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amures à tribord. Cette bordée devait leur faire promptement rencontrer l'ennemi; mais celui-ci ne jugea pas à propos de venir davantage à leur rencontre, et lorsqu'il fut à 9 milles environ, il vira de bord. Le lendemain il était hors de vue.

Le 8, devant Fréjus, un bâtiment fut signalé sous la terre. Trompé par le pavillon qui flottait à la corne des vaisseaux français, il les approcha sans défiance; lorsqu'il reconnut son erreur, il était trop tard pour qu'il pût échapper à ceux qui le chassaient. Ce bâtiment était la frégate de 36° l'ALCESTE, prise par les Anglais dans le port de Toulon, et donnée par eux à la Sardaigne. La Boudeuse de 32°, capitaine Charbonnier, la joignit la première et eut avec elle un engagement assez vif, à 6 milles au vent de la division. Le combat durait depuis deux heures, lorsque le Zonnant arriva à portée de combattre. Au troisième coup de canon qu'il tira, la frégate sarde amena son pavillon. La Boudeuse avait beaucoup souffert : son grément était haché et son grand mât était assez endommagé pour qu'il fût nécessaire de la renvoyer à Toulon. L'ALCESTE, qui avait été expédiée de Bastia par l'amiral Hood pour se réunir à l'escadre de blocus, n'avait aucune avarie sérieuse et fut gardée dans la division.

Le même jour, le brig anglais EXPEDITION de 14°, se rendant de Bastia à Livourne, fut pris par la frégate la Sérieuse et conduit à Nice par l'Alceste.

Dès que l'amiral Hood apprit la sortie de la division française, il appareilla de Corse avec les 13 vaisseaux et les 4 frégates que voici :

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Le 10 au soir, les découvertes de la division française, alors à une trentaine de milles dans le Sud de Nice, signalèrent l'escadre anglaise. Le contre-amiral Martin ne crut pas devoir combattre des forces aussi disproportionnées, et il alla mouiller au golfe Juan, dans le département du Var. En approchant de terre, la brise manqua entièrement, et les vaisseaux entrèrent remorqués par leurs canots. Cette circonstance donna à l'escadre anglaise le temps de s'approcher, et la frégate DIDO, qui le fit un peu trop, fut reçue par plusieurs décharges d'artillerie qui lui firent prendre le large. L'amiral Hood retourna en Corse avec 2 vaisseaux et laissa le soin du blocus au viceamiral Hotham. La division française s'embossa; mais la présence de l'escadre anglaise nécessita une augmentation de précautions. On établit plusieurs batteries à terre, et les îles Sainte-Marguerite et Honorat furent fortifiées. Plusieurs tartanes armées de canons prirent poste en tête de la ligne; aidées par les chaloupes de la division, elles devaient couler ou détourner les brûlots que l'ennemi pourrait tenter de lancer. Ces dispositions étaient à peine achevées que le commandant en chef reçut l'ordre de ramener la division à Toulon. La présence continuelle de l'escadre anglaise, la faiblesse et la constance des vents d'Ouest l'en empêchèrent.

(1) Le grand nombre d'officiers généraux de cette escadre était la conséquence de la promotion qui venait d'être faite à l'occasion de l'occupation de Toulon,

Le 3 août, 17 vaisseaux espagnols se réunirent aux Anglais.

Bloquée par des forces aussi considérables, qui cependant n'osaient faire aucune tentative, la division française prolongea son séjour au golfe Juan. Cette circonstance ne manqua pas d'être un point de mire pour la malveillance. Les soupçons les plus injurieux planèrent sur le contreamiral Martin qui, depuis le départ de Salicetti pour l'armée d'Italie, ne cessait de demander le prompt envoi d'un autre représentant du peuple, dont la présence pourrait calmer l'agitation des esprits. Enfin, après avoir occupé l'escadre anglaise pendant cinq mois, la division française sortit du golfe Juan à la faveur d'un coup de vent et elle mouilla à Toulon le 2 novembre.

