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du lieutenant général de Vaudreuil; elle avait été envoyée en découverte, le jour même où elle avait été attaquée. En rendant compte de son combat, cet officier général appela l'attention du ministre sur les avantages que l'emploi des caronades et la substitution des platines au boute-feu donnaient aux bâtiments de la marine anglaise. Ces avantages étaient réels puisque, d'une part, l'emploi des caronades permettait l'embarquement de pièces de fort calibre ; et que, de l'autre, l'usage des platines procurait, dans le tir, une précision à laquelle il n'était pas possible de prétendre avec le boute-feu.

Le 11 août, les frégates la Friponne et la Résolue, capitaines de Blachon et de Saint-Jean, s'emparaient des corvettes anglaises de 26° SWIFT et SPEEDY.

Le 12 août, la frégate de 32 la Bellone, capitaine de Piervert, détachée pour observer les mouvements de l'ennemi rencontra, à la hauteur de l'île Ceylan, la frégate anglaise de 30 COVENTRY, capitaine Mitchell et l'attaqua. Le combat prit bientôt un caractère de vigueur et d'opiniâtreté inaccoutumé. Spectateurs habituels des combats de leurs escadres, les deux capitaines avaient saisi avec empressement l'occasion de mesurer leurs forces. Après deux heures de lutte acharnée, les deux frégates se séparèrent totalement désemparées. Le capitaine de Piervert avait perdu la vie. Sa mort était en partie cause de l'état dans lequel se trouvait la Bellone. Lorsqu'il fut tué, une contestation s'éleva au sujet du commandement. Le second de la frégate était italien et, aux termes des ordonnances, il était par ce fait exclu du commandement en temps de guerre. Cet officier ne voulait pas qu'un autre s'emparât de l'autorité qu'il prétendait lui appartenir et, pendant la discussion qui s'ensuivit entre lui et le premier lieutenant, la frégate resta sans

chef. On conçoit le désordre qui dut en résulter. Ce fut une circonstance fâcheuse, car il fallait que la frégate anglaise eût de bien graves avaries pour cesser son feu dans l'état où était son adversaire.

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Le capitaine de Beaulieu qui avait été nommé au commandement du Brillant reprit celui de la Bellone.

Sortie de Saint-Malo avec un convoi qu'elle conduisait à Brest, la frégate de 38 l'Hébé, capitaine chevalier de Vigny, fut chassée, le 3 septembre au matin, par le RAINBOW de 48, capitaine Trollope. Un boulet heureux qui coupa la barre du gouvernail ne permit à l'Hébé de gouverner qu'avec difficulté, et elle fut jointe par le travers de l'île de Bas. Son pavillon fut amené après un court combat. Le convoi se réfugia à Morlaix.

L'Hébé portait 26 canons de 18,

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Quant au RAINBOW qu'on peut considérer comme un vaisseau puisqu'il avait deux batteries, en outre de celle des gaillards, il avait un armement particulier que nous trouvons mentionné dans un document livré à la publicité (1). Il avait :

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La conduite du capitaine de vaisseau de Vigny fut exa

(1) W. James, The naval history of Great Britain.

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minée par un conseil de guerre. Cet officier supérieur, trouvé coupable, fut condamné à 15 ans de prison, à être cassé et déclaré incapable de servir. Le capitaine de Vigny rappela de cet arrêt. Le nouveau conseil de guerre devant lequel il fut traduit, se borna à réduire la première partie de la peine à six années d'emprisonnement.

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Dans le courant du mois d'août, les frégates l'Aigle de 40, capitaine de Latouche, et la Gloire de 32, capitaine chevalier de Vallongue, partirent de Rochefort pour porter en Amérique de l'argent et plusieurs officiers qui ralliaient l'armée du général Rochambeau. Le 4 septembre pendant la nuit, à 135 lieues dans l'Est de Long-Island, elles aperçurent sous le vent un bâtiment qui courait comme elles tribord amures avec des vents d'Ouest et qu'à l'élévation de son bois elles jugèrent bientôt devoir être un vaisseau. Ce bâtiment hela la Gloire qui était sous le vent de sa conserve; l'Aigle serra de suite le vent. La crainte de présenter la poupe à cet inconnu en imitant cette manœuvre décida le capitaine de la Gloire à laisser porter; et sans savoir s'il avait affaire à un ami ou à un ennemi, il lui fit envoyer une bordée qui reçut immédiatement une riposte: le feu continua de part et d'autre. Le capitaine de Latouche laissa arriver la première détonation, mais on avait cessé de tirer lorsque sa frégate arriva sur le lieu du combat; le capitaine du vaisseau étranger et celui de la Gloire étaient entres en pourparlers pour se demander à quelle nation ils appartenaient. Ce répit fut de courte durée: les mots France et Angleterre furent comme un signal qui rendit inutile l'ordre de recommencer le feu. Après quelque temps, l'Aigle remplaça la Gloire par le travers du vaisseau; mais la supériorité du feu de ce redoutable adversaire fit bientôt de tels dégâts à cette frégate, que le capitaine de Latouche crut devoir tenter l'abordage; il ne réussit pas. La coopération de la Gloire était du reste très-active;

