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de 64°; la corvette la Favorite, le côtre l'Alerte et le vaisseau particulier de 50° le Fier-Rodrigue qui s'était joint à l'escadre. Le 19 avril, le chef d'escadre marquis de Vaudreuil arriva aussi avec les vaisseaux le Fendant et le Sphinx. Enfin, le 27 juin, le vice-amiral d'Estaing reçut un nouveau renfort de 6 vaisseaux qui lui étaient amenés par le chef d'escadre Lamotte-Piquet. C'étaient l'Annibal et le Diadème de 74°, le Réfléchi et l'Artésien de 64°; l'Amphion et le Fier de 50°. L'armée navale des Antilles se trouva dès lors forte de 25 vaisseaux.

Le 30 juin, le vice-amiral d'Estaing appareilla du FortRoyal et se dirigea sur l'île de la Grenade qui avait été cédée à l'Angleterre en 1763. Le 2 juillet, l'armée mouilla dans l'anse Molinier, et 1,400 hommes de troupes furent mis à terre. Le commandant en chef marcha de suite à leur tête sur le morne l'Hôpital où les Anglais s'étaient fortifiés, et il s'en empara dans la nuit du 4; le gouverneur se rendit alors à discrétion. 100 pièces de canon et 30 navires du commerce devinrent la propriété des vainqueurs, qui firent en outre 700 prisonniers.

Retenu par le mauvais temps sur la côte d'Amérique, le vice-amiral anglais Byron n'était arrivé que le 6 janvier à Sainte-Lucie; il en était parti le 10 du mois suivant pour se porter au-devant du commodore sir Josuah Rowley attendu d'Europe avec un convoi. Lorsque ce convoi fut arrivé, le commodore anglais reçut la mission d'aller croiser au vent de la Martinique avec 8 vaisseaux, afin d'empêcher les divisions attendues de France de se joindre à l'escadre du vice-amiral d'Estaing. Il était trop tard; aussi le commodore fut-il bientôt rappelé; la nouvelle de la prise de Saint-Vincent motiva d'ailleurs le ralliement de tous les vaisseaux qui avaient été détachés. Le vice-amiral Byron fit immédiatement embarquer des troupes pour aller reprendre possession de cette île; mais, sur ces entrefaites, ayant appris la sortie de l'armée française, il renonça à ce projet et, appareillant avec 21 vaisseaux, le 3 juillet, il se

dirigea sur la Grenade. Le 6 au jour, l'armée anglaise parut à la pointe Nord de l'île, dans l'ordre ci-après :

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Dès que les Anglais furent signalés, le vice-amiral d'Estaing fit appareiller son armée et la rangea en bataille, les amures à tribord, sans avoir égard aux postes. Mais la brise était très-faible de l'E.-N.-E., et ce ne fut pas sans difficulté que cette manoeuvre put être exécutée. Le viceamiral Byron voulant profiter de sa position au vent et de la confusion qui devait résulter de l'appareillage instantané des 24 vaisseaux français, fit signal de chasser sans ordre et de serrer l'ennemi au feu. Son armée courait largue, bâbord amures; 4 vaisseaux, affectés d'abord à la garde des navires qui portaient les troupes, se mêlèrent aux autres. Le commandant en chef de l'armée française s'y était pris assez à temps pour n'être pas surpris; et, lorsque les vaisseaux anglais furent à portée de canon, ils trouvèrent son armée, sinon dans un ordre parfait, du moins en position de combattre et rangée comme il suit :

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Kingstown, ville principale de la Grenade, sur la côte occidentale de l'île, est bâtie sur une langue de terre qui ferme au Nord le petit enfoncement auquel on donne le nom de port et dont l'ouverture est à l'Ouest. La rade, proprement dite, est un mouillage sans abri du large dans le Nord de la ville. La côte, depuis la pointe Nord de l'île jusqu'à Kingstown, court à peu près Nord et Sud; les vents d'E.-N.-E. soufflent donc presque perpendiculairement à cette direction. Par suite, des vaisseaux venant du Nord et courant au Sud en élongeant la côte pour atteindre le mouillage, peuvent passer à terre ou au vent d'une es

(1) M. de Lapeyrouse, Histoire de la marine, commet une erreur en portant à 25 le nombre des vaisseaux français: le Dauphin-Royal, qui s'était échoué en appareillant du Fort-Royal, n'avait pas encore rallié. Le vice-amiral Byron est encore plus loin de la vérité en disant, dans son rapport, qu'il compta 26 ou 27 vaisseaux.

cadre qui, en appareillant et quoique mettant le cap au Nord, se souvente toujours quelque peu.

