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tenants généraux comte Duchaffault et duc de Chartres qui furent d'avis qu'il ne pouvait arriver rien de plus fâcheux aux armes de la France, que de voir son pavillon se retirer de la présence d'un ennemi d'égale force, sans l'avoir combattu. L'attaque fut résolue.

Le temps fut orageux et à grains et le vent très-variable pendant les trois jours suivants; les deux commandants en chef ne songèrent qu'à tenir leurs vaisseaux ralliés et à profiter des changements de brise pour s'élever au vent. Enfin, le 27 au matin, le temps s'embellit et le vent se fixa à l'Ouest; l'armée anglaise restait alors à l'E.-N.-E. à 8 milles de distance. A 9", le lieutenant général d'Orvilliers établit la sienne en ordre de bataille renversé, les amures à bâbord, ainsi qu'il suit :

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Fier (1).

de Ligondes.
Mithon de Genouilly.
Turpin de Breuil.

Frégates: Junon, Belle-Poule (2), Andromaque, Fortunée, Sibylle, Nymphe, Concorde, Iphigénie, Résolue, Sensible, Surveillante, Aigrette, Danaé, Oiseau, Boudeuse, Coureuse.

L'amiral Keppel qui désirait aussi engager le combat, fit le signal de chasser; et une petite variation dans la direction du vent lui permettant de porter sur l'armée française, il fit virer son armée vent arrière. Ce fut alors seulement que la ligne anglaise se forma dans l'ordre ci-après :

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(1) Les trois derniers vaisseaux, très-faibles d'échantillon, étaient en dehors de la ligne avec les frégates.

(2) On verra plus loin qu'un combat avec une frégate anglaise força la BellePoule à rentrer à Brest.

A 11', l'avant-garde anglaise attaqua l'arrière-garde des Français; celle-ci était très-bien formée, et tellement compacte, que les vaisseaux ennemis, qui avaient probablement l'intention de la traverser, furent obligés de laisser arriver et de l'élonger sous le vent. Le feu continua ainsi, chaque vaisseau échangeant, sans s'arrêter, sa bordée avec celui qui passait par son travers. Cette canonnade donna un avantage marqué aux Français dont les vaisseaux, trèsserrés pouvaient réunir leur feu sur ceux de l'armée anglaise qui leur présentaient l'avant jusqu'au moment où ils laissaient arriver. La brise était fraîche et l'état de la mer obligeait les premiers à tenir leur batterie basse fermée. A 2b, le lieutenant général d'Orvilliers, entrevoyant la possibilité d'envelopper l'arrière-garde anglaise, fit signal aux vaisseaux de tête d'arriver par un mouvement successif, puis ensuite, à toute l'armée, de se former en bataille à l'autre bord. Ce mouvement, pour réussir, demandait une exécution immédiate; il ne fut pas compris par le commandant de l'avant-garde qui, avant de le faire, passa à poupe du commandant en chef pour lui demander ses intentions. Ce retard dans l'exécution de ses ordres détermina le lieutenant général d'Orvilliers à prendre lui-même la tête de son escadre afin de diriger l'évolution; mais, exécutée trop tard, cette manœuvre n'eut pas l'effet que le commandant en chef en attendait. Le duc de Chartres devait passer sous le vent de l'arrière-garde ennemie et la combattre aux mêmes amures, tandis que le reste de l'armée achèverait de défiler à contre-bord et au vent de cette arrière-garde et prendrait ensuite les mêmes amures qu'elle. L'amiral Keppel avait profité de l'hésitation du commandant de l'avant-garde française; il avait viré vent devant par la contremarche pour se porter sur la queue de la ligne française. Mais, s'apercevant bientôt que plusieurs de ses vaisseaux avaient trop d'avaries pour faire cette évolution et le suivre, il reprit les amures à tribord, afin de ne pas les laisser exposés au feu des vaisseaux français qui pouvaient se porter

sur eux; il les rallia alors et, laissant arriver, il fit cesser le feu à 2h 30m de l'après-midi. L'armée française chassa l'armée anglaise toute la nuit; le lendemain celle-ci n'était plus en vue. L'île d'Ouessant ayant été aperçue le soir, le lieutenant général d'Orvilliers fit route pour Brest, où il mouilla le 29. Cette affaire prit le nom de Bataille d'Oues

sant.

