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L'armée navale attendait au mouillage le retour de ses embarcations lorsque le 5, à 8h du matin, la frégate qui était en découverte signala 21 vaisseaux anglais et 7 frégates. Quoique 90 officiers et plus de 1800 matelots (1) fussent absents avec les canots, le lieutenant général de Grasse fit de suite signal d'appareiller en filant les câbles et rangea ses vaisseaux en bataille bâbord amures, par rang de vitesse, comme il suit. Le vent soufflait du N.-N.-O.

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Les deux vaisseaux le Glorieux et le Vaillant et les autres frégates restèrent devant les rivières qu'ils surveillaient. Dès que l'amiral Rodney avait eu connaissance du départ de l'armée navale des Antilles, il avait détaché le

(1) Ces chiffres sont évidemment exagérés, mais ce sont ceux qui sont donnés par le rapport officiel.

contre-amiral Hood avec 14 vaisseaux pour renforcer la division du contre-amiral Graves qui commandait alors les forces navales anglaises sur la côte d'Amérique. Ce renfort avait porté à 21 le nombre des vaisseaux anglais réunis sur la rade de New-York. Le contre-amiral Graves venait d'apprendre la sortie de la division française de RhodesIsland; soupçonnant que le chef d'escadre de Ternay avait mis à la voile pour se réunir au lieutenant général de Grasse, il appareilla pour empêcher cette jonction, s'il était possible. Il ne rencontra pas la division à la poursuite de laquelle il s'était mis; mais, lorsque le 5 septembre, il parut devant la Chesapeak, il aperçut l'armée du lieutenant général de Grasse au mouillage et, malgré la supériorité numérique des Français, il n'hésita pas à aller les attaquer. A cet effet, il laissa arriver largue sur la ligne du plus près bâbord dans l'ordre suivant :

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Arrivée au Middle Ground, l'armée anglaise vira vent arrière par la contre-marche et se forma en ligne de convoi quatre quarts largue, aux mêmes amures que les Français,

c'est-à-dire, bâbord amures. Les routes suivies par les deux armées faisaient donc un angle de 45°. Cet angle n'était cependant pas encore assez grand pour les mettre à distance convenable car, lorsqu'elle se trouva à la hauteur des vaisseaux de tête, l'avant-garde anglaise dut laisser arriver presque vent arrière pour se rapprocher; elle s'établit ensuite en bataille à bonne portée de canon. La manœuvre de l'avant-garde fut successivement imitée par les deux autres escadres de l'armée ennemie. Toutefois, l'arrière-garde resta à une distance plus grande et c'est à peine si ses boulets portaient. Le combat qui commença dès qu'il fut possible, n'eut donc réellement lieu qu'entre les deux premières escadres des deux armées. On conçoit l'avantage que ces arrivées successives sur une ligne presque perpendiculaire à la route des Français donnèrent à ceux-ci. Ils purent canonner, en quelque sorte impunément, les vaisseaux ennemis qui arrivaient en leur présentant l'avant. Le vent ayant refusé vers 5, le lieutenant général de Grasse signala aux vaisseaux de tête de faire une arrivée pour rectifier la ligne. Le commandant en chef de l'armée anglaise fit au contraire serrer le vent. La distance entre les deux armées augmenta incessamment et, au coucher du soleil, elles étaient hors de portée de canon. Les capitaines de Chabert, de Monteclerc et de Framond étaient blessés. Le lieutenant général de Grasse resta sous voiles pendant quatre jours, prêt à accepter un nouveau combat que l'amiral anglais ne jugea pas convenable de livrer. Comme sa coopération était nécessaire à l'armée de terre, il se décida alors à rentrer dans la Chesapeak. Le 11, l'armée navale reprit le mouillage en dedans du cap Henri : elle y fut ralliée par ses embarcations sur le sort desquelles on n'était pas sans inquiétudes. Le chef d'escadre de Barras Saint-Laurent était mouillé sur la rade de Lynhaven depuis la veille avec 8 vaisseaux et 3 frégates. Quoique ses instructions lui enjoignissent de se retirer à Boston lorsque le corps d'armée du général Rochambeau se porterait vers le

Sud, cet officier général avait cru devoir accéder aux désirs du général Washington dont les opérations étaient paralysées par le manque d'artillerie de siége, et il avait fait route pour la Chesapeak. Sa division accompagnait 10 transports qui, en outre de l'artillerie et des munitions de guerre, portaient des vivres et des mâtures.

