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Lorsque l'escadre anglaise parut à l'entrée de la Chesapeak, le contre-amiral Graves eut la pensée que les Français avaient appareillé en filant les câbles par le bout afin d'être plus promptement sous voiles, et il ordonna aux frégates de 32° Isis et RICHMOND, capitaines Dawson et Hudson, d'entrer dans la baie pour couper les bouées. Mais les frégates françaises étaient restées au mouillage et, le 8 septembre, elles aperçurent ces deux bâtiments et leur donnèrent la chasse. Ils se rendirent à la frégate de 36° la Diligente, capitaine vicomte de Mortemart qui les atteignit la première.

On a quelquefois reproché à nos marins les mauvais traitements qu'ils faisaient subir aux prisonniers. Mon intention n'est pas de chercher à atténuer ce qu'il peut y avoir de fondé dans ces plaintes; mais je doute que des Français aient jamais commis un acte de brutalité semblable à celui qui suivit la prise de la Philippine.

Cette flûte, commandée par le lieutenant Roquefeuil de Labistour, rencontra, le 30 septembre, une division de 2 vaisseaux anglais et 1 corvette. La résistance n'était pas possible le pavillon de la Philippine fut amené. L'équipage français fut mis immédiatement dans la cale des vaisseaux, et on l'y laissa prendant trois mois sans lui donner d'autres objets de couchage que les grelins et les câbles. Le capitaine Roquefeuil ne put même pas obtenir qu'on laissât les malades à l'île de la Trinité où la division relâcha. Le 4 janvier 1782, le commandant de la division anglaise consentit à embarquer les Français sur un cartel qu'il fit accompagner par la corvette; il donna à ce navire tout juste assez de vivres pour qu'on pût avoir l'espoir de n'en pas manquer. Aussi, séparé de son escorte pendant un coup de vent, le capitaine du cartel prit-il le parti de relâcher à la baie de Tous-les-Saints, d'où il fit ensuite route pour France.

Désireux de mettre à profit le temps qui le séparait encore des grandes chaleurs, et d'accord avec le gouverneur général des îles du Vent, le lieutenant général de Grasse résolut de faire une expédition contre Tabago, île anglaise du groupe des Antilles du Sud. Afin de masquer cette opération, une fausse attaque fut dirigée contre l'île SainteLucie. Le 8 mai, c'est-à-dire deux jours après l'arrivée de l'armée navale, 1,000 hommes de troupes furent embarqués sur les vaisseaux le Pluton, l'Expériment et sur 2 frégates. Ces 4 bâtiments, accompagnés par 24 vaisseaux, jetèrent l'ancre dans la baie du Choc. Les troupes furent mises à terre au Gros-Islet, s'emparèrent facilement des hauteurs. qui avoisinent le morne Fortuné et attaquèrent cette position le 12. Cette attaque n'avait d'autre but que de faire prendre le change à l'ennemi; elle fut conduite sans vigueur, et les troupes se rembarquèrent pendant la nuit. Au lieu de se diriger sur la Martinique où l'on devait supposer qu'elle retournait, l'armée fit route pour Tabago; les troupes expéditionnaires y furent débarquées dans la baie de Courlande. Un renfort de 3,000 hommes, commandés par le gouverneur général en personne, arriva quelques jours après.

L'amiral Rodney apprit bientôt le débarquement du premier détachement et il fit partir de suite de la Barbade 6 vaisseaux et 3 frégates avec un corps de troupes, en recommandant cependant au contre-amiral Drake, qui commandait cette division, d'éviter tout engagement avec les vaisseaux français. La présence de ceux-ci à Tabago empêcha cet officier général de remplir sa mission; il retourna à la Barbade, et l'amiral Rodney appareilla immédiatement avec 20 vaisseaux. Lorsqu'il arriva en vue de Tabago, le pavillon de la France flottait sur les fortifications et sur les principaux édifices: le gouverneur avait capitulé le 1er juin. L'armée française était alors sous voiles; mais l'amiral anglais ne jugea pas devoir livrer bataille, et il fit route pour Sainte-Lucie. Le lieutenant général de Grasse

ne le poursuivit pas et, à quelques jours de là, il retourna à la Martinique.

Lorsqu'il déclara la guerre à la Hollande, le gouvernement anglais, pour redoubler l'ardeur de ses généraux, déclara leur abandonner ses droits aux effets et marchandises qui se trouveraient à Saint-Eustache, à Saint-Martin et à Saba, trois îles du groupe des Antilles, et ne réserver aux colons que la possession de leurs plantations, de leurs maisons, de leurs ameublements et de leurs esclaves. L'amiral Rodney s'était porté de suite sur Saint-Eustache qui était l'entrepôt de commerce des Antilles, et il s'en était rendu maître le 3 février. La conduite que l'amiral anglais tint dans cette circonstance est trop connue pour que j'entre dans de plus grands détails sur cette affaire, qui est d'ailleurs en dehors du cadre que je me suis tracé.

Le 16 novembre, le gouverneur général des Antilles françaises reprit Saint-Eustache avec 1,200 hommes qu'il avait fait embarquer sur les frégates la Médée, l'Amazone, la Galathée et la corvette l'Aigle, placées sous le commandement du capitaine Girardin. Les îles Saint-Martin et Saba furent également enlevées aux Anglais.

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* L'astérisque indique des bâtiments ayant appartenu à une puissance ennemie.

ANNEE 1782.

J'ai dit les raisons qui avaient déterminé la France et l'Espagne à remettre l'attaque de Gibraltar à une autre époque; l'importance militaire de cette position décida les deux Cours alliées à tenter cette année d'en déposséder l'Angleterre. Cette place n'était certainement pas alors ce qu'elle est aujourd'hui, une forteresse en quelque sorte imprenable de vive force. Les moyens de défense qu'on y avait déjà réunis exigeaient cependant l'emploi de forces considérables. La direction supérieure de cette entreprise fut confiée au vainqueur de Minorque, le duc de Crillon; les lieutenants généraux de Cordova et de Guichen furent chargés de l'attaque par mer.

Le lieutenant général de Guichen sortit de Brest, le 14 février 1782, avec 5 vaisseaux, 2 frégates et 1 brig. Avant de se rendre à Cadix, il devait accompagner en dehors du golfe de Gascogne deux convois pour les Antilles et pour l'Inde. Le capitaine Mithon de Genouilly escortait le premier avec les vaisseaux la Couronne, le Magnifique, le Dauphin Royal; les frégates l'Émeraude, la Friponne et l'Engageante; les corvettes la Cérès, la Naïade et le côtre le Clairvoyant. Le capitaine de Peynier conduisait l'autre avec les vaisseaux le Fendant, l'Argonaute et la frégate la Cléopâtre. Une autre division, commandée par le lieutenant général de Lamotte-Piquet, avait aussi mis sous voiles pour conduire ces convois en dehors de la ligne habituelle des croisières anglaises; elle rentra le 26. Le lieutenant général de Guichen arriva à Cadix à la fin du mois et se rangea sous les ordres du lieutenant général espagnol don Luis de Cordova.

L'armée navale combinée, forte de 32 vaisseaux, mit à la voile le 3 juin. Les instructions du commandant en chef

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