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CHAPITRE XVI.

Médecine domestique des enfans.

On a indiqué déjà le régime qui leur convient ; jamais de beurre dans les légumes et dans les sauces; point de champignons et d'épiceries, de viande salée; point de jus, de pâtisserie, etc. Les enfans jusqu'à sept ans ne doivent point manger de viande, mais on doit leur donner d'excellent bouillon, en potage et dans les légumes. Ils doivent faire quatre repas, à quatre ou cinq heures de distance les uns des autres; ou un déjeûner, un bon diner, un goûter, et un souper léger, ou deux déjeûners, un dîner, et un souper, toujours très-léger. Les heures de ces repas doivent être invariablement réglées. Jusqu'à sept ans, les enfans ne boiront point de vin. Et l'on peut assurer que par la suite, les enfans auroient une constitution plus saine, plus robuste, s'ils ne buvoient jamais de vin durant tout le temps de leur éducation.

Il faut, avant tout, bien étudier et bien connoître la constitution de l'enfant; s'il est maigre et bilieux, le fortifier doucement sans l'échauffer, ne lui point donner de laitage, etc. S'il est frais et sanguin, un régime toujours rafraîchissant, du laitage, etc. Il faut à tous les

enfans du mouvement et de l'exercice, mais sans fatigue; à chaque promenade engager les enfans à sauter et à courir, augmenter par gradation les courses et les sauts. Le grand art est d'accoutumer les enfans à la fatigue sans les fatiguer; c'est-à-dire, de les amener à faire sans lassitude des choses extraordinaires dans ce genre. Quand l'exercice fatigue, il énerve; il n'est salutaire, il ne fortifie, que lorsqu'il est toujours proportionné aux forces. Il faut aussi insensiblement accoutumer les enfans à coucher sur la dure, et dans tous les cas, ils doivent au moins ne coucher que sur des sommiers de crin, et dans des lits sans rideaux.

Rousseau veut qu'on n'apprenne rien aux enfans, et qu'on attende pour commencer à les instruire, qu'ils aient atteint l'adolescence. A ne considérer ce systême que relativement à la santé des enfans, il ne vaut rien. Car, puisqu'il faut les instruire un jour, il est nécessaire, dès leur première enfance, de les accoutumer gradativement à l'application, afin que lorsqu'on exigera des études longues et suivies, l'élève n'en soit pas rebuté, et qu'il ne succombe pas à cette espèce de fatigue, s'il a le courage de vouloir la supporter. Il est très-bon, pour épargner de la peine aux enfans, et pour mettre à profit tous les momens, de rendre autant qu'il est possible, leurs récréations instructives; mais en les amusant

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même utilement, il faut, par les raisons qu'on vient de dire, leur faire prendre l'habitude de l'application sans attrait, et par un pur esprit de docilité, de devoir et de raison. En même temps il faut toujours proportionner ces premiers essais d'application à la foiblesse de l'enfance. Trois quarts d'heure d'études sérieuses, à trois repri ses, trois leçons chacune d'un quart d'heure, avec de longs intervalles, suffisent depuis l'âge de cinq jusqu'à six (1); on ajoutera ensuite une leçon de plus. De huit à neuf, l'enfant ainsi conduit, supportera sans fatigue trois leçons d'une demi-heure, ce qui fera une heure et demie par jour, puis quatre, et toujours ainsi par gradation; mais dans aucun temps, durant son éducation, on ne le laissera assis et appliqué de suite plus d'une heure; on coupera les leçons plus longues, au bout d'une heure, par dix ou douze minutes de mouvement; il marchera, descendra un escalier; enfin il s'agitera, et reviendra ensuite reprendre sa leçon. On coupera aussi les leçons sérieuses par des exercices nécessaires que l'on saura placer dans ce dessein; la danse, et pour les garçons, les armes etc. Avec ces soins bien

(1) On aura commencé, dès qu'ils auront atteint l'âge de trois ans, à leur donner des petites leçons réglées à leur portée, de quelques minutes.

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réglés, bien dirigés, on obtiendra de la jeunesse une véritable application, une étude suivie et prodigieuse, et qui ne nuira jamais à sa santé.

A sept ans on commence à donner de la viande aux enfans, mais de la viande blanche, et seulement à dîner; à huit ans on ajoute de temps en temps du bœuf, et les autres viandes, à l'exception du porc.

On doit veiller le sommeil d'un enfant : quand il est agité, quand son appétit diminue, quand son visage change, quand ses secrétions naturelles ne sont pas bien réglées, et deviennent ou trop rares, ou trop abondantes, il est menacé d'une maladie que l'on peut toujours prévenir, quand on s'y prend à temps. Lorsqu'un enfant n'a point de vices de constitution, il doit vivre, la nature le veut; les sources et les germes de la vie sont en lui dans toute leur vigueur; l'intempérance, les veilles, les passions, n'ont pu les affoiblir encore; car je suppose qu'étant bien élevé, il ne sera ni colère, ni fantasque ; et dans ce cas, un enfant ne meurt jamais que d'une maladie épidémique (malheur qu'on ne peut souvent empêcher ), et il n'a toute autre maladie que par la négligence ou par l'ignorance de ceux qui le soignent. Les enfans n'ont des maladies (non épidémiques), ou ne dépérissent que lorsqu'on n'a pas su observer les petits changemens

qui surviennent dans leur santé, ou lorsqu'on les a drogués mal à propos.

Aussitôt qu'on observe la plus légère altéra, tion dans la santé d'un enfant, il faut lui retrancher un peu de nourriture, surtout la viande, le dissiper, l'égayer, sans avoir l'air de le croire malade; s'il est constipé, on le fera déjeûner avec du miel, souper avec des pruneaux : on pourra même employer les lavemens relâchans, etc. S'il a le dévoiement, on ne l'arrêtera point d'abord, on retranchera de son régime non-seulement toute viande, mais tout bouillon gras. On le nourrira avec du riz à l'eau, bien blanc, bien crevé, fait avec soin pour ne pas le dégoûter; avec des soupes au lait d'amandes, des perches à l'eau, quelques œufs frais du jour, de la compote de coings et de poires, etc. Au bout de trois jours, s'il n'y a point d'accident, on lui donnera pour boisson, à ses repas, de l'eau de riz légère, et à son déjeûner du sirop de gomme, un bon verre un peu fort de sirop dans lequel il trempera du pain. Son dévoiement bien passé, on lui fera prendre le matin à jeun un petit verre d'eau de rhubarbe, il en boira à dîner pendant quelques jours. Si l'appétit revient et l'état parfait de santé, on en restera là. Si la langue continuoit à être chargée, on le purgeroit bien doucement.

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