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sée et le feu du sentiment. Nos voisins sèdent plusieurs traductions célèbres des poètes de l'antiquité et qui reproduisent toutes leurs beautés originales; et nous, nous avons tellement fait les difficiles, que nous n'avons qu'un bégaiement enfantin, monotone, près de la voix forte, sonore et musicale, qui se ploie aux mètres les plus difficiles de la Grèce et de Rome. On entend dans plusieurs

n'exploitera aucune mine, l'on sera toujours tremblant, incertain; l'on demandera à trois ou quatre hommes s'ils veulent bien nous permettre de parler et d'écrire de telle ou telle manière, et quand nous en aurons reçu la permission, ils voudront encore présider à la structure de nos phrases: l'homme serait enchaîné dans la plus glorieuse fonction qui constitue un être pensant. Loin de nous cette servitude : la hardiesse dans l'expression, suppose la hardiesse de la pensée.

Pourquoi un bègue ne balbutie-t-il plus en lisant, en déclamant ou en chantant? c'est qu'il commande, par un nouvel effort, à ses nerfs et à ses fibres, et pour quelque chose de plus grand et de plus neuf que la simple parole. Qu'un de nos infortunés rimeurs ose adopter ma Néologie, ou même la surpasser, je lui réponds de quelques succès. Il faut toujours une secousse plus forte pour s'élever, quand il y a imperfection dans le jarret.

de ces langues, la marche harmonieuse des dactyles et des spondées, que ne remplace point notre lourd hémistiche.

La plus étonnante des traductions est celle de Tacite, par Davanzati; souvent plus serré que l'original, le choix de ses mots italiens est si merveilleux, qu'avec moins de signes il est beaucoup plus clair que l'auteur latin. Cette traduction est une nouvelle espèce de commentaire plus court, moins obscur que le texte. Ceci n'est point un paradoxe, j'en appele à ceux qui ont lu Davanzati; mais le traducteur doit sa concision, sa force et son énergie à une Néologie qu'il a bien fallu lui pardonner, d'après son rare talent (1).

(1) Point d'art ni de métier qui n'ait une foule de mots particuliers pour ses outils et pour les instru→ mens de son travail; et qui songe à leur disputer les termes dont ils se servent? Si vous examinez bien ces mots, vous y trouverez de l'ingéniosité, des imitations de la nature, des rapports très-subtils. La plupart des Français, même les plus instruits, ne connaissent pas cette foule de mots. Le procès-verbal d'un huissierpriseur dit plus de choses sur nos moeurs que la dissertation d'un moraliste. C'est le chapitre du Tableau de Paris que je n'ai pas encore su faire, parce qu'il

Je crois avec le président Desbrosses, qu'il existe une langue primitive, organique, physique et nécessaire, commune à tout le genre humain, qu'aucun peuple au monde ne connaît ni ne pratique dans sa première simplicité, que tous les hommes parlent néanmoins, et qui fait le premier fonds du lan

est au-dessus de mes forces. Ennemis de la Néologie, allez dans les ateliers, et laissez-moi tranquille dans le mien. N'ai-je pas le privilége que se donne un manufacturier dans sa manufacture?

Je n'ai vu dans aucun Dictionnaire, le mot verticalité, qualité, état d'une chose placée perpendiculairement à l'horizon.

Je représenterai à l'administration ou aux administrateurs des contributions publiques, qu'il faut dire garnisonnaire, et non garnisaire; que si c'est une faute que de ne point payer ses contributions, c'en est une aussi que de dire garnisaire; qu'elle daigne prendre mes observations pour sa gouverne, et qu'elle envoie le moins possible ses garnisonnaires. Or, je tâche de mettre dans toutes mes remontrances de la jovialité, parce qu'avec ce ton, aucun esprit n'est irramenable. Si j'emploie ici tous ces mots, c'est que je les ai oubliés dans l'ordre alphabétique; et comme je suis un auteur consciencieux, et non illibéral, je veux, jusques dans la dernière ligne de cet aimable ouvrage, annoncer que je ne me permettrai point le moindre infanticide littéraire. Plus d'enfans foison

gage de tous les pays; fonds que l'appareil immense des accessoires dont il est chargé, laisse à peine apercevoir.

Il m'est donc licite, d'après le système fondamental du langage humain, d'étendre la fabrique des mots, qui se trouve nécessitée par la nature de mon entendement. Je vois des

neront autour de moi, et plus je serai fier du nom de Néologue. Ainsi, jusques dans le finissement de mon Vocabulaire, l'on me verra le même; car je brave l'inintelligibilité de tous mes adversaires, et je crois fermement à mon invulnérabilité.

Misce stultitiam consiliis brevem. Horat. 4.

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Beaux esprits! vous ne lisez pas le vieux gaulois; le mot seul..... aussi êtes-vous des ignorans. L'on dirait, en vérité, que l'on n'a commencé à écrire en France que lorsque Boileau et Racine ont pris la plume; qu'avant eux, il n'y avait ni esprit, ni raisonnement, ni style; erreur bien singulière, et propagée par des rangeurs de mots. Si vous saviez lire, beaux esprits, ce qui est écrit; mais vous ne seriez plus alors ce qu'on appelle aujourd'hui gens de lettres; vous seriez quelque chose de mieux. Allons, restez ignares, et complaisez-vous dans vos dictions élégantées et futiles; faites des vers français et de la prose lycéenne; je vous jure que dans deux cent cinquante ans on ne recherchera point vos vieilles productions. Point de contestation alors sur vos mérites........

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objets nouveaux, j'ai des idées sur des objets intellectuels qui n'ont d'existence que dans mon esprit; je fais descendre de ces noms radicaux, imitatifs des objets réels, des termes inusités, dont la formation devient applica ble à mes nouveaux aperçus, parce que la propriété des choses nommées m'appartient, comme homme et comme peintre.

Mais il faut bien connaître la force du terme primitif, pour en apercevoir l'acception dérivée. Le système accessoire de dérivation est intimement lié à la nature du premier, dont il est sorti en second ordre; et pourquoi ne serait-il pas, comme lui, plutôt nécessaire que conventionnel?

Toutes les formes d'accroissement qu'un mot primitif est sujet à recevoir, sont indépendantes de la formule générale et particulière des syntaxes, ce qui fait son impérissabilité; ainsi les montagnes primitives sont la charpente réelle de notre planisphère, tandis que les secondaires varient au gré de la tourmente des élémens.

Un autre que moi remonterà jusqu'aux racines qui ont produit les mots usités dans le langage humain; un autre cherchera les sources étymologiques; je suis loin de ce tra

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