Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

et le Brave arrivèrent aux Antilles avec 5 navires sur 150. Une partie du convoi de l'Inde put aussi continuer sa route.

Le chef d'escadre chevalier d'Arzac de Ternay avait à peine terminé les travaux nécessaires pour mettre la division qu'il commandait à l'abri d'une attaque à New-Port, qu'il mourut, le 15 décembre, laissant au chevalier Destouches, le plus ancien des capitaines de vaisseau, le commandement des forces navales de la France dans l'Amérique du Nord. Cet officier supérieur passa sur le vaisseau le Duc-de-Bourgogne et le capitaine chevalier de Médine le remplaça sur le Neptune.

Afin d'arrêter les déprédations que le commodore anglais Collier ne cessait de commettre sur les côtes de l'état de Virginie, le commandant Destouches donna l'ordre au capitaine Le Gardeur de Tilly, au commencement du mois de février, de se rendre dans la Chesapeak avec son vaisseau de 64o l'Éveillé, les deux frégates de 32o la Gentille et la Surveillante, et le côtre la Guêpe. La précaution que prirent les bâtiments anglais de se retirer dans la rivière l'Elizabeth, ne permit pas au capitaine de Tilly de remplir şa mission aussi complétement qu'il l'eût désiré. Il prit cependant ou détruisit plusieurs navires et, dans le nombre de ceux qu'il emmena à New-Port, se trouvait le vaisseau de 44 ROMULUS, dont le commandement fut donné au capitaine de Villebrune, de la Gentille.

Le succès incomplet de cette première expédition et le désir qu'il avait de secourir l'état de Virginie, déterminérent le commandant Destouches à faire une nouvelle tentative, mais avec de plus grands moyens, et à acquiescer en même temps à la demande du général Washington qui, inquiet des avantages remportés par les Anglais sur la rivière James, le sollicitait d'y porter un corps de troupes de 1,200 hommes.

La division française mit sous voiles, le 8 mars. Cón

trariée par de grands vents de S.-O. et des brumes, elle n'eut connaissance du cap Henri que le 16. Ce jour-là, on aperçut dans le Sud plusieurs voiles qu'on ne tarda pas à reconnaître pour des vaisseaux ; c'était la division du viceamiral Arbuthnot qui commandait les forces navales anglaises sur cette côte, depuis le mois de juin de l'année précédente. Cette division était composée comme il suit:

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Ce jour-là, le vent soufflait du N.-N.-O., la mer était grosse et la brume ne tarda pas à devenir très-épaisse. Le commandant Destouches fit signal de se ranger en bataille, les amures à bâbord. En faisant cette évolution, l'Éveillė et l'Ardent cassèrent leur vergue de grand hunier. L'éloignement de l'ennemi leur permettant de la changer de suite, la division mit en panne; mais, comme elle tombait incessamment sous le vent, le commandant en chef signala, à 11 de l'après-midi, de prendre les amures à l'autre bord en virant vent arrière. Sa division se trouva rangée comme ci-après :

[blocks in formation]

Les Français étaient alors sous le vent de la division anglaise. Celle-ci vira bientôt après et se trouva également en bataille, tribord amures. Le commandant Destouches

n'attendit pas que les Anglais eussent terminé leur évolution pour commencer le feu; il sut tirer parti de la manœuvre ordonnée par le vice-amiral Arbuthnot et fit canonner ses vaisseaux pendant qu'ils viraient. La régularité de la ligne ennemie s'en ressentit. Les Français n'étaient du reste guère mieux formés et le commandant Destouches jugeant nécessaire de rectifier sa ligne de bataille, fit virer sa division à 3; cette manoeuvre n'ayant pas été imitée par les Anglais, il ordonna de diminuer de voiles. Le viceamiral Arbuthnot fit virer ses vaisseaux vingt minutes plus tard, mais sans intention de continuer le combat; et le feu qui avait cessé lorsque les deux divisions s'étaient dépassées ne recommença pas; les vaisseaux anglais avaient été trop maltraités pour continuer la lutte, et le ROBUST, le PRUDENT et l'EUROPA étaient incapables de tenir la mer. Le vice-amiral anglais leur fit donner la remorque et alla mouiller sur la rade de Lynhaven à l'entrée de la Chesapeak.

