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1739, in-4°. Comme on le voit par le mot spiegati du titre, l'intention du comte Silvestri n'a pas été de donner une simple traduction, mais une interprétation ou une sorte de paraphrase de ses auteurs. Celle de Juvénal est en terza rima. Dans celle de Perse le comte s'est affranchi de la rime, dont les entraves, dit-il, l'empêchaient d'arriver à son but (2). Les Italiens estiment beaucoup cette version interprétative des deux principaux satiriques latins; mais ce qu'ils estiment bien plus encore, ce sont les notes et les dissertations très-savantes qui l'accompagnent. En effet, elles contiennent une foule de remarques curieuses et intéressantes, une multitude d'éclaircissements sur des usages anciens (3), l'explication d'un grand nombre d'inscriptions, dont plusieurs étaient publiées pour la première fois, etc. En un mot, c'est une mine de science et d'érudition, où les archéologues surtout ont pu et peuvent encore abondamment puiser. A l'occasion de l'édition de 1758, le Journal étranger, dans son numéro de juin 1760, a consacré près de trente pages à l'analyse de l'œuvre du comte Silvestri. Nous y renvoyons le lecteur.

B-L-U.

SILVIO (DOMINIQUE), doge de Venise de 1071 à 1084, et successeur de Dominique Consarini, fut un des bienfaiteurs de l'Église patriarcale de Grado. Il donna des secours aux Grecs contre Robert Guiscard; mais sa flotte ayant été défaite, en 1084, il fut déposé par les intrigues de Vital Faledro qui lui fut substitué. S. S-1.

(2) Voyez sa Prefazione alle satire di Persio: elle est en vers, comme celle qu'il

a mise à la tête de Juvénal.

(3) Les usages antiques, expliqués par Silvestri, sont au nombre de plus de 170; les Indice, très-bien faits, en donnent la

nomenclature, etc.

LXXXII.

SILVIO (JEAN), peintre, né à Venise au commencement du XVIe siècle, doit être regardé comme un des meilleurs artistes de l'école vénitienne. L'inspection de ses ouvrages fait supposer qu'il fut élève du Titien. On reconnaît surtout le caractère, le style et la couleur de ce maître dans la composition pleine d'élégance qu'il a peinte pour l'église de Piove di Saçco, dans la podesterie du Padouan. Elle représente Saint Martin sur le siége épiscopal, ayant à ses côtés les apôtres saint Pierre et saint Paul. Trois anges les accompagnent, deux soutiennent la crosse du prélat; le troisième, sur les degrés du trône, joue de la lyre. Il est impossible de yoir une figure plus gracieuse, et le Titien lui-même n'a rien de plus parfait que les deux autres pour le naturel et le goût. Ce tableau a été peint en 1532. Il existe un assez grand nombre de peintures du Silvio dans tout le Trévisan. P-s.

SILVY (LOUIS), qu'on pourrait appeler le dernier solitaire de PortRoyal, naquit à Paris le 27 novembre 1760, d'une famille de magistrature, vouée probablement depuis long-temps aux opinions et aux traditions jansénistes. Son père était conseiller du roi et auditeur à la chambre des comptes; il lui succéda dans cette charge. Plusieurs familles de la capitale avaient jadis une affection particulière pour les religieux de la congrégation de Saint-Maur, moins encore par vénération pour la science qu'on voyait fleurir dans cette corporation que par sympathie pour les opinions religieuses qui y dominaient. Ce fut, nous en sommes persuadé, ce motif qui détermina les parents du jeune Silvy à mettre son instruction sous la direction de Dom Deforis,

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bénédictin des Blancs - Manteaux, savant laborieux, régulier, mais entaché malheureusement des idées nouvelles. Quand même Silvy n'aurait pas puisé à la maison paternelle les idées jansénistes dont il devint si chaud partisan, le commerce du bénédictin vénéré eût suffi pour y porter son âme ardente (1). Il prit, sous la conduite de D. Deforis, des sentiments chrétiens, reçut une éducation austère et une instruction remarquable sous le rapport des connaissances religieuses. Il aida même son maître pour l'édition systématique des œuvres de Bossuet, que Lequeux avait commencée. Peut-être dut-il à l'exemple et aux leçons de D. Deforis l'avantage de ne pas donner dans les principes et dans les erreurs de la révolution, où ses idées jansenistes devaient pourtant naturellement et logiquement l'entraîner. Nous croyons qu'il fut tout-à-fait opposé à l'église constitutionnelle. Les changements arrivés dans l'État le privèrent de sa charge; il eut sa part des dangers que couraient dans ce temps tous les honnêtes gens et surtout ceux qui possédaient quelque fortune. Alors, en homme religieux et rési

