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mornes à des intervalles inégaux, permettent seules aux bâtiments de faire route; mais souvent, à des distances très-rapprochées, ils sont soumis à des influences différentes. Dans de semblables conditions, il est impossible qu'une escadre puisse conserver un ordre de marche quelconque tant qu'elle n'est pas en position de recevoir la brise des canaux et nul ne saurait dire combien il lui faudra de temps pour sortir de la zone des calmes et des folles brises. A 10h 30", l'armée anglaise s'était beaucoup rapprochée, mais elle était alors en calme sous la Dominique; toutefois, 16 vaisseaux avaient réussi à se déployer et menaçaient les 2 vaisseaux français le Zélé et l'Auguste qui étaient de l'arrière. Le lieutenant général de Grasse fit prendre les amures à bâbord à son armée et signala au Sagittaire et à l'Experiment d'aller mouiller à la Basse-Terre avec le convoi. Estimant que les 16 vaisseaux anglais avancés ne pourraient être soutenus de quelque temps par le reste de leur armée qui en était à plus de 3 milles et, ainsi que je viens de le dire, en calme sous la terre, il les fit chasser et attaquer à midi vingt minutes par son avant-garde, à laquelle se joignirent, par un excès de zèle non autorisé, mais pour lequel on ne trouva plus tard que des éloges, les 3 vaisseaux le Glorieux, le Northumberland et le Citoyen. L'armée française pouvait, dans ce moment, remporter un avantage décisif en écrasant les vaisseaux ennemis; mais ceux-ci, soit par tactique, soit pour se rapprocher du gros de leur armée, pliaient incessamment. Le commandant en chef, qui ne voulait pas s'éloigner de son convoi, et qui craignait d'ailleurs que le Zélé et l'Auguste ne fussent atteints par quelques vaisseaux ennemis pendant qu'il poursuivrait les autres, le commandant en chef fit reprendre les amures à tribord à 1h 30m, et il continua sa route. Le Caton, capitaine de Framond, fut le seul vaisseau qui signala des avaries; il mouilla le soir avec le convoi sur la rade de la Basse-Terre. Le Jason fut abordé par le Zélé pendant la nuit; il en résulta des avaries qui déterminèrent le capitaine du premier de

ces deux vaisseaux à aller relâcher à la Basse-Terre, Les deux armées louvoyèrent toute la nuit et la journée du lendemain entre la Dominique et les Saintes. Le Souverain, qui s'était échoué en appareillant de la Martinique, rallia ce jour-là (1). Le 11, au jour, presque tous les vaisseaux français avaient doublé les Saintes, et il n'y aurait probablement pas eu d'autre engagement que celui de l'avantveille, si le Magnanime et le Zėlė ne s'étaient pas trouvés à une douzaine de milles sous le vent (2); le dernier avait démâté de son grand mât de hune pendant la nuit et s'était laissé arriérer en le changeant. A 3 de l'après-midi, 7 vaisseaux anglais étaient à 3 milles dans les eaux de ces vaisseaux. Le danger était imminent. A 5", le commandant en chef donna l'ordre de laisser arriver pour soutenir les deux Français et protéger en même temps la retraite du Jason qui n'avait pas encore atteint la Basse-Terre. Cette démonstration suffit pour faire prendre aux capitaines des chasseurs ennemis la détermination de rallier leur armée. Malgré ce mouvement d'arrivée, l'armée française était à 12 milles environ au vent des Anglais, au coucher

(1) Le lieutenant général de Grasse n'a pas fait connaitre dans quel but il louvoya entre la Dominique et les Saintes, alors qu'il pouvait se rendre à SaintDomingue sans fatiguer ses vaisseaux et leurs équipages. Les bâtiments qui vont de la Martinique à cette île gouvernent grand largue à l'O. 15° ou à l'O. 30 s'il veulent passer au vent de l'île pour atteindre le Cap Français. Il est donc difficile d'apprécier les motifs qui déterminèrent le commandant en chef à tenter, avec 31 vaisseaux, plusieurs frégates et corvettes, une entreprise,- le passage au vent des îles qui ne lui offrait aucun avantage et qui est toujours difficile et fatigante, même pour un bâtiment isolé. Elle compromettait d'ailleurs le convoi.

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(2) Cette distance me paraît exagérée. En supposant la Ville-de-Paris sur le méridien de la Terre-d'en-Bas, la plus orientale des Saintes, cette appréciation placerait les deux vaisseaux à trois milles dans l'Ouest du méridien de la pointe du Vieux-Fort de la Guadeloupe. Il en résulterait que le Magnanime et le Zélé qui, avec les vents régnants d'E. 1/4 N.-E., pouvaient doubler les Saintes du premier bord. puisque la Terre-d'en-Haut est dans le N.-N.-O. de la pointe des Capucins de la Dominique, se seraient trouvés, après trente-six heures de louvoyage, moins avancés qu'ils ne l'étaient le 9 au soir. La constatation de cette erreur indique suffisamment qu'il faut se tenir en garde contre l'appréciation des distances, toutes plus ou moins erronées, que je donne telles qu'elles sont indiquées dans les documents officiels.

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du soleil; elle louvoya toute la nuit dans le canal des Saintes.

Le 12, à 2h 15m du matin, la Ville-de-Paris et le Zélé s'abordèrent; celui-ci cassa son beaupré et son mât de misaine; la frégate l'Astrée, capitaine Lapérouse, reçut l'ordre de le prendre à la remorque et de le conduire à la BasseTerre de la Guadeloupe. Le jour, en se faisant, permit de voir l'armée française répandue sans aucun ordre entre la Dominique, les Saintes et Marie-Galante. Une distance de trois à quatre lieues séparait la Ville-de-Paris des vaisseaux qui étaient le plus au vent; le Zėlė et son remorqueur seuls étaient sous le vent, à 2 milles environ du vaisseau amiral. Plusieurs vaisseaux ennemis les chassaient, et ils n'étaient pas alors à plus de 3 milles dans leurs eaux. La position du Zélé était critique. Le commandant en chef fit le signal de ralliement et, en même temps, la Ville-de-Paris laissa arriver au S.-S.-O. L'ordre de se préparer au combat suivit immédiatement le premier signal. Dès que le mouvement d'arrivée de l'armée française fut bien prononcé, les vaisseaux anglais levèrent la chasse. A 7h 30m, la Villede-Paris était à portée du canon de l'ennemi; une partie des vaisseaux l'avait rallié le commandant en chef fit signal de serrer le vent bâbord amures. Sa pensée était de ranger son armée en ordre de bataille renversé. Malheureusement, les préoccupations qui semblent avoir assiégé le lieutenant général de Grasse depuis le moment où l'armée anglaise fut signalée, jusqu'à celui où le pavillon de la Ville-de-Paris fut amené, l'empêchèrent de se rappeler qu'au jour, une distance de quatre lieues le séparait de quelques-uns de ses vaisseaux; que le mouvement d'arrivée n'avait pas été simultané puisque la Ville-de-Paris avait mis le cap au S.-S.-O. en hissant le signal de ralliement; que dès lors les vaisseaux ne pouvaient instantanément former un ordre régulier quelconque. Aussi, lorsque quinze minutes plus tard, il ordonna de commencer le feu, les vaisseaux n'étaient pas encore tous en position de se mettre

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