Le commandant Destouches avait manœuvré sans rechercher ni éviter le combat parce que l'issue, même la plus heureuse, pouvait l'empêcher de remplir la mission qui l'amenait dans ces parages; mais il l'avait accepté sans hésitation dès que l'ennemi s'était trouvé en sa présence. Il ne voulut pas davantage qu'on pût croire qu'il avait désiré la fin du combat. Aussi, quoique le Conquérant eût son gouvernail et sa mâture dans un état fort inquiétant; que le grand mât de l'Ardent fût très-endommagé et que les autres vaisseaux eussent des avaries plus ou moins graves, il resta sous voiles devant la Chesapeak pendant vingt-quatre heures. Mais il n'y avait plus à songer à entrer dans cette baie puisque l'ennemi se tenait à l'ancre sur son passage. En conséquence, après avoir montré qu'il ne redoutait pas une seconde rencontre et y avoir en quelque sorte convié l'amiral anglais, il retourna à New-Port. Le capitaine de Médine avait été blessé. Le capitaine de Villebrune reprit la frégate la Gentille et le Romulus fut donné au capitaine Launay-Tromelin.

Peu de temps après le retour de la division française, l'État de Massachussetts pria le commandant en chef de diriger une expédition contre la ville de Penobscot dont le port servait de refuge à tous les corsaires anglais de la côte. Celui-ci y consentit; mais le général Washington ayant émis l'opinion qu'il serait imprudent de diviser les forces navales et conseillé d'attendre l'arrivée de quelques nouveaux bâtiments, l'expédition n'eut pas lieu. Le 6 mai, le chef d'escadre de Barras Saint-Laurent, désigné pour prendre le commandement de la division française, arriva sur la frégate la Concorde, capitaine chevalier de Tanouarn. La division était encore augmentée du vaisseau de 64o le Sagittaire, capitaine chevalier de Montluc Labourdonnaie, qui était parti de France à la fin du mois de mars.

On se rappelle que le lieutenant général de Grasse était sorti de Brest à la fin du mois de mars, en même temps que le commandant de Suffren, et que, rendu aux Açores, il avait fait route pour les Antilles avec un convoi et les vaisseaux ci-après :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

capitaine de Sainte-Césaire.
comte de Grasse, lieutenant général.
de Vaugiraud, major général.
capitaine Castillan.

de Bougainville, chef d'escadre.
capitaine marquis de Chabert.
baron d'Arros d'Argelos.

comte de Vaudreuil.

chevalier Coriolis d'Espinouse.

chevalier de Glandevès.

marquis de Briqueville.

d'Albert de Rions.

chevalier de Monteclerc.
comte Le Bègue.

chevalier de Gras-Préville.

de Castellane-Majastre.
chevalier de Charitte.
comte de Clavel.

Renaud d'Aleins.

vicomte de Turpin de Breuil.
vicomte d'Escars.

d'Ethy.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Lorsque le lieutenant général de Grasse arriva, le 29 avril, en vue de la Martinique, il trouva le contre-amiral Hood en observation devant la baie du Fort-Royal avec 17 vaisseaux anglais. Le vent soufflait de l'E.-N.-E.

La baie du Fort-Royal (1), sur la côte occidentale de l'île de la Martinique, a son ouverture à l'Ouest. Cette magnifique baie ne compte pas moins de 6 milles de profondeur, de l'Est à l'Ouest, sur un peu plus de 5 du Nord au Sud. Les navires qui, venant d'Europe, se rendent au FortRoyal, attaquent l'île par le Sud, serrent de près les terres pour profiter des risées qui descendent des mornes et arrivent ainsi au cap Salomon, pointe Sud de la baie du FortRoyal. De là, il est facile d'atteindre la rade, même en louvoyant, et quelques batteries, placées de l'un et de l'autre côté, soutiendraient au besoin les navires qui iraient leur demander secours et protection. La distance à laquelle se tenaient les Anglais permettait certainement au lieutenant général de Grasse d'entrer dans la baie et d'arriver au mouillage sans être inquiété. Il ne le voulut pas et tint à signaler son apparition dans ces mers par un échange de quelques boulets avec l'ennemi. Dès qu'il l'aperçut, il fit signal au convoi de serrer la côte, se tint avec ses vaisseaux plus au large, et lorsqu'il se trouva à l'ouvert de la baie du Fort-Royal, il fit arriver son armée tout à la fois et la fit revenir au vent à grande portée de canon de l'armée anglaise. Toutes deux engagèrent, dans cette position et à contre-bord, une canonnade qui cessait lorsque les vaisseaux s'étaient dépassés pour reprendre, toujours à

(1) Aujourd'hui Fort de France.

« ZurückWeiter »