Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

un moment retardée par les troubles des départements de l'Ouest. Au mois de mars, le contre-amiral Landais sortit également de Toulon avec 5 vaisseaux pour assurer la navigation et protéger le transport des subsistances attendues de Gênes et aussi l'arrivage des navires venant des colonies.

Voici du reste comment étaient réparties les forces navales de la République. La division de Saint-Domingue était composée de 3 vaisseaux, 7 frégates, 7 corvettes ou avisos. La Martinique avait 5 frégates. 2 avisos stationnaient à Cayenne. Il y avait dans l'Inde 4 frégates et un aviso. La division de Brest était de 7 vaisseaux et 5 frégates. 4 frégates et 4 avisos croisaient sur la côte de la Vendée; 2 frégates et 7 avisos, dans la Manche. La rade de Cherbourg était défendue par un vaisseau et 8 canonnières. Celle de l'île d'Aix, par 3 vaisseaux. Un vaisseau, 4 frégates et une corvette croisaient sur la côte d'Italie. Il y avait 3 frégates et 2 corvettes dans le Levant. 6 frégates et 12 avisos étaient employés à divers services dans la Méditerranée. Enfin, Toulon avait 17 vaisseaux, 3 frégates et plusieurs avisos prêts à prendre la mer au premier ordre.

L'Angleterre avait accueilli avec faveur les ouvertures qui lui avaient été faites au sujet des secours à envoyer aux Vendéens. La nécessité de surveiller cette partie du littoral et aussi de protéger la réunion des navires destinés à approvisionner les colonies, détermina le gouvernement à donner au vice-amiral Morard de Galle l'ordre de sortir de Brest, le 8 mars, et d'aller croiser dans le golfe de Gascogne avec 3 vaisseaux et 7 frégates. Peu de jours après, ces vaisseaux furent dispersés par un coup de vent qui leur occasionna des avaries assez graves pour nécessiter leur rentrée au port; ils étaient tous de retour le 19.

Ce même coup de vent fit rentrer la division du commandant Duval qui avait été tué par la rupture d'une ma

nœuvre.

Ces premières sorties purent faire présager l'esprit d'in

subordination et d'indépendance qui allait se répandre à bord des bâtiments; les matelots commentaient les ordres qu'on leur donnait, et ce fut dans un moment critique où les siens n'étaient pas assez promptement exécutés, que le capitaine Duval du Tourville, se portant de sa personne sur le lieu du danger, fut tué par une manoeuvre qui, en se détendant, l'abattit sur le pont.

Au milieu du mois de mars, le capitaine de vaisseau Villaret Joyeuse alla mouiller dans la baie de Quiberon avec deux vaisseaux, afin d'empêcher les Anglais d'établir des communications avec les campagnes du Morbihan et de la Loire-Inférieure qui étaient en pleine insurrection. Ces forces furent bientôt jugées insuffisantes; il fallait d'ailleurs assurer l'arrivée des convois. Brest, Lorient et Rochefort reçurent l'ordre d'armer tous les bâtiments en état de prendre la mer et de les envoyer à Quiberon. L'importance de ce commandement devint telle que, le 22 mai, le viceamiral Morard de Galle en fut de nouveau chargé. Le 1 août, croisant avec 19 vaisseaux et plusieurs frégates à 12 milles dans le O.-S.-O. de l'île de Groix, il eut connaissance d'une armée anglaise de 17 vaisseaux et 9 frégates; le vent soufflait du O.-S.-O.

La nécessité dans laquelle s'était tout d'abord trouvée l'Angleterre d'envoyer des bâtiments dans ses colonies, l'avait empêchée d'avoir une escadre prête à prendre la mer pendant que les vaisseaux français se réunissaient à Quiberon. L'amiral Howe n'avait pu mettre à la voile de Sainte-Hélène que le 14 juillet, avec les vaisseaux qui venaient d'être signalés au commandant en chef de l'armée française et qui étaient :

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small]
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

Le lendemain, le vent augmenta beaucoup et la mer devint très-grosse. Le vice-amiral Morard de Galle ne voulant pas engager le combat dans des circonstances aussi défavorables, avec des vaisseaux nouvellement armés, fit route pour Belle-Isle et mouilla le 4 au soir sur la rade du Palais.

