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lant, on paroît moins estimable; on est loué, mais déchiré, et même, en s'en tirant bien, on est rarement révéré; la vénération est le fruit particulier d'une haute considération. J'ai toujours remarqué que la considération est plus équitablement accordée en province que dans les villes capitales. A Paris, un bon cuisinier, une maison dans laquelle on donne des fêtes, influent beaucoup sur la considération, ou du moins attirent des égards qui peuvent y ressembler, ou en tenir lieu. En province on est plus délicat sur les procédés et sur la conduite on se voit de plus près, on se juge mieux, on est moins indulgent, parce que là, les travers, les torts et les vices ne se perdent point dans la foule. Aussi toute personne qui jouit en province d'une grande considération, est toujours une personne estimable. Sachez de bonne heure, mes enfans, apprécier de tels suffrages; nos voisins nous connoissent parfaitement, leurs censures sont sévères; mais jamais ils ne refusent leur approbation au mérite et à la vertu et croyez qu'un homme vicieux, ou seulement impertinent et dédaigneux, quels que soient son rang et sa fortune, n'obtiendra en province que des hommages forcés et quelques flatteries subalternes, mais qu'au fond, il n'y jouira jamais d'une véritable considération »>.

Ces réflexions terminèrent la soirée. Volnis partit pour Paris le lendemain; il laissa à sa famille le premier volume de sa Maison rustique, que l'on relut plusieurs fois durant son séjour à Paris, qui fut beaucoup plus long qu'on ne l'avoit prévu ; il y resta près d'un an : lorsqu'il revint, il trouva les bâtimens achevés; mais il fallut s'occuper des boiseries, des peintures, et ces travaux suspendirent encore pendant quelques mois les lectures de la Maison rustique. Au bout de ce temps, Volnis qui n'avoit pu terminer les affaires de son frère, fut obligé de retourner à Paris, il y resta aussi long-temps qu'à son premier voyage; enfin tout étant fini à sa satisfaction, il vola dans sa terre, et fut agréablement surpris en voyant son château entièrement achevé, et les plantations très-avancées. Il fut décidé que, selon les anciennes règles de la prudence, trop souvent négligées, on n'habiteroit le château que lorsque trois hivers, ayant passé sur les murs, auroient suffisamment séché les plâtres; il falloit attendre encore une année, qui s'écoula comme les précédentes dans la ferme de Girard. Pendant cette année, Elmire et Julie, qui depuis long-temps s'occupoient de l'ameublement du château, y travaillèrent plus assidûment que jamais avec l'aide de leurs femmes de chambre, de Jeanneton et de quelques

jeunes filles du village. On reprit les soirs la lecture de la Maison rustique, qui fut régulièrement continuée, comme on le verra dans les chapitres suivans.

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CHAPITRE XII.

De la médecine en général et de ses différens systêmes, et de la médecine domestique.

PUISQUE, dans toutes les Maisons rustiques, on a consacré quelques chapitres à la pharmacie et à la médecine domestique, je ne dois pas omettre ces articles importans, surtout à la campagne, où les secours prompts manquent si souvent. Je n'ai rien pris sur ce point dans ces ouvrages, j'ai formé mes chapitres de recettes éprouvées et particulières, la plupart de M. Tronchin (1), et d'extraits tirés des ouvrages de M. Herrenshwan, de Tissot, de M. Alibert, et d'un livre très-ancien, celui de madame Fouquet, mère du fameux surintendant. Cette femme vertueuse exerça pendant quarante ans la médecine pour les pauvres; médecine très-peu savante, qui consistoit en un grand nombre de recettes pour tous les maux possibles. Ces recettes n'ont été imprimées qu'après sa mort. Ainsi, lorsque, dans cet ouvrage, on trouve à plusieurs recettes des notes de madame Fouquet qui affirment que ces remèdes sont de la plus

(1) Premier médecin de la maison d'Orléans.

par

grande efficacité, on doit la croire, ce n'est point pour se faire valoir qu'elle donne cette assurance, puisqu'elle n'écrit que pour elle, et il est impossible de lui refuser sa confiance. Aussi la plupart de ces recettes ont été adoptées depuis les auteurs des Médecines domestiques, qui se sont bien gardés de parler de madame Fouquet on peut sans conséquence piller les ouvrages d'une femme; mais comment s'abaisser à les citer?..... Il faut pourtant convenir que la bonne madame Fouquet, en prescrivant un grand nombre d'excellens remèdes, en propose aussi de très-ridicules, et fait beaucoup de raisonnemens qui ne le sont pas moins (1). Cependant son livre est revêtu de l'approbation de la faculté de médecine de ce temps; et l'on comptoit alors de très-habiles médecins. On a fait de grands changemens dans la pratique de

(1) Je n'oserois pourtant pas affirmer que ces recettes fussent réellement ridicules, car on en trouve d'aussi étranges dans plusieurs ouvrages de médecine très-estimés. Par exemple, M. Tissot, dans son Avis au peuple, propose comme un bon remède contre le mal de dents, de s'enduire de miel tout le visage. Et dans l'Encyclopédie, un grand médecin proteste qu'un remède certain contre l'incontinence d'urine la nuit durant le sommeil, pour les enfans, et même pour les adultes, qui ont cettę infirmité, c'est de manger des souris.

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