(1) On sait que M. Silvestre de Sacy puisa aussi dans la fréquentation de SaintGermain-des-Prés et la conversation de dom

Berthereau un attachement au jansenisme

dont il ne se défit jamais entièrement. Puisque nous rappelons son nom dans cette circonstance, nous émettrons ici une opinion qui n'a pas d'autre poids qu'une conjecture, mais que nous croyons fondée. On a écrit que le célèbre solitaire Isaac Le Maistre, traducteur de la Bible, etc., avait reçu le surnom de Saci, qui le distinguait de ses frères, de la décomposition de son prénom Isaac. Nous croyons que les parents du jeune Sylvestre (Antoine-Isaac) lui donnèrent aussi le surnom de Sacy (Saci) de l'anagramme de son prénom Isaac, en souve nir du fameux solitaire de Port-Royal.

gné aux décrets de la Providence, Silvy, comme il le fit toujours depuis, consacra son temps à l'étude de la religion et aux œuvres de la charité. Il était secondé et devancé dans cette pratique de la bienfaisance par une femme qui partageait tous ses sentiments, et qui l'autorisa même à vendre ses bijoux pour soulager les pauvres. Cette femme, qu'il avait épousée avant le temps de la Terreur, était Rosalie-Thérèse Boudet, d'une famille bourgeoise, engagée aussi dans la magistrature et également dans les opinions janséniennes. Elle était beaucoup plus jeune que lui, et cependant il la perdit au bout de quelques années d'une union heureuse; elle mourut en 1809, à peine âgée de trente-deux ans. Membre et secrétaire de la fabrique de NotreDame-des-Blancs - Manteaux, Silvy ne se bornait pas à cette fonction pieuse et charitable; il était en même temps commissaire des pauvres; il se livrait aussi à des études et à des lectures sérieuses, ayant spécialement pour objet les matières ecclésiastiques. Plus conséquent à ses principes que d'autres laïques, qu'on a vus, en petit nombre, se passionner, par esprit de parti, en ces derniers temps, pour des études du même genre, Silvy menait la vie tait tous les jours l'office de l'Église, d'un pénitent et d'un solitaire, récijeûnait tous les vendredis, et, jusque dans ses dernières années, couchait sur une simple paillasse. Nous l'avons vu presque octogénaire se rendre à la métropole, en hiver, pour assister aux matines des chanoines, qui se célébraient à sept heures du matin, avant que l'archevêque, M. Affre, eût supprimé une partie de l'office canonial, au grand déplai

sir des chanoines les plus réguliers et des pieux catholiques. Comme tous les jansénistes, il gémissait sur ce qu'ils appellent les maux de l'Église. Dans ses principes de rigorisme il s'affligeait aussi, et avec plus de raison, sur les maux réels, sur le peu de discernement que le très-grand nombre des prêtres apporte dans l'admission aux sacrements; du peu de foi manifestée dans leur administration, faite, trop souvent, sans gravité; de la précipitation et de la routine dans la célébration de la sainte messe. Port-Royal lui arrachait des soupirs moins légitimes; le souvenir de cette maison était vivement gravé dans son âme. Au mois d'octobre de l'année 1809, année centenaire de la dispersion des religieuses, Silvy, en compagnie de nombreux pèlerins, alla visiter les ruines de ce monastère, et là, il aura sans doute donné cours à sa verve et à sa douleur. Une autre époque, celle du 8 septembre 1813, centième anniversaire de la bulle Unigenitus, donnée par Clément XI contre les erreurs du livre de Quesnel, anima le zèle de Silvy, partisan et apologiste des appelants, et lui fournit l'occasion d'une scène fanatique et ridicule. Dans une réunion d'amis jansenistes il prononça trois discours; dans les deux premiers, il dévoila à sa façon les moyens à l'aide desquels ce décret avait obtenu ce qu'il appelait une apparence d'approbation générale. Il avait, après cent autres depuis un siècle, un tableau bien pathétique à faire sur les infortunes de tant de récalcitrants, qui avaient préféré une vie errante à l'obéissance à l'Église. Ce n'est pas que tous, dans cette existence nomade, aient été trop malheureux chez leurs adeptes; mais que de