A 7h 30m, la tête des deux armées commença le combat et, se formant en ligne à mesure qu'ils arrivaient à la hauteur des Français, tous les vaisseaux anglais y prirent part successivement. Le PRINCE OF WALES, le BOYNES et le SULTAN, que leur supériorité de marche avait placés de l'avant, reçurent seuls d'abord le feu de l'avant-garde française et furent très-maltraités. Le GRAFTON, le CORNWALL, le LION et le MONMOUTH qui arrivèrent ensuite, le furent encore davantage. Il ne pouvait en être autrement, le mode d'attaque de l'amiral anglais permettant à tous les vaisseaux français de diriger leur feu en quelque sorte successivement sur chacun des vaisseaux ennemis, avant que ceux-ci pussent riposter. Le vice-amiral Byron ignorait la prise de Kingtstown et gouvernait, sans appréhensions, sur la baie de Saint-Georges. Mais bientôt il aperçut le drapeau de la France flottant sur les forts qui ne tardèrent pas à le canonner. Il fit de suite serrer le vent tribord amures tout à la fois à son armée et le combat devint général, bien que plusieurs vaisseaux français souventés n'y prissent qu'une part fort secondaire. Vers 10h 40m, le vice-amiral d'Estaing ordonna à ces derniers de reprendre leur poste dans la ligne et il laissa un peu arriver pour faciliter ce mouvement. Les avaries du CORNWALL, du Monmouth et du LION étaient telles, que bientôt ces 3 vaisseaux ne purent plus se maintenir en ligne. Démâté de son grand mât de hune et de son mât de perroquet de fougue, le dernier fit route à l'Ouest. A 2h 15m, l'armée française vira vent devant tout à la fois. Cette manœuvre, qui compromettait grandement les 3 vaisseaux anglais souventés, fut de suite imitée par le vice-amiral Byron. Get officier général ne put cependant empêcher que le LION ne fût séparé des siens. Cela toutefois n'eut pas de conséquence, car le commandant en chef de l'armée française laissa ce vaisseau continuer sa route sans l'inquiéter en aucune façon; il ne s'occupa pas davan

tage du CORNWALL et du MONMOUTH et retourna au mouillage. L'armée ennemie fit route pour Saint-Christophe.

Les avaries des vaisseaux anglais étaient très-graves et, ainsi que le dit le vice-amiral Byron dans son rapport, il eût été possible de lui en prendre plusieurs. Mais le but principal du commandant en chef de l'armée française était la conquête de la Grenade. Or, pour s'emparer des vaisseaux souventés, il lui eût fallu diviser les siens, s'éloigner et s'exposer à livrer un second combat qui pouvait compromettre le succès de l'expédition. Il préféra laisser l'armée anglaise s'éloigner et retourner prendre son mouillage, quoique ses vaisseaux eussent peu d'avaries.

Le capitaine Ferron de Quengo avait perdu la vie, ainsi que le capitaine Montault du Fier-Rodrigue. Les capitaines Cillart de Suville, de Castellet, de Dampierre et de Retz étaient blessés.

Le vice-amiral d'Estaing quitta le mouillage de la Grenade dès que cela lui fut possible, et après s'être assuré que l'armée anglaise était encore à Saint-Christophe, il rallia tous les navires du commerce qui devaient effectuer leur retour en Europe et il fit route pour Saint-Domingue; le 15 août, il mouilla au Cap Français.

Depuis l'arrivée du vice-amiral d'Estaing sur les côtes d'Amérique, dans les premiers jours du mois de juillet 1778, nous avons vu l'escadre française parcourir tout le littoral de l'Amérique septentrionale et la mer des Antilles pour venir en aide à la cause de l'indépendance des ÉtatsUnis, porter secours à nos colonies menacées et s'emparer de quelques possessions anglaises. De récentes instructions prescrivaient au commandant en chef de détacher 3 vaisseaux et 2 frégates pour aller stationner à Saint-Domingue avec le chef d'escadre de Lamotte-Piquet; de laisser 8 vaisseaux, 7 frégates, 3 corvettes et 1 côtre à la Martinique avec le chef d'escadre de Grasse; de prendre sous son es

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