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vous serez mariés, de ne pas perdre l'habitude de ne point. vous faire servir par des domesti→ ques, dans toutes les choses que vous pouvez faire vous-mêmes. 1°. Vous leur épargnerez des peines inutiles (et c'est un devoir); 2°. vous entretiendrez ainsi vos forces. Quand vous veillez, laissez-les dormir, et couchez - vous sans leur secours. En hiver, faites mettre du bois dans un cabinet voisin de la pièce où vous vous tenez, et quand vous êtes seul, allez le chercher vous-mêmes; et sachez arranger et faire votre feu sans aucun aide. Julie, malgré la délicatesse de son sexe, de sa taille et de ses mains, sait fort bien porter une grosse bûche, et soulever une lourde cruche remplie d'eau; conservez ces bonnés habitudes, elles vous tiendront souvent lieu d'exercices et elles vous donneront une force, une adresse et une souplesse que les gens du monde ont bien rarement. N'abusez jamais de l'usage des sonnettes; songez que si vous rendez vos domestiques des esclaves, vous vous mettez vous-mêmes dans la plus honteuse dépendance.

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Quant aux gens de lettres, voici, sur leur santé, les conseils que je leur donnerois : De n'écrire, pour conserver leurs yeux, qu'à la clarté d'un demi-jour, et avec une seule lumière, toujours voilée par un garde-vue; d'être assis,

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en écrivant, sur une chaise très - basse, de manière que leur estomac ne soit jamais ployé ; d'écarter de leur imagination, lorsqu'ils sont au lit, toute idée de composition; de vivre avec la plus grande sobriété, et surtout de s'armer de philosophie; de savoir supporter avec calme de petites injustices littéraires, et l'amertume de certaines critiques. Si l'orgueil les domine, ils prendront de l'aigreur, de l'animosité, des ressentimens, choses également nuisibles au talent et à la santé.

CHAPITRE XIX.

MÉDECINE DOMESTIQUE DES GENS DU MONDE.

Traitement de la rougeole.

LA rougeole est une maladie contagieuse et

souvent épidémique que l'on peut avoir en voyage; quand elle est bénigne, il est facile de la traiter sans médecin, et c'est ce qui m'est arrivé avec succès dans un long voyage....

Dans les cinq premiers jours, il faut donner pour toute boisson, de l'eau de mélisse légère, et une infusion de bourache avec un peu de tilleul et de miel; on donnera ces deux boissons alternativement. En outre, on se gargarisera souvent avec du sirop de mûres; si la tête est prise et qu'il y ait du délire, on mettra les pieds dans l'eau plus chaude que de coutume, deux fois par jour, chaque fois pendant un quart d'heure. Si l'on avoit de fortes envies de vomir pendant les cinq premiers jours, on donneroit d'abord huit grains d'ipécacuanha; s'ils ne faisoient pas d'effet, on iroit jusqu'à quinze (1). Si

(1) Lorsqu'on a pris l'ipécacuanha, il ne faut boire ensuite que lorsqu'on a vomi, ou au bout d'une heure et demie.

la fièvre n'est pas très-considérable, qu'il n'y ait pas de délire, on donnera un peu d'alimens, surtout à un enfant, de la crême de riz légère; si la toux est forte, on boira du sirop de gomme, on prendra quelques pastilles de kermès. Après les cinq jours, on donnera des lavemens de graine de lin pendant quatre ou cinq; si les remèdes n'agissent point, on purgera le dix ou le douze avec de la crême de tartre. Il faut purger ensuite quatre ou cinq fois, avec les repos et l'intervalle convenable entre chaque purgation, et suivant l'état de santé. Enfin, on soignera pendant long-temps sa poitrine, ses yeux, et l'on suivra un régime sévère (1).

Pour les dartres et les maladies de la peau.

Boire d'habitude de l'eau de racine de patience, et les matins une infusion de fleurs de pensée: régime rafraîchissant.

Pour les maux de nerfs.

Avant tout, de la tranquillité, une douce dissipation; avec la religion, qui donne la véritable philosophie, on trouve la paix de l'âme dans

(1) Il va toujours sans dire qu'on ne traitera cette maladie, même bénigne, sans médecin, que lorsqu'on y sera forcé; car toute maladie, avec fièvre continue, domande les secours des gens de l'art.

toutes les situations. Ces maux indéfinissables, dont les symptômes sont si divers, les souffrances si variées, demandent, surtout dans le malade, de la raison, de la patience, et dans ceux qui le soignent, de tendres ménagemens et une adresse ingénieuse. Dès qu'on a le genre nerveux véritablement attaqué, on est porté à se croire continuellement à la mort. Il faut tâcher d'ôter au malade cette idée, mais sans lui contester le malaise affreux et les souffrances insupportables de son état. Souvent on irrite, dans ce cas, avec l'intention de rassurer; on voudroit faire croire qu'on est malade imaginaire; ce qu'on ne persuadera jamais à une personne qui souffre des anxiétés, d'autant plus cruelles qu'elles sont inexplicables. D'ailleurs, il faut savoir distinguer les maux trop réels, causés et aggravés par l'imagination, d'avec les maux imaginaires, produits par une imbécille pusillanimité. Les gens qui ont mal aux nerfs sont toujours plus malades durant la nuit, parce que, seuls, livrés à eux-mêmes, ils réfléchissent douloureusement sur leur état ; alors ils sentent s'accélérer la battement du pouls, des artères et du cœur; les tressaillemens, les inquiétudes dans les jambes achèvent d'éloigner le sommeil, et l'on se croit à la mort. Il faudroit, quand on est couché, écarter de son imagination toute réflexion et même toute pensée attachante,

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