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« Résolu que deux pièces canon de bataille prises sur << l'armée britannique seront présentées par le comman. << dant en chef de l'armée américaine au comte de Rocham« beau, et qu'on gravera dessus, en bref, que le Congrès « les lui a présentées pour la part illustre qu'il a eue à la << prise;

« Résolu que le secrétaire d'État des affaires étrangères « sera chargé de requérir le ministre plénipotentiaire de < Sa Majesté Très-Chrétienne que le désir du Congrès est « que sa Majesté permette au comte de Grasse d'accepter «< un témoignage de son approbation, pareil à celui pré<< senté au comte de Rochambeau. >>

Ce document constate la part que la marine française prit à la guerre de l'indépendance de l'Amérique.

La présence de l'armée navale étant désormais sans utilité dans ces parages, le lieutenant général de Grasse rembarqua ses marins et ses troupes et, le 5 novembre, il fit route pour la Martinique où il arriva le 26. Il avait détaché 4 vaisseaux, sous le commandement du capitaine d'Albert Saint-Hippolyte, pour reporter les troupes de la garnison de Saint-Domingue et escorter un riche convoi qui était en partance pour France.

Un brevet portant la date du 21 juillet 1786 autorisa le lieutenant général comte de Grasse-Tilly à accepter et à placer dans son château de Tilly les deux canons qui lui avaient été offerts par le Congrès des États-Unis. Voici l'inscription que portaient ces canons: « Pris à l'armée anglaise par les forces combinées de la France et de l'Amérique à York-Town en Virginie, le 19 octobre 1781. Présentés par le Congrès à Son Excellence le comte de Grasse comme un témoignage des services inappréciables qu'il a reçus de lui dans cette mémorable journée. »

Le 20 novembre 1780, le gouvernement anglais ordonnait à son ambassadeur à la Haye de quitter cette ville sans prendre congé et, en même temps, il prescrivait à tous les capitaines des bâtiments de guerre et des corsaires de s'emparer des navires hollandais qu'ils rencontreraient. Le motif de cette rupture, qu'on pouvait au reste prévoir depuis quelque temps, était l'accession des Provinces-Unies à la confédération que les puissances du Nord venaient de former pour arrêter les exactions de l'Angleterre. Bien que désireuse de conserver la paix, cette république avait tenu peu de compte des signes précurseurs de l'orage qui la menaçait, et sa sécurité était telle que le gouvernement français crut devoir se charger de donner connaissance de la rupture aux gouverneurs des établissements hollandais de la mer des Indes. Le capitaine Macé, de la corvette la Sylphide reçut cette mission

Un journal anglais, car il paraît que de tout temps la jactance a été de fort bon goût dans la presse anglaise, un journal anglais publia à cette époque l'article suivant, qui indique quelles devaient être les conséquences de la sécurité dans laquelle on vivait à la Haye :

« Le commencement de la guerre actuelle avec la Hol« lande ressemble à celui de nos hostilités avec la France « en 1755. Du mois de juillet, pendant lequel l'amiral "Boscawen prit les vaisseaux le Lys et l'Alcide qui se ren<< daient à Québec avec des troupes, au mois de juin de « l'année suivante que la guerre fut déclarée, l'Angleterre << avait pris 870 navires. Le 5 janvier 1781, elle a déjà «< capturé 300 navires hollandais et 3,000 hommes. »

Quel avertissement pour les puissances maritimes! Un journal, organe d'un parti influent, ne craint pas d'avouer de tels actes; il se glorifie même de ce que, avant la déclaration de guerre et dans deux circonstances différentes, l'Angleterre ait fait ce que, chez toute autre nation, on regarderait comme la violation la plus flagrante du droit le plus sacré! Pour lui, c'est chose naturelle que les visi

tes arbitraires et les arrestations illégales! Porter un premier coup au commerce avant d'en venir réellement aux prises; affaiblir, même par des moyens illicites, les ressources de la puissance à laquelle on va déclarer la guerre, telle a toujours été la tactique de nos voisins d'outre-mer. N'était-ce pas celle qu'ils commençaient à déployer en 1778 lorsque Louis XVI, instruit par le règne des ses prédécesseurs, rompit brusquement avec l'Angleterre et usa de représailles à son égard. Aussi le commerce français n'eut-il pas à déplorer la perte d'une partie de sa marine, et la détermination du roi de France enflamma les cœurs d'une ardeur qu'on commençait à ne plus connaître dans l'état-major de la flotte.

