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sel ammoniacal, ou par une petite quantité de pierre à cautère; on atteint aussi le même but avec la lessive des savonniers; enfin, on attend cinquante jours avant de permettre la cicatrisation.

Indépendamment du traitement externe qu'on vient d'assigner, un traitement interne est le plus souvent jugé convenable. On songe, en conséquence, à entretenir les évacuations intestinales, à l'aide de clystères émolliens, de substances doucement laxatives; on plonge le malade dans un bain tiède. Certains médecins ont cru que l'ammoniac liquide pouvoit avoir un effet salutaire, à la dose de dix à douze gouttes, dans une infusion de feuilles de tilleul, ou de feuilles d'oranger (1).

Nos pères n'ont point connus tous ces remèdes, et pendant long-temps, on s'est contenté d'envoyer à la mer ceux qui avoient été mordus par des animaux enragés. Il ne seroit pas impossible que l'eau salée de la mer fût un spécifique pour cette horrible maladie. Un remède aussi simple, le sucre pris intérieurement, en est un, sui

(1) Il faut aussi en mettre sur la plaie. L'un des plus grands chimistes de nos jours (M. Sage), a fait sur ce -remède les plus heureuses expériences. Il faut lire, dans ses ouvrages, ces détails intéressans,

vant M. de la Condamine, contre la blessure des flèches empoisonnées par certains sauvages de l'Amérique méridionale. D'ailleurs, la révolution causée par la manière brusque dont on précipitoit dans la mer, et la confiance qui tranquillisoit l'imagination, pouvoient prévenir la rage; comme, dans l'antiquité, le saut de Leucade guérissoit de l'amour, quand on avoit le bonheur de ne pas se noyer. Quoi qu'il en soit, puisque ces bains de mer passoient généralement pour être contre l'hydrophobie un remède immanquable, il est prouvé, par cette seule opinion, qu'ils réussissoient presque toujours, On trouve à ce sujet une anecdote curieuse, dans les Lettres de Le Pays, poète assez justement oublié, mais qui, fort à la mode de son temps, vivoit sous le règne de Louis XIII. Ce poète fut mordu par un chien enragé, ce qu'il raconte dans une lettre à un de ses amis, et avec le ton de la plus grande sécurité, en ajoutant qu'il va partir pour un port de mer. Arrivé là, il conte ce qui suit ; Il alla voir le médecin qui traitoit les hydrophobes, et qui lui dit qu'il alloit lui enseigner une manière certaine de connoître, dès le premier bain, s'il devoit craindre ou non que le virus eût passé dans son sang. Quand vous serez plongé dans la mer, poursuivit ce médecin, regardez tout de suite dans l'eau; si la

rage doit vous prendre, vous

verrez aussitôt au fond de l'eau l'image parfaitement distincte d'un chien furieux, la gueule entr'ouverte; si vous n'avez pas cette vision, vous pouvez être certain que vous n'avez rien à craindre. Le Pays regarda dans l'eau, ne vit point de chien furieux et suivant la savante prédiction du vieux docteur, il n'eut point d'attaque, et vécut encore grand nombre d'années.

Il est vraisemblable que le vieux médecin, comptant sur la crédulité de ses malades, avoit inventé ce conte pour tranquilliser leur ima gination. Mais il n'est cependant que trop prouvé que l'imagination seule, c'est-à-dire la crainte et la terreur, ne produisent pas l'hydrophobie, puisque les animaux et les enfans en ont si souvent été les victimes.

Comment expliquer encore tout ce qui se passoit en Flandre et à Saint-Hubert, à ce sujet avant la révolution? On ne peut nier des faits. En voici de certains, qu'il est impossible de contester, et que M. Bosquillon auroit dû recueillir dans l'ouvrage où il soutient que, pour les hommes, l'hydrophobie n'est jamais causée que par les terreurs de l'imagination.

En Flandre, à Bruxelles surtout, lorsqu'un individu, de quelqu'état qu'il fût, étoit mordu d'un chien enragé, il n'avoit confiance que dans

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le voyage de Saint-Hubert. On devoit y aller avant quarante jours écoulés depuis l'accident; mais si des affaires en empêchoient, on croyoit pouvoir retarder long-temps sans danger, en se faisant donner ce qu'on appeloit un répi, par l'archevêque de Malines. En effet, en exposant de bonnes raisons du retard, l'archevêque accordoit un répi de trois, de six mois, et quelquefois davantage. Parmi le peuple, cette coutume étoit établie et sans exception, et elle l'étoit, à très-peu d'exceptions près, dans la classe la plus élevée. Il falloit donc que l'expérience n'eût jamais détruit, par un fait avéré, cette croyance. Mon amie, madame la comtesse de Lannoy, avoit tellement cette confiance, que lorsque mademoi selle Pauline de Lannoy fut mordue à la main, de la manière la plus cruelle, par un chien enragé, elle demanda à l'archevêque un répi de plusieurs mois, l'obtint et ne mena à Saint Hu bert cette fille si chérie, que trois mois après l'accident. Je tiens ces détails de sa propre bouche. J'ai été plusieurs fois à Bruxelles, avant la révolution, et l'on m'y a conté mille traits semblables. Le pouvoir de l'imagination peut les expliquer, ainsi le fait suivant: Tous les gens traités à l'abbaye de Saint-Hubert croyoient, d'après l'assurance des religieux, qu'à l'avenir nulle morsure d'animal enragé ne pourroit leur

que

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communiquer la rage; en conséquence, on les exhortoit à ne faire aucun remède, et à ne pas revenir à Saint-Hubert, dans le cas d'un nouvel accident. L'hydrophobie n'est-elle donc dans les hommes que le fruit de la terreur? Mais néanmoins, n'est-il pas constaté que des personnes, malgré la plus grande sécurité, ont eu des accès d'hydrophobie? Pour les enfans, on pourroit dire qu'ils sont aussi très-susceptibles de frayeur. Comment expliquer aussi le phénomène de ces chiens marqués à Saint Hubert, qui ne prenoient jamais la rage? Il est de fait que, jusqu'à la révolution, le roi, tous les princes du sang, tous les grands seigneurs, et tous ceux qui avoient de grands équipages de chasse, envoyoient leurs chiens à Saint-Hubert, pour y recevoir une marque, qui, suivant l'opinion générale, préservoit de la rage; on y envoyoit même un nombre prodigieux de troupeaux. Et comment cette coutume se seroit-elle établie et maintenue, si le temps et l'expérience n'en avoient prouvé l'efficacité?

Piqúre de la vipère.

Les médecins modernes proposent d'appliquer un caustique plus ou moins fort à l'endroit de la morsure, et de frotter le membre blessé avec l'huile d'olives ; ils prescrivent l'usage de l'ammoniac à l'intérieur. Au défant de cette substance

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