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moment où il se présentera un acquéreur qui portera lesdits biens au prix fixé par l'estimation des experts. >]

Observations sur la séance du 17 mars.

• Si le décret, dit Loustalot, que l'assemblée nationale vient de rendre sur l'achat proposé par la municipalité de Paris était définitif, et qu'elle eût cru y trouver une ressource contre nos besoins actuels, je me garderais de proposer aucune réflexion sur ce projet ; je me bornerais à faire des vœux pour qu'il réussît; j'y concourrais même de tous mes moyens. Mais, puisque le décret n'a pour objet que d'ouvrir une négociation entre un cɔmité de ses membres et le bureau de la ville de Paris, rien ne doit empêcher de publier des réflexions qui pourront n'être pas inutiles aux commissaires de l'assemblée nationale....

› Je demande d'abord quel est le principal avantage de ce plan. Selon M. Thouret, dont l'opinion a entraîné tous les suffrages, il exproprie le clergé ; et par là on donne de la confiance aux assignats : chimère, illusion, folie. La municipalité elle-même ne demande qu'une vente fictive. Or, qu'est-ce qu'une vente fictive faite à un corps moral pour un prix éventuel? Il n'y a qu'une vente réelle, qu'un prix réel et employé à l'extinction de la dette nationale, qui puisse faire naître la confiance. Eh quoi ! la nation aurait besoin du crédit des municipalités! on aimerait mieux acquérir d'une municipalité que de la nation!

› Quelle est la vraie cause de la défiance?... C'est que l'on craint une contre-révolution; c'est que les aristocrates disent hautement que cela ne tiendra pas; c'est qu'ils font des préparatifs hostiles; c'est que les vrais patriotes sont persécutés, réduits au silence par les soi-disans patriotes; et que de tous ces indices, le capitaliste conclut qu'il ne doit pas acquérir. Il entrevoit la possibilité du retour à l'ancien ordre de choses; il conclut de l'insolence des aristocrates et de l'oppression des chauds patriotes, que ceux même qui paraissent servir la révolution, pourraient, avant peu, remettre le clergé en possession de tous ses biens, et

le dépouiller, lui, quoique acquéreur de bonne foi, et par le titre authentique.

› On voit dès-lors ce qu'il faut faire pour rassurer, pour inviter les acquéreurs : créer un vrai tribunal national; couper aux aristocrates tout moyen de nuire, et surtout achever la constitution.

› Si, au lieu de commencer par mettre en vente des maisons qui, de leur nature, exigent de gros frais de réparation et de régie, on eût mis à l'encan des champs et d'autres objets en culture,.... on aurait trouvé promptement des acquéreurs en morcelant les terres..... Les maisons religieuses des villes, au contraire, ne sont à la convenance de personne.....

Prenez leçon du petit marchand qui a divers objets à vendre. Il ne dit pas je vendrai tel objet : il ouvre boutique; et il livre l'objet dont on lui offre de l'argent, si l'objet lui convient.

› Ouvrez un bureau où tous les citoyens puissent faire des soumissions pour les objets qui sont à leur convenance; vous vendrez ensuite, à la chaleur des enchères, les objets pour lesquels vous aurez déjà reçu des offres; et vous n'aurez point à vous épuiser en frais, à vous morfondre en attendant les acheteurs: vous clorrez les ventes, quand le produit s'élevera à 400 millions.....

Résumons. Le plan du bureau de la ville de Paris n'exproprie pas le clergé ; la vente peut être faite par la nation directement, en employant les municipalités pour agens. Les effets municipaux sont une espèce de papier-monnaie qui n'a qu'une garantie idéale. Ils auraient un privilége sur un fonds qui serait déjà hypothéqué. Le produit annuel de la vente sera presque absorbé par la prime, les réparations et les charges. Il y a des avantages évidens à vendre les biens ruraux en rapport. Il faut proposer en vente, par préférence, ceux dont les citoyens offriront de l'argent, afin d'être sûr des acquéreurs; il faudrait les morceler, afin de faciliter les achats. Les billets de caisse qui grèvent le public ne seraient retirés que pour un instant, et non pas en entier; l'émission de ces billets pourrait mettre en danger les fortunes particulières, parce que cette émission n'est point limitée; elle pourrait

mettre en danger la liberté publique, parce qu'il est déjà prouvé que la caisse prète au ministère sans le vœu de la nation. »

Il faut ajouter que Loustalot affirme que ce projet avait été soufflé à Bailly par un architecte qui était membre de la commune, et qui en voulait faire son affaire. (Révolutions de Paris.)

Examinons maintenant les réflexions de l'auteur des Révolutions de France et de Brabant sur cette séance. Il l'examine sous un autre point de vue : c'est de la question diplomatique que Desmoulins s'occupe.

M. Rabaud de Saint-Étienne, prêtre marié, président de cette quinzaine, a fait lecture d'une lettre qui lui a été adressée par M. de Montmorin....

« C'était l'heure de la lecture du procès-verbal : il n'était que dix heures. Qu'est-ce ceci? Notre commandant-général, quand il a le temps de faire une apparition à l'assemblée nationale, n'a pas coutume d'y arriver si matin. Je n'examine point si le maire ou le général ont droit de monter à la tribune de l'assemblée nationale; il n'y a pas incompatibilité. Écoutons seulement ce que Pompée va dire dans le sénat. Il tire de sa poche un discours et une motion par écrit, que sa brièveté rendait facile à retenir et il dit.... etc. (Voyez plus haut.)

