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noncer, encore une fois, au projet que les Cours de Versailles et de Madrid concertaient depuis si longtemps contre la Jamaïque. On tergiversa beaucoup sur l'emploi des forces navales, et il fut enfin décidé, dans un conseil tenu par les officiers généraux de terre et de mer des deux puissances alliées, que l'armée française irait chercher dans. l'Amérique du Nord les secours qu'on ne pouvait lui procurer aux îles et dégager en même temps la côte des croiseurs anglais qui empêchaient les vivres d'arriver aux colonies françaises; que l'escadre espagnole se rendrait à la Havane, à l'exception de 3 vaisseaux qui resteraient à Saint-Domingue avec le Palmier et le Scipion. En conséquence de cette décision, les deux escadres quittèrent le Cap Français, passèrent par le vieux canal de Bahama, et se séparèrent devant la Havane. Celle des Français était composée comme il suit :

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Le Sceptre reçut une mission dont je parlerai bientôt. Arrivé, le 6 juillet, à la hauteur de la Chesapeak, le

(1) J'ai donné de suite au marquis et au comte de Vaudreuil le grade auquel ils furent promus le 14 août suivant.

lieutenant général de Vaudreuil détacha la frégate la Néreide pour prévenir le général Rochambeau qu'il se rendait à Boston, et il continua sa route vers le Nord. Le 8 août, l'armée navale mouilla sur la rade de Nantasket et, le lendemain, elle entra à Boston.

A quelques jours de là, le Magnifique fut jeté par son pilote sur l'île Lowels; il ne put être relevé, mais tout son matériel fut sauvé. Comme témoignage de la part qu'il prenait à cette perte, le Congrès des États-Unis offrit immédiatement de remplacer ce vaisseau; et, plus tard, il fit don à la France de l'America, premier vaisseau construit sur les chantiers américains.

L'apparition de l'armée française sur la côte jeta l'alarme sur tous les points occupés par les Anglais; les craintes ne cessèrent qu'à l'arrivée de l'amiral Pigot désigné pour remplacer l'amiral Rodney dans le commandement des forces navales de l'Angleterre aux Antilles et sur la côte d'Amérique.

On avait travaillé avec ardeur à mettre les vaisseaux de la division de l'Inde en état de reprendre la mer; mais les réparations n'avaient pas marché aussi promptement qu'on l'eût désiré, parce que les bâtiments arrivés avec le commandant de Suffren étaient dépourvus de rechanges. En France, on avait compté sur les ressources de l'île de France, et ces ressources étaient nulles, puisque les deux convois qui devaient approvisionner cette colonie avaient été enlevés par les Anglais.

Cependant les nouvelles de l'Inde annonçaient que Hyder Ali faisait éprouver de frequents échecs aux Anglais et que les Marattes paraissaient disposés à les attaquer du côté de Malabar il devenait donc urgent de profiter de ces circonstances. Le commandant d'Orves appareilla de l'île de France, le 7 décembre 1781, et se dirigea sur la côte de Coromandel avec un convoi qui portait 3,100 hommes de troupes. Le 19 janvier suivant, l'escadre eut connaissance

d'un vaisseau anglais, qui fut chassé, mais infructueusement, par le Héros et l'Artésien. Toutefois, les calmes et les brises folles empêchèrent ce vaisseau de s'éloigner et, le 21, on l'apercevait encore; il fut chassé de nouveau par le Héros, l'Artésien et le Vengeur. Le Héros l'atteignit le premier. Le vaisseau anglais lui tira, à grande distance, deux bordées sans effet, auxquelles il ne riposta que lorsqu'il fut à demi-portée de canon son feu devint alors tellement nourri et fut si bien dirigé, que le vaisseau anglais avait amené avant l'arrivée de l'Artésien et du Vengeur. Ce vaisseau était l'HANNIBAL de 50° (1), capitaine Christie; il avait été expédié de Sainte-Hélène pour annoncer l'arrivée de 2 autres vaisseaux et de plusieurs transports chargés de troupes et de munitions. Ce vaisseau fut immédiatement incorporé dans l'escadre, et le commandement en fut donné au lieutenant de vaisseau chevalier Morard de Galle qui commandait la frégate la Pourvoyeuse. La santé du commandant d'Orves dépérissait de manière à donner des inquiétudes; à quelques jours de là, il remit la direction de l'escadre au capitaine de Suffren. Cet officier supérieur mourut le 9 février, et le bailli de Suffren, qui avait été nommé chef d'escadre un mois avant, prit le commandement en chef des forces navales de la France dans la mer des Indes. Quelques changements eurent lieu immédiatement parmi les capitaines de l'escadre; je rappelle ci-après sa composition :

