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La Corse paraissait peu soucieuse des événements qu se passaient en France, et elle resta calme jusqu'au moment où il fut question d'organiser une garde nationale; les désordres allèrent croissant lorsqu'il fallut nommer les municipalités. Le lieutenant général Paoli qui commandait cette île, accusé d'avoir fait échouer l'expédition de Sardaigne, avait été cité à la barre de la Convention. Appelant, en quelque sorte, de cet arrêt, il avait convoqué une consulte générale des députés des communes et s'était ainsi séparé de fait de la France. Déclaré traître à la patrie et abandonné bientôt d'une partie des habitants, il avait imploré l'assistance du vice-amiral anglais Hood qui était alors à Toulon. Celui-ci s'était d'abord borné à faire croiser quelques bâtiments autour de l'île et à donner de la poudre et des munitions aux insurgés; mais au commencement de l'année 1794, cinq régiments anglais furent débarqués dans le Nord auprès de Saint-Florent, et pour leur début, ils durent attaquer cette ville. La Minerve et la Fortunée, arrivées sur cette rade à la fin de l'année précédente, y avaient été retenues par l'autorité locale et leurs équipages avaient été mis à terre pour renforcer la garnison. La sortie de ces frégates étant devenue impossible, car une forte division ennemie les surveillait, on crut les soustraire à une capture certaine en les échouant à la côte. Lorsque, après six jours de résistance, la ville de Saint-Florent fut abandonnée par sa garnison qui se replia sur Calvi, le capitaine Maistral (Désiré) livra la Fortunée aux flammes. Les Anglais réussirent à remettre la Minerve à flot, et cette frégate prit le nom de SAN FIORENZO dans la marine anglaise. Les équipages des deux frégates ne s'arrêtèrent pas à Calvi; ils furent dirigés sur Bastia et partagèrent les dangers et les privations de la garnison de cette place jusqu'à la capitulation du 21 mai. La corvette la Flèche fut prise dans ce port.

Le 11 janvier, le capitaine Gay, de la frégate de 32o la Melpomene, aperçut, non loin de Calvi, la frégate la Mi

brig anglais de 16o qu'on supposa être le VIPER (1). Il ventait bon frais de O.-N.-O. Le capitaine Giffard, qui commandait, fit signal de forcer les voiles. Laissée beaucoup de l'arrière, la Salamandre fut jointe et attaquée à 61 du soir. Le capitaine Leguillon, jeune, accueillit le brig ennemi avec une vigueur telle que, se méprenant probablement sur la force réelle de la bombarde, l'anglais se retira après un combat de cinq quarts d'heure. Les canonnières ne furent d'aucune utilité à la Salamandre; la mer était trop grosse pour qu'elles pussent se servir de leur artillerie.

Les côtres le Requin, capitaine Morel (Dominique), le Souffleur et le Poisson-Volant, se rendant de Boulogne à Dunkerque, furent chassés, le 30 avril, par deux frégates, un brig et un cutter anglais. Quoique la petite escadrille française se fût approchée de terre, les deux avisos ennemis l'attaquèrent par le travers du fort Sangatte. S'apercevant bientôt que l'intention des frégates était de lui barrer le passage, le capitaine Morel fit signal de relâcher à Calais, où les 3 côtres entrèrent en échangeant des boulets avec les Anglais qui les accompagnèrent jusqu'à l'entrée des jetées.

Le capitaine Durand Linois de la frégate de 36o l'Atalante, sorti de Brest avec la corvette la Levrette et le brig l'Épervier pour se porter à la rencontre du convoi de grains attendu des États-Unis d'Amérique, aperçut, le 5 mai vers midi, 28 voiles dans le N.-E.; le vent soufflait du N.-N.-E. Deux bâtiments se détachèrent du groupe et chassèrent les Français. Le petit mât de perroquet de l'Atalante venait d'être dépassé, afin de ne pas fatiguer le mât de hune éclaté au-dessus du chouque. Le capitaine Linois

(1) Ce brig et la corvette l'Amaranthe avaient été pris, le 23 janvier, par la frégate anglaise FLORA.

signala liberté de manœuvre à la Levrette qui fit vent arrière; le brig s'était séparé l'avant-veille pendant un coup de vent. Les deux chasseurs étaient les vaisseaux anglais SAINT ALBANS de 72°, capitaine James Vashon, et Swiftsure de 82, capitaine Charles Boynes. Le premier s'attacha à la poursuite de la Levrette; l'autre échangea des boulets à toute volée avec l'Atalante jusqu'à la nuit. Une chasse de trente heures diminua à peine la distance qui séparait les deux derniers bâtiments, car la brise était très-faible. Le 7, elle varia et, vers 3 du matin, l'Atalante, encore sous le vent, se trouva par le travers du SWIFTSUre qui la canonna dès lors avec plus d'efficacité. Il manquait 26 hommes à la frégate. Son équipage, composé d'ailleurs en grande partie de jeunes gens qui allaient au feu pour la première fois, fut peu rassuré par cette canonnade nocturne. Beaucoup abandonnèrent leur poste, et les exhortations ne furent pas suffisantes pour les y ramener. Cependant le vaisseau ne discontinuant pas son feu, l'Atalante fut bientôt mise dans l'impossibilité de manœuvrer. L'eau entrait en telle abondance dans la cale, que le capitaine Linois fit amener le pavillon à 4h 15m.

