans chaleur et sans portée, elle ait refusé de s'engager par une prise en considération. Il ne pouvait d'ailleurs être question, au début d'une législature, de l'application actuelle du principe des incompatibilités, puisque cette application rendrait une dissolution nécessaire. C'était donc un engagement purement théorique qu'on réclamait de la chambre, c'était enfin une idée qui se liait plus ou moins dans l'opinion publique à celle d'une fin prochaine. L'assemblée a reculé devant la répugnance qu'éprouvent certaines gens à faire leur testament, quoique cet acte ne soit pas de nature à avancer l'instant de la mort, et puisse se rédiger en pleine santé.

Dans cette discussion, où l'on n'a trouvé de part et d'autre que des redites, M. de Lamartine a fait un pas de plus dans l'éclatante et dangereuse carrière où il s'est si audacieusement engagé. La fièvre de réformes dont l'illustre orateur paraît dévoré formait le contraste le plus curieux avec la froideur de l'opposition, et l'indifférence de la gauche, pour laquelle sa parole et son programme étaient un double embarras. M. de Lamartine, dont on se dissimulerait en vain la puissance croissante au dehors, a renoncé à toute action dans la chambre; c'est une comète ardente qui vient illuminer tour à tour les points divers de l'horizon, et dont les rapides évolutions sont destinées à

aussi calme, aussi résignée et aussi prudente, pour un parti qui aspirait moins à changer le système général du gouvernement qu'à lui donner des instrumens nouveaux, la première condition du succès était d'avoir un ministère tout prêt, et de rassurer tous les intérêts contre les incertitudes du lendemain. Nul doute que, si l'opposition avait été en mesure de garantir l'adhésion de quelques hommes considérables à une combinaison nouvelle, une crise ministérielle ne se fût ouverte au début même de la session; nul doute qu'elle ne devienne encore imminente le jour où l'on verrait le pouvoir hautement réclamé par les hommes qui, depuis trois mois, ont paru plus jaloux de l'arracher à leurs adversaires que de s'en emparer pour eux-mêmes. Le gouvernement représentatif est un gouvernement de sincérité dans lequel l'ambition n'est légitime qu'à condition d'être publiquement avouée. Le pouvoir est un but qu'il faut constamment poursuivre dans la défaite comme dans la victoire, et l'on n'est chef de parti qu'à la condition d'accepter, avec une même égalité d'esprit, l'une et l'autre alternative.

Les hésitations que les candidats au ministère ont éprouvées à l'approche de la crise, les répugnances de ceux-ci pour le pouvoir lui-même, de ceux-là pour des alliances rendues nécessaires, le silence prolongé de M. le comte Molé à la chambre des pairs, et de M. Thiers à la chambre des députés, telles sont donc les causes véritables de la position actuelle. Le cabinet est trop éclairé pour méconnaître ce qu'il doit à l'attitude de ses adversaires et pour attribuer à ses propres efforts une victoire qu'ils ont laissé échapper de leurs mains, faute de la désirer assez vivement ou de s'entendre pour la conquérir. Il n'en profite pas moins, et c'est son droit, des avantages qui lui ont été si gratuitement abandonnés, et il n'est pas impossible qu'avec de l'habileté et du bonheur le ministère ne finisse par changer en un triomphe durable une trève qui s'est sans doute prolongée fort au-delà de ses espérances et de son

attente.

La chambre a cru devoir repousser la proposition de M. Duvergier de Hauranne, tendant à substituer au vote secret le vote par voie de division. Nous le regrettons sincèrement, sans nous dissimuler la gravité des objections présentées avec tant d'autorité par M. Vivien. L'inconvénient du vote public consiste à mettre les faibles à la merci de la force, soit que celle-ci appartienne au gouvernement ou à l'opinion extérieure; à les livrer aujourd'hui aux excitations du pouvoir, demain aux menaces de la place publique. Mais les inconvéniens du vote secret ne sont-ils pas plus graves encore et d'une nature plus permanente? Ce mode ne corrompt-il pas les mœurs publiques à leur source, et cette session n'a-t-elle pas offert à cet égard, dans le sein même des deux chambres, des exemples déplorables? Lorsque de toutes les nations constitutionnelles des deux mondes la France seule est contrainte d'abriter sa liberté législative sous le manteau du scrutin secret, n'y a-t-il pas dans cette exception quelque chose qui doit peser à l'honneur national? Si la chambre a repoussé la proposition malgré l'adhésion personnelle de M. Guizot, l'imposante minorité qui l'a accueillie est le gage d'un

succès prochain et assuré. On sait assez que la persévérance ne manque pas plus que le talent à son honorable auteur.

La proposition de M. de Sade a rencontré un accueil moins favorable, et il en devait être ainsi. Les questions que soulève la présence des fonctionnaires publics dans le parlement présentent, en effet, un double péril: ou les réformes proposées atteignent un très petit nombre d'intérêts particuliers, et alors elles sont stériles, ou elles menacent l'administration tout entière et les principes même de la législature, et alors elles sont souverainement dangereuses. L'interdiction faite aux députés de suivre le cours régulier et légitime d'une carrière antérieurement commencée ne peut avoir pour effet que d'enlever à la représentation nationale un personnel accoutumé au maniement des affaires publiques, pour le remplacer par des hommes systématiquement hostiles au pouvoir, ou qui se croient, dans leur confiance, appelés à conquérir de haute lutte une de ces positions dites politiques, qu'on prend grand soin d'excepter dans toutes les propositions soumises à la chambre, et qui n'avaient jamais été aussi nombreuses que dans celle de l'honorable M. de Sade.

