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cagots, et le rédacteur du contrat a tout simplement voulu exprimer la présence d'un assez grand nombre d'assistants, sans aucune désignation de personnes. Il importait de relever cette méprise du savant Marca, parce que son Histoire de Béarn est et restera la base des travaux de ceux qui s'occupent de l'histoire du même pays.

Je n'oserais dire que M. de Rochas a définitivement résolu le problème de l'origine des cagots, mais il a d'abord réduit à leur juste valeur, c'est-à-dire à rien, l'opinion de ceux qui avaient auparavant traité la même question, et de plus, ses raisons me paraissent aussi plausibles que l'on peut le demander dans l'étude d'un sujet aussi enveloppé d'obscurité. On lui reconnaîtra, en outre, le grand mérite de n'avoir aucun système à faire prévaloir, de ne voir que les textes et les faits, et de ne laisser à l'hypothèse que la plus maigre part dans la conclusion qu'il présente. P. RAYMOND.

J. FINOT. Deux documents inédits concernant les abbés de Luxeuil. Vesoul, typ. A. Suchaux, 1876, 39 pages.

Le premier de ces documents est du 7 octobre 1493. C'est l'interrogatoire du barbier d'Antoine de Neufchâtel, évêque de Toul et abbé de Luxeuil, accusé d'une tentative d'empoisonnement sur la pérsonne de son maître, dont la riche succession excitait d'ardentes convoitises. Deux ambitieux, frère Jean Joffroy, prieur du Val de Liepvre en Alsace, et l'abbé de Gortz en Lorraine, qui trouvaient qu'Antoine de Neufchâtel ne mourait pas assez vite au gré de leurs désirs, avaient offert au barbier, pour expédier le vieillard dans l'autre monde, la somme de 200 florins d'or, avec promesse d'une pension viagère de 40 livres, s'il voulait se charger de la besogne. Le barbier avait accepté le marché.

On ne connaît pas l'issue du procès; mais ce que l'on sait, c'est que l'abbé de Luxeuil ne mourut pas de l'attentat. Ce n'est que deux ans après (1495) qu'il alla de vie à trépas.

Le second document est plus moderne, il est daté du 23 novembre 1605. C'est un acte notarié établissant dans quelles proportions les habitants de la terre de Luxeuil ont contribué à payer la rançon d'Antoine de La Baume, abbé de Luxeuil, fait prisonnier par une troupe de partisans calvinistes pendant qu'il jouissait tranquillement des douceurs de la villégiature en son château de Baudoncourt. Le bon abbé avait été séquestré par ses ravisseurs et ne devait recouvrer sa liberté qu'après payement d'une somme de 5,000 écus d'or, équivalant à 100,000 francs, argent de notre temps.

Comme on peut en juger par cette courte analyse, les deux actes publiés par notre confrère ne manquent pas d'intérêt.

Le premier est tiré des Archives départementales de la Haute-Saône, le second des Archives communales de Luxeuil. Ed. G.

LE CONSEIL D'ÉTAT avant et depuis 1789. Ses transformations, ses travaux et son personnel. - Étude historique et bibliographique, par M. Léon Aucoc, président de section au Conseil d'État. Paris, Impr. nat., 1876. In-8°.

L'histoire des grands corps administratifs de l'ancien régime est encore si mal connue qu'on doit accueillir avec faveur tous les travaux qui peuvent jeter quelque lumière sur le passé de ces institutions, que la Révolution a pu supprimer d'un trait de plume, mais dont l'influence sur l'organisation politique de la France se révèle encore aujourd'hui dans une foule de détails. La Chambre des Comptes, le Parlement ont été l'objet d'importants travaux, et la Bibliothèque de l'École des Chartes n'a pas manqué de signaler lors de leur apparition les excellentes notices consacrées à ces célèbres corps par MM. de Boislisle, Grün, Boutaric, etc., et les précieuses collections de pièces originales publiées par les mêmes savants.

Un seul des grands rouages administratifs de l'ancienne France n'a été encore de la part des érudits contemporains l'objet d'aucune étude approfondie, c'est le Conseil d'État, le plus important de tous ces rouages, puisque les autres, Chambre des Comptes, Parlement, Grand Conseil, n'en étaient que des démembrements.

Il faut avouer que l'histoire de ses attributions si mal déterminées, de ses transformations si multiples et si peu fixes, est d'une complication bien faite pour arrêter les recherches des érudits.

M. Aucoc est le premier qui ait osé aborder cette difficile étude, et quoiqu'il ait été obligé de consacrer plus de la moitié de son volume au Conseil d'État moderne, fort différent à tous égards de l'ancien Conseil, il a su, dans le trop court espace réservé à la période antérieure à 1789, donner une idée plus juste et plus complète qu'on ne l'a fait jusqu'ici de l'organisation si variable, et par suite si confuse, de l'institution la plus importante et peut-être la plus mal connue de la France monarchique.

L'ouvrage de M. Aucoc n'est pas à proprement parler une histoire. Il ne doit être considéré que comme une simple étude, ou, pour mieux dire, un cadre préparatoire pour un travail plus développé. Envisagé ainsi, on ne saurait trop en faire l'éloge; le cadre est excellent, tracé avec beaucoup de netteté et de méthode, et les préliminaires indispensables de tout ouvrage approfondi, la recherche des sources et la bibliographie, ont été l'objet des soins particuliers de l'auteur. Ils suffiraient au besoin à désigner son travail à l'attention des érudits.

