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Un jour donc l'ayant rencontrée dans les champs, il la poursuivit, dans le dessein de la forcer. Daphné courût de son mieux pour l'éviter; mais à la fin, n'en pouvant plus, Apollon étoit sur le point de la prendre dans ses bras; quand les Dieux qui approuvoient sa vertu, et plaignoient son sort, la changèrent en Laurier; de sorte qu'Apollon, qui croyoit embrasser sa chère Daphné, fut bien surpris de trouver un arbre entre ses bras. Mais pour lui marquer son amour, il ordonna que le Laurier seroit le plus honorable de tous les arbres, et qu'on en couronneroit les Guerriers victorieux, et les plus célèbres Poëtes: ce qui s'est toujours fait depuis chez les anciens. Et vous trouverez même souvent dans les Poëtes modernes, Lauriers pour Victoires. Un tel est chargé de Lauriers, un tel a cueilli des Lauriers, dans le champ de battaille. C'est à dire, il a remporté des victoires; il s'est distingué par sa bravoure. J'espère qu'avec le tems vous vous distinguerez aussi par votre courage. C'est une qualité très-nécessaire à un honnête homme, et qui d'ailleurs donne beaucoup d'éclat. Adieu.

TRANSLATION.

MY DEAR CHILD,

I SENT you, in my last, the story of Atalanta*, who could not resist the temptation of Gold. I will now give you the story of a woman, with whom no temptation whatever had any power; this was Daphne, daughter to the river Peneus. Apollo was violently in love with her; and Apollo was, as you know, a very accomplished God; for he was young and handsome; besides which, he was God of the Sun, of Music, and of Poetry. These are brilliant qualities; but, notwithstanding, the nymph was coy, and the lover unsuccessful.

*Which cannot be found.

One day, having met with her in the fields, he pursued, in order to have forced her. Daphne, to avoid him, ran as long as she was able; but at last, being quite spent, Apollo was just going to catch her in his arms, when the Gods, who pitied her fate, and approved her virtue, changed her into a Laurel; so that Apollo, instead of his dear Daphne, was surprised to find a tree in his arms. But, as a testimony of his love, he decreed the Laurel to be the most honourable of all trees; and ordained victorious Warriors, and celebrated Poets to be crowned with it: an injunction which was ever afterwards observed by the ancients. You will even often find, among the modern Poets, Laurels for victories. Such-a-one is loaded with Laurels; such-a-one has gathered Laurels in the field of battle. This means, he has been victorious, and has distinguished himself by his bravery. I hope that, in time, you too will be famous for your courage. Valour is essential to a gentleman; besides that it adds brilliancy to his character. Adieu.

LETTER IX.

MON CHER ENFANT,

A Bath, ce 30me Sept. 1738. Je suis bien-aise d'apprendre que vous êtes revenu gai et gaillard de vos voyages. La danse de trois jours que vous avez faite ne vous aura pas tant plû, que celle que vous allez recommencer avec votre maître à danser.

Comme je sais que vous aimez à apprendre; je présuppose que vous avez repris votre école; car le tems étant precieux, et la vie courte, il n'en faut pas perdre. Un homme d'esprit tire parti du tems, et le met tout à profit, ou à plaisir; il n'est jamais sans faire quelque chose, et il est toujours occupé

ou au plaisir, ou à l'étude. L'oisiveté, di-ton, est la mère de tous les vices; mais au moins est-il sûr qu'elle est l'appanage des sots, et qu'il n'y a rien de plus méprisable qu'un fainéant. Caton le Censeur, un vieux Romain, d'une grande vertu, et d'une grande sagesse, disoit qu'il n'y avoit que trois choses dans sa vie dont il se repentoit; la première étoit, d'avoir dit un secret à sa femme; la seconde, d'être allé une fois par mer, là où il pouvoit aller par terre; et la dernière, d'avoir passé un jour sans rien faire. De la manière que vous employez votre tems, j'avoue que je suis envieux du plaisir que vous aurez, de vous voir bien plus savant, que les autres garçons plus âgés que vous. Quel honneur cela vous fera; quelle distinction; quels applaudissemens vous trouverez par tout! Avouez que cela sera bien flatteur. Aussi c'est une ambition très-louable, que de les vouloir surpasser en mérite et en savoir. Au lieu que de vouloir surpasser les autres seulement en rang, en dépense, en habits, et en équipage, n'est qu'une sotte vanité, qui rend un homme fort ridicule.

