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général de Vaudreuil avait laissé le vaisseau de 74° le Sceptre, capitaine Lapérouse, au Cap Français de SaintDomingue, et avait donné à cet officier la mission d'aller détruire les établissements anglais de la baie d'Hudson. Cette expédition offrait de grandes difficultés; rien n'avait été disposé pour naviguer dans ces parages; on n'avait même pas de cartes des côtes que le Sceptre allait visiter. Une telle entreprise ne pouvait être mieux confiée qu'au capitaine Lapérouse, car il montrait déjà pour les expéditions aventureuses, cette ardeur qui priva la France d'un officier appelé à faire faire un grand pas à l'histoire de la géographie.

Le Sceptre appareilla du Cap Français, le 31 mai, en compagnie des frégates de 32° l'Astrée et l'Engageante, capitaines chevalier de Langle et de Lajaille; 300 soldats avaient été embarqués sur ces bâtiments. Après une navigation fort pénible dans les glaces, la division arriva, le 8 août, devant le fort du Prince de Galles; les troupes furent mises à terre, le jour même. Le fort se rendit le lendemain sans avoir fait aucune résistance: tous les magasins furent détruits. Le capitaine Lapérouse remit à la voile, le 11, et se dirigea sur le fort York, centre des établissements anglais dans ces parages; il y arriva le 20. Mais avant de s'approcher de cette côte dangereuse et peu connue, il fallut faire une exploration et sonder l'entrée de la rivière Deshayes sur laquelle le fort était établi. Cette reconnaissance terminée, le débarquement fut effectué, le 21 au soir. Le peu de profondeur des eaux de la rivière arrêta de bonne heure les embarcations, et les 250 hommes dont se composait le détachement expéditionnaire marchérent l'espace d'un mille dans la vase. Obligés de faire un long circuit à cause de la nature du terrain, il leur fallut deux jours pour arriver au fort; les portes en furent ouvertes à la première sommation. Toutes les marchandises qui se trouvaient à York furent brûlées, et l'expédition se rembarqua. La petite division française avait été plusieurs fois

compromise pendant son séjour sur cette côte; le capitaine Lapérouse ne crut pas devoir l'y prolonger : il fit route pour l'Europe.

Canons.

BATIMENTS PRIS, DÉTRUITS OU NAUFRAGÉS
pendant l'année 1782.

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ANGLAIS.

Brûlé en mer.

Sombré à Porstmouth.

Coulés en mer.

Naufragé sur la côte d'Amérique.
Pris par une division.

Naufragée sur la côte d'Angleterre.
Naufragée sur l'île Tortola.

Prises par deux frégates.
Sombrée en mer.

Prises chacune par une frégale.

26

SPEEDY.
SWIFT.

22

CORMORANT..

20

CHASSEUR.

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Prise par deux frégates.
Prise par une corvette.

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* L'astérisque indique un bâtiment pris à la puissance ennemie.

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La bataille de la Dominique n'apporta aucune modification au projet d'expédition auquel l'armée navale des Antilles devait coopérer. Les alliés pouvaient disposer d'un nombre de vaisseaux assez considérable pour diriger une attaque contre la Jamaïque. On annonça donc des renforts et un corps de 24,000 hommes au lieutenant général de Vaudreuil, et on lui donna l'ordre de se tenir à une soixantaine de lieues au vent de la Barbade et d'y attendre ces renforts. Tel était le plan qu'arrêtaient les gouvernements de la France et de l'Espagne pendant que le conseil de guerre qui s'était réuni à Saint-Domingue après la bataille de la Dominique et dont j'ai déjà parlé décidait, sur les observations du chef d'escadre espagnol Solano, que la jonction

