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64 CENTURION (1).

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Frégates VENUS, GREYHOUND, DEAL CASTLE, ANDROMEDA, PEGASUS.

A 4 de l'après-midi, les vaisseaux anglais commencèrent à essuyer le feu de l'armée française et, lorsqu'ils se formèrent en bataille, aux mêmes amures, parallèlement à celle-ci, ils avaient déjà de nombreuses avaries; le combat s'engagea alors sur toute la ligne. Peu de temps après, le corps de bataille de l'armée ennemie ayant fait une arrivée, le lieutenant général de Guichen crut voir dans ce mouvement l'intention de couper sa ligne et d'envelopper son arrière-garde, et il fit signal de virer lof pour lof tout à la fois; l'amiral anglais étant de suite revenu au vent, cet ordre fut annulé. Les vaisseaux n'aperçurent malheureusement pas tous ce contre-ordre: l'arrière-garde et une partie de l'avant-garde virèrent et se trouvèrent souventées. Le commandant en chef signala de suite de rectifier la ligne en laissant arriver. Pendant que l'armée française faisait ce mouvement, l'armée anglaise continuait sa route; à 51, elle était hors de portée.

L'amiral anglais n'ignorait pas qu'il y avait à bord des vaisseaux français des troupes qu'il présumait destinées à l'attaque de quelque possession anglaise. L'empressement avec lequel il profita de la dernière manœuvre de l'armée française pour s'éloigner, alors que ce mouvement pouvait

(1) M. de Lapeyrouse, Histoire de la marine française, ne cite pas le CENTURION. Il est d'accord avec les relations anglaises qui ne donnent que 21 vaisseaux. Le comte de Guichen dit qu'il y en avait 22.

lui être si profitable, semble établir qu'il n'avait pas l'intention d'engager une affaire sérieuse; que son but était de faire quelques avaries aux vaisseaux français, afin de pouvoir conserver l'avantage du vent et, par suite, d'être en position de surveiller leurs mouvements. Il ne réussit pas. Les vaisseaux français n'avaient aucune avarie quelque peu grave, tandis que plusieurs des siens avaient beaucoup souffert. Le SANDWICH, entre autres, était si maltraité, que pendant vingt-quatre heures on crut ne pouvoir le maintenir à flot; l'amiral lui-même fut obligé de passer sur le CONQUEROR. L'armée anglaise retourna à Sainte-Lucie; les Français firent route pour la Guadeloupe. Les blessés, au nombre desquels était le capitaine d'Aymar du SaintMichel, qui avait eu un bras emporté, furent mis à terre dans cette île.

Le 20 avril, pendant qu'on travaillait à débarquer les blessés, l'armée anglaise fut signalée. Les Français appareillèrent, mais les variations de la brise et le calme empêchèrent tout engagement.

Cette version officielle diffère beaucoup de celle qu'ont donnée les historiens anglais d'après le rapport de l'amiral Rodney. C'est d'ailleurs chose digne de remarque que, dans cette affaire et dans les deux autres rencontres de l'armée du lieutenant général de Guichen et de l'armée anglaise, chacun ait attribué à son adversaire le désir d'éviter le combat ou de le terminer le plus promptement possible.

Le lieutenant général de Guichen qui, depuis le 20 avril, n'avait cessé d'observer l'armée anglaise, finit par l'atteindre, ou plutôt par décider l'amiral Rodney à accepter un nouveau combat. Le ralliement du DauphinRoyal de 70°, capitaine Mithon de Genouilly, portait à 23 le nombre des vaisseaux français. L'armée anglaise était augmentée du vaisseau de 74° TRIUMPH, capitaine Philip Affleck. Le 15 mai, l'armée française, alors au vent, laissa

arriver en ordre de front sur les Anglais rangés en bataille, bâbord amures. Mais, au moment où le feu allait commencer, le vent passa de l'Est au S.-S.-E. Ce changement permettant aux Anglais de porter au vent de l'armée française, l'amiral Rodney fit gouverner à l'E.-N.-E., tandis que les Français, placés en échiquier sur la ligne du plus près tribord, avaient le cap au S.-O. Alors que le chef de file anglais allait doubler la ligne française, le vent remonta à l'Est et l'armée ennemie fut forcée de passer sous le vent de celle du lieutenant général de Guichen. Cet officier général ayant de suite rétabli la ligne de bataille, bâbord amures, les vaisseaux de tête de l'armée anglaise purent seuls engager le combat. Dès que l'avant-garde française eut dépassé la ligne anglaise, craignant qu'une nouvelle variation du vent ne donnât à l'amiral anglais la possibilité de défiler devant les derniers vaisseaux, le commandant en chef ordonna de virer vent devant par la contre-marche. La canonnade cessa à 8h du soir: elle avait duré une heure.

