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grands Empires, savoir, celui des Assyriens, celui des Perses, et celui des Macédoniens, se sont élevés presque tout d'un coup, par des accidens favorables, et par le succès rapide de leurs armes; mais l'Empire Romain s'est aggrandi par degrès, et a surmonté les difficultés qui s'opposoient à son aggrandissement, autant par sa vertu, et par sa sagesse, que par ses

armes.

Rome, qui fut dans la suite la maîtresse du monde, n'étoit d'abord, comme vous le savez, qu'une petite ville fondée par Romulus, son premier Roi, à la tête d'un petit nombre de bergers et d'aventuriers, qui se rangèrent sous lui, et dans le premier dénombrement que Romulus fit du peuple, c'est à dire, la première fois qu'il fit compter le nombre des habitants, ils ne montoient qu'à trois mille hommes de pied, et trois cents chevaux, au lieu qu'à la fin de son règne, qui dura trente sept ans, il y avoit quarante six mille hommes de pied, et mille chevaux.

Pendant les deux cents cinquante premières années de Rome, c'est à dire, tout le tems qu'elle fut gouvernée par des Rois, ses voisins lui firent la guerre, et tachèrent d'étouffer dans sa naissance, un peuple, dont ils craignoient l'aggrandissement, conséquence naturelle de sa vertu, de son courage, et de

sa sagesse.

Rome donc employa ses deux cents cinquante premières années à lutter contre ses plus proches voisins, qu'elle surmonta; et deux cents cinquante autres, à se rendre maîtresse de l'Italie; de sorte qu'il y avoit cinq cents ans, depuis la foundation de Rome, jusqu'à ce qu'elle devint maîtresse de l'Italie. Ce fut seulement dans les deux cents années suivantes qu'elle se rendit la maîtresse du monde, c'est à dire sept cents ans après sa fondation.

TRANSLATION.

I AM glad to hear you study the Roman history; for, of all ancient histories, it is the most instructive, and furnishes most examples of virtue, wisdom, and courage. The other great Empires, as the Assyrian, Persian, and Macedonian, sprung up almost of a sudden, by favourable accidents, and the rapidity of their conquests; but the Roman Empire extended itself gradually, and surmounted the obstacles that opposed its aggrandizement, not less by virtue and wisdom, than by force of arms.

Rome, which at length became the mistress of the world, was (as you know) in the beginning but a small city, founded by Romulus, her first King, at the head of an inconsiderable number of herdsmen and vagabonds, who had made him their Chief. At the first survey Romulus made of his people; that is, the first time he took an account of the inhabitants, they amounted only to three thousand foot and three hundred horse; whereas, towards the end of his reign, which lasted thirty seven years, he reckoned forty-six thousand foot, and one thousand horse.

During the first two hundred and fifty years of Rome, as long as it was governed by Kings, the Romans were engaged in frequent wars with their neighbours; who endeavoured to crush in its infancy a state whose future greatness they dreaded, as the natural consequence of its virtue, courage, and wisdom.

Thus Rome employed its first two hundred and fifty years in struggling with the neighbouring States, who were in that period entirely subdued; and two hundred and fifty more in conquering the rest of Italy: so that we reckon five hundred years

from the foundation of Rome to the entire conquest of Italy. And in the following two hundred years she attained to the Empire of the World; that is, in seven hundred years from the foundation of the city.

LETTER XIII.

ROMULUS, qui (comme je vous l'ai déjà dit) étoit le Fondateur, et le premier Roi de Rome, n'ayant pas d'abord beaucoup d'habitans pour sa nouvelle ville, songea à tous les moyens d'en augmenter le nombre, et pour cet effet, il publia qu'elle serviroit d'asyle, c'est à dire, de refuge et de lieu de sûreté pour ceux qui seroient bannis des autres villes d'Italie. Cela lui attira bien des gens qui sortirent de ces villes, soit à cause de leurs dettes, soit à cause des crimes qu'ils y avoient commis: car un asyle est un endroit qui sert de protection à tous ceux qui y viennent, quelque crime qu'ils aient commis, et on ne put les y prendre ni les punir. Avouez qu'il est assez surprenant que d'un pareil amas de vauriens et de coquins, il en soit sorti la nation la plus sage et la plus vertueuse qui fut jamais. Mais c'est que Romulus y fit de si bonnes loix, inspira à tout le peuple un tel amour de la patrie, et de la gloire, y établit si bien la religion, et le culte des Dieux, que pendant quelques centaines d'années ce fut un peuple de Héros, et de gens vertueux.