La première partie du volume est divisée en trois livres, consacrés : 1o aux sources de l'histoire du Conseil d'État; 2° à l'histoire de l'ancien Conseil depuis ses origines jusqu'en 1789; 3° à l'histoire du nouveau Conseil depuis sa reconstitution en l'an VIII.

Dans une seconde partie intitulée Notices et Documents, l'auteur a réuni un tableau chronologique des lois et réglements sur le Conseil d'État avant et depuis 1789, une importante étude bibliographique, des documents sur le personnel du Conseil avant 1789, et diverses autres notices relatives au Conseil d'État, postérieurement à sa réorganisation en l'an VIII.

Le chapitre relativement le plus développé de l'ouvrage est celui que M. Aucoc a consacré à la bibliographie. Nulle part on n'avait encore dressé une liste aussi complète de tous les livres imprimés qui traitent du Conseil, de toutes les compilations manuscrites qui en ont décrit le fonctionnement depuis trois siècles, des lois et arrêts qui en ont réglé la composition et les attributions. Toute cette partie du travail est fort bien étudiée, et si nous nous permettons d'y relever quelques imperfections, c'est pour bien montrer à l'auteur combien nous l'apprécions et avec quel soin nous l'avons examinée. Hâtons-nous de dire qu'aucun ouvrage de quelque importance n'a échappé à M. Aucoc. Tout au plus peut-on lui reprocher de n'avoir point indiqué divers mémoires, la plupart peu développés, insérés dans les grandes publications du siècle dernier, par exemple l'article de Boucher d'Argis, dans l'Encyclopédie; l'Histoire du Conseil et des maîtres des requêtes du Roi depuis le commencement de la monarchie française jusqu'à présent, par M. de Noinville, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et BellesLettres (t. XXVII), etc. Enfin M. Aucoc a omis, de parti pris, toute une série d'ouvrages relatifs à des conseillers d'État, mentionnés dans la Bibliothèque historique du P. Lelong (t. III, p. 24 de l'édition Fontette); nous ne saurions l'en blâmer, car la plupart ne sont que des biographies sans intérêt pour l'histoire du Conseil. Il aurait dû toutefois faire exception en faveur d'un ou deux ouvrages d'une nature différente, classés, à tort peut-être, par le P. Lelong, en tête des biographies de conseillers. Nous voulons parler notamment de l'article des Bénédictins sur les Conseils et cours du Roi sous Hugues Capet, Robert et Henri Ior, inséré dans la préface du tome XI des Historiens de France. Mais ces omissions ont peu d'importance, et ne mériteraient guère d'être relevées, si l'auteur n'avait compris dans sa liste des articles encore moins étendus, publiés dans des périodiques modernes.

La liste des documents mss. relatifs au Conseil d'État est peut-être plus complète encore. Nous regrettons toutefois que M. Aucoc ait négligé de décrire la précieuse collection des Archives nationales. Il a mentionné avec grand soin les quelques volumes de copies d'arrêts conservés à la Bibliothèque nationale, n'était-il pas plus utile encore de donner des détails sur la riche série d'originaux, qui remplissent aux Archives 1683 cartons pour le Conseil des finances, 977 registres pour le Conseil des dépêches, 1154 cartons pour le Conseil privé? N'est-ce pas également un tort d'avoir omis cette nombreuse série de tables, de

répertoires, de registres de greffe et de documents divers provenant des bureaux et des commissions extraordinaires du Conseil, qui font suite dans les collections des Archives nationales aux arrêts proprement dits?

Cette réserve faite, on ne peut que louer M. Aucoc d'avoir donné tout au long la liste des manuscrits relatifs au Conseil d'État conservés à la Bibliothèque nationale.

Cette liste est complète, trop complète même, car on y voit figurer des volumes qui n'appartiennent pas au Conseil du roi. Nous voulons parler des six registres du fonds français qui portent les nos 4004 à 4009 et qui contiennent les délibérations du Conseil insurrectionnel de la Ligue, présidé par le duc de Mayenne, de 1591 à 1593. S'il y avait lieu de les citer, il n'aurait pas fallu les confondre avec les séries d'arrêts émanés du Conseil royal.

J'ai dit plus haut que parmi les pages les plus utiles du livre, il fallait compter celles qui contiennent la liste de tous les arrêts et réglements concernant l'organisation du Conseil depuis son origine jusqu'à nos jours. Cette liste est très-étendue; nous croyons toutefois qu'elle pourrait encore s'enrichir de quelques arrêts; en voici plusieurs, par exemple, que M. Aucoc a omis, et dont nous avons trouvé l'indication dans divers registres de la Bibliothèque nationale :

1519, 5 octobre.

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Réglement ordonnant de résumer les arrêts sous forme de résultat après chaque séance du Conseil (Ms. fr. 7495, f. 203).

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Réglement réduisant le nombre de personnes ayant

entrée au Conseil (Ms. fr. 7499, f 130).

1579, 