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SÉDILLOT (JOSEPH), né à Vire (Calvados) en 1745, appartenait à une famille de médecins, et suivit la même carrière. Venu de bonne heure à Paris, il obtint au concours la place de chef du service médical et chirurgical à l'hospice de la Salpêtrière, où il enseigna l'anatomie et la chirurgie. Lié avec Vicq-d'Azyr, il improvisa un jour pour lui une leçon que le savant professeur n'avait pas eu le temps de préparer. Sédillot prit le grade de docteur en médecine à la faculté de Reims, devint membre du collège et de l'Académie royale de chirurgie de Paris et autres sociétés savantes, et s'adonna spécialement à l'art des accouchements. I mourut le 15 février 1825. Il a inséré dans le premier volume du Journal général de médecine, rédigé par son frère (voy. l'art. suivant), deux observations intéressantes: l'une sur un coma convulsif, avec une gourme répercutée, suivi de mort; l'autre sur une crevasse du vagin et du col de la vessie, suite de gangrene, guérie sans fistule. SÉDILLOT (Jean), docteur en médecine, frère du précédent, naquit le 13 janvier 1757 à Veaux de Cernay, commune voisine de Rambouillet. Après avoir perdu son père, il vint à Paris et fit de bonnes études au collége du cardinal Lemoine. Sa vocation l'entraînant vers l'étude de la médecine et de la chirurgie, il suivit les cours des professeurs les plus célèbres de l'époque, devint élève des hospices de la Salpêtrière et de la Pitié, puis entra à l'Hôtel des Invalides, dont l'illustre Sabatier était le chirurgien en chef. Au mois d'août 1784, Sédillot se fit recevoir docteur en médecine à Reims, et choisit pour sujet de sa thèse la question suivante: An sit cerebro peculiaris motus? Bien

tôt il devint médecin de la maison de Condé. Après avoir fourni quelques articles à l'ancien Journal de médecine, il publia, en 1791, des Réflexions sur l'état présent de la chirurgie dans la capitale et sur ses rapports militaires, suivies d'un plan pour le traitement des maladies de la milice nationale, in-8°; puis, en 1795, des Réflexions historiques et physiologiques sur le supplice de la guillotine, in-8°, où il combat les idées de survie et d'arrière-douleur dans la tête après la décapitation, assertions avancées par quelques auteurs et affligeantes pour les parents des condamnés qui avaient péri sous le couteau de la guillotine. Il s'élève avec force contre l'invention de cet instrument de supplice, dont il croit que l'application facile a prodigieusement multiplié le nombre des victimes. Malheureusement les bourreaux de cette époque avaient trouvé des moyens plus expéditifs encore dans les fusillades et les mitraillades de Toulon, de Lyon, les noyades de Nantes... L'affreux régime de 1793 avait supprimé toutes les sociétés savantes sans leur avoir rien substitué, menaçant ainsi de plonger dans la barbarie une nation si distinguée par les grands hommes qu'elle a produits dans tous les genres. Sédillot conçut l'heureuse idée de remédier à la suppression de l'Académie de chirurgie et de la Société royale de médecine, pour conserver les bonnes traditions et concourir aux progrès des sciences médico-chirurgicales. Il éprouva d'abord des obstacles à la réalisation de son projet ; mais, à force de soins et de démarches actives, il parvint à son but en constituant une société, qui tint ses assemblées à l'Hôtel-deVille de Paris, sous le nom de So

ciété de médecine du département de la Seine. Il en fut nommé secrétairegénéral, et fit servir ces hautes fonctions à la création d'un journal de médecine (1797), qu'il rédigea pendant vingt-cinq ans et dont il fit paraître soixante-trois volumes in-8°. En établissant ce moyen de communication entre les médecins de la capitale et ceux des départements, et même de l'étranger, Sédillot rendit à la science un service d'autant plus signalé qu'il n'existait en France à cette époque aucun journal de médecine, et que le sien régna seul pendant cinq ou six années. Malgré ses nombreuses occupations, Sédillot trouva le temps de publier des mémoires sur des sujets variés, tels que l'emploi de l'éther acétique, les poids et mesures dans leur application à l'usage médical, la patente de médecin, l'éloge du professeur Sabatier, un mémoire intéressant sur la rupture musculaire, dont il lut la première partie à l'Académie des sciences, des observations sur l'emploi du phosphore et du muriate de baryte dans la paralysie et les affections cancéreuses, plusieurs opuscules sur la fièvre jaune, différents articles dans le grand Dictionnaire des sciences médicales, des notes sur la vaccine et le virus vaccin, et, en dernier lieu, un mémoire sur les revaccinations, qui a été imprimé parmi ceux de l'Académie royale de médecine, dont il était membre depuis sa fondation. Il a publié, en société avec M. Ch. Pelletier fils, les Mémoires et observations de chimie de Bertrand Pelletier, Paris, 1798, 2 vol. in-8°, édition à laquelle il a joint un éloge de l'auteur, son beaufrère (voy. PELLETIER (Bertrand), XXXIII, 289). Sédillot était médecin consultant des maisons royales de la

