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tons d'esquisser. Nous y arriverons tout à l'heure, après avoir terminé, par quelques mots sur le pays d'Unterwalden, ce qui concerne la période qui vient de nous occuper.

III

LES VALLÉES D'UNTERWALDEN

Avant le commencement du quatorzième siècle, où il paraît pour la première fois dans les documents historiques, l'emploi du nom d'Unterwalden est un anachronisme que nous nous sommes cependant permis pour plus de clarté. C'est sous le nom de Stannes, ou vallée inférieure, et de Sarnon (Sarnetal), ou vallée supérieure, que sont alors désignées les deux portions de ce pays, qui paraît avoir renfermé, presque de tout temps, deux territoires distincts. Dans chacun de ces territoires, à côté du nom du bourg principal qui sert à les désigner, on constate, dès le neuvième siècle, les noms d'autres localités en assez grand nombre. Ce fait permet de croire que, des trois Waldstätten, le pays d'Unterwalden, dont le sol est relativement plus fertile, fut peuplé avant les deux autres. L'on peut également conclure des propriétés considérables qu'y posséda dès l'origine le couvent de S'-Léger à Lucerne, que ce fut ce monastère de bénédictins, dont l'abbaye de Murbach en Alsace était propriétaire, qui le premier en colonisa et en fit cultiver le territoire.

Mais les documents historiques qui nous font connaître les localités de l'Unterwalden, ne renferment aucun de ces

détails, aucun de ces traits qui révéleraient, à quelque degré, l'existence en ces lieux d'une peuplade compacte et indépendante. Ce qu'ils constatent, au contraire, c'est un morcellement territorial et une multiplicité de juridictions, qui empêchaient la formation de toute agrégation commune. Plus qu'ailleurs, dans l'étroit espace qui, du Brünig au lac des Quatre-Cantons, s'enferme entre le Titlis et le Pilate, se montrent alors l'enchevêtrement et la confusion d'une foule de possessions seigneuriales différentes, tant ecclésiastiques que laïques, au milieu desquelles apparaissent, comme les plus grands propriétaires, les comtes de Frobourg, de Lenzbourg, de Habsbourg, le couvent de Lucerne, les abbayes de Muri et de Münster en Argovie, et le monastère d'Engelberg, fondé dans le pays même d'Unterwalden, en 1122, par un seigneur du nom de Seldenbüren 19.

A côté des serfs ou vilains établis sur les domaines séculiers et sur les terres des maisons religieuses, on constate la présence d'hommes de condition libre, roturiers ou nobles, qui devaient former plus tard, tant à Sarnen qu'à Stanz, le centre de communautés indépendantes. Mais rien n'indique, avant 1250, nous ne disons pas l'existence régulière, mais même les rudiments de communautés semblables à celles qui se montrent plus ou moins développées chez les deux autres Waldstätten. La majeure partie du pays d'Unterwalden appartenant au Zurichgau et sa moindre portion à l'Aargau, les hommes de condition libre relevaient, au commencement du treizième siècle, de la juridiction des comtes de Habsbourg, qui se trouvaient à la tête de ces deux comtés, et qui semblent même avoir possédé sur cette classe de personnes d'autres droits résultant de la « protection » qu'ils lui accordaient (jus advocationis) 2o.

Dans l'ordre religieux, la vallée dépendait, comme celles d'Uri et de Schwyz, de l'évêché de Constance, et elle possédait, à elle seule, un aussi grand nombre d'églises paroissiales que les deux autres Waldstätten. Tandis, en effet, qu'à Uri on ne peut alors ranger dans cette catégorie que les églises d'Altorf, de Bürglen et de Silenen, et à Schwyz que celles de Schwyz même, de Steinen et du Muotathal, on trouve dans le Haut-Unterwald les paroisses de Sarnen, de Giswyl, de Kerns, d'Alpnach, et dans le Bas, celles de Buochs et de Stanz 21. Par le chiffre de ses habitants, comme par la date de sa colonisation, le pays d'Unterwalden occupait donc parmi les Waldstätten le premier rang. Si, dans la hiérarchie historique, il ne tient que le troisième, sa situation intérieure, comparée à celle des deux autres pendant la première période de leurs annales, suffit à motiver cette infériorité, qui trouvera également son explication dans le récit de l'époque où nous allons entrer.

TROISIÈME ÉPOQUE

L'EMANCIPATION POLITIQUE DES WALDSTÆTTEN

PREMIERE PÉRIODE

LES PRÉLUDES DE L'AFFRANCHISSEMENT JUSQU'EN 1291.

Cette époque nouvelle, qui conduit chacun des « États forestiers,» par des voies différentes, à un affranchissement commun, se divise elle-même en deux périodes successives : l'une qui se termine en 1291, au moment où les trois vallées concluent leur premier pacte d'alliance et de confédération, l'autre qui, de là, s'étend jusqu'à la bataille du Morgarten et au renouvellement du pacte en décembre 1315.

Nous avons vu qu'Uri venait d'être replacé sous la souveraineté immédiate de l'Empire, que Schwyz oscillait entre l'indépendance communale et la sujétion dynastique, qu'Unterwalden demeurait dans les limbes d'une condition plus complexe encore. Maintenant nous avons à voir ce que, dans ces situations diverses, sont devenues ces trois. petites peuplades.

I

L'INDÉPENDANCE D'URI

Lorsque, le 26 mai 1231, le roi Henri (VII) enlève les hommes d'Uri à la domination du comte de Habsbourg, sous laquelle son père, l'empereur Frédéric II, les avait mis, et qu'il leur donne l'assurance qu'ils ne seraient plus, sous aucun prétexte, soutraits à la juridiction directe de l'Empire, il s'adresse à eux comme à des gens qui forment une communauté (universitas vestra), et il les invite à s'acquitter entre les mains de son délégué, Arnold d'Aa, de l'impôt qu'ils n'ont plus à payer au comte de Habsbourg1. Il semble qu'il veut ainsi leur conférer un important privilége pour recevoir d'eux un service immédiat. Henri méditait alors de s'affranchir de la domination de son père retenu en Italie, et de mettre entièrement sous sa propre dépendance le royaume d'Allemagne, dont Frédéric lui avait laissé le gouvernement. Il devait chercher, dans ce but, soit à affaiblir les partisans de l'empereur, soit à se gagner des auxiliaires. Il arrivait à ce double résultat en enlevant au comte Rodolphe, l'un des adhérents de son père, la vallée d'Uri, pour tirer de celle-ci des subsides, peut-être des soldats, et surtout pour tenir en sa possession les approches du St-Gothard, qui commençait à être pratiqué du côté de la vallée de la Reuss. Il attachait probablement d'autant plus d'importance à avoir la libre disposition de ce passage, qu'il pouvait en profiter pour tendre la main, de l'autre côté des Alpes, à la ligue lombarde ennemie de l'empereur, et, par conséquent, son alliée na

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