De toutes les nations de l'Europe, la France était celle qui jouissait, à cette époque, de la plus grande considération dans l'Inde. Les princes de l'Indoustan la regardaient comme l'unique digue capable d'arrêter un jour le torrent qui menaçait leurs domaines. Le gouvernement anglais combattait cette influence et employait tous les moyens en son pouvoir afin de prouver à ces princes qu'ils n'avaient rien à attendre de la nation qu'ils portaient si haut, et rien de mieux à faire que de solliciter la protection de la Compagnie anglaise. Cette tactique n'ébranla pas les convictions du nabad Hyder-Ali qui balançait seul la puissance des Anglais dans cette partie du monde, car la prise de Pondichéry par les Anglais avait entraîné la perte de toutes les possessions françaises de l'Inde. Ce prince ayant à se plaindre du gouvernement de Madras qui lui avait refusé son appui contre les Marattes, avait déclaré la guerre à la Compagnie dès que les hostilités avaient commencé entre la France et l'Angleterre. Le rôle de la France consistait donc, dans le moment, à soutenir le chef qui avait tant de foi dans sa puissance et à se faire de nouveaux alliés. Le capitaine de vaisseau d'Orves, à qui incombait plus particulièrement cette mission et qui commandait les forces navales de la France dans la mer des Indes depuis

le commencement de l'année 1780, avait sous ses ordres

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Le commandant d'Orves s'était enfin décidé à aller faire acte de présence sur la côte orientale de la presqu'île de l'Inde; après avoir touché à Surate, il était arrivé à Madras, le 7 janvier 1781; 6 vaisseaux anglais et une frégate étaient à ce mouillage. Le commandant de la division française ne voulut pas, courir les chances d'un combat qui l'exposait à recevoir des avaries fort difficiles à réparer dans l'état de pénurie où il était en rechanges; il resta en panne toute la nuit, et le lendemain il fit route au Sud le long de la côte; le 28 au soir, il mouilla devant Pondichéry. Le commandant d'Orves ne comprit pas bien la mission qui lui était confiée; il se borna à donner l'assurance de l'envoi d'un corps de troupes; et quoiqu'il eût pu être d'un grand secours à Hyder-Ali en interceptant les approvisionnements que les Anglais recevaient par mer, il ne

(1) Le capitaine de vaisseau d'Orves, autorisé à porter le pavillon de chef d'escadre, prenait le titre de brigadier des armées navales.

voulut pas prolonger son séjour dans ces parages. Rien ne put ébranler sa résolution, pas même la promesse que lui fit le chef indien de ravitailler ses vaisseaux s'il consentait à mettre leur faible garnison à terre pour l'aider d'une force qui, en fait, n'eût été que morale. La division française était de retour à l'île de France au mois de juillet. C'était, il faut en convenir, un triste début pour la grande nation que les princes de l'Inde appelaient à leur aide. Nous verrons bientôt que la cause à laquelle on peut attribuer la conduite du commandant en chef de la division de l'Inde, amena dans la situation un changement qui ne tarda pas à tourner à l'avantage des alliés (1).

Quelques combats particuliers furent livrés dans le cours de cette année.

Les frégates de 32o la Fine, capitaine chevalier de Tanouarn, et la Minerve, capitaine chevalier de Grimouard, la Diligente et l'Aigrette de 26°, sorties de Brest, le 3 janvier, pour croiser à l'entrée de la Manche aperçurent, le lendemain avant le jour, plusieurs bâtiments dans leurs eaux; elles couraient alors au plus près tribord amures, avec des vents de N.-O. Le jour, en se faisant, permit de distinguer deux vaisseaux anglais : c'étaient le COURAGEUX et le VALIANT de 82°, capitaines lord Mulgrave et Goodall. Les frégates prirent chasse. A 1h 30m de l'après-midi, la Minerve fut atteinte et attaquée par le COURAGEUX. Une heure plus tard, étonné probablement de la résistance qu'opposait la frégate, le capitaine du VALIANT joignit son feu à celui de son compagnon. La Minerve ne put résister longtemps à de pareils adversaires : son pavillon fut amené. Le capitaine de Grimouard, qui était blessé, avait remis le

(1) Le commandant d'Orves était atteint d'une maladie qui lui rendait le séjour à bord et à la mer fort incommode, et à laquelle il succomba quelques mois plus tard.

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