Plusieurs vaisseaux anglais avaient été très-maltraités au combat du 5. La PRINCESSA avait perdu son grand mât de hune; le SHREWSBURY, ses deux mâts et vergues de hune ; le capitaine Robinson avait eu une jambe emportée. L'INTREPID avait eu ses deux vergues de hune coupées et ses bas mâts fort endommagés. La mâture du MONTAGU avait tellement souffert qu'on s'attendait à la voir s'abattre d'un moment à l'autre. L'AJAX et le TERRIBLE faisaient beaucoup d'eau, et le dernier dut être livré aux flammes. L'armée anglaise fit route pour New-York.

Avertis par le capitaine de la Concorde que l'armée navale se dirigeait sur la Chesapeak, les deux généraux en chef français et américain s'étaient mis en marche et ils venaient d'arriver à l'embouchure de l'Elk, où un officier expédié par le lieutenant général de Grasse leur apprit l'arrivée des vaisseaux français. Dès que l'armée navale eut repris son mouillage, ils firent transporter à Williamsbourg les troupes qui étaient à Annapolis. Trois jours après, ces troupes et quelques centaines de matelots des vaisseaux qui furent mis à terre marchèrent sur la ville d'York et en firent l'investissement. Libres de toute préoccupation du côté de la mer, les généraux poussèrent le siége de cette ville avec une grande vigueur. Le 19 octobre, le commandant en chef de l'armée anglaise fut forcé de capituler. A cinq jours de là, l'armée navale anglaise, renforcée de 7 vaisseaux, se présenta de nouveau devant la Chesapeak; mais la nouvelle de la capitulation de lord Cornwallis décida le contre-amiral Graves à renoncer à ses projets d'attaque, et laissant le contre-amiral Digby sur la côte, il fit route pour la Jamaïque.

En vertu de la capitulation d'York, les bâtiments anglais qui se trouvaient dans la rivière devinrent la propriété de la France. C'étaient les frégates CHARRON de 44° et FOWEY de 24°; elles furent détruites; la frégate de 28 GUADELUPE, la corvette de 14 BONETTA, 4 cutters et 12 transports. 20 autres navires furent coulés.

Voulant éterniser la prise d'York et de Glocester qui assurait l'indépendance des États-Unis, le Congrès prit, le 28 octobre, les résolutions suivantes.

<< Le Congrès, etc., etc.

« A résolu que les remercîments des États-Unis réunis << en congrès, seront présentés à Son Excellence le comte << de Rochambeau pour la cordialité, le zèle, le talent et le << courage avec lesquels il a secondé et avancé les opéra<tions de l'armée alliée contre la garnison britannique « d'York;

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« Résolu que pareils remerciments des États-Unis as<< semblés en congrès, seraient présentés à Son Excellence « le comte de Grasse pour l'habileté et la valeur qu'il a développées en attaquant et battant la flotte britannique «‹ à la hauteur de la Chesapeak, et pour le zèle et l'ardeur « avec lesquels il a donné, avec l'armée navale à ses ordres, • les secours et la protection les plus efficaces aux opéra«<tions de l'armée alliée en Virginie;

« Résolu que les États-Unis, assemblés en congrès, fe« ront ériger à York, en Virginie, une colonne en marbre << ornée des emblèmes de l'alliance des États-Unis et de Sa

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Majesté Très-Chrétienne, et chargée d'inscriptions conte«nant un exposé succinct de la reddition du comte de « Cornwallis à Son Excellence le général Washington, << commandant en chef les forces combinées de l'Amérique « et de la France; à Son Excellence le comte de Rocham« beau, commandant les troupes auxiliaires de Sa Majesté « Très-Chrétienne en Amérique, et à Son Excellence le «< comte de Grasse commandant en chef l'armée navale de «France dans la Chesapeak;

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