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Un soldat et un grenadier ont attesté ces faits en mourant......... Noyelle disait aux officiers que la guerre civile et la dissolution de l'assemblée nationale étaient le seul moyen de ne pas payer le quart de leurs appointemens. Enfin, Livarot voulait bannir de Lille deux régimens qui y sont aimés, et livrer la citadelle aux deux autres, qui y étaient alors suspects, et sur lesquels il croyait pouvoir compter, (Nous donnerons bientôt les détails de cette affaire.)

› Ce concours faisait espérer à nos ennemis le succès de leur complot..... Aussi ont-ils parlé de séparation et de protestation, Depuis ce temps, ils ont tenu à l'archevêché des assemblées ou sabbats nocturnes.

Hier matin, ils ont tout tenté pour empêcher le décret qui va déclarer la nation propriétaire des biens du clergé.... Dieu ne vous a-t-il pas dit: Quittez tout et suivez-moi...

› Mais on connaît l'artifice des prêtres aristocrates : ils veulent, si la religion est déclarée nationale, en conclure qu'on ne peut priver le clergé de ses fonds territoriaux, et si la motion est rejetée, crier à l'impiété, au sacrilége, et faire lapider par des fanatiques, par un peuple trompé, les défenseurs du peuple, les membres les plus distingués de l'assemblée.

Nous les tenons, disait l'abbé Maury hier sur la terrasse des Tuileries, eto (Suivent les détails que nous avons racontés et que nous avons pris dans d'autres journaux. Ils présentent une conformité remarquable et qui prouve que les journalistes étaient bien instruits.)

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› D'autres sujets d'alarmes sont encore mêlés à ceux que je viens d'exposer des sommes considérables sont sorties depuis quelques jours du trésor-royal, et la garde nationale a arrêté hier dix-sept tonnes d'argent qu'on emportait. Les chevaux de l'écurie sont prêts.

› Voilà, citoyens, les craintes qu'un véritable ami de la chose publique a voulu vous exposer. Ces terreurs ne sont pas vaines; cependant, rien de plus facile que de déjouer l'aristocratie: ne ramassons pas la pomme de discorde qu'elle veut nous jeter, et

tout ira bien, Tel est l'extrait de plusieurs discours, de plusieurs lettres et de plusieurs avis donnés à la Société des amis de la constitution (club des Jacobins), le 12 de ce mois, à neuf heures du soir. (Annales patriotiques, n° 196,)

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On sent que la lecture de tels articles devait faire craindre aux autorités municipales des troubles encore plus grands que ceux qui avaient lieu. L'ordre de maintenir le doublement des postes et les gardes autour de l'assemblée, fut donc réitéré le treize au soir. De plus, ou fit fermer le jardin des Tuileries. Cet état de choses dura deux jours.

Cependant, ce même jour 15, au soir, il y eut encore une assemblée aux Capucins. Elle décida qu'elle ne protesterait point, mais qu'elle ferait une déclaration. La rédaction en fut confiée à MM. Huot, Virieu et l'évêque de Nancy.

SÉANCE DU MERCREDI 14 AVRIL.

[Sur la lecture du procès-verbal, M. Goupil de Préfeln demande que la motion faite par M. de Foucault, relativement à l'éloignement de la garde nationale, y soit insérée.

M. l'abbé d'Eymard. Il faut y mettre aussi le commencement de l'opinion de M. de Foucault: l'événement a trop justifié nos craintes.

L'assemblée, consultée, décide que, conformément au décret d'hier, on commencera sans délai l'ordre du jour,

M. de Cazalès. L'assemblée nationale ne m'empêchera pas de parler et de témoigner ma reconnaissance à la garde nationale, qui a sauvé la vie....

M. l'abbé Maury entre; la droite de l'assemblée l'applaudit; les prêtres l'embrassent.

M. de Cazalès parle toujours.

M. Guillaume. Monsieur le président, faites donc exécuter le décret que l'assemblée vient de rendre. M. de Cazalès insiste. -La partie droite de l'assemblée s'oppose à l'exécution du décret.

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M. le curé de Cuiseaux paraît à la tribune. — M. l'évêque de Nancy l'interrompt plusieurs fois.

M. le président. A peine l'assemblée commence-t-elle, que le tumulte règne. Le clergé a demandé à parler; M. de Cazalès n'a pu se faire entendre: son intention était de voter des remerciemens.....

Cent voix. Nous ne vous demandons pas de nous présenter la motion de M. de Cazalès.¦

M. le président. Je demande qu'on délibère sur la demande de la parole faite par le clergé pour l'ordre de deux heures.

M. Lavie. Tous ceux qui parlent ou qui crient veulent nous empêcher de délibérer. Je demande que l'on décide par oui ou par non, que les articles qui sont à l'ordre du jour seront décrétés sans désemparer...... Monsieur le président, mettez ma motion aux voix ; je vous en somme, puisqu'il faut vous en sommer. La grande majorité appuie cette motion.

M. le comte de Montlausier. Puisqu'on a discuté pendant trois jours, je demande qu'on aille sur-le-champ aux voix sur les articles proposés.

