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glaise et fut entouré. Un vaisseau de 64° le prit en enfi«lade par l'arrière; un 74 le combattit par le travers de « bâbord, et un troisième, après lui avoir envoyé une volée « d'écharpe par l'avant, prit poste à tribord. Le Sévère, « toujours masqué, répondit de son mieux au feu de ces << trois adversaires; mais lorsque le capitaine de Cillart vit « l'escadre française s'éloigner, car tous les vaisseaux, à l'exception du Brillant, avaient abattu sur l'autre bord, il jugea inutile de prolonger sa défense et fit amener le pavillon. Les vaisseaux qui le combattaient cessèrent aus« sitôt leur feu et celui de tribord s'éloigna. Dans ce mo« moment, le Sévère abattit sur tribord et le vent prit dans « ses voiles; le capitaine de Cillart fit alors continuer le << feu par la première batterie, la seule qui restât armée, « et il rejoignit son escadre. »

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Lorsque l'ordre qui le suspendait de ses fonctions lui fut notifié, le capitaine de Villeneuve-Cillart demanda à servir comme volontaire sur l'escadre; il ne put l'obtenir et fut renvoyé à l'île de France.

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Le roi approuva les mesures prises par le commandant en chef des forces navales de l'Inde; il poussa même la sévérité plus loin que lui. Le chevalier de Villeneuve-Cillart fut cassé. Les capitaines Bidé de Maurville et de Tromelin furent rayés des listes; le comte de Forbin fut déclaré incapable d'être employé; le chevalier de Lalandelle-Roscanvec fut mis en retraite sans pension, et le capitaine de Lapallière fut invité à prendre sa retraite.

L'admiration que le Nabab Hyder-Ali professait pour le bailli de Suffren augmentait de jour en jour. Ayant appris le retour de l'escadre à Goudelour, il partit d'Harni avec son armée et alla établir son camp à 9 milles de la mer, afin d'avoir une entrevue avec le commandant en chef de l'escadre française. Un prince d'Asie se déplaçant avec une armée de 12,000 hommes pour donner un témoignage authentique de sa haute estime à un officier français est

chose trop digne de remarque, pour que j'omette de la relater. Cette entrevue eut lieu le 25 juillet.

Il ne suffisait cependant pas de vouloir, dans l'intérêt de la France, et malgré les instructions inintelligentes qui étaient arrivées d'Europe, ne pas quitter la côte de Coromandel; il fallait pouvoir y rester, et l'état des vaisseaux était tel, qu'on touchait au moment où, de toute nécessité, il faudrait faire route pour l'île de France. Le besoin d'un port se faisait sentir plus que jamais et, malheureusement, depuis le mois de janvier, l'insouciance du gouvernement hollandais avait livré aux Anglais Trinquemalé, seul port dans lequel il eût été possible d'entreprendre des réparations de quelque importance. Un double intérêt poussait donc le chef d'escadre de Suffren vers Trinquemalé rendre à un allié une ville qui lui avait été enlevée, et se procurer un abri sûr et commode pour entreprendre les travaux devenus indispensables après une navigation active et plusieurs combats. L'escadre quitta Goudelour le 1er août, et fit route vers le Sud, laissant 2,000 hommes à l'hôpital. Informé de l'arrivée à Pointe de Galles d'un convoi escorté par 2 vaisseaux et une frégate, le commandant en chef alla mouiller à Benticolo où ce convoi, les vaisseaux le Saint-Michel, l'Illustre et la frégate la Consolante le rejoignirent. Il mit alors sous voiles et, le 25 août au jour, l'escadre entra dans la baie de Trinquemalé, le Héros en tête, sous le feu d'une petite batterie établie à la pointe du mât de pavillon à laquelle il fut défendu de répondre, et elle mouilla, ainsi que le convoi qui la suivait, dans l'arrière-baie où elle était à l'abri des batteries de la ville.

La vaste baie de Trinquemalé, sur la côte orientale de l'île de Ceylan, à 72 lieues dans le Sud de Pondichéry, est partagée en deux rades par une langue de terre qui court à peu près de l'Ouest à l'Est. En outre des fortifications régulières de la ville, un fort est établi sur cette presqu'île.

Il fallait donc mieux qu'un coup de main pour se rendre maître d'une semblable position. Cependant les nouveaux occupants la défendirent peu; ils laissèrent les vaisseaux prendre tranquillement leur mouillage et ne firent aucune opposition au débarquement de 2,400 hommes qui furent mis à terre. Après une résistance de trois jours, le gouverneur capitula. Le chef d'escadre de Suffren avait conduit lui-même toutes les attaques et dirigé toutes les opérations.

