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capitaine Russell le prétendit. Que, dans l'état de détresse où se trouvait la Sibylle, le capitaine de Kergariou ait eu recours à la ruse pour cacher sa nationalité, cet officier n'aurait fait qu'user d'un moyen dont toutes les puissances font usage sur mer, en temps de guerre. Autre chose eût été de combattre sous pavillon étranger, comme cela fut pratiqué, à une époque postérieure, par plusieurs bâtiments anglais, ainsi que j'aurai occasion de le constater. Mais, tel ne fut pas le cas du capitaine de Kergariou. Je ne sache pas, en effet, qu'il puisse y avoir des doutes sur la nationalité d'un bâtiment qui a un pavillon flottant à la poupe et un second dans les haubans. D'ailleurs, celui qui resta déployé dans cette partie du grément de la Sibylle n'était pas, rigoureusement, le pavillon national de la GrandeBretagne : c'était simplement un yacht.

Chassé par une escadre anglaise, le capitaine chevalier de l'Épine, de la corvette de 16 le Dragon, en croisière sur la côte Nord de Saint-Domingue, mouilla, le 22 janvier, au milieu des récifs qui bordent la côte dans cette partie de l'île. S'apercevant que cette détermination n'arrêtait pas les bâtiments ennemis, et que ceux-ci mettaient leurs embarcations à la mer, il fit évacuer la corvette. Après avoir, comme adieux, envoyé une volée à mitraille aux canots qui se dirigeaient de son côté, il mit le feu au Dragon qui sauta peu de temps après.

Le 17 février, les frégates la Nymphe de 36° et l'Amphitrite de 32, capitaines vicomte de Mortemart et de SaintOurs, sorties de la Guadeloupe pour croiser au large des îles, aperçurent sous le vent qui soufflait du N.-E., un gros bâtiment qu'elles chassèrent: c'était le vaisseau anglais de 50 ARGO, capitaine Butchart, qui portait le gouverneur à Antigues; ce vaisseau fit vent arrière. Vers 111 du matin,

l'Amphitrite qui avait laissé la Nymphe loin derrière elle, se trouva en position d'envoyer les premiers boulets à l'ARGO; trois quarts d'heure plus tard, elle le canonnait vigoureusement par la hanche de tribord. L'ARGO embarda alors sur la droite, afin de pouvoir se servir de tous ses canons; mais, lançant sur le bord opposé, l'Amphitrite passa derrière lui, se plaça sous son autre hanche, le combattit dans cette position. Quoique la mer fût assez grosse pour que le vaisseau ne pût se servir de sa batterie. basse, le capitaine Butchart continua le combat jusqu'à 51 du soir; la Nymphe venait de rallier et avait pris poste par son travers. Démâté de son grand mât de hune et de sa grande vergue, l'ARGO amena son pavillon. L'Amphitrite, la Nymphe et leur prise se dirigèrent sur la Martinique. Le commandement de celle-ci avait été donné au lieutenant de vaisseau Rosalio; l'Amphitrite n'avait presque pas souffert et n'avait pas perdu un seul homme. Le 19, lorsque le jour parut, la petite division se trouva près d'un vaisseau anglais de 82° qui passa à contre-bord et envoya quelques boulets à l'Amphitrite; celle-ci riposta par une bordée. Ce vaisseau reçut aussi la volée de la Nymphe et de l'Argo. Deux nouveaux bâtiments ayant été aperçus sous le vent, les trois français prirent des routes différentes; la Nymphe se dirigea au Nord, l'Amphitrite courut au S.-E. : cette dernière frégate fut chassée par le vaisseau. La chute du petit mât de hune de l'Amphitrite, qui avait été endommagé au combat du 17, donna à ce vaisseau un avantage de marche bien marqué; cet événement malheureux eut lieu à 9b du matin. Le capitaine de Saint-Ours prit le parti de courir largue, route qui le conduisait sur Porto-Rico : cette île fut aperçue dans la soirée. Cette allure rendit à l'Amphitrite l'avantage de la marche; le vaisseau leva la chasse et la frégate mouilla le lendemain sur la rade de Saint-Jean. Ce vaisseau était l'INVINCIBLE de 82°, capitaine Saxton; il faisait partie de l'escadre du contre-amiral Hood.

La Nymphe entra au Port au Prince de Saint-Domingue. L'Argo suivit l'INVINCIBLE pendant tout le temps que ce vaisseau poursuivit l'Amphitrite, et il arbora le pavillon de la Grande-Bretagne dès qu'il leva la chasse. Il ne m'est pas possible de dire comment ce vaisseau fut pris; on doit supposer que les Anglais laissés à bord s'en emparérent après les premiers coups de canon tirés par l'INVIN

CIBLE.

Les vaisseaux le Triton de 64°, l'Amphion de 50 et la frégate de 32 la Concorde, capitaine chevalier du Clesmeur, se rendant de Saint-Domingue à la Martinique, furent chassés, dans le courant du mois de février, par 3 vaisseaux anglais et une corvette de l'escadre de l'amiral Pigot. Les deux vaisseaux parvinrent à faire perdre leurs traces; mais, jointe par le MAGNIFIQUE de 80°, la Concorde amena son pavillon après la défense la plus honorable.

Le 12 février, le capitaine marquis de Grasse Briançon, de la corvette de 18° la Coquette, s'était emparé des îles Turques, dans les débouquements de Saint-Domingue. Le 14 mars, l'apparition d'une division anglaise força la Coquette à quitter le mouillage. Atteinte par le vaisseau RESISTANCE, capitaine James King, elle amena son pavillon après avoir tiré une bordée. Le capitaine anglais rejoignit alors sa division qui se composait d'un autre vaisseau, de 2 frégates et de 2 corsaires. Les Anglais tentèrent de reprendre les îles Turques, en jetant quelques troupes à terre; mais ces détachements furent repoussés, et les bâtiments ennemis prirent le large.

J'ai déjà dit que l'escadre anglaise, qui était allée passer la mauvaise saison à Bombay, ayant été aperçue faisant route au Nord, le chef d'escadre de Suffren, alors à Trin

quemalé, avait expédié immédiatement le lieutenant Villaret Joyeuse, auquel il avait donné le commandement de la corvette de 20° la Naïade, en prévenir le capitaine de Pey nier qui avait été laissé en observation devant Madras avec 2 vaisseaux et 2 frégates, et lui porter l'ordre de rallier. Le capitaine Villaret devait aussi aller avertir le général de Bussy à Goudelour. Trois jours après son départ, le 11 avril, la Naïade fut chassée par le vaisseau de 72° SCEPTRE, capitaine Samuel Graves, et elle amena son pavillon après une canonnade qui ne dura pas moins de cinq heures; elle avait perdu deux mâts de hune; son gouvernail était brisé, et elle avait sept canons démontés.

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RECAPITULATION GÉNÉRALE DES BATIMENTS PRIS, DÉTRUITS OU NAUFRAGÉS DEPUIS 1778 JUSQU'A LA PAIX.

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Et maintenant que j'ai mis sous les yeux du lecteur les pièces qui permettent d'apprécier la part que prit la marine à cette guerre, que penser des marins de cette époque? A qui attribuer le premier rang dans cette lutte de cinq ans, qui fut si glorieuse pour la marine de la France (1) ?

Est-ce au lieutenant général comte d'Orvilliers qui, le premier, eut l'honneur de montrer aux Anglais que si un

(1) Ce parallèle ne s'étend qu'aux officiers généraux qui ont eu l'occasion de combattre alors qu'ils commandaient en chef.

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