Le système des incompatibilités atteint moins directement et la carrière des fonctionnaires, et l'économie générale de l'administration. Il est à croire que, si la loi électorale de 1831 était à refaire, l'intérêt du service déterminerait à ajouter quelques catégories de fonctions publiques à celles que cette loi atteint aujourd'hui. Mais cet intérêt est-il de nature à légitimer, de la part de la chambre, une tentative dont le moindre inconvénient est d'inquiéter de nombreuses existences? Nous ne le pensons pas, et nous comprenons qu'à la suite d'un débat sans chaleur et sans portée, elle ait refusé de s'engager par une prise en considération. Il ne pouvait d'ailleurs être question, au début d'une législature, de l'application actuelle du principe des incompatibilités, puisque cette application rendrait une dissolution nécessaire. C'était donc un engagement purement théorique qu'on réclamait de la chambre, c'était enfin une idée qui se liait plus ou moins dans l'opinion publique à celle d'une fin prochaine. L'assemblée a reculé devant la répugnance qu'éprouvent certaines gens à faire leur testament, quoique cet acte ne soit pas de nature à avancer l'instant de la mort, et puisse se rédiger en pleine santé.

Dans cette discussion, où l'on n'a trouvé de part et d'autre que des redites, M. de Lamartine a fait un pas de plus dans l'éclatante et dangereuse carrière où il s'est si audacieusement engagé. La fièvre de réformes dont l'illustre orateur paraît dévoré formait le contraste le plus curieux avec la froideur de l'opposition, et l'indifférence de la gauche, pour laquelle sa parole et son programme étaient un double embarras. M. de Lamartine, dont on se dissimulerait en vain la puissance croissante au dehors, a renoncé à toute action dans la chambre; c'est une comète ardente qui vient illuminer tour à tour les points divers de l'horizon, et dont les rapides évolutions sont destinées à

déconcerter M. Arago bien plus encore que l'astre errant par lequel il a été tout récemment surpris dans la quiétude de l'Observatoire.

Il n'est pas à croire que l'opposition engage de nouveau le combat sur aucune proposition introduite par voie d'initiative particulière. Nous ne voyons pas quelle question serait de nature à dominer l'impatience bien légitime qu'éprouve l'assemblée d'entrer enfin dans les affaires positives et de hâter le terme de ses travaux. Peut-être cependant peut-on s'étonner que personne n'ait essayé de réveiller les vieilles sympathies de la chambre pour la conversion de la rente. Il est étrange qu'une législature nouvelle trace son programme sans qu'une seule allusion soit faite à une question qui suffisait en d'autres temps pour renverser les cabinets. Si l'état présent du trésor et les surcharges chaque jour multipliées qu'on fait supporter à la dette flottante interdisent une opération immédiate sur la masse de nos rentes 5 pour 100, peut-être eût-il été habile à l'opposition de faire proclamer au moins le principe de la conversion par la prise en considération d'une proposition sur cette matière. Ne pas prononcer le mot de conversion, c'est paraître y renoncer pour l'avenir comme pour le présent, c'est laisser croire que, dans ce pays d'engouement et de légèreté, il suffit de faire durer les questions pour les user. Nous lisions l'autre jour dans un journal anglais qu'il en serait certainement du droit de visite comme de la conversion des rentes, et que cette machine de guerre n'en avait plus pour une année. Rien n'est moins exact assurément, mais on comprend que l'Europe puisse s'y tromper.

Nous ne conseillons pas au ministère de se reposer sur cette prétendue similitude, car il ne tarderait pas à en porter la peine. S'il a une chance vraiment sérieuse de durée, s'il peut un jour rattacher à sa fortune les hommes qui ne lui prêtent qu'un concours provisoire et les conservateurs qui ont cru devoir le lui refuser pour cette année, c'est en terminant d'une manière digne et nationale la grande question qui sépare aujourd'hui la France de l'Angleterre. La solution de cette difficulté internationale aurait pour la consolidation du cabinet une portée incalculable. Que M. le ministre des affaires étrangères obtienne de la confiance de la Grande-Bretagne un traité analogue au traité américain, qu'il satisfasse au vœu des chambres, auquel il a déclaré s'associer, il s'assurera ainsi un avenir durable, et l'Angleterre elle-même, par une réparation donnée à propos, retrouvera tous les profits d'une alliance aujourd'hui précaire et contestée. L'habile modération qui signale les débats du parlement britannique depuis l'ouverture de la session, et la cessation parmi nous d'une polémique irritante, laissent peut-être quelque espérance d'arriver à ce résultat.

Nous ne supposons pas cependant que M. Guizot soit tenté d'acheter cette importante concession au prix du traité de commerce sur lequel certains journaux publient des renseignemens que nous aimons à croire controuvés. Le cabinet sait trop bien qu'il ne résisterait point à la signature d'une telle convention; il n'ignore pas que des assurances toutes personnelles, en ad

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