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capitaine George Courtenay. En l'approchant, l'officier français eut des soupçons sur sa nationalité et il ne l'accosta qu'après qu'un bateau pilote, qui se trouvait à portée de voix, lui eût assuré qu'il n'y avait que des Français à bord. Afin d'induire en erreur les Américains et les Français, le capitaine Courtenay avait en effet réuni sur la dunette de la frégate toutes les personnes de l'équipage qui parlaient français, et le bateau pilote, en passant le long de son bord, avait été trompé. L'embarcation française accosta donc la frégate son équipage fut fait prisonnier.

La présence de la BOSTON, dans ces parages, était ce que l'on pourrait appeler en français une fanfaronnade. A la suite d'une fête qui lui avait été donnée à Halifax, le capitaine Courtenay avait promis d'y amener l'Embuscade et il s'était immédiatement dirigé sur New-York, où il savait la trouver. Le capitaine anglais fit part à l'officier français du vif désir qu'il avait de combattre la frégate française, et il chargea un pilote d'aller porter à son capitaine un défi par lequel il lui faisait savoir qu'il l'attendrait pendant trois jours. Le pilote remplit scrupuleusement son message et, probablement sur la recommandation du capitaine anglais, il l'afficha dans un café.

Quelque puérile que fût une semblable provocation, qui pouvait coûter la vie à une foule de braves, elle frappa au cœur l'équipage de la frégate française. Après avoir pris l'avis des officiers de son état-major, le capitaine Bompard mit à la voile pour entrer en lice; c'était le 30 juillet. La BOSTON était alors à quelques milles de Longisland. Les deux frégates s'aperçurent réciproquement pendant la nuit.

Au jour, elles étaient par le travers l'une de l'autre, l'Embuscade au vent, à portée de canon et à bâbord de la BOSTON qui ouvrit le feu par une bordée entière. Les deux frégates mirent le grand hunier sur le mât. Le combat durait depuis deux heures, et le feu avait une telle vivacité qu'on eût cru qu'il ne faisait que commencer, lorsque la frégate

anglaise, dont la muraille présentait de larges ouvertures, orienta et prit chasse en serrant le vent. C'était un commencement de défaite; mais cela ne suffisait pas à l'équipage de l'Embuscade qui voulait que son adversaire inconsidéré lui restât comme gage de son triomphe. Le capitaine Bompard le poursuivit donc; mais sa frégate avait ellemême de grandes avaries dans sa mâture, et sa marche ne répondit pas à l'ardeur de son équipage. La BOSTON s'éloignait toujours. Après une heure et demie, la chasse fut levée et la frégate française rentra à New-York aux acclamations de la population qui s'était portée sur l'île Jersey pour y être témoin de cette lutte.

Les pertes éprouvées par la BOSTON étaient considérables, et le capitaine Courtenay avait payé de sa vie l'imprudente provocation à laquelle il s'était laissé entraîner. L'Embuscade portait 26 canons de 12,

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En commémoration de ce combat dont ils avaient été les témoins, les habitants de New-York offrirent au capitaine Bompard une médaille en or, dont l'effigie représentait la Liberté assise sur l'Embuscade. Elle tenait une pique d'une main, et de l'autre elle foudroyait la frégate anglaise qui fuyait devant elle; sur le revers on lisait : Par les habitants de New-York au citoyen Bompard pour sa brave conduite, etc., etc.

Le lougre le Hoock de 18°, capitaine Pitot, se trouvant, le matin du 5 septembre, à 21 milles environ dans l'Ouest de l'île d'Ouessant, aperçut devant lui le cutter anglais de 12 HOPE qui courait à contre-bord. Ils commencèrent à se canonner aussitôt que leurs boulets purent porter et,

en passant sur l'avant du lougre, l'Anglais lui envoya une volée qui cribla ses voiles; l'élongeant ensuite, il alla se placer sous le vent. Le pont du Hoock était encombré de débris, sa vergue de grand hunier était en outre tombée de manière à engager la batterie. Le cutter anglais, voulant profiter de cette circonstance, envoya vent devant pour passer sur l'arrière du lougre, mais une prompte détermination prise par le capitaine Pitot fit manquer cette manœuvre. Au moment où le HOPE envoyait vent devant, son beaupré se trouva engagé dans les grands haubans du Hoock qui avait laissé arriver en grand. Après avoir balayé le pont du cutter par une décharge de mousqueterie, les Français sautèrent à bord: sept hommes seulement restèrent sur le lougre avec le capitaine pour les manœuvres indispensables. La résistance des Anglais fut opiniâtre et le combat corps à corps dura une demi-heure avant que le capitaine anglais se rendît. Le HOPE fut conduit à Brest. Le Hoock avait 16 canons de 8

Le HOPE

et 2 caronades du même calibre.
12 caronades de 8, 6 et 4.