belles phrases à faire! Daus son troisième discours, qui a été imprimé depuis, il saluait, comme tous les fanatiques de son bord, l'entrée prochaine des enfants d'Israël dans le sein de l'Église. Une des folies de Bonaparte avait été d'amener à Paris les archives du Vatican; Silvy obtint de les consulter, et ses soins furent d'y chercher quelque chose contre les jésuites. Avec quelle sainte indignation vit-il que ces religieux, et le doucereux Fénelon avec eux, avaient soufflé le feu de la persécution contre les prétendus jansénistes! Que de belles choses n'y trouva-t-il pas contre l'odieuse bulle Unigenitus! Il puisa, copia, collationna, dit-on, quelques pièces dont ses co-religionnaires promettent ou menacent d'enrichir un jour la littérature, la diplomatie et l'histoire. Peu de temps après il commença pourtant à écrire, à publier quelques opuscules, toujours dans le sens de ses affections et de ses préoccupations. Ainsi, on le vit prendre le parti de quelques jansénistes du diocèse de Lyon, à qui leurs actes de schisme attiraient des désagréments; attaquer, comme nous l'avons dit nous-même à l'article Picor, les mémoires ecclésiastiques de cet auteur. Silvy faisait un plus juste et plus digne usage de ses bons désirs et de son zèle en cherchant à combattre l'incrédulité par d'énergiques protestations contre les nouvelles éditions des œuvres de Voltaire et de Rousseau, et au sujet du nouveau fronton de l'ancienne église Sainte-Geneviève. Mais ce qui souleva surtout son indignation fut le rétablissement des jésuites en France. Quel affreux spectacle pour Silvy qui tant de fois avait béni leur suppression et les regardait comme

anéantis pour toujours! Il mit tout en œuvre pour offrir aux yeux de la génération actuelle les couleurs dont on les peignait jadis. Le fameux Martin (voy. ce nom, LXXIII, 246) vint dans les premiers temps de la Restauration donner un supplément d'espérance à tous ceux qui se nourrissaient de chimères. Silvy fut une des premières et des principales dupes de ce fourbe; il le reçut chez lui, et, voyant l'œuvre de Dieu dans les prétendues révélations de cet homme (2), il se donna le mérite de les publier; peu s'en fallut, à cette occasion, qu'il n'encourût la peine de la prison en police correctionnelle, où il avait été traduit. Bien entendu qu'en publiant les révélations de Martin, Silvy chercha encore à servir son parti de prédilec tion, au moins d'une manière indirecte, et l'on put soupçonner que le jansénisme était le mobile de cette œuvre. Nous donnons en note une preuve de ce fait peu important, mais qui mérite d'être connue. Ce genre avait d'ailleurs une sorte d'at

(2) Silvy est resté persuadé jusqu'à la fin

du surnaturel des communications dont se

flattait Martin, et il nous dit un jour à PortRoyal que cet homme avait fait comme Jeanne d'Arc, et avait dépassé sa mission. Quand la publication des Revelations excita les conversations et les commentaires, nous, très-jeune alors, basions notre incrédulité sur quelques points dont l'un était les communions peu fréquentes de cet homme préféré de Dieu. Uu prêtre émigré, et qui n'est rentré en France que depuis cette époque, nous dit qu'en Angleterre les catholiques avaient soupçonné, en voyant le contenu de

ce recueil, qu'il était une invention et une tactique des jansenistes. Assurément, ce prêtre et ceux qui avec lui portaient ce jugement plus ou moins fonde ne savaient pas que Silvy en était l'éditeur. Martin sentit plus tard le tort que ferait à son affaire cette alliance avec les jansenistes, et osa nier qu'il eût eu des rapports avec eux. Martin mentait, et Silvy nous a dit à nousmême que Martin avait logé chez lui.