Le jugement que subit le capitaine Linois constata que l'équipage de l'Atalante avait passé deux jours et deux nuits aux postes de combat, et qu'au moment où le feu avait commencé, on manœuvrait les avirons depuis près de seize heures; que le pavillon n'avait été amené que lorsqu'on jugea le maintien de la frégate à flot impossible et qu'on ne dut plus compter sur la coopération d'un équipage harassé de fatigue. Aussi le capitaine de l'Atalante fut-il acquitté, malgré l'arrêté de la Convention en vertu duquel il devait être condamné à mort pour s'être rendu. L'Atalante prit rang parmi les frégates anglaises sous le nom de l'ESPION.

L'Atalante portait 26 canons

6

de 12

de 6

et 4 caronades de 36

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Le capitaine Aucan, de la corvette de 22 le Maire-Guitton, détaché de la division aux ordres du contre-amiral Nielly pour escorter quelques prises, aperçut, le 15 mai pendant la nuit, 5 bâtiments qui ne répondirent pas aux signaux de la corvette. Signal de liberté de manœuvre fut immédiatement fait aux prises, mais c'est à peine si elles purent profiter de la faculté qui leur était laissée, tant la brise était faible. Le jour, en se faisant, permit de distinguer une division anglaise; ses boulets atteignaient déjà la corvette. Le capitaine Aucan n'essaya pas de résister; il tira quelques coups de canon et fit amener le pavillon. Le Maire-Guitton fut amariné par la frégate HEBE. Le convoi fut capturé.

Quelques jours après, le Maire-Guitton et son convoi furent rencontrés et délivrés par l'armée navale du contreamiral Villaret. Cet officier général enleva l'artillerie de la corvette, mit les malades des vaisseaux à son bord et l'expédia à Lorient.

Le capitaine Bouyer, de la corvette de 20o le Républicain, sorti de Brest avec des dépêches pour le commandant en chef de l'armée de l'Océan, rencontra, le 24 mai, la corvette de 12o l'Inconnue dont le capitaine avait la même mission ; ils naviguèrent de conserve. Le soir même, un grand nombre de voiles furent aperçues. Les renseignements obtenus de quelques navires du commerce et la position de ces voiles pouvaient faire supposer aux deux capitaines que c'étaient les vaisseaux du contre-amiral Villaret. Dans cette confiance, ils se dirigèrent vers eux. Il venta bon frais pendant la nuit qui fut en outre très-obscure; les deux

corvettes se perdirent de vue. Au jour, le capitaine Bouyer reconnut son erreur; les voiles aperçues appartenaient bien à une armée navale, mais c'était à celle des Anglais. Chassé par plusieurs vaisseaux et frégates qui faisaient pleuvoir sur lui les boulets, le capitaine du Républicain sentit l'inutilité de la résistance et amena son pavillon. Le Républicain fut livré aux flammes.

Un autre bâtiment brûlait à petite distance : c'était l'Inconnue qui, elle aussi, était victime de la trop grande confiance de son capitaine.

L'enseigne de vaisseau Bouyer fut acquitté par le conseil martial qui fut chargé de prononcer sur sa conduite. Un arrêt analogue fut probablement rendu en faveur du capitaine de l'Inconnue.

L'ex-frégate anglaise de 40 Castor, capitaine Thomas Trowbridge, prise sans combat, le 10 mai, par le vaisseau de 78 le Patriote de la division du contre-amiral Nielly, se sépara le 25 pendant une chasse; le commandement en avait été donné au lieutenant de vaisseau Lhuillier. La mauvaise composition et la faiblesse de son équipage décidèrent cet officier à faire route pour Brest. Le 29, il aperçut derrière lui un bâtiment qu'il supposa être une découverte de l'armée française; il continua sa route, mais en faisant des signaux de reconnaissance. Ce bâtiment n'y répondit pas : c'était, en effet, la frégate anglaise de 36° CARYSFORT, capitaine Francis Laforey. Grâce à la supériorité de sa marche, celle-ci atteignit facilement le travers de la frégate française. Le combat s'engagea alors avec la plus grande vivacité; malheureusement, la faiblesse numérique de l'équipage du Castor ne lui permit pas de le continuer longtemps ainsi; la batterie des gaillards n'avait même pu être armée. Sa mâture fut criblée sans que ses canonniers inexpérimentés eussent réussi à occasionner l'avarie la plus légère à la frégate anglaise. Pour comble d'infor

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