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souvent en scène dans le tableau que je vais essayer de reproduire (1).

L'Assemblée nationale confirma le chef de division de Saint-Félix dans le commandement de la division de l'Inde, et lui conféra le grade de contre-amiral. Cette commission lui fut remise par le capitaine Rosily, de la Forte, qui portait le gouverneur et les commissaires du gouvernement délégués aux îles de France et de la Réunion. Cette frégate repartit immédiatement avec l'Atalante pour escorter un convoi qui se rendait en France; la prévision d'une rupture prochaine avec l'Angleterre nécessitait cette me

sure.

Jetons maintenant un coup d'œil sur l'Europe, et voyons quelle était l'attitude des divers États au moment où la révolution éclata en France. Cet examen est nécessaire pour bien comprendre les causes des nombreux armements qui ne tardèrent pas à être faits et les motifs qui poussèrent toutes les puissances à une guerre qui fut si glorieuse pour la France, mais, je le dis avec amertume, si désastreuse pour sa marine. Un historien célèbre trace ainsi la situation (2): «<Au milieu de l'année 1790, la révolution française commença d'attirer l'attention des souverains étrangers; son langage était si assuré, si ferme, il avait un caractère de généralité qui semblait si bien le rendre propre à plus d'un peuple, que les princes étrangers durent s'en effrayer. On avait pu croire jusque-là à une agitation passagère; mais les succès de l'Assemblée constituante, sa fermeté, sa constance inattendue et surtout l'avenir qu'elle se proposait et qu'elle proposait à toutes les nations, durent lui attirer plus de considération et de haine et luí mériter l'honneur d'occuper les cabinets. L'Europe, alors, était divisée en

(1) Brenton, Naval history of Great Britain, dit que la conduite du commodore Cornwallis fut approuvée.

(2) Thiers, Histoire de la Révolution française.

deux grandes ligues ennemies : la ligue anglo-prussienne d'une part, et les Cours impériales de l'autre.

« Frédéric-Guillaume, roi de Prusse, avait abandonné l'alliance de la France pour celle de l'Angleterre. Uni à cette puissance, il avait formé cette fameuse ligue angloprussienne qui tenta de si grandes choses et qui n'en exécuta aucune; qui souleva la Suède, la Pologne, la Porte contre la Russie et l'Autriche, abandonna tous ceux qu'elle avait soulevés, et contribua même à les dépouiller en partageant la Pologne.

« Le projet de l'Angleterre et de la Prusse réunies avait été de ruiner la Russie et l'Autriche en suscitant contre elles la Suède, la Pologne gémissant d'un premier partage, et la Porte Ottomane courroucée des invasions russes. L'intention particulière de l'Angleterre, dans cette ligue, était de se venger des secours fournis aux colonies américaines par la France, sans lui déclarer la guerre. Elle en avait trouvé le moyen en mettant aux prises les Turcs et les Russes. La France ne pouvait demeurer neutre entre ces deux peuples, sans s'aliéner les Turcs qui comptaient sur elle, et sans perdre ainsi sa domination commerciale dans le Levant. D'autre part, en participant à la guerre, elle perdait l'alliance de la Russie, avec laquelle elle venait de conclure un traité infiniment avantageux, qui lui assurait les bois de construction et tous les objets que le Nord fournit abondamment à la marine. Ainsi, dans les deux cas, la France essuyait un dommage. En attendant, l'Angleterre préparait ses forces et se disposait à les déployer au besoin. D'ailleurs, voyant le désordre des finances sous les notables, le désordre populaire sous la Constituante, elle croyait n'avoir pas besoin de la guerre, et l'on a pensé qu'elle aimait encore mieux détruire la France par les troubles intérieurs que par les armes.

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« Cette ligue anglo-prussienne avait fait livrer quelques batailles dont le succès fut balancé. Gustave de Suède s'était tiré en héros d'une position où il s'était engagé en

aventurier. La Hollande insurgée avait été soumise au Stathouder par les intrigues anglaises et les armées prussiennes. L'habile Angleterre avait ainsi privé la France d'une alliée maritime. La Pologne achevait de se constituer et allait prendre les armes. La Turquie avait été battue par la Russie. En juillet 1790, la paix fut signée entre l'Autriche et la Prusse; en août, la Russie fit la sienne avec Gustave, et n'eut plus affaire qu'à la Pologne et aux Turcs. L'attention des puissances finissait donc par se diriger presque tout entière vers la France. Quelque temps auparavant, lorsque la ligue anglo-prussienne poursuivait secrètement la France, ainsi que l'Espagne sa constante alliée, quelques navires anglais furent saisis par les Espagnols. Les réclamations furent suivies d'un armement général dans les ports de l'Angleterre. Aussitôt l'Espagne demanda des secours à la France, et Louis XVI ordonna l'armement de 15 vaisseaux. On accusa l'Angleterre de vouloir, dans cette occasion, augmenter nos embarras. Les troubles intérieurs furent, en effet, plus grands au moment de l'armement général, et l'on ne put s'empêcher de voir une liaison entre les menaces de l'Angleterre et la renaissance du désordre. »