La baie de Quiberon continua d'être le rendez-vous des vaisseaux des ports de l'Océan; et dans les premiers jours de septembre, l'armée navale comptait les 22 vaisseaux et les 13 frégates que voici :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Frégates Proserpine, Pomone, Uranie, Carmagnole, Galathée, Engageante, Insurgente, Gracieuse, Sémillante, Andromaque, Médée, Bellone, Hermione.

La double mission de cette armée navale, chargée de protéger la rentrée des convois et de surveiller les côtes des départements insurgés, rendait la position du commandant en chef fort difficile; il ne lui était en effet pas possible de remplir ses instructions sans morceler son armée, chose au moins imprudente en présence de forces aussi considérables que l'étaient celles des Anglais. Le but fut donc en partie manqué; les vaisseaux passaient quelques jours à la voile et revenaient prendre leur mouillage; les frégates seules faisaient un service actif en convoyant les navires du commerce.

Le rassemblement de ces vaisseaux n'avait pas eu lieu sans de grandes difficultés; aux embarras matériels de l'armement s'était jointe l'indiscipline des matelots. De grands retards avaient été occasionnés par leur absence du bord qu'ils quittaient aussitôt la revue passée, pour n'y plus paraître que ramenés par les municipalités. A Brest, les équipages de plusieurs vaisseaux avaient refusé de sortir, prétextant qu'en les faisant appareiller, on n'avait d'autre but que de les faire prendre par les Anglais. L'insurrection ne tarda pas à se montrer menaçante dans toute l'armée navale; une partie des manœuvres dormantes du vaisseau le Northumberland furent coupées pendant la nuit du 6 août. Les actes d'insubordination auxquels se livraient les équipages pouvaient être attribués à plusieurs causes. La majeure partie des hommes était sans vêtements et souffrait horriblement à bord des bâtiments. Les équipages avaient en outre peu de confiance dans leurs chefs, et les officiers n'en avaient pas davantage les uns à l'égard des autres. Les officiers de l'ancienne marine ne

cachaient pas si bien leur morgue et leur dépit qu'ils ne les laissassent apercevoir de temps à autre. Ceux de la marine du commerce en étaient irrités, et ces deux partis dans les états-majors n'attendaient qu'une occasion pour éclater. Enfin, la station de Quiberon était assez mal choisie; car, bien que les communications avec la terre fussent aussi rares que possible, les équipages y étaient exposés à toutes sortes de séductions. Le commandant en chef crut devoir représenter au Comité de salut public combien, avec de semblables éléments, il lui était difficile de lutter contre l'armée anglaise; ses vaisseaux commençaient d'ailleurs à être à court de vivres. Se rendant l'interprète des réclamations des équipages, il demanda à rentrer à Brest : il reçut l'ordre de continuer sa croisière. Incapable de se faire obéir et ayant perdu la confiance de l'armée, il demanda alors à être remplacé : il ne l'obtint pas davantage. Le vice-amiral Morard de Galle parvint cependant à calmer quelque peu l'effervescence des esprits en formant un conseil composé d'un officier et d'un marin de chaque bâtiment. Ce conseil fut unanime à demander la rentrée de l'armée navale au port de Brest. Il fut en même temps désidé, qu'en attendant des ordres, l'armée mettrait à la voile pour escorter un convoi qui était en relâche depuis quel ques jours dans le Morbihan. La frégate la Bellone qui l'accompagnait s'était échouée sur des roches en entrant. Il eût peut-être été possible de la relever si l'équipage, moins une quarantaine d'hommes, n'eût refusé d'exécuter les ordres qui lui étaient donnés. L'appareillage eut lieu le 19; le 26, l'armée reprenait son mouillage à Belle-Isle pour faire des vivres qui venaient de lui être envoyés. Enfin, le député Tréhouart, envoyé pour prendre connaissance du véritable état des choses, ayant reconnu que le salut de l'armée dépendait de sa prompte rentrée à Brest, donna l'ordre d'appareiller; elle mouilla sur cette rade dans la nuit du 28 septembre. Toute communication des vaisseaux entre eux et avec la terre fut interdite, et le re

« ZurückWeiter »