Légion-d'Honneur, chevalier de cet ordre, associé ou correspondant d'un grand nombre de sociétés nationales et étrangères, administrateur du bureau de bienfaisance du deuxième arrondissement de Paris. Arrivé à un âge avancé, il dut renoncer à la pratique, et il termina doucement sa carrière le 5 août 1840, dans sa 84 année, laissant deux fils qui exercent aujourd'hui l'art de guérir, l'un à Paris, l'autre à Dijon. R-D-N.

SÉDILLOT (JEAN-JACQUES-EMMANUEL), frère puîné des précédents, orientaliste, né le 26 avril 1777 à Enghien-Montmorency, fut un des premiers élèves de l'école instituée en l'an III (1795) pour l'enseignement des langues orientales vivantes, école dont la création a donné une impulsion si grande à la culture des langues de l'Asie, et de laquelle sont sortis tant d'hommes distingués. Il se livra avec zèle à l'étude de l'arabe, du persan et du turc, et fut bientôt attaché à cette école pour aider les professeurs dans leurs travaux scientifiques. Dans la suite, il devint à la même école professeuradjoint pour la langue turque, place que des motifs d'économie firent supprimer en 1816. Deux ans auparavant, le bureau des longitudes avait senti la nécessité de puiser dans les écrivains de l'Orient la connaissance des faits relatifs à l'histoire et aux progrès des sciences mathématiques et de l'astronomie chez les peuples de l'Asie, et particulièrement chez les Arabes et les Persans. Ce fut pour satisfaire à ce besoin de la science qu'une place d'adjoint à ce bureau pour l'histoire de l'astronomie chez les Orientaux fut créée en 1814, sous le ministère de l'abbé de Montesquiou, en même temps que deux nouvelles

chaires étaient ajoutées au Collége royal de France pour l'enseignement des langues sanscrite, chinoise et tartare-mantchou. Sédillot, ancien élève de l'École polytechnique, qui s'était livré d'une manière spéciale à l'étude des mathématiques et de leurs applications, fut nommé astronome-adjoint: ses travaux furent appréciés par les Delambre, les Laplace, etc., et contribuèrent au succès de leurs recherches. Un travail important de Sédillot, mais entrepris pour concourir aux prix décennaux, avait été jugé digne d'obtenir un de ces prix; c'est sa traduction de la première partie du Traité d'astronomie d'Aboul-Haçan (voy. ce nom, I, 96), partie qui a pour objet la construction des instruments astronomiques. On sait quel a été le sort de cet acte de munificence annoncé avec tant de pompe et resté sans résultat, sans doute parce qu'il ne tendait qu'à produire une diversion en faveur d'une politique ombrageuse autant qu'ambitieuse. Si la traduction de l'ouvrage d'Aboul-Haçan eût été offerte au comité de traductions de la Société asiatique d'Angleterre, il n'est pas douteux qu'il ne se fût chargé avec empressement de sa publication; mais Sédillot, savant modeste, sans énergie quand il s'agissait de ses intérêts, aimant l'étude pour elle-même, et d'ailleurs gravement infirme depuis bien des années, était précisément l'opposé de tant de jeunes écrivains qui croiraient avoir perdu leur temps si le public ne jouissait aussitôt qu'eux du fruit de leurs études. C'est ainsi qu'en toutes choses les extrêmes manquent toujours le but. Sédillot mourut à Paris le 9 août 1832, laissant une veuve et des enfants sans LXXXII.

