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« perroquet de fougue sur le mât dès le moment qu'il s'a« percevait que les boulets ennemis l'approchaient.

<< Je me plains également, dans la journée du 5 messidor, « du même capitaine qui, loin de profiter de la marche de << son vaisseau pour voler au secours de l'Alexandre, se porta au contraire, malgré mes signaux, dans la partie de « l'escadre qui n'était pas exposée, et ne profita des bonnes ■ qualités de son vaisseau que pour ne pas prendre part à « l'action. Je me plains encore bien amèrement de la dés« obéissance qu'il apporta dans le signal que je lui fis de << donner la remorque au Tigre, désobéissance à laquelle << j'attribue la perte de ce vaisseau qui n'avait tout au plus que quatre encâblures à parcourir pour atteindre «<le coureau de Groix.

« Je me plains du Mucius qui, se trouvant auprès de « l'Alexandre lorsque l'action commença, força de voiles « dès les premières volées et se porta même en avant de « la frégate que je montais. Jamais on ne montra plus d'ignorance ni plus d'impéritie dans les manœuvres et « dans les mouvements d'une armée.

« Je me plains de l'ignorance et de l'insubordination du « capitaine du Fougueux qui, ayant toujours mal manœu« vré, n'a pris nulle part à l'action, quoique je l'aie rap«< pelé à ses devoirs par des signaux particuliers, et que les « bonnes qualités de son vaisseau lui permissent de se⚫ courir les vaisseaux engagés, sans se compromettre.

« Le Wattigny tint constamment le vent, tandis que les efforts de l'ennemi se portaient sur les vaisseaux sous le « vent que j'ordonnais d'appuyer. Pourquoi le capitaine « Donat dont le vaisseau n'avait nullement souffert, et qui < marche très-bien, n'a-t-il pas exécuté l'ordre de mettre « en panne pour couvrir le Tigre ?

« Je me plains du Jean Bart qui, s'étant d'abord porté « en arrière avec la meilleure contenance et qui avait en«gagé le combat de la manière la plus vigoureuse, força « de voiles, passa à la tête de l'escadre, et n'exécuta ni

« l'ordre de prendre poste derrière le Peuple, ni celui de «< mettre en panne.

<< Je reproche au capitaine des Droits-de-l'Homme, offi«< cier fort instruit, de n'être pas resté en panne jusqu'à ce «< que j'eusse fait le signal d'éventer.

« Je n'ai d'ailleurs à donner que les plus grands éloges «< aux généraux Vence et Kerguelen qui me secondaient.

« Je ne saurais assez louer la manœuvre et la valeur des « autres capitaines, et je rends avec plaisir hommage à «<l'intelligence des commandants des frégates, parmi les<< quels il est de ma justice de faire une mention particu« lière de la bravoure du citoyen Bergeret, commandant « la Virginie, qui n'a pas hésité à attaquer et qui a com« battu longtemps l'ennemi. Le courage du citoyen Héron, « commandant la Régénérée, qui n'abandonna la remorque « qu'il donnait à l'Alexandre que lorsque ce vaisseau fut << enveloppé, mérite les plus grands éloges. »

La conduite de ces officiers fut examinée par un jury composé des capitaines de vaisseau Boissauveur, Lebrun, Maistral (Esprit), Leray et des lieutenants de vaisseau Morphy, Rolland et Lhermitte (Jean).

Le capitaine de vaisseau Aved Magnac du Zėlė, trouvé coupable par le jury dans l'affaire du 17 juin; coupable aussi, mais excusable dans celle du 22, fut cassé, déclaré incapable de servir, et condamné à six mois de prison par conseil martial.

Le capitaine Giot Labrier, du Fougueux, jugé coupable, fut déclaré incapable de servir.

Les capitaines de vaisseau Larréguy et Donat, du Mucius et du Wattigny, convaincus du fait, mais non criminels, furent mis hors de détention.

Les capitaines de vaisseau Legouardun et Sébire, du Jean Bart et des Droits-de-l'Homme, ainsi que le lieutenant de vaisseau Baullon furent déchargés de l'accusation portée contre eux.

Ce jugement, qui porte la date du à fructidor an III, est

signé Vaultier, Bouvet, François, Nielly, contre-amiraux ; Mallès, Gourio, Puren, Deniau, Vignot, Longer, Raillard, Legrand, capitaines de vaisseau.

L'arrêt du conseil martial ne satisfit pas complétement, paraît-il, le Comité de salut public, car il décréta que la conduite particulière tenue, pendant le procès, par le capitaine Aved Magnac, condamné à subir son emprisonnement au fort la Loi, à Brest, nécessitait sa translation au château du Taureau, à l'entrée de la rivière de Morlaix et même plus loin s'il était nécessaire ;

Que les capitaines Larréguy et Donat, déclarés par le jury convaincus du fait, mais non criminels, étaient indignes de continuer leurs fonctions, et il destitua ces deux officiers.

