Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

jaune faisait d'affreux ravages dans les rangs de la petite armée française. Le commissaire du gouvernement Chrẻtien et le général Cartier en avaient été les victimes; le général Rouyer avait été tué. Bien décidés cependant à empêcher les Anglais de rentrer en possession de cette partie de l'île, les commandants de terre et de mer convinrent que, dans le cas où il y aurait absolue nécessité d'abandonner la ville, ils se retireraient sur le morne du Gouvernement, qui reçut plus tard le nom de Morne de la Victoire. Ce point fut fortifié avec des canons pris à bord des frégates, et le capitaine de vaisseau Merlet reçut le commandement de ce poste important; le capitaine de vaisseau Escubar fut chargé de diriger les batteries qu'on plaça dans les avenues de la ville; celles-ci étaient servies par des marins. Tous les officiers de la division furent répartis dans ces différents postes.

Exaspérés qu'une poignée de Français abandonnés à eux-mêmes, exténués par les maladies et resserrés dans une ville ouverte, fût sourde à toutes leurs propositions, les Anglais voulurent en finir par une attaque décisive. Dans la nuit du 1 au 2 juillet, après avoir fait feu de toutes leurs batteries pendant huit heures consécutives, ils dirigèrent deux colonnes de 1,000 hommes chacune sur la Pointe-à-Pitre. Les avant-postes furent enlevés et la garnison se replia sur le morne du Gouvernement. Massés autour de ce poste, les Anglais n'attendaient que le jour pour l'enlever. Mais dès qu'il parut, les braves qui le défendaient foudroyèrent les colonnes ennemies qu'une des frégates canonnait aussi à bout portant. La poudre cependant commençait à manquer et il devenait impossible de tenir longtemps désormais, lorsque une canonnière qui dirigeait ses coups sur la partie de la ville où était l'ennemi, mit le feu à une maison dont on avait fait un magasin à poudre. L'explosion qui en résulta tua aux Anglais beaucoup de monde, et fut le signal de leur déroute. Reprenant alors l'offensive, les Français les poursuivirent la baïonnette

dans les reins et les forcèrent de se retirer dans leurs retranchements avec perte de 800 hommes et de toute leur artillerie (1).

Pendant trois mois, les Anglais ne discontinuèrent pas leurs attaques et ne cessèrent de faire jouer les bombes, et cela impunément parce que, sur le point de manquer de munitions, le commandant français les gardait pour le cas d'une attaque décisive. Pendant ce temps, la fièvre moissonnait les soldats et les marins qu'épargnaient les boulets ennemis, et la garnison s'affaiblissait de jour en jour; le général Aubert avait succombé. Des bataillons d'hommes de couleur furent organisés pour remplir ces vides; et lorsque la mauvaise saison fut passée, le capitaine d'artillerie Pelardy, nommé par le commissaire du gouvernement Victor Hugues, général de division et commandant en chef de la force armée, secondé par le chef de bataillon Boudet, nommé général de brigade, crut pouvoir tenter l'expulsion complète des Anglais.

Le premier acte offensif eut lieu contre le Petit-Bourg, principal magasin du camp Berville où s'étaient réfugiés les Anglais. Des canots furent disposés pour transporter les troupes destinées à cette expédition qui devait se faire de nuit; des canonnières chargées de couper les communications de l'escadre anglaise avec le camp avaient l'ordre de les soutenir. Cette entreprise fut couronnée de succès; le Petit-Bourg fut enlevé. Le 29 octobre, le général Graham capitula et 1,400 Anglais prisonniers furent renvoyés sur leur escadre, abandonnant, outre 38 bouches à feu, 2,000 fusils, une quantité considérable de munitions, de vivres et 800 émigrés qui avaient combattu dans leurs rangs. Ces infortunés subirent la peine que la loi prononçait contre eux.

Délivré de toute crainte dans cette partie de l'île, le gé

(1) Les Anglais n'avouèrent que la perte d'un général, un capitaine de vaisseau, un colonel, 23 officiers et 475 hommes pris, tués ou blessés.

géral en chef marcha sur la Basse-Terre. A son approche, les troupes ennemies abandonnèrent toutes les positions qu'elles occupaient, mais en les dévastant; elles évacuérent également la ville de la Basse-Terre. Le général Prescott détruisit les magasins, l'arsenal et les batteries, et se renferma dans le fort Saint-Charles avec 860 hommes. Le général Pelardy arriva devant ce fort, le 14 novembre, et commença les travaux de siége. Ils étaient terminés et les batteries allaient être démasquées, quand les Anglais, ne jugeant pas à propos de soutenir une attaque générale, évacuèrent le fort dans la nuit du 10 décembre et se réfugièrent à bord de 7 vaisseaux et 4 frégates qui étaient mouillés depuis quelques jours sur la rade. Les Français entrèrent à 3 du matin dans le fort Saint-Charles où ils trouvèrent 73 pièces de canons en bon état, 75 milliers de poudre, 2,000 boulets, 854 fusils et beaucoup de vivres. Cette retraite les rendit maîtres de la colonie.

Pendant la durée de ce siége, 40 hommes de Marie-Galante, réfugiés à la Pointe-à-Pitre, se firent débarquer dans leur île par des pirogues et en reprirent possession.

Ainsi, après avoir lutté pendant huit mois et demi contre 8,000 Anglais, soutenus par une forte division navale, 2,200 hommes, soldats, marins et hommes de couleur, dont les deux tiers périrent par le fer ou par les maladies, rendirent à la République les colonies de la Guadeloupe et de Marie-Galante.

Une division composée du vaisseau rasé l'Experiment, des frégates la Vengeance et la Félicité; des brigs la Mutine et l'Épervier, partit de Brest, le 28 septembre, sous le commandement du capitaine de vaisseau Allemand (Zacharie), et se porta sur la côte de Guinée où elle détruisit tous les comptoirs anglais et ruina l'établissement de SierraLeone. Une des frégates remonta la rivière jusqu'à l'île Banca, dont le fort fut abandonné après deux jours de dé

fense. Quand elle eut démoli toutes les fortifications, brisé les canons, pris les marchandises de la Compagnie anglaise et détruit 110 navires anglais, espagnols ou por tugais, la division retourna en France.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][subsumed][subsumed][ocr errors]
« ZurückWeiter »