trait pour Silvy, et son œuvre la plus volumineuse, celle qu'il a intitulée : Extraits des discours de piété et donnée en cinq volumes (1822), n'est que le fruit des improvisations d'une dévote du parti, nommée mademoiselle Fronteau. Il pensait que c'était peut-être la partie la plus merveilleuse de cette série de miracles qui, suivant lui, ont signalé plus de la moitié du dix-huitième siècle. Les instruments de cette œuvre étaient tous réunis dans une pensée principale, qui était d'exhorter les fidèles de ce dernier temps à la pénitence (idée toujours excellente), et d'appeler à grands cris l'avénement du prophète Élie, dont on peut dire qu'ils furent les hérauts. Les pauvres jansénistes n'ont plus d'autre espérance, et Silvy, pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie, faisait de cette œuvre l'un des principaux objets de son attention; il y attachait une grande importance et allait jusqu'à se faire un mérite devant Dieu de la publication de ces volumes pleins de discours fanatiques. Son bon sens naturel lui faisait pourtant voir, comme il l'avait découvert à quelques autres de son parti, que le phénomène de cet avénement d'Élie était bien nuageux. Héroïquement généreux dans ses actes de charité, Silvy, le jour même, où, en l'année 1824, il perdit sa mère presque centenaire, disposa par testament, en faveur des pauvres, d'une portion notable de la fortune qu'elle lui laissait. Peu après il se désista de l'usufruit des biens de sa femme. Nous voulons signaler aussi dans Silvy une disposition trop rare et trop louable pour n'être pas connue. Il portait la délicatesse de conscience jusqu'à rechercher l'origine des biens qui lui étaient

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échus par succession, dans la crainte qu'ils ne fussent pas tous des fruits de justice, et tâchait de réparer par des dons et des offrandes les fautes dont certains membres de sa famille avaient pu, suivant lui, se charger devant Dieu dans des circonstances à lui connues. Il eut notamment la pensée de faire quelques legs à la paroisse Saint-Eustache, où trois de ses parents s'étaient succédé comme curés, craignant, disait-il, qu'il n'y eût dans cette succession à une même charge ecclésiastique de trois hommes d'une même famille et du même nom quelque chose de contraire aux règles canoniques. Néanmoins, il n'en est point fait mention dans son testament; peut-être a-t-il rempli cette intention de son vivant, car il voulait, comme il le répétait souvent, se dépouiller de ses biens de son vivant, et ne pas attendre que la mort l'y forcât. Il avait à cœur une chose qui, étant réalisée, lui fut fort agréable, ainsi qu'à tout le parti. En 1826, il devint locataire des ruines de l'abbaye de Port-Royal-desChamps; peu de temps après il s'empressa d'acquérir cette propriété et quelques dépendances. Il se félicitait de cette acquisition, car, "sans cela, disait-il à l'un de nos amis, la maison serait tombée en de bien mauvaises mains! Et quelles mains donc? Celle de M. l'évêque de ***.. Il chercha bientôt un moyen de perpétuer dans la contrée les principes qui lui étaient si chers, en établissant des écoles pour les enfants. Ainsi, en 1829, il fonda une école de garçons en la paroisse Saint-Lambert, et la donna aux frères dits de Saint-Antoine. Il fit la même chose, en 1835, à Magny, commmune sur laquelle se trouvent si

tuées les ruines de Port-Royal, Dans ces deux localités, il établit aussi des écoles distinctes pour les jeunes filles. Il ne borna pas là ses œuvres de bienfaisance; il concourut à payer la pension de quelques enfants pauvres et orphelins, secourut des vieillards et aida à orner les églises. Par suite d'une heureuse habitude dans les familles chrétiennes qui ont gardé les mœurs patriarcales, habitude trop rare de nos jours, Silvy, à Port-Royal, réunissait près de lui, matin et soir, les ouvriers et les domestiques qu'il employait, et faisait avec eux la prière et des lectures de piété. Il leur prêchait aussi la nécessité, pour les chrétiens de toutes les classes, de cesser les travaux manuels les dimanches et fêtes. Il passait la belle saison à son cher Port-Royal, et y avait commencé des travaux de réparation et d'assainissement. Pour perpétuer le souvenir topographique de l'église de l'abbaye, dont au reste il existe plusieurs gravures, il fit construire un oratoire à la place qu'avait occupée l'autel principal et le chœur du chapelain. Dans cet oratoire simple et modeste, on voit le portrait du grand Arnauld et des vers à sa louange, etc.; le chœur des religieuses et les subdivisions de la nef en bas-côtés sont tracés par des peupliers plantés en ordre (3). Ces lieux, ravivés par Silvy, étaient et sont encore visités par les dévots zélés du

(3) Depuis que ceci est écrit, les Frères de Saint-Antoine, dits aussi Tabourins, héritiers de Port-Royal, que Silvy avait cédé moyennant un viager, ont fait transporter ailleurs les tableaux de l'oratoire et restaurer large

ment la maison de Silvy. Le duc de Luynes a fait aussi pratiquer des fouilles dans le chœur des religieuses, ce qui a changé ce que nous disous dans cet article de la disposition des lieux.

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