Le capitaine Brice, du côtre de 10° le Dragon, se trouvant, dans la soirée du 4 octobre, à 30 milles de l'embouchure de la Gironde avec des vents d'Ouest, aperçut un lougre de 12° sur lequel il laissa porter et qu'il atteignit à 61. Sans que ni l'un ni l'autre eussent arboré leur pavillon, ces deux bâtiments engagèrent une escarmouche que la nuit interrompit presque aussitôt et ils se perdirent de vue. La précipitation avec laquelle cet inconnu s'était retiré du feu dès que cela lui avait été possible, fit regretter au capitaine Brice d'avoir perdu ses traces. Sa disparition presque subite lui fit soupçonner que, pour s'éloigner plus promptement, il avait laissé porter, et il arriva lui-même de deux quarts. A 91, il était à portée de voix de ce lougre avec lequel il engagea une nouvelle canonnade; trois bor

dées à mitraille le firent encore battre en retraite et la nuit était si obscure qu'il parvint à se dérober une seconde fois aux coups du Dragon. Celui-ci continua sa route.

Le 5 octobre au matin, une division anglo-espagnole sous les ordres du contre-amiral anglais John Gell et du chef d'escadre espagnol Moreno, parut devant Gênes où se trouvait la frégate la Modeste, capitaine Giloux. Cette division comptait 3 vaisseaux anglais, 3 espagnols et 5 brigs des deux nations. Le vaisseau français de 74° le Scipion, capitaine Degoy, en faisait aussi partie; ce vaisseau portait le pavillon blanc (1). Vers midi, le BEDFORT de 82o, capitaine Robert Mann, entra dans la rade et mouilla par le travers de la frégate française et presque à la toucher. Confiant dans la neutralité du port de Gênes, le capitaine Giloux ne dérangea pas l'équipage qui dînait dans ce moment. Le vaisseau anglais était à peine mouillé que ses embarcations, chargées de monde, abordèrent la Modeste; et bien qu'on ne leur opposât aucune résistance, les Anglais massacrèrent sans pitié tous les hommes qu'ils rencontrèrent. Surpris ainsi sans défense, les Français se jetèrent à la nage; mais, poursuivis par les embarcations ennemies, ils se virent enlever ce dernier espoir de salut. Une centaine d'hommes seulement échappèrent à ce massacre: on ne compta cependant qu'une quarantaine de tués. Le même attentat fut commis à bord de deux tartanes françaises qui étaient sur rade.

Ces actes d'hostilité, dans un port dont la neutralité était reconnue, donnèrent lieu à une plainte de la part des représentants du peuple délégués par la Convention nationale près de l'armée d'Italie. Cependant, quoique les batteries eussent reçu l'ordre de s'opposer à la sortie du vaisseau anglais, la frégate la Modeste fut emmenée par lui, pendant

(1) Ce vaisseau était un de ceux qui avaient été pris à Toulon.

la nuit du 10, sans le plus léger empêchement de la part du gouverneur de la place.

Cette complaisance ou cette faiblesse des autorités de Gênes ne fut pas oubliée; et lorsque, en juin 1796, le Piémont fit un traité de paix avec la France, 2 millions de francs furent demandés comme indemnité de la prise de la frégate la Modeste.

Aussitôt que le lieutenant de vaisseau Eydoux, commandant la frégate l'Impérieuse (1), qui se trouvait alors dans le port de la Spezzia, eut connaissance de la violation commise à Gênes sur la frégate la Modeste, il ne se considéra plus à l'abri des attaques de l'ennemi dans le port neutre où était sa frégate et il mit sous voiles. Il était à peine dehors qu'il fut chassé par plusieurs vaisseaux et se vit obligé de rentrer. Il fit de suite mettre à terre tous les objets d'armement et les vivres de l'Impérieuse et il coula sa frégate par un petit fond sous la forteresse. Cette opération était à peine terminée que le vaisseau anglais de 82o CAPTAIN, capitaine Samuel Reeve, et le trois-ponts espagnol SALVADOR DI MUNDO, mouillèrent sur la rade. Les capitaines de ces deux vaisseaux travaillèrent, non-seulement à relever l'Impérieuse, mais ils enlevèrent tous les vivres et les agrès déposés à terre et ils sortirent sans la plus légère opposition.

Cela se passait le 12 octobre.

La frégate l'Impérieuse prit le nom d'UNITÉ dans la marine anglaise.

Deux frégates stationnées à Cherbourg appareillaient alternativement pour croiser au large et rentraient au port aussitôt qu'elles avaient fait quelque prise. L'une d'elles, la

(1) Le capitaine Debos, qui la commandait, venait d'être destitué pour cause d'incivisme.

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