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présentant du peuple procéda immédiatement à une enquête sur les faits graves qui venaient de se passer. Ces faits motivèrent l'arrestation et la destitution de plusieurs officiers et marins. Le vice-amiral Morard de Galle et les contre-amiraux Lelarge et Kerguelen furent destitués, ainsi que le capitaine Boissauveur. Le premier fut mis en état d'arrestation et y resta dix-huit mois. Les capitaines Thomas, Du Plessis-Grenédan et Coetnempren furent traduits devant le tribunal révolutionnaire. Les capitaines Bonnefoux et Richery furent également mis en état d'arrestation. Le même arrêté élevait le capitaine Villaret Joyeuse au grade de contre-amiral, et le nommait au commandement de l'armée navale.

Le mois de septembre fut encore marqué par la perte de la frégate l'Hermione qui, le 20, se jeta sur la roche appelée le Four, vis-à-vis le Croisic.

Le 8 avril, l'aviso le Sans-Souci s'était déjà perdu sur cette roche.

Pendant que les armées de la République envahissaient la Belgique et se portaient sur la Hollande, une escadrille, composée de la corvette de 20° l'Ariel, des avisos l'Éveillé, le Fanfaron, l'Entreprise et deux chaloupes-canonnières, était chargée, sous la direction du lieutenant de vaisseau Moultson, de seconder les opérations sur le littoral. Au mois de mars, cette petite division fut bloquée dans l'Escaut par une division anglo-hollandaise de 3 vaisseaux rasés, 11 frégates, 6 brigs, 8 cutters, 7 bombardes et 5 chaloupes-canonnières; plusieurs de ces bâtiments entrèrent dans le fleuve. Le 20, la chaloupe-canonnière française la SainteLucie, capitaine Castagnier, fut attaquée pendant la nuit par 20 embarcations, et enlevée sous le fort Lillo qui ne tira pas un seul coup de canon pour la soutenir. Le capitaine Castagnier était dans ce moment en mission auprès du commandant en chef de l'armée de terre. Après l'évacua

tion d'Anvers, l'Ariel et le Fanfaron furent coulés dans l'Escaut. Les agrès et l'artillerie qui en avaient été préalablement enlevés, furent dirigés sur Bruges par les canaux : les habitants de cette ville s'en emparèrent.

Une division composée des vaisseaux de 74° le Tigre, le Jean Bart, le Tourville, l'Impétueux, l'Aquilon et la Révolution; des frégates l'Insurgente, la Sémillante et des brigs le Ballon et l'Espiègle, sortit de Brest, le 16 novembre, sous le commandement du contre-amiral Vanstabel, pour croiser à l'ouvert de la Manche, afin d'intercepter un convoi qu'on savait devoir partir des ports de l'Angleterre pour Toulon, sous l'escorte de 5 vaisseaux aux ordres de l'amiral sir John Jervis. Le 18, vers 10h du matin, 38 voiles furent aperçues dans le N.-O.; le vent soufflait alors bon frais du S.-S.-E. Les frégates reconnurent 26 vaisseaux; c'était l'escadre de l'amiral Howe, qui était sortie de Torbay avec celle destinée à croiser sur les côtes de France. Le contreamiral Vanstabel fit signal de louvoyer en route libre pour s'élever au vent, mais sans perdre le Tigre de vue. La Sẻmillante, capitaine Lemancq, qui avait une marche bien inférieure à celle des vaisseaux, fut gagnée par une frégate anglaise qui l'eût infailliblement séparée de sa division, si le commandant en chef, rendant sa manœuvre indépendante, n'eût laissé arriver pour la soutenir; il obligea ainsi la frégate ennemie à cesser sa poursuite. Elle ne rallia cependant son armée qu'après avoir lancé quelques boulets au Tigre et au Jean Bart.

Le temps fut à grains pendant la nuit et les bâtiments de la division se séparèrent; au jour, le Jean Bart et l'Aquilon étaient seuls avec le Tigre. Le contre-amiral Vanstabel attendit le reste de sa division pendant quelques jours, puis fit route pour Brest, où il mouilla le 2 décembre. Il y trouva le Tourville, la Révolution, les deux frégates et le Ballon.

Le 19 novembre au matin, l'Espiègle, capitaine Bazile

Biller, avait rallié le vaisseau l'Impétueux, mais ils se perdirent encore de vue pendant la nuit du 22 qui fut très-mauvaise. Ce même jour, l'Espiègle fut chassé par une frégate anglaise qui ne put l'atteindre. Le 24 au matin, le capitaine Biller aperçut l'armée anglaise à petite distance sous le vent; 2 frégates s'en détachèrent et, à 9h 30m, elles purent lui envoyer quelques volées. Une demi-heure après, il faisait calme; le brig en profita pour s'éloigner à l'aide de ses avirons. Favorisé ensuite par de légères fraîcheurs et l'obscurité de la nuit, il parvint à se soustraire à la poursuite de ces frégates. Le 29, l'île d'Ouessant fut aperçue dans le N.-E.; mais plusieurs voiles étaient également en vue, et les 2 frégates anglaises NYMPHE et CIRCE, placées directement de l'avant, virèrent de bord pour reconnaître l'Espiègle qui prit aussitôt chasse à l'Ouest, quoique les deux frégates eussent arboré le pavillon français. Le vent était au S.-E. A 11h 15m, les frégates canonnaient vigoureusement le brig auquel, depuis plus de deux heures, elles envoyaient des boulets. Vingt minutes plus tard, l'Espiègle amenait son pavillon. Il fut conduit à Plymouth par la

NYMPHE.