Les documents qui ont servi à décrire les batailles navales de cette époque sont, en général, si laconiques qu'il faut souvent raisonner d'après les probabilités. Il en résulte nécessairement que les interprétations sont très-variées. Les combats que l'armée navale du lieutenant général de Guichen livra à celle de l'amiral Rodney sont, entre tous, ceux sur lesquels on s'accorde le moins. Ma version diffère essentiellement de celles qui ont été données jusqu'à ce jour (1); elle est empruntée au rapport du commandant en chef de l'armée française, rapport qui semble avoir été ignoré même des historiens français.

Après l'engagement du 15 mai, le lieutenant général de Guichen poursuivit l'armée anglaise pendant quatre jours;

(1) Voir Clerck, Essai méthodique sur la tactique navale; Leboucher, Histoire de l'indépendance d'Amérique; de Lapeyrouse, Histoire de la marine française.

celle-ci refusait obstinément le combat en faisant vent arrière chaque fois que les Français laissaient porter sur elle. Le 19, l'amiral anglais se décida à accepter le combat. Le vent était à l'E.-S.-E. et à grains. L'armée anglaise, rangée en bataille, tribord amures, restait au S.-S.-O. lorsque les vaisseaux français, en ordre de bataille renversé, les amures à tribord, reçurent l'ordre de virer vent arrière et de porter tous leurs efforts sur son avant-garde. A 3h 15m, les deux armées se rencontrèrent à bord opposé de telle sorte que le chef de file de l'armée anglaise eût pu couper la ligne française entre le troisième et le quatrième vaisseau; il ne le fit pas et laissa au contraire arriver. Chaque vaisseau anglais imitant sa manoeuvre, l'armée ennemie élongea par-dessous le vent celle des Français dont les vaisseaux laissaient aussi arriver successivement pour se placer sur une ligne parallèle à la sienne. Les deux armées défilèrent ainsi l'une devant l'autre, en formant chacune un angle égal à celui représenté par l'intersection des deux lignes du plus près. Vers 3h 45m, et alors qu'elles allaient se dépasser, 9 vaisseaux anglais ayant viré de bord (1), le lieutenant général de Guichen fit virer ses deux premières escadres vent devant tout à la fois pour soutenir l'arrièregarde au besoin; ce mouvement fit reprendre aux Anglais leurs amures premières. L'arrière-garde française vira aussi lorsqu'elle n'eut plus d'ennemi par son travers et à 61, les deux armées étaient hors de portée de canon. Elles s'observèrent d'abord; mais les Anglais laissèrent arriver pendant la nuit et, au jour, ils étaient à 6 milles sous le vent. L'île de la Martinique restait alors à 120 milles dans l'Est.

Ce combat ne fut encore qu'une simple canonnade pendant laquelle quelques vaisseaux anglais furent cependant très-maltraités. L'ALBION, le CONQUEROR, le BOYNE et le

(1) Le rapport de l'amiral Rodney, fort succinct du reste, ne parle pas de ce mouvement de 9 vaisseaux anglais.

CORNWALL Souffrirent beaucoup et furent envoyés à SainteLucie. Les autres vaisseaux se rendirent à la Barbade; le CORNWALL ne put être maintenu à flot et coula.

L'armée française n'avait plus d'eau que pour six jours; la plupart des vaisseaux ayant d'ailleurs besoin de quelque réparation, après ces trois engagements, le lieutenant général de Guichen fit route pour la Martinique où il mouilla le 22 mai.

12 vaisseaux espagnols et 3 frégates, sous les ordres du chef d'escadre Solano, arrivèrent à la Martinique, avec un convoi, dans la première quinzaine du mois de juin. Le lieutenant général de Guichen disposait dès lors de forces assez considérables pour tenter une expédition contre une des colonies anglaises, avant la mauvaise saison. Mais, lié probablement par ses instructions, le chef d'escadre Solano ne voulut adopter aucune combinaison qui pût retarder son arrivée à la Havane où il déclara vouloir se rendre de suite. Cette détermination força le lieutenant général de Guichen à modifier ses projets. Il accompagna l'escadre espagnole jusqu'à la hauteur du Môle-Saint-Nicolas de Saint-Domingue et il entra au Cap Français. A quelques jours de là, il fit route pour l'Europe avec la division du chef d'escadre de Lamotte-Piquet.

Le chef d'escadre de Grasse qui avait été désigné pour rester à la Martinique, allégua des raisons de santé pour retourner en France. Le chef d'escadre de Monteil le remplaça. Les vaisseaux le Palmier, la Victoire, le Destin, le Réfléchi, l'Intrépide de 74°, le Solitaire, le Caton, l'Actionnaire et le Triton de 64 furent placés sous ses ordres.

La réunion de l'escadre espagnole aux vaisseaux du lieutenant général de Guichen avait un moment inquiété l'amiral Rodney. Cet officier général s'était porté de suite sur la Martinique; mais les escadres alliées avaient quitté ce mouillage depuis plusieurs jours. Laissant alors 5 vaisseaux à Sainte-Lucie, il s'était dirigé sur Saint-Christophe

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