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J'en demande pardon à M. de la Fayette, que je m'honore infiniment d'avoir pour un de mes souscripteurs; mais je ne lui cacherai pas que sa motion a pénétré de douleur tous les patriotes. Non, ce n'est pas vous, M. de la Fayette, qui avez pu écrire ce discours sorti de votre poche et non de votre tête.... Ce n'est point là votre style, et encore moins la doctrine que je vous ai entendu professer. Vos paroles ne sont pas un airain sonnant, et une cymbale retentissante comme celles des Malouet et des J.-F. Maury: elles sont d'une toute autre conséquence; et ce discours nous aurait jetés dans la consternation, si quelque chose pouvait consterner des Romains. Comment n'avez-vous pas vu qu'il n'y a presque pas un seul mot qui ne vous accuse?

> Que dites-vous, que le peuple français doit des vœux au peuple de Belgique? des vœux à ce peuple qui, à notre exemple,

a brisé ses fers! de stériles vœux à ce peuple qui va couvrir notre liberté du rempart de la sienne!....

› Personne ne respecte plus que moi les membres du congrès belgique. Tant pis; car ces deux coryphees, Van-der-Nott et VanEupen sont des membres fort méprisables.....

> On doit examiner ici deux choses. Non, il n'en fallait examiner qu'une: que c'est un peuple qui écrit à un peuple....

» Qui ne voit, qu'au lieu de renvoyer les deux députés, le président devait leur répondre : Les Belges sont nés à la liberté en même temps que nous; ils sont nos amis, nos frères; nous sommes prêts à vous accueillir lorsque vous aurez présenté vos pouvoirs, lorsque nous verrons qu'ils émanent du souverain. Voilà ce qu'il était de la justice, de la sagesse, de la dignité de l'assemblée nationale de répondre. De sa justice, parce qu'il est souverainement injuste de ne pas reconnaître ce premier principe, qu'un peuple est libre de changer la forme de son gouvernement. De sa sagesse, parce que l'intérêt de la France est que ses voisins imitent son exemple, et que leur indépendance auxiliaire fortifie la ligue des peuples contre celle des rois. De sa dignité, parco que lorsque le despotisme en France a reconnu, en 1777, l'indépendance des Américains, ce serait le comble de la pusillanimité et de l'opprobre qu'en 1790 la liberté n'osat tendre aux Belges une main fraternelle.....

> Mais où trouver des expressions pour peindre la juste indignation que m'inspire cette proposition qu'on a osé faire à l'assemblée nationale, de déclarer qu'elle ne peut mieux faire que de s'en rapporter à la sagesse et aux sentimens connus du roi?...

> Quoi! l'assemblée ne peut mieux faire que de s'en rapporter à la sagesse de Louis XVI!..... Elle ne peut mieux faire que de s'en rapporter au beau-frère du tyran détrôné des Belges!.... Elle ne peut mieux faire que de s'en rapporter à ce roi qui, au mois de janvier, a déclaré qu'il n'était ni de sa justice, ni de sa sagesse, ni de sa dignité d'ouvrir la lettre du peuple brabançon, séparant ainsi sa justice, sa sagesse et sa dignité de la justice, de la sagesse et de la dignité du peuple français ! Elle ne peut

mieux faire que de s'en rapporter aux sentimens connus, au zèle pour la liberté..... Grand Dieu! les sentimens connus des SaintPriest, des Necker, des de la Luzerne !....

› Il faut répéter, à l'honneur de l'assemblée nationale, qu'il n'était que dix heures du matin; que les Mirabeau l'aîné, les Lameth, les Barnave, les Robespierre, et la plupart des députés dont les noms sont au livre de vie, n'étaient pas arrivés. C'était une embuscade du général la Fayette, qui était tombée à l'improviste sur les Jacobins.....

› On passa à l'ordre du jour..... Il est bien incroyable que M. de la Fayette, qui est si affable, qui a toujours le chapeau à la main et salue tout le monde, ait fait à deux envoyés d'une nation l'impolitesse de les mettre hors de l'assemblée nationale par les épaules.

› Peut-être cette conduite de M. de la Fayette a-t-elle une sagesse cachée que tout le monde n'aperçoit pas. Il y a, dit quelque part Target, comme une seconde raison plus parfaite, reculée dans le fond de la méditation et de l'expérience. Celle-là guide et inspire le grand homme à qui il est donné de gouverner les empires. Peut-être M. de la Fayette a-t-il cette politique transcendante; peut-être a-t-il ici, comme Fabius, le mérite suprême de sacrifier jusqu'à sa réputation à l'amour de la patrie : il dédaigne l'opinion du moment pour sauver l'Etat. Quant à moi, qui n'ai point cette vue d'aigle, et qui fais consister toute la politique dans le sens commun, j'ai vu cette motion du même œil que MM. Dupont de Nemours et Péthion (deux orateurs qui parlèrent contre. quoique le Moniteur ne dise pas un mot de leurs discours)..... j'ai cru voir une accablante vérité. › (Révolutions de France et de Brabant, no 18, p. 194 à 105.)

Cette affaire terminée, ainsi que celle des gabelles, comme nous l'avons déjà vu, l'assemblée continua à s'occuper d'impôts. Elle vota, le 22, en une seule séance, les droits sur la marque des cuirs, sur la fabrication des huiles, savons et amidons, sur les contributions dues par les villes. Elle traita des moyens d'aug

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