Reprenons un peu nôtre Géographie, pour vous amuser avec les cartes, car à cette heure, que les jours sont courts, vous ne pourrez pas aller à la promenade les après-dîners, il faut pourtant se divertir; rien ne vous divertira plus que de regarder les cartes. Adieu! vous êtes un excellent petit garçon. Faites mes complimens à votre Maman.

TRANSLATION.

MY DEAR CHILD, Bath, September the 30th, 1738. I AM very glad to hear, that you are returned from your travels well, and in good humour. The three days dance which you have borne, has not, I believe, been quite so agreeable as that which you are now going to renew with your dancing master.

As I know you have a pleasure in learning, I take it for granted that you have resumed your studies; for time is precious, life short, and consequently one must not lose a single moment. A man of sense knows how to make the most of time, and puts out his whole sum, either to interest or to pleasure; he is never idle; but constantly employed either in amusements or in study. It is a saying, that idleness is the mother of all vice. At least, it is certain, that laziness is the inheritance of fools; and nothing so despicable as a sluggard. Cato the Censor, an old Roman of great virtue and much wisdom, used to say, there were but three actions of his life which he regretted. The first was, the having told a secret to his wife; the second, that he had once gone by sea when he might have gone by land; and the third, the having passed one day without doing any thing. Considering the manner in which you employ your time, I own that I am envious of the pleasure you will have in finding yourself more learned than other boys, even those who are older than yourself. What honour this will do you! What distinctions, what applauses will follow, wherever you go! You must confess that this cannot but give you pleasure. The being desirous of surpassing them in merit and learning is a very laudable ambition; whereas the wishing to outshine others in rank, in expense, in clothes, and in equipage, is a silly vanity, that makes a man appear ridiculous.

Let us return to our Geography, in order to amuse ourselves with maps. Now the days are short, you cannot walk out in the evening; yet one must amuse one's self; and there is nothing so entertaining as maps. Adieu! you are an excellent little boy. Make my compliments to your Mamma.

VOL. I.

D

LETTER X.

MON CHER ENFANT, A Bath, ce 4me d'Oct. 1738. Vous voyez bien, qu'en vous écrivant si souvent, et de la manière dont je le fais, je ne vous traite pas en petit enfant, mais en garçon qui a de l'ambition, et qui aime à apprendre, et à s'instruire. De sorte que je suis persuadé qu'en lisant mes lettres, vous faites attention, non seulement à la matière qu'elles traitent, mais aussi à l'orthographe, et au style. Car il est très-important de savoir bien écrire des lettres; on en a besoin tous les jours dans le commerce de la vie, soit pour les affaires, soit pour les plaisirs, et l'on ne pardonne qu'aux Dames des fautes d'orthographe et de style. Quand vous serez plus grand, vous lirez les Epîtres, (c'est à dire les lettres) de Cicéron, qui sont le modèle le plus parfait de la manière de bien écrire. A propos de Cicéron, il faut vous dire un peu, qui il étoit; c'étoit un vieux Romain, qui vivoit il y a dix-huit cents ans: homme d'un grand génie, et le plus célèbre Orateur qui ait jamais été. Ne faut-il pas, par parenthèse, vous expliquer ce que c'est qu'un Orateur? Je crois bien qu'oui. Un Orateur donc, c'est un homme qui harangue dans une assemblée publique, et qui parle avec eloquence, c'est à dire, qui raisonne bien, qui a un beau style, et qui choisit bien ses paroles. Or jamais homme n'a mieux fait toutes ces choses que Cicéron; il parloit quelquefois à tout le peuple Romain, et par son éloquence il leur persuadoit tout ce qu'il vouloit. Quelquefois aussi il entreprenoit les procès de ses amis, il plaidoit pour eux devant des Juges, et il manquoit rarement d'emporter leurs suffrages, c'est à dire, leurs voix, leurs décisions, en sa faveur. Il avoit rendu de grands services à la République Romaine, pendant qu'elle jouissoit de sa liberté; mais

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