Tous les vaisseaux, particulièrement la Ville-de-Paris, le Saint-Esprit, la Couronne, l'Actif, le Bien-Aimé et le Réfléchi avaient des avaries, mais de peu d'importance. L'Amphion, cependant, avait été si maltraité, qu'il avait fait route pour Brest pendant le combat.

Quant à l'armée anglaise, on a vu qu'une partie de ses vaisseaux ne put virer de bord lorsque son amiral voulut attaquer l'arrière-garde française. Le VICTORY avait son grément haché et un grand nombre de boulets à la flottaison. Le TERRIBLE était tellement désemparé, qu'il allait amener lorsque le FORMIDABLE arriva pour le soutenir; ce dernier était lui-même très-maltraité. Le ROBUST faisait tant d'eau, qu'il avait été obligé de sortir de la ligne. L'EGMONT était rasé comme un ponton; après lui, c'était le SHREWSBURY qui avait le plus souffert. En rendant compte de cette bataille aux lords de l'Amirauté, l'amiral Keppel disait que l'état dans lequel se trouvaient ses vaisseaux ne lui avait pas laissé le choix de ce qu'il était convenable de faire. Cet aveu lui fut en quelque sorte arraché par la nécessité dans laquelle il se trouva de se disculper d'avoir présenté la poupe aux vaisseaux français, manœuvre qui, disait-il dans sa défense, pouvait avoir l'apparence d'une fuite.

Le fait est que chacun s'attribua l'honneur de la victoire et prétendit que l'armée ennemie avait reculé devant un nouveau combat. Le jugement que passa le commandant en chef de l'armée anglaise jeta une grande clarté sur cette affaire et fit disparaître tous les doutes sur les résultats. Le vice-amiral Palliser fut censuré pour n'avoir fait con

pas

naître l'état de son vaisseau lorsque le commandant en chef de l'armée anglaise avait fait le signal de prendre les amures à bâbord. Le vaisseau DUKE n'avait pas pris part au combat malgré les signaux qui lui avaient été faits; le capitaine Brereton fut déclaré incapable de commander et indigne de servir.

Quoi qu'il en soit de ces accusations et de ces arrêts, ils semblent établir que le gouvernement anglais fut peu satisfait de la victoire que le commandant en chef de son armée navale avait la prétention d'avoir remportée.

La rentrée du lieutenant général d'Orvilliers donna quelque consistance aux bruits de défaite de l'armée française. Mais les esprits furent bientôt rassurés; l'état des vaisseaux constata que, si cette armée n'avait pas remporté la victoire, elle n'avait pas non plus éprouvé de désavantages, et c'était un point qui donnait à la nation la conscience de sa force maritime. Toutefois, on attaqua la conduite du duc de Chartres; on prétendit que la défaite de l'armée anglaise eût été certaine si, obéissant au signal qui lui avait été fait, le commandant de l'avant-garde avait laissé arriver.

Le chef d'escadre de Rochechouart, qui montait le vaisseau le Duc-de-Bourgogne, commandé par le capitaine de Charitte, et le capitaine de vaisseau Trémigon, furent appelés à se justifier devant un conseil de guerre de la séparation de ce vaisseau et de l'Alexandre. Le premier fut déclaré non coupable; l'autre reçut une admonestation.

Le capitaine Trobriand fut remplacé dans le comman dement de l'Amphion.

Pendant que le port de Brest faisait ses préparatifs de guerre, on travaillait à mettre les vaisseaux de Toulon en état de prendre la mer. Les forces navales stationnées dans les colonies n'étaient plus en rapport avec l'état des choses. La France n'avait que quelques frégates aux Antilles; plu

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