elle canonnait le vaisseau alternativement de l'avant et de l'arrière. Le jour, en se faisant, permit d'apercevoir plusieurs voiles au nombre desquelles on distinguait un vaisseau. Le capitaine de Latouche auquel son ancienneté donnait le commandement ne jugea pas devoir l'attendre: les deux frégates continuèrent leur route, après deux heures cinquante minutes d'engagement. Le vaisseau anglais qu'elles avaient combattu était l'HECTOR de 74°.

Les voiles aperçues par les frégates françaises faisaient partie d'un convoi anglais que le contre-amiral Graves escortait en Europe avec les vaisseaux RAMILIES qu'il montait, CANADA, Centaur, la Ville de Paris, le GLORIEUX, le CATON et l'HECTOR. Ce dernier se rendait à Halifax lorsque les frégates le rencontrèrent.

Douze jours après le combat que je viens de relater, un coup de vent violent dispersa le convoi du contre-amiral Graves; une partie périt corps et biens. Le vaisseau amiral RAMILIES Coula: son équipage fut recueilli par un transport. L'HECTOR Coula également. Le GLORIEUX disparut : on n'entendit plus parler de ce vaisseau. La VILLE DE PARIS devint la proie des flammes et son équipage entier périt par le feu ou dans les eaux. Le CENTAUR coula; son équipage eut le temps de s'embarquer dans les canots, mais un seul atteignit le rivage: il portait douze hommes au nombre desquels se trouvait le capitaine. L'ARDENT et le JASON qui étaient aussi partis de la Jamaïque avec le convoi avaient été heureusement jugés incapables de faire la traversée et , renvoyés; le premier fut condamné. Ce désastre fit donc disparaître, en quelque sorte d'un seul coup, toute trace matérielle de la bataille du 12 avril, car le RAMILIES et le CENTAUR exceptés, tous ces vaisseaux avaient été pris à la bataille de la Dominique.

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Le 12 septembre, huit jours après leur combat avec le vaisseau l'HECTOR, les frégates l'Aigle de 40° et la Gloire

de 32, capitaines de Latouche et chevalier de Vallongue, chassèrent plusieurs navires; dans le nombre était le brig anglais de 14o RACOON, capitaine Edmund Nagle, dont elles s'emparèrent. A la nuit, les frégates mouillèrent à 6 milles du cap James et un canot fut envoyé à terre pour prendre un pilote de la Delaware: ce canot se perdit. Le 13 au jour, 5 bâtiments de grande apparence furent aperçus dans le S.-E.; le vent soufflait du N.-N.-E. Les frégates appareillèrent et entrèrent dans la rivière. Mais ces parages étaient inconnus aux deux capitaines, et ils s'engagèrent dans le passage dit passe des Ciseaux, formé par deux bancs qui se réunissent. La sonde constata que l'Aigle ne pourrait pas franchir cet obstacle; les frégates laissèrent tomber l'ancre. Les bâtiments aperçus formaient une division sous les ordres du commodore lord Keith Elphinstone; c'étaient les vaisseaux WARWICK et LION; la frégate VESTALE, la corvette BONETTA et une prise armée. Ils suivirent les frégates françaises jusqu'à l'entrée de la rivière. Le commodore anglais fit proposer un échange de prisonniers au capitaine Latouche et pendant qu'on traitait cette affaire, des embarcations anglaises se mirent à sonder la passe; les canots des deux frégates envoyés pour troubler cette opération furent repoussés par la BONETTA. Les pilotes du pays ayant donné l'assurance que les frégates françaises franchiraient le barrage, on travailla à les alléger et, à 41 du soir, elles appareillèrent la Gloire passa et gagna le grand chenal. L'Aigle n'eut pas le même bonheur; cette frégate toucha et elle ne tarda pas à tomber sur le côté. La VESTALE Vint alors se placer par sa hanche de tribord, la BONETTA, de l'autre côté et la prise se mit en travers sous son arrière. A 8h30m, ces 3 bâtiments ouvrirent leur feu sur la frégate française qui ne put leur répondre qu'avec trois canons. Dans cette situation critique, la défense était impossible. L'argent et les passagers avaient déjà été mis à terre; la mâture de l'Aigle fut coupée; de larges ouvertures furent pratiquées dans ses flancs; et, lorsque le capitaine

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