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bées, éplucher et préparer la vigne pour la taille, ainsi que les pêchers et les abricotiers, ôtant les chicots, les bois morts, quelques bourgeons et branches inutiles; c'est autant d'ouvrage fait avant la taille, qui n'aura lieu entièrement qu'en février pour la vigne, pour les pêchers et les abricotiers; mais pour les autres, aussitôt que la feuille est tombée.

On peut commencer à enlever la mousse des arbres après quelques pluies, et continuer de même pendant l'hiver; mais le mieux, c'est à la fin de l'hiver.

Décembre.

On ne tailloit autrefois les poiriers et les pommiers qu'en février, comme les pêchers après les fortes gelées; on les taille à présent aussitôt que les feuilles sont tombées; il est rare que la gelée soit assez forte en ces climats pour les endommager.

Dans les climats froids, on fait bien d'attacher les figuiers près des murs, afin de les couvrir de paillassons et de litière, de fougère ou de cosses de pois, qu'on arrête dessus avec des perches et des osiers, pour les garantir de la gelée.

Quand les figuiers sont adossés à des bâtimens assez élevés pour les mettre à l'abri, ils n'ont besoin ordinairement d'aucune précaution; ce

n'est que dans les hivers très- rigoureux qu'ils sont sujets à geler.

Les figniers se trouvent-ils éloignés des abris, on les couche dans la terre.

A mesure que les arbres sont taillés, on leur ôte la mousse facilement dans les temps humides; il est plus avantageux d'attendre la fin de l'hiver. L'instrument le plus commode pour abattre la mousse dans toutes les branches, est le sarclet des maraichers, avec lequel ils nettoient l'herbe des planches d'oignons.

En enlevant, avec le même instrument, les écorces galeuses et chancreuses, on détruit la retraite d'une infinité d'insectes.

On continue de charrier et de ramasser au pied des arbres toutes sortes d'engrais convenables, tels qu'ils sont indiqués à la fin d'octobre.

On raccommode les treillages, les outils de jardin; on aiguise les échalas.

On fait bien de placer au-dessus des espaliers des pêchers, de petits paillassons de deux pieds de largeur, pour garantir ces arbres, pendant l'hiver, de la neige et du verglas, qui les gâtent.

CHAPITRE XXVI.

Des jardins d'agrément.

DANS la haute antiquité, l'agriculture étoit tellement en honneur, que les héros et les rois même ne dédaignoient pas de cultiver euxmêmes leurs jardins; il est vrai que les jardins alors étoient d'une étendue très-bornée. Le luxe, qui par la suite les fit agrandir, et qui les surchargea d'ornemens superflus, ôta bientôt le goût de l'agriculture. D'ailleurs l'homme, en étendant prodigieusement ses possessions, y devient en quelque sorte étranger; on jouit véritablement d'un modeste enclos, que l'on peut surveiller et parcourir sans fatigue; mais la vanité seule attache au parc immense qu'on a magnifiquement décoré aussi a-t-on besoin dans ce cas de témoins et d'admirateurs, et l'on fait de ses jardins une espèce de promenade publique. En vain l'homme puissant veut s'agrandir outre mesure; s'il passe de certaines bornes, il est forcé de partager avec le public la jouissance de sa propriété, et sa vanité même implore ce partage.

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Les jardins français parvinrent au plus haut point de perfection et de grandeur, sous le

règne de Louis XIV; le génie de Le Nôtre lui fit surpasser dans ce genre tout ce qu'on connoissoit alors et tout ce qu'on a vu depuis. Il réalisa l'idée qu'on peut se faire des jardins magiques d'Armide. Ce genre sera toujours celui qui convient aux palais, où tout doit offrir la magnificence et les prodiges des arts. Les noms même des diverses parties de ces beaux jardins avoient quelque chose de si noble! Le parterre du Tibre, les bains d'Apollon, les bains d'Agrippine; les bosquets, les pavillons de Flore, etc.

Il faut convenir que ces noms harmonieux, prononcés dans une brillante cour, ont plus de grâce que ceux-ci : Le moulin, la chaumière, la guinguette, etc.

Sans doute les arbres taillés d'une manière bizarre, et représentant des ours, des autruches, etc., sont de très- mauvais goût; aussi Le Nôtre n'a jamais rien imaginé de semblable; mais les portiques élégans de verdure, les bosquets, les terrasses, les labyrinthes, les vastes avenues, les eaux jaillissantes, donnent à ses jardins une variété, une noblesse, un air de fête et de féerie qui s'accordent parfaitement avec la richesse et la somptuosité des palais. Cet art demande et de l'étude et de véritables talens; car il est, comme l'architecture, soumis à des règles; il

exige beaucoup d'imagination et une grande justesse dans le dessin des proportions; justesse qui, surtout dans les architectes, paroît être un don de la nature, et qui seule constitue l'homme de génie. La beauté des proportions est, dans un édifice, la première de toutes les beautés. C'est par ce mérite éminent que la colonnade du Louvre est un chef-d'œuvre, et que Saint-Pierre de Rome est le monument le plus étonnant qui existe. La nouveauté même ingénieuse des idées, la richesse et le charme des détails, ne racheteront jamais, en architecture, le manque de proportion. La plus savante combinaison de la distribution d'un terrain donné, et le goût le plus exquis des proportions, se trouvent dans tous les jardins de Le Nôtre. Tous ces jardins paroissent être plus grands qu'ils ne le sont en effet ; en même temps tout y est d'accord: les contrastes n'y forment ni bigarrures ni disparates, et chacune des parties concourt à l'agrément et à la majesté de l'ensemble. Il étoit beaucoup plus facile de proscrire et d'abolir ce genre, que de surpasser, ou même d'égaler ce grand artiste ; mais en se débarrassant d'une rivalité si dangereuse, on s'en est donné une autre infiniment plus redoutable : on a la prétention d'imiter la nature, non-seulement dans ce qu'elle a de plus agréable, mais encore

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