Si la France perdit un brig de guerre, l'Angleterre se vit enlever 17 navires du commerce par la division dont ce brig faisait partie.

Disons, pour terminer, que l'Impétueux mouilla le 11 décembre sur la rade de Brest.

Le vaisseau le Léopard, qui faisait partie de l'escadre du commandant Latouche-Tréville, était déjà au mouillage de l'île San Pietro, lorsque le contre-amiral Truguet y arriva (1). Séparé pendant le coup de vent du 21 décembre, le capitaine Grammont avait fait route pour le rendez-vous dé

(1) V. page 275.

signé, et il avait de suite sommé l'île de se rendre. Les Français en avaient pris possession le 2 janvier 1793. Secondé par les habitants de cette île, le contre-amiral Truguet fit répandre des proclamations en Sardaigne, offrant partout l'appui et la protection de la République française. Le 23, la division jeta l'ancre dans le golfe de Cagliari, et un parlementaire fut envoyé au gouverneur. Ici, comme à Oneille, le canot qui le portait fut reçu à coups de fusil et le commandant en chef se vit dans la nécessité de châtier la ville par une canonnade et un bombardement de vingt-quatre heures. Obligé dès lors de déployer toutes ses forces, il prit le parti d'attendre un convoi qui devait lui être amené par le vaisseau le Commerce-de-Bordeaux, et qui portait un corps de 2,700 volontaires. Ces troupes, jointes à celles qui avaient été prises en Corse, aux soldats de la garnison des vaisseaux et aux matelots dont on pouvait disposer, formaient un corps assez considérable pour que le commandant en chef pût concevoir l'espoir de terminer heureusement une expédition qui, depuis trois mois, était traversée par une foule d'intrigues et contrariée par une série de mauvais temps. Mais le convoi, dispersé par un coup de vent, avait été obligé de chercher un abri dans les ports de la Corse, et ce retard aggravait la position de l'escadre dont les équipages, accablés de privations, avaient jusque-là supporté toutes les fatigues avec courage. Enfin, le 2 février, le Commerce-de-Bordeaux et son convoi mouillèrent sur la rade de San Pietro, où arrivèrent aussi successivement, ainsi que je l'ai déjà dit, les vaisseaux qui avaient été détachés avec le commandant Latouche-Tréville.

Cagliari, ville principale de la Sardaigne, s'élève au fond du vaste golfe auquel elle a donné son nom, et à l'extrémité méridionale de l'île. Un petit promontoire, portant le nom de cap Saint-Élie, et courant du Nord au Sud, partage le golfe en deux mouillages distincts: celui de l'Ouest est la rade de Cagliari; l'autre a été nommé baie Quartu. La

rade proprement dite est protégée par le fort Saint-Ignace, construit sur le cap Saint-Élie. Le lazaret est au pied de ce fort. Ce promontoire peut être considéré comme le prolongement du versant méridional du mont Urpino qui domine la ville du côté de l'Est. Plusieurs mamelons assez élevés la surplombent aussi au Nord, côté où se trouve la fortification principale, le château Michele. Une espèce d'étang, peu avancé dans les terres, rend le débarquement difficile dans la baie Quartu.

Le contre-amiral Truguet concerta immédiatement son plan d'attaque avec le général Casabianca qui commandait les troupes. 4,400 soldats ou volontaires devaient débarquer dans la baie Quartu, à 4 milles de la ville et attaquer le mont Urpino par l'Est, pendant que 700 soldats de la garnison des vaisseaux débarqueraient dans l'Ouest, protégés par un vaisseau chargé d'éteindre le feu du fort SaintIgnace qui pouvait contrarier cette attaque. Un second vaisseau devait foudroyer une caserne établie au lazaret, et balayer le chemin de communication de la ville avec les hauteurs; enfin, quatre autres vaisseaux, embossés parallèlement au rivage, et les bombardes avaient mission de dissiper tous les rassemblements.

Le mauvais temps retarda l'exécution de ce plan jusqu'au 11 février. Ce jour-là, le Tonnant, le Centaure et l'Apollon allèrent mouiller sur la rade. La Junon, l'Arethuse et la Vestale s'échelonnèrent le long de la plage. Le DuguayTrouin, le Tricolore, le Themistocle et le Léopard se rapprochèrent aussi de la ville. Le capitaine Latouche-Tréville, qui venait d'être élevé au grade de contre-amiral, fut chargé de l'attaque par mer avec le Languedoc, l'Entreprenant, le Scipion et le Patriote. Ces dispositions prirent trois jours. Les troupes furent ensuite mises à terre avec 16 canons, sans autre opposition que celle qui fut faite par une tour du cap Saint-Élie dont le Patriote eut bientôt raison. Le 15 au matin, les vaisseaux et les bombardes commencèrent leur feu et les troupes se mirent en marche. Vingt

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