TRANSLATION.

ROMULUS, who (as I have already told you) was the founder and first King of Rome, not having sufficient inhabitants for his new city, considered every method by which he might augment their number;

and to that end, he issued out a proclamation, declaring, that it should be an asylum, or, in other words, a sanctuary and place of safety, for such as were banished from the different cities of Italy. This device brought to him many people, who quitted their respective towns, whether for debt, or on account of crimes which they had committed: an asylum being a place of protection for all who fly to it; where, let their offences be what they will, they cannot be apprehended nor punished. Pray, is it not very astonishing, that, from such a vile assemblage of vagrants and rogues, the wisest and most virtuous nation, that ever existed, should deduce its origin? The reason is this; Romulus enacted such wholesome laws, inspired his people with so great a love of glory and their country, and so firmly established religion, and the worship of the Gods, that, for some succeeding ages, they continued a nation of Heroes and virtuous men.

LETTER XIV.

Je vous ai déjà souvent parlé de la nécessité qu'il y a de savoir l'histoire à fond; mais je ne peux pas vous le redire trop souvent. Cicéron l'appelle avec raison; Testis temporum, lux veritatis, vita memoriæ, magistra vitæ, nuntia vetustatis. Par le secours de l'histoire un jeune homme peut, en quelque façon, acquérir l'expérience de la vieillesse; en lisant ce qui a été fait, il apprend ce qu'il a à faire, et plus il est instruit du passé, mieux il saura se conduire à

l'avenir.

De toutes les Histoires anciennes, la plus intéressante, et la plus instructive, c'est l'histoire Romaine. Elle est la plus fertile en grands hommes, et en

grands événemens. Elle nous anime, plus que toute autre, à la vertu; en nous montrant, comment une petite ville, comme Rome, fondée par une poignée de Pâtres et d'Aventuriers, s'est rendue dans l'espace de sept cents ans maîtresse du monde, par le moyen de sa vertu et de son courage.

C'est pourquoi j'en ai fait un abrégé fort en raccourci. Pour vous en faciliter la connoîssance, et l'imprimer d'autant mieux dans votre esprit, vous le traduirez, peu à peu, dans un livre que vous m'apporterez tous les Dimanches.

Tout le tems de l'histoire Romaine, depuis Romulus jusqu'à Auguste, qui est de sept cents vingt trois ans, peut se diviser en trois parties.

La première est sous les sept Rois de Rome, et dure deux cents quarante quatre ans.

La seconde depuis l'établissement des Consuls et l'expulsion des Rois, jusqu'à la première Guerre Punique, est aussi de deux cents quarante quatre

ans.

La troisième s'étend, depuis la première Guerre Punique jusqu'au règne d'Auguste, et elle dure deux cents trente cinq ans; ce qui fait en tout, les sept cents vingt trois ans, ci-dessus mentionnés, depuis sa fondation, jusqu'au règne d'Auguste.

Sous le règne d'Auguste, Rome étoit au plus haut point de sa grandeur, car elle étoit la Maîtresse du Monde; mais elle ne l'étoit plus d'elle-même; ayant perdu son ancienne liberté, et son ancienne vertu. Auguste y établit le Pouvoir absolu des Empereurs, qui devint bien-tôt une tyrannie horrible et cruelle sous autres Empereurs ses successeurs, moyennant quoi, Rome déchût de sa grandeur en moins de tems qu'elle n'en avoit pris pour y monter.

Le premier gouvernement de Rome fut Monarchique, mais une Monarchie bornée, et pas absolue, car le Sénat partageoit l'autorité avec le Roi. Le Royaume étoit électif, et non pas héréditaire,

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