Le Comité de salut public ordonna, en outre, que les capitaines Legouardun et Sébire seraient déclarés maintenus dans leur commandement, en présence des officiers de l'armée et de ceux du port assemblés.

Les bâtiments qui avaient été signalés lorsque l'escadre du vice-amiral Villaret rentrait à Lorient, étaient 50 transports escortés par 3 vaisseaux et 6 frégates, formant la division du commodore anglais sir Borlase Warren, chargé de protéger et d'aider l'expédition que les émigrés projetaient depuis longtemps contre la Bretagne. Ils allèrent mouiller sur la rade du Pouldu, au Nord de Lorient, où l'amiral Bridport les rejoignit. La présence de cette expédition donna de vives inquiétudes en France; on craignit une tentative sur Lorient, et le commandant de l'escadre française reçut l'ordre de faire contribuer les vaisseaux à la défense de la ville. Toutes les troupes embarquées comme garnisons furent mises à terre, ainsi que les canonniers et les marins de bonne volonté.

Les dispositions qui furent prises dérangèrent probablement les projets de l'amiral anglais car, au lieu d'effectuer sa descente dans la baie du Pouldu, comme il paraissait en avoir l'intention, il se rendit dans celle de Quiberon,

où il mouilla le 25 juin. Ce mouvement fit changer le système de défense qui avait été arrêté; les soldats des vaisseaux furent remplacés dans le service qui leur avait été assigné dans la place par des marins, et l'on en forma une colonne qui fut mise à la disposition du général Josnet pour s'opposer au progrès de l'ennemi. Ce fut cette colonne qui cerna le corps des royalistes à Carnac e prépara ainsi les mémorables, mais tristes journées des 16 et 21 juillet qui anéantirent les projets de la Cour de Londres contre la République; journées dans lesquelles, suivant l'énergique expression de Sheridan, le sang anglais ne coula pas, mais son honneur suinta par tous les pores.

Le mauvais succès de cette expédition ne rebuta pas les royalistes, et l'on vit pendant plusieurs mois encore une forte escadre anglaise croiser dans les parages de Belle-Isle et de Groix. Un nouveau débarquement, à la tête duquel se trouvait un prince français, eut lieu à l'île d'Yeu; après des pourparlers sans fin, l'amiral anglais mit à la voile, le 15 novembre, abandonnant les trop confiants royalistes à leur malheureux sort.

Pendant que ce parti éprouvait un si rude échec à Quiberon, l'Espagne signait à Bâle, le 12 juillet, un traité de paix avec la République française.

Les réparations des vaisseaux furent poussées avec activité dans le port de Lorient et, à la fin du mois d'août, il ne leur manquait plus que des équipages pour qu'ils pussent reprendre la mer. La pénurie des, subsistances avait nécessité leur congédiement, et les marins qui avaient été conservés faisaient le service à terre. Ce ne fut pas chose facile de faire rallier des matelots; il fallut un décret pour les rappeler sous les drapeaux. Il n'en revint néanmoins qu'un très-petit nombre, et l'on prit le parti de faire sortir isolément, ou du moins par divisions, les vaisseaux qui étaient en relâche; arrivés à Brest, leurs équipages étaient renvoyés à Lorient pour armer de nouveaux vaisseaux. Ce fut de cette manière que l'escadre de l'Océan quitta Lorient

en trois divisions, sous les ordres des contre-amiraux Vence et Kerguelen et du vice-amiral Villaret, les 9 décembre 1795, 10 janvier et 6 mars 1796. Celles des frégates qui n'avaient pas encore repris leur service de croisière sortirent avec ces divisions; quelques-unes furent envoyées à Rochefort, où l'on faisait des préparatifs d'armement; les vaisseaux le Wattigny et le Fougueux reçurent aussi cette direction.

La sortie de l'escadre française fut favorisée par le départ de celle des Anglais qui n'avaient laissé qu'une division de frégates dans ces parages.

Pendant cette expédition des Anglais sur la côte, le cutter de 14° SWAN fut pris par la frégate la Forte de la division du commandant Moultson.

Pour faire face aux nombreux armements que nécessitaient les circonstances et mettre l'escadre de Toulon en état de reprendre la mer, il fallut compléter les équipages avec 2,400 hommes de la légion de la Corrèze, des 18o et 108 demi-brigades. Ce complément porta à 7,500 le nombre des hommes qui, sur un effectif de 12,000, n'avaient jamais été à la mer. Et en retranchant 1,300 officiers et maîtres, il restait 2,300 matelots pour armer 15 vaisseaux, 7 frégates et 15 corvettes. Voilà pour le personnel. Au matériel, le contre-amiral Martin déclara que le premier mauvais temps ne le laisserait pas sans inquiétudes sur le sort de plusieurs vaisseaux. Ses observations ne furent pas prises en considération et, le 2 mars, l'armée mit à la `voile, composée comme il suit :

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