Nous avons vu partir successivement de l'Inde les frégates qui formaient la division française dans ces parages: la Cybele seule y était restée. Depuis la déclaration de guerre, une autre frégate, la Prudente, y avait été envoyée. Ces deux frégates et les nombreux corsaires qu'avait armés l'île de France, faisaient un tort considérable au commerce anglais. Résolu de mettre un terme à ces calamités, le gouverneur des possessions anglaises arma une division destinée à tenir ces hardis navigateurs bloqués dans leurs ports, et à réduire ainsi à la famine la colonie de l'île de France qui n'était approvisionnée que par eux.

Des vaisseaux avaient été armés à Madras et à Bombay; ils devaient se réunir aux forces que l'on attendait d'Europe. Déjà le commodore Newcome avait été détaché avec une division envoyée au-devant d'un convoi attendu d'Angleterre, pendant que les vaisseaux de 60 Centurion, capitaine Samuel Osborne, et DIOMEDES, capitaine Mathew Smith, s'établissaient en croisière devant l'île de France. La position de cette colonie ne tarda pas à devenir critique. Le conseil colonial s'assembla et décida que, malgré la disproportion des forces et les conséquences qui pouvaient

en résulter, le capitaine Renaud sortirait avec la frégate de 36° la Prudente qu'il commandait, la Cybèle de 40°, capitaine Tréhoüart (Pierre), et le brig de 14° le Coureur (1), capitaine Garreau, pour aller combattre les deux vaisseaux anglais et les obliger à lever le blocus. Le corsaire de 20° la Rosalie et l'aviso le Sans-Culottes leur furent adjoints. Cette mission fut acceptée avec joie par la division française, et il n'y eut pas un habitant de l'île qui n'enviât le sort des marins. Les équipages étaient faibles; il fallait les compléter. De nombreuses demandes d'embarquement furent adressées au gouverneur, qui se vit dans la nécessité d'en accorder un bon nombre. La garnison elle-même voulut prendre part au combat qui allait en quelque sorte décider du sort de l'île : 150 soldats furent répartis sur les frégates.

Sortie le 19 octobre, ce ne fut que trois jours après que la division française aperçut les croiseurs ennemis, à une vingtaine de milles au vent de l'île. Le CENTURION et le DIOMEDES laissèrent aussitôt arriver et, à 3h 30m de l'aprèsmidi, ils se trouvèrent à portée de pistolet, le premier par le travers de la Prudente, l'autre à côté de la Cybèle, placée dans les eaux de sa conserve, et toutes les deux au plus près du vent. Les avisos prirent poste par la hanche des Anglais. Un combat acharné eut lieu alors entre ces bâtiments; mais après une heure, et quoique le CENTURION eût déjà de nombreuses avaries, le capitaine Renaud sentit qu'il ne pouvait prolonger la lutte dans cette position. Rétablissant sa misaine et ses perroquets qui avaient été cargués dès le commencement du combat, il dépassa son adversaire et vira de bord sur son avant en lui envoyant sa bordée. Il fit signal à la Cybèle d'imiter cette manoeuvre; mais cet ordre ne put être exécuté fortement avariée dans sa mâture et dans son grément, cette frégate était pour ainsi dire clouée à la place où elle se trouvait. La

(1) L'ancien Duc-de-Chartres.

brise, d'ailleurs très-faible jusqu'à ce moment, était complétement tombée, et il lui fallut soutenir seule le feu du Diomedes et du CENTURION. Le capitaine Tréhoüart fut du reste admirablement soutenu par le brig le Coureur, dont le capitaine déploya l'audace la plus grande dans ce combat. Ce fut inutilement que les signaux d'arriver et de se retirer du feu furent faits à la Cybèle; elle ne put y réussir. A 5h, le CENTURION perdit ses deux mâts de hune. Une légère fraîcheur s'étant élevée dans ce moment, la Cybèle put en profiter pour se rapprocher de la Prudente qui, de son côté, revenait sur les vaisseaux ennemis. Le grand mât de la première s'abattit dans ce moment. Le DIOMEDES voulut la suivre, mais ses avaries l'en empêchèrent. La Prudente prit alors sa conserve à la remorque et la petite division rentra triomphante au port, aux acclamations des habitants qui couvraient le rivage.

Le résultat de cette brillante affaire fut tel qu'on l'avait espéré. Le CENTURION qui, outre ses deux mâts de hune, avait perdu son mât d'artimon, et le DIOMEDES, levèrent le blocus pour aller se réparer dans leurs ports, et les subsistances purent arriver à l'île de France.

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