Le 2 septembre dans l'après-midi, au moment où l'on apposait les dernières signatures sur la capitulation, l'escadre anglaise fut signalée au large. Dès que le vice-amiral Hughes avait eu connaissance de la direction que l'escadre française avait prise, il s'était douté des intentions de son commandant en chef; mais, quelque promptitude qu'il eût fait apporter à la mise en état de ses vaisseaux, il n'avait pu prendre la mer avant le 20 août. C'était trop tard; il arriva devant Trinquemalé pour voir l'étendard de la France flotter sur les principaux édifices de la ville et sur les forts. Son parti fut bientôt pris. Il n'était pas en mesure, dans le moment, de disputer aux Français la possession de cette place importante; mais il songea à entraîner leur escadre loin de terre pour la combattre dans une position avantageuse, et essayer de mettre le chef d'escadre de Suffren dans l'impossibilité de jouir des bénéfices de sa conquête. Il gouverna donc de suite au large. Le commandant en chef de l'escadre française recherchait avec trop d'empressement l'occasion de livrer bataille pour rester au mouillage alors que l'ennemi était en vue; il fit toutes ses dispositions, et le lendemain matin, il sortit de la baie avec une petite brise de S.-O. La première partie du plan du viceamiral Hughes avait un commencement de réussite; cet officier général sut manœuvrer de manière à attirer entièrement son ennemi dans le piége qu'il lui tendait. Il serra d'abord le vent et, lorsque, dans le but de rectifier quelque peu leur ligne, les Français prirent le plus près,

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il laissa arriver de nouveau et continua cette manoeuvre, sans jamais gouverner au même air de vent, jusqu'à 1h 15m. Le chef d'escadre de Suffren qui ne saisit pas le but d'une pareille tactique, se laissa entraîner à une poursuite dans laquelle tout le désavantage était de son côté ; il était en effet loisible au vice-amiral anglais de choisir son moment et d'attendre, dans une position bien établie, l'escadre française à laquelle il était fort difficile de se présenter au combat avec ordre. J'ai déjà dit combien est grande la difficulté de tenir un certain nombre de bâtiments sur une ligne de relèvement surtout, et c'était le cas, lorsque ces bâtiments ont une marche différente. Or, si quelquesuns des vaisseaux de l'escadre française étaient doublés en cuivre, la majeure partie ne l'était pas. Et, il faut bien le dire, le chef bouillant et toujours impatient de combattre qui était à la tête des forces navales de la France dans l'Inde, n'était pas homme à conduire ses vaisseaux avec cet excès de prudence et de circonspection que dictait la circonstance. Entraîné par son ardeur, il ne vit pas que, comme lui, son ennemi voulait une bataille, et que ce qu'il prenait, lui, pour de la faiblesse et de l'hésitation, n'était qu'une tactique habile de la part d'un adversaire qui savait à qui il avait affaire. Ce que le vice-amiral Hughes avait supposé arriva; et lorsqu'il estima les vaisseaux français suffisamment en désordre, il s'arrêta définitivement et établit les siens en bataille, les amures à tribord dans l'ordre que voici :

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Les frégátes MEDEA et COVENTRY étaient en dehors dé lá ligne.

A 1b 55m, les capitaines français reçurent l'ordre de tenir le vent par le travers de l'escadre anglaise. Les vaisseaux se suivaient comme ci-après :

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Les frégates la Bellone, la Fine et la corvette la Fortune accompagnaient l'escadre.

Cette fois encore, le passage de l'ordre de marche à l'ordre de bataille fut mal exécuté; les vaisseaux de l'avantgarde dépassèrent la tête de la colonne ennemie et, dans le but de prendre leur poste, ils serrèrent le vent tant qu'ils purent : cette manœuvre les éloigna au lieu de les rapprocher. Le dernier vaisseau du corps de bataille se trouvant trop près de son chef de file, mit un hunier sur le mât. Celui-ci crut devoir en faire autant; et le vaisseau amiral, probablement pour ne pas se séparer de ces deux vaisseaux placés immédiatement derrière lui, mit lui-même en panne. Il en résulta que les sept premiers vaisseaux s'éloignèrent davantage, et que le vaisseau de tête de l'arrièregarde dépassa ceux du centre. On conçoit combien la confusion fut grande. Il n'était pas possible d'engager ainsi le

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