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Le vice-amiral d'Estaing ne manqua pas de le faire. Des canons pris à bord de ceux des vaisseaux qui travaillaient à se réparer sur la rade de Nantucket furent mis à terre, et des marins de ces mêmes vaisseaux furent désignés pour faire le service de ces batteries. L'escadre anglaise parut devant Boston, le 1er septembre, mais elle ne fit aucune démonstration. La simple inspection des mesures prises par les Français suffit pour convaincre son commandant en chef de leur inutilité.

Le 4 novembre, les vaisseaux ayant réparé leurs avaries, le vice-amiral d'Estaing quitta Boston et fit route pour la Martinique où il arriva, le 9 décembre, après avoir encore reçu un coup de vent qui dispersa son escadre et pendant lequel le Languedoc démâta de son grand mât de hune et du mât de perroquet de fougue.

L'escadre anglaise reçut aussi ce nouveau coup de vent et souffrit beaucoup; le SOMMERSET fut jeté à la côte sur le cap Cod; le BEDFORD, totalement démâté, fut remorqué à New-York par le CORNWALL; le CULLODEN fit route pour l'Angleterre.

Ces pertes ne furent pas les seules que les Anglais subirent pendant le séjour du vice-amiral d'Estaing sur les côtes d'Amérique. Dans les premiers jours de juillet, la frégate de 44o ROEBUCK se jeta à la côte pour échapper aux chasseurs de l'escadre française. Le brig de 16° STANLEY, qui était venu reconnaître l'escadre, fut amariné par le CÉSAR; la frégate de 28° MERMAID et la corvette de 18 KING'S FISHER, se jetèrent sur le cap HINLOPEN, le 8 juillet, pour éviter d'être prises.

Le 4 novembre, jour où le vice-amiral d'Estaing quittait Boston, le commodore Hotham partait du mouillage de Sandy-Hook, à l'entrée de la baie de New-York, avec 5 vaisseaux, quelques frégates et un convoi considérable pour les Antilles; le 10, il rallia le contre-amiral Barring

ton à la Barbade. L'attaque de l'île française de SainteLucie était un projet arrêté. Cet officier général n'attendait, pour l'effectuer, que l'arrivée de renforts qu'il jugeait indispensables. Des troupes furent immédiatement embarquées et la division anglaise se dirigea sur Sainte-Lucie. Les troupes mises à terre, le 13 novembre, s'emparèrent facilement d'une petite ville sans défense et marchèrent de suite sur le seul point fortifié qui défendît la rade du Carénage, la batterie du Morne-Fortuné, et l'enlevèrent. Le contre-amiral Barrington plaça alors ses transports au fond du Cul-de-sac et embossa ses vaisseaux à l'entrée de la rade, après avoir établi quelques canons sur les deux pointes extérieures.

La baie du Carénage, sur la côte occidentale de l'île Sainte-Lucie, a son entrée à l'Ouest; le goulet de cette rade n'a pas plus de 200 mètres d'ouverture. Quelques rochers entourent les deux pointes de cette entrée encore quelque peu rétrécie par un banc qui part de la pointe du Sud et qui se répand dans l'O.-N.-O. Le fond varie de 8 à 15 mètres dans cette passe. En dedans de la pointe Nord, à environ 550 mètres, se trouve une seconde pointe entourée d'un récif; le Morne-Fortuné est dans la direction et à petite distance de cette pointe. Sa batterie protégeait à la fois la rade, son entrée et le Cul-de-sac, enfoncement parfaitement abrité sur la côte Nord et au fond de la baie. Voici l'ordre dans lequel les vaisseaux anglais étaient placés.

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Le 14 au matin, le vice-amiral d'Estaing eut connaissance de l'attaque dirigée contre Sainte-Lucie; il fit de

suite embarquer 6,000 hommes de troupes et, dans l'aprèsmidi, il mit sous voiles avec 11 vaisseaux; un douzième, le Marseillais, le rallia le lendemain.

Le 15 au matin, l'escadre arriva devant la baie du Carénage dans l'ordre suivant :

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L'intention du commandant en chef était d'élonger la ligne anglaise du Nord au Sud; de faire mouiller chaque vaisseau par le travers d'un vaisseau ennemi et d'autoriser les capitaines à aborder leur adversaire, s'ils le jugeaient convenable. Dans le cas où le fond serait trop considérable pour laisser tomber l'ancre, il comptait prendre position en dedans de la ligne anglaise. Les circonstances de vent et la position de l'ennemi devaient, du reste, faire modifier le plan d'attaque. Le Sagittaire et la frégate la Chimère avaient ordre, dans tous les cas, d'attaquer la batterie de la pointe Sud; la Provence et le Vaillant étaient chargés d'éteindre le feu de celle du Nord. La brise était faible de l'Est. L'escadre française élongea la ligne anglaise, en la canonnant et en recevant son feu et celui des batteries de terre, mais elle ne mouilla pas; elle prolongea sa bordée, et le soir, le commandant en chef renouvela la canonnade du matin. Le 17, il mouilla dans l'anse du Choc, débarqua les troupes et les dirigea sur le Morne-Fortuné, distant de quelques milles seulement de ce mouillage. L'escadre remit ensuite à la voile pour aller attaquer de nouveau la

division anglaise; mais la faiblesse de la brise contraria les projets du commandant en chef et le soir il retourna au mouillage. L'expédition par terre ne réussit pas. Les troupes furent rembarquées et le 30, l'escadre était de retour à la Martinique. Le gouverneur de Sainte-Lucie capitula le lendemain de son départ.

Dès qu'on connut, dans l'Inde, la possibilité d'une rupture prochaine avec la France, les Anglais firent secrètement, à Madras, des préparatifs pour attaquer à la fois, par terre et par mer, les établissements français, avant qu'ils pussent recevoir des secours d'Europe. Mais, dans la prévision de cette rupture, le gouverneur de Pondichery avait fait fortifier la ville (1), jusque-là ouverte de tous côtés; et informé des dispositions que prenaient les Anglais, il différa le départ du vaisseau de 64° le Brillant, capitaine Tronjoly, qui était rappelé en France. La frégate de 38 la Pourvoyeuse constituait, avec ce vaisseau, les forces navales de la France dans les mers de l'Inde. La division anglaise du commodore Vernon, composée d'un vaisseau et de deux frégates, venait d'être renforcée de plusieurs vaisseaux de la Compagnie qu'on avait armés en guerre. Les Français suivirent cet exemple et le capitaine Tronjoly se trouva bientôt commander une division composée comme il suit :

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Le 8 août, le major-général anglais Munro se présenta devant Pondichéry avec 17,000 hommes et, prévenant le

(1) Elle avait été rendue à la France en 1763, mais sans enceinte; les Anglais en avaient rasé les fortifications en 1761.

gouverneur qu'il avait reçu du conseil de Madras l'ordre de s'emparer de cette place, il le somma de la lui remettre. Deux jours après, le commodore Vernon arriva avec sa division, apportant l'artillerie de siége et les munitions.

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Le gouverneur de Pondichéry s'attendait à une attaque simultanée par terre et par mer, et il avait prescrit au commandant de la division française de ne pas s'éloigner de ces parages; aussi le commandant Tronjoly put-il contrarier de suite l'opération des Anglais. Dès que la division ennemie fut signalée, il se dirigea sur elle; le vent soufflait du S.-S.-E., mais si faible, qu'il ne put la joindre avant 2 30 de l'après-midi. Les Français étaient en ordre de bataille, le Brillant en tête; le commodore anglais était au centre de sa colonne qui courait à contre-bord. Le commandant Tronjoly n'hésita pas à engager le combat; la prise de Chandernagor par laquelle l'agression des Anglais avait commencé, et la conduite du général Munro justifiaient cette attaque, quoique la déclaration de guerre n'eût pas été notifiée. Il commença le feu dès qu'il fut par le travers du vaisseau de tête anglais, et chaque bâtiment en fit autant à mesure qu'il découvrit l'ennemi; les Anglais ripostèrent immédiatement. Lorsque les deux divisions se furent dépassées, elles virèrent de bord et recommencèrent cette canonnade qui dura sept quarts d'heure. Enfin le commodore anglais voyant le commandant de la division française bien résolu à ne pas lui laisser remplir sa mission, fit route au N.-E. Les deux divisions se firent peu de mal dans ce combat qui fut, en quelque sorte, conduit politiquement des deux côtés. Loin de poursuivre la division anglaise, ainsi que le commodore Vernon l'espérait peut-être, le commandant Tronjoly mouilla auprès de Goudelour et, le lendemain, il était devant Pondichéry.

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