M. Lavie. Cette motion est insidieuse: on voudrait pouvoir dire que le décret n'a pas été discuté.

M. le président met la question aux voix. A la première partie, la grande majorité se lève; à la contre-partie, les membres qui sont placés à la droite du président ne se lèvent pas, et disent: « Nous ne délibérerons pas. ›

M. le curé de Cuiseaux. Il s'agit d'une réforme générale de cet empire: que d'abus vous avez à attaquer! Armez-vous du glaive de la justice, des armes de la sagesse; frappez tous les abus. Hélas! ils avaient investi le trône après avoir déshonoré le sacerdoce! Le roi les a repoussés loin de lui; et le clergé, le vrai clergé, les ecclésiastiques utiles, vous invitent à les proscrire à jamais du sanctuaire. Mais quel moyen prendrez-vous? Votre comité annonce qu'il sera fait des réglemens sur l'administration des biens nationaux, je veux dire des biens domaniaux et ecclésiastiques. Je vais en présenter un. J'examinerai l'administration

primitive de l'Eglise, et ce en quoi elle s'est écartée des conciles. La partie droite observe que l'opinant n'est pas dans la question.

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M. le curé de Guiseaux reprend : Distinguons la puissance temporelle et la puissance ecclésiastique. La morale, la discipline intérieure, voilà le district de l'Eglise. Le reste appartient à l'Etat. La nation a à sa disposition les biens ecclésiastiques; elle peut en disposer dans les principes du clergé; elle doit en avoir l'administration: cette assertion est encore conforme aux principes du clergé.......... Si on m'interrompt, je citerai tous les conciles les uns après les autres. La nation s'est chargée des dettes du clergé ; elle est donc propriétaire des biens du clergé.... On s'est continuellement écarté des décisions ecclésiastiques les plus solennelles.

En 1614, l'assemblée du clergé demanda que le clergé fût rappelé à son institution primitive. Eh bien! voyons si tout a été remis dans l'ordre. Qui oserait me dire que le tiers des biens de l'Eglise a été donné aux pauvres ; que l'autre tiers a été consacré à l'entretien des églises; que les prêtres du second ordre ont été équitablement salariés? Ainsi, depuis plus de 130 ans le clergé a joui de 70 millions de biens dont il n'était pas propriétaire. On a invoqué des priviléges pour quelques églises. Qu'on lise donc saint Paul, on verra que les biens d'une église doivent concourir à satisfaire les besoins d'une autre. Nous ne sommes ici que pour le temporel, et nous devrions peut-être n'y pas être. A une assemblée d'Aix-la-Chapelle, convoquée par Charlemagne l'an 802, le clergé convint que ni les prêtres ni les moines ne devaient se ́mêler de la police temporelle; il se borna à examiner si les canons et les réglémens de discipline avaient été exécutés. Comment peut-on dire que l'on fait une injustice au clergé en le ramenant dans sa classe véritable? Mais si la confiance du peuple nous appelle dans les assemblées politiques, répondons à cette confiance, et ne nous permettons point d'intriguer; point de cabales, point de menées sourdes. — J'adopte les articles proposés, sauf les amendemens.

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On demande et on ordonne l'impression de ce discours.

M. l'abbé Gouttes. Je ne m'éleverai pas contre l'opinion du préopinant; je gémis depuis long-temps sur les abus que, malgré tant d'instance pour leur réforme, on a vu remonter de siècle en siècle. Charlemagne avait ordonné qué là dîme appartiendrait à celui qui dirait la messe et qui baptiserait les enfans. A qui a-telle appartenu jusqu'à nos jours? Il avait ordonné une meilleure distribution des paroisses; leur distribution vicieuse n'a pas cessé d'exister. En effet, où elles sont de trop d'étendue, le pasteur ne peut porter à temps ses secours à ses paroissiens; où elles sont trop petites, le pasteur reste dans l'oisiveté, qui bientôt fait naître tous les vices, s'il n'est vertueux au plus haut degré.

(Il s'élève des murmures..) Vous n'y gagnerez rien; je dirai la vérité. Je dirai qu'on aurait moins calomnié le clergé, et qu'on aurait béni la religion, si les ecclésiastiques se fussent respectés davantage. Je dirai avec Fleury, que pendant les persécutions, les prêtres, n'ayant pas l'administration de leur église, étaient vraiment vertueux; mais les persécutions cessèrent, alors ils devinrent des pasteurs mercenaires, s'engraissèrent de la subsistance de leur troupeau et l'abandonnèrent aux loups. Je disais, il y a onze ans au roi, ce que je dis en ce moment à la nation. (L'opinant lit un mémoire, dans lequel il retrace les différens abus, et discute le droit qu'a la nation de les réformer.) Quand les législateurs réprimeront les abus, quand ils supprimeront les bénéfices simples, quand ils réduiront les ecclésiastiques à un traitement particulier.... Les législateurs ne feront rien de mauvais; ils agiront, non comme des hommes, mais comme des anges envoyés sur la terre pour rétablir les vertus ecclésiastiques, que la mauvaise distribution des biens en avait exilées....

M. l'abbé d'Eymard. Vous êtes habitués à discuter les grandes questions par principes; je rends hommage à cet usage et je m'y conforme, en attaquant ainsi le projet expoliatif qui vous est proposé. Quand on lira les discours de M. Thouret et de M. l'archevêque d'Aix, on trouvera dans l'un le roman de la propriété ;

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