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des escadres aurait lieu à Porto Cabello, sur la côte ferme. Dès que les intentions du gouvernement furent connues, le gouverneur de Saint-Domingue expédia le brig de 14° le Tarleton, capitaine Lecamus, à Boston. Mais, le 3 janvier, le Tarleton eut un engagement avec un brig anglais et ce combat le mit dans la nécessité de relâcher au Port au Prince pour réparer quelques avaries; il ne remit sous voiles que le 9 février. Ce jour-là même, il fut chassé et canonné par une frégate et un brig anglais, et fut forcé de chercher un abri sous les batteries de la côte. Ainsi retardé dans sa mission, le capitaine Lecamus arriva trop tard pour trouver l'armée du lieutenant général de Vaudreuil à Boston et même pour la rencontrer à la mer; elle avait quitté ce port le 20 décembre pour se rendre dans le golfe avec un convoi portant 4,000 hommes des troupes du général de Rochambeau. Le commandant en chef de l'armée navale finit cependant par avoir connaissance des intentions des Cours de France et d'Espagne, et il fit route pour le Cap Français où il mouilla le 15 avril. Le Duc-de-Bourgogne, capitaine Champmartin, fut le seul vaisseau de l'armée qui ne rentra pas dans ce port: il s'était perdu dans le golfe sur le cap Ribero.

Pendant que, faute d'instructions précises, l'armée navale des Antilles courait ainsi les mers, le vice-amiral d'Estaing avait été nommé au commandement en chef de l'armée combinée qui devait agir contre la Jamaïque. Cet officier général s'était de suite rendu à Cadix où il avait trouvé des bâtiments généralement mal armés. A la date du 1er janvier, il leur manquait 2043 hommes. La réunion de ces vaisseaux à l'armée du lieutenant général de Vaudreuil et à ceux que le lieutenant général espagnol don Juan de Langara y Xuarte devait conduire au rendez-vous, allait porter l'armée combinée au chiffre énorme de 60 vaisseaux; 17,000 hommes de troupes, dont 5,700 Espagnols étaient destinés à prendre passage sur les vaisseaux de Cadix. Si ces troupes ne suffisaient pas, les garnisons des

différentes îles fourniraient le complément qui serait jugé nécessaire.

Le gouvernement anglais n'ignorait pas le but de tous ces préparatifs. Il avait arrêté que les 28 vaisseaux qui étaient en Amérique et 8 ou 10 autres qu'il expédierait d'Europe, attendraient le vice-amiral d'Estaing dans la mer des Antilles, tandis que le vice-amiral Hood, avec 13 vaisseaux de la Nouvelle-Angleterre et 6 ou 7 de la Jamaïque, croiserait devant le Cap Français, afin d'empêcher le lieutenant général de Vaudreuil d'atteindre le rendez-vous. Si le vice-amiral d'Estaing passait aux îles sans s'y arrêter, il devait être suivi par les deux armées anglaises réunies. 50 à 60 vaisseaux étaient ainsi destinés à soutenir les 12,000 hommes de troupes qu'on avait réunis à la Jamaïque.

Les préliminaires de paix entre la France et l'Espagne d'une part et l'Angleterre de l'autre, signés le 20 janvier, rendirent tous ces préparatifs inutiles. Le vice-amiral d'Estaing reçut l'ordre de renvoyer immédiatement en France les vaisseaux et les troupes qui étaient à Cadix. Le lieutenant général Lamotte-Piquet conduisit 9 vaisseaux et 4 frégates à Brest. Le capitaine de vaisseau comte de Flotte partit pour Toulon avec 12 vaisseaux, 3 frégates et 2 corvettes. Le capitaine Vialis de Fontbelle du Réfléchi fut chargé, avec l'Éveillé, d'accompagner les transports qui avaient reçu des vivres pour les Antilles.

Ainsi fut définitivement dissoute cette armée combinée qui entraîna les gouvernements de France et d'Espagne dans des dépenses énorines, que ne compensèrent certainement pas les quelques avantages qu'ils retirèrent de cet

armement.

L'escadre de l'Inde quitta Trinquemalé, le 1er octobre, pour aller à Goudelour; le vaisseau le Bizarre dont le commandement avait été donné au capitaine Trehouret de

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