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fortune. Le second de ses fils a publié en 1834 35 la traduction de l'ouvrage arabe cité plus haut (2 vol. in-8°). On trouve aussi de Sédillot quelques articles scientifiques dans les Recherches asiatiques, dans le Magasin encyclopédique et le Moniteur. Ces opuscules, notamment une Notice de la partie littéraire des Recherches asiatiques, ont été tirés à part in-8°. S. D. S-Y.

SEEBECK (JEAN-THOMAS), l'un des plus illustres physiciens de l'Allemagne, naquit à Réval le 9 avril 1770. Sa jeunesse s'écoula sans bruit; ce qu'on pourrait y remarquer de moins ordinaire, c'est qu'il fut assez heureux pour échapper à ces angoisses et à ces épreuves pénibles auxquelles la plupart des hommes de talent sont fatalement condamnés, et qui, tantôt devenues un puissant aiguillon, forcent le génie à prendre un glorieux élan, tantôt l'étouffent ou l'empoisonnent tristement dans son germe. Le père de Seebeck était un riche négociant qui lui fit donner toute l'instruction qu'il pouvait recevoir dans sa ville natale; il le perdit à seize ans ; sa mère était morte depuis plusieurs années. L'enfance de Seebeck ne se présente sous aucun de ces traits caractéristiques qui signalent un esprit inventif; rien ne le désignait à l'avance comme destiné à reculer un jour les limites des connaissances humaines. Nous savons seulement que l'amour des sciences naturelles s'éveilla de bonne heure en lui, et qu'il se faisait le spectateur caché des séances d'expériences physiques qui réunissaient les élèves les plus avancés en âge. Cet attrait le décida à quitter à 17 ans le gymnase de Réval pour suivre les cours de l'université et se livrer à l'étude de la médecine. Il alla d'a

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bord à Berlin et suivit les cours du collége chirurgico-médical; bientôt il partit pour Gættingue, entraîné par la réputation des professeurs qui avaient rendu cette académie célèbre entre toutes les autres, Richter, Blumenbach, Lichtemberg, etc. Peu d'années après, il prit le degré de docteur, et pendant les derniers mois de son séjour à Gættingue il fit une étude approfondie des maladies de l'oreille, qu'il se proposait de traiter dans un ouvrage spécial. Il avait d'abord songé à se consacrer tout entier à l'exercice de la médecine; mais le goût des recherches expérimentales le captiva chaque jour de plus en plus, et il avait trop la conscience de l'indépendance de son caractère pour croire qu'il pût jamais se plier à ces exigences incessantes qui font de la vie du médecin un glorieux mais réel esclavage. Il renouça donc à la médecine et résolut de faire des sciences physiques l'unique occupation de sa vie. Il tint parole: libre de toute sollicitude, étranger à tout emploi public et même à toute affaire extérieure, renfermé seulement dans le cercle étroit de la famille, en relation seulement avec les hommes d'esprit qui l'entouraient, il étudia, il expérimenta jusqu'au dernier soupir. Il épousa en 1795 la fille du conseiller aulique Boye, et passa les premières années de son mariage à Bayreuth, étroitement lié avec le conseiller d'État Langermann, qui plus tard devint à Berlin soh meilleur ami. Il vécut aussi dans une grande intimité avec l'illustre voyageur Alexandre de Humboldt, qu'il avait connu à Gœttingue. Aù commencement de ce siècle, la ville d'Iéna était comme le rendez-vous d'une foule d'hommes illustres Knebel, Griess, Schelling, He

gel, Schelfer, Griesbach, Neltahmmer, Thibaud, Riter, Oken, etc., etc. l'habitaient à la fois. Seebeck ne put résister à une si puissante attraction; il quitta Bayreuth et vint résider à léna. Il y rencontra aussi l'immortel Goethe, et trouva en lui un ami. Plus tard, Seebeck alla souvent à Weimar passer des jours, des semaines, des mois entiers dans la maison du grand poète : ils travaillaient et expérimentaient ensemble; les phénomènes des couleurs les occupèrent spécialement, et le résultat de leurs études communes fut l'ouvrage trop vanté que Goethe publia sous le titre de Farben-lehre (Traité des couleurs): c'est un roman plutôt qu'un traité scientifique; parmi une foule d'inexactitudes on y trouve cependant quelques heureuses idées sur la nature des couleurs. Disons-le hautement, Gothe fut surtout et presque exclusivement poète et romancier; si des admirateurs enthousiastes l'ont proclamé penseur profond, physicien habile, naturaliste consommé, ce fut, hélas! par esprit de coterie ou de système : Goethe était panthéiste; le génie du poète n'aurait pas assez recommandé les doctrines chéries; il fallait le transformer en philosophe éminent. Les relations de Seebeck avec Goethe et ses apparitions à Weimar le mirent en contact avec le grand-duc, qui voulut être initié, par ses entretiens et ses expériences, aux progrès récents des sciences physiques. Seebeck avait quitté Iéna en 1810. Après deux années de voyages et de séjour à Bayreuth, il se fixa à Nurenberg pour y passer les plus belles années de sa vie. Rien enfin ne manquait à son bonheur sa femme et ses enfants l'entouraient de soins et de tendresse ; il était riche; un petit