Cependant la Cour de Vienne, au mépris des traités, ne cessait d'accorder une protection ouverte aux Français qui refusaient de reconnaître l'ordre de choses établi en France. Elle formait un concert avec plusieurs puissances de l'Europe contre l'indépendance et la sûreté de la nation française. François Ier, roi de Hongrie et de Bohême, avait, par deux notes du 18 mars et du 7 avril 1792, refusé de renoncer à ce projet et, malgré la proposition qui lui avait été faite de réduire de part et d'autre à l'état de paix les troupes échelonnées sur les frontières, il continuait ses préparatifs hostiles. Il avait, en outre, attenté à la souveraineté de la nation française en déclarant vouloir maintenir les prétentions des princes allemands possessionnés en France, auxquels la nation française n'avait cessé d'offrir des indem

nités. Il cherchait enfin à diviser les Français et à les armer les uns contre les autres, en offrant un appui aux mécontents. Son refus de répondre aux dernières dépêches du roi des Français ôtant tout espoir d'obtenir d'une manière amicale le redressement de ces griefs, le 20 avril, l'Assemblée législative lui déclara la guerre.

La maison d'Autriche, entraînant la Prusse, la décida bientôt à marcher contre la France. La Russie s'était déclarée la première contre la Révolution et secondait les émigrés. La Suède, immobile, recevait encore les navires français dans ses ports. Le Danemark promettait une stricte neutralité. On pouvait se regarder comme en guerre avec la Cour de Turin. Le pape préparait ses foudres. L'Espagne, sans entrer ouvertement dans la coalition, ne semblait cependant pas disposée à exécuter le pacte de famille et à rendre à la France les secours qu'elle en avait reçus. Les États-Unis auraient peut-être voulu aider la France de leurs moyens, mais ces moyens étaient nuls à cause de leur éloignement. L'Angleterre s'engageait à la neutralité et en donnait de nouvelles assurances : elle faisait cependant des armements extraordinaires, et tout annonçait une rupture prochaine avec cette puissance. Certain, par l'expérience, qu'elle ferait sortir un nombre infini de corsaires et de bâtiments légers pour inquiéter le commerce aussitôt que les liaisons amicales seraient rompues, le ministère ordonna d'établir sur les côtes des croiseurs destinés à le protéger. Le 25 juillet, parut le manifeste du duc de Brunswick.

Afin d'être prêt à repousser les attaques des puissances maritimes de la Méditerranée, le Conseil exécutif provisoire arrêta qu'il serait formé à Toulon une escadre de 9 vaisseaux le commandement en fut donné au contreamiral Truguet. Mais ce port n'en avait que cinq en état de prendre la mer; c'étaient:

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capitaine Blanquet Duchayla.
Truguet, contre-amiral.

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On leur adjoignit les frégates la Sibylle, la Junon, la Minerve, la Modeste, la Vestale et la Fortunée; les corvettes la Badine, la Poulette, la Brune, la Belette, la Fauvette et le Rossignol; les avisos le Tarleton, le Hasard, l'Alerte et le Gerfaud.

Brest expédia à Toulon les vaisseaux :

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Avant l'arrivée des vaisseaux de l'Océan, le contre-amiral Truguet reçut l'ordre de se porter sur les côtes d'Italie et de s'y concerter avec le général Anselme, qui devait faire une diversion sur Nice pendant que le général en chef Montesquiou attaquerait la Savoie. En exécution de ces ordres, la division de Toulon mit à la voile; le 24 septembre, elle était devant Nice et s'y établissait en croisière. Cette ville et Villefranche qui la touche furent prises par l'armée française: la corvette sarde la CAROLINE, qui se trouvait dans ce dernier port, fut capturée et envoyée à Toulon. Sur ces entrefaites, un coup de vent d'Est força la division à prendre le large; 3 vaisseaux relâchèrent aux fles d'Hyères, près de Toulon et les deux autres au golfe Juan, qui se trouve au-dessous de Cannes. Le 11 octobre, ils étaient tous les cinq à Villefranche, où ils furent ralliés par ceux de Brest. Ils y prirent 1,000 hommes de troupes et firent route pour Oneille, petite ville du littoral du duché de Gênes, où ils arriyèrent le 26. Le contre-amiral Truguet envoya de suite sommer le commandant de cette place de se rendre. Des paysans, embusqués sur le rivage, firent feu sur l'embarcation et tuèrent l'enseigne de vaisseau d'Aubermesnil, aide-de-camp du commandant en chef, ainsi que cinq autres personnes; le capitaine de vaisseau

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