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(1) Afin de distinguer ce vaisseau de l'Annibal français, je conserverai à cette

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L'escadre arriva en vue de Madras, le 16 février : 9 vaisseaux anglais et 2 frégates étaient à l'ancre sur cette rade, sous la protection du fort Saint-Georges et des batteries de la ville noire. La supériorité de l'escadre française disparaissait donc grandement devant la force des batteries de terre. Le chef d'escadre de Suffren eut cependant la pensée d'attaquer; le souvenir de ce qui s'était passé au combat de la Praya et à son arrivée à l'île de France l'arrêta: il craignit de compromettre dans un premier combat le prestige qui entourait le nom français dans l'Inde. Mais ne voulant pas qu'on pût lui imputer plus tard le parti, quel qu'il fût, qui allait être pris, il tint à ce que chacun assumât une partie de la responsabilité, et il exigea que chaque capitaine se prononçât sur la coopération qu'il comptait apporter dans le cas où il prendrait l'offensive. Il appela donc les capitaines en conseil et leur demanda leur opinion sur l'opportunité de l'attaque. Tous, moins un, émi

prise son orthographe anglaise et je la désignerai sous le nom d'Hannibal, de préférence à celui de Petit Annibal qui lui fut donné dans l'escadre.

(1) Les rapports du commandant en chef de l'escadre de l'Inde m'ont permis de suivre avec soin les mutations fréquentes des capitaines, mutations dont M. Cunat, Histoire du bailli de Suffren, seul, de tous les auteurs qui ont écrit les campagnes de l'Inde, a tenu compte. Et cependant, je dois le dire, les indications de mouvements que j'ai trouvées dans ces rapports ne sont pas toujours d'accord avec celles portées aux rôles d'équipage ou aux états de situation. Ainsi, par exemple, en ce qui concerne le chevalier de Galle, le bailli de Suffren dit qu'à son arrivée à l'île de France, le commandement de l'Annibal fut donné au capitaine de Tromelin et celui de la frégate la Pourvoyeuse au lieutenant de Galle. Ce mouvement est confirmé par le rôle d'équipage de l'Annibal sur lequel on lit l'annotation suivante à la suite du nom du chevalier de Galle « Passé capitaine de la Pourvoyeuse le 1er novembre 1781. » A quelques mois de là, cet officier fut nommé au commandement du vaisseau anglais capturé l'Hannibal qu'il conserva pendant toute l'année 1782. Les états de revues établis par le port de Brest désignent cependant le chevalier de Galle comme commandant de l'Annibal pendant les années 1782 et 1783. J'ai pris pour bonnes les indications du commandant en chef, dans la pensée que les mutations qu'il était autorisé à faire et qu'il indiquait dans sa correspondance officielle avaient bien pu n'être que tardivement connues en France.

rent l'avis qu'il ne fallait pas combattre (1). Le chef d'escadre de Suffren se rangea à l'avis de la majorité. L'escadre avait momentanément laissé tomber l'ancre à 3 milles dans le Nord de Madras. Sa présence étant inutile dans ces parages, signal fut fait d'appareiller et de gouverner au Sud; le convoi reçut l'ordre de se rendre en route libre devant Pondichery, en élongeant la côte; les vaisseaux gouvernèrent un peu plus au large. En voyant l'escadre française faire route au Sud, le contre-amiral Hughes, qui n'était pas sans se préoccuper beaucoup de la conservation des anciennes possessions hollandaises, à la prise desquelles la marine avait puissamment contribué et que, dans le moment, ses vaisseaux seuls pouvaient défendre, le contre-amiral anglais mit sous voiles; mais en voyant les navires du commerce suivre une route différente de celle que l'escadre avait prise, il conçut la pensée d'enlever ce convoi et, dès qu'il fit nuit, il lui donna la chasse. Excités par la prise de quelques navires, les vaisseaux anglais ne conservèrent aucun ordre, et lorsque le jour se fit, le 17, ils furent aperçus dispersés sous le vent. Le chef d'escadre de Suffren fit de suite le signal de leur donner la chasse en route libre. La faiblesse et les variations de la brise contrarièrent l'exécution de cet ordre. L'amiral anglais put rallier ses vaisseaux et les ranger en bataille, les amures à bâbord. Le chef d'escadre de Suffren en fit autant à distance convenable, et à 3 de l'après-midi, il ordonna de laisser arriver quatre quarts largue sur l'escadre anglaise qui l'attendait rangée comme ci-dessous :

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(1) C'était le capitaine Perrier de Salvert, de la Bellone.

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