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cercle d'amis savants et dévoués ajoutaient à tant de jouissances l'agrément d'une conversation parfaitement en rapport avec ses goûts. La plupart de ces amis sont devenus à leur tour célèbres : c'étaient Hégel, le père des Hégéliens; Merckel, le citoyen le plus considéré et le glorieux représentant de Nurenberg; Schweigger, l'inventeur du galvanomètre; Pfaff, le mathématicien profond; Erhardt, Schubert, Werner, le grand minéralogiste; Sulpice Boisseré, directeur de l'Académie des beaux-arts de Munich; Œrsted, le créateur de l'électro-magnétisme; Erman, Fr.-Aug. Wolff, etc., etc. L'année 1818 amena un changement notable dans les habitudes de Seebeck l'honneur qu'on lui fit de le nommer membre ordinaire de l'Académie royale de Berlin l'arracha, non sans regret, au calme de la solitude et aux douceurs d'une vie tout intérieure. Mis en évidence, il devenait malgré lui presque un homme public, et il fallait quitter sa délicieuse résidence de Nurenberg pour habiter l'enceinte plus bruyante de la capitale de la Prusse. A Berlin, toutefois, il resta ce qu'il avait toujours été; il sut se défendre des dissipations extérieures pour se livrer tout entier à ses savantes recherches et aux joies de la famille. Il fut atteint en 1803 d'une infirmité redoutable qui lui préparait et de cruelles douleurs et de longues insomnies c'était une hypertrophie du cœur, maladie organique rare autrefois, trop commune aujourd'hui, qui l'enleva en 1831, et qui depuis a moissonné tant d'illustres victimes. Il était âgé de 52 ans, et mourut regretté de l'Allemagne entière, des siens surtout, qui perdaient en lui plus qu'un père plein

de tendresse. Il a été assez heureux pour revivre dans un de ses fils, qui porte glorieusement son nom et que l'Allemagne compte au nombre de ses plus savants physiciens. Directeur de l'école polytechnique à Dresde, M. Seebeck fils a déjà publié un grand nombre de mémoires; il a enrichi l'acoustique d'expériences et de théories nouvelles. Un amour ardent pour la science que toutes les académies de l'Europe surent apprécier et récompenser, un caractère noble et doux, un extérieur affable et plein de dignité, telles furent surtout les qualités naturelles qui distinguèrent le savant dont nous venons d'esquisser l'histoire et lui concilièrent l'estime et l'amitié de tous ceux qui le connurent. Son nom n'a pas joui d'une grande popularité, parce qu'il ne fut ni écrivain ni professeur. Il nous reste à passer én revue les travaux qui l'ont immortalisé. Seebeck commença sa carrière scientifique à une époque mémorable : les premiers jours du XIXe siècle ont été pour la science l'ère de la renaissance. Après un trop long repos, le génie de l'observation et de l'expérience se réveillait tout à coup et prenait un glorieux élan. Sur les fondements posés par Newton, Huygens, Epinus, Coulomb, un magnifique édifice allait s'élever: Volta, à Pavie, découvrait la pile, instrument de tant de merveilles, source de tant de progrès; et Thomas Young formulait en Angleterre le principe si fécond des interférences ; le champ était ouvert aux plus brillantes découvertes. Cédant à l'enthousiasme universel, Seebeck étudia d'abord les phénomènes encore obscurs de l'électricité galvanique. Humphry Davy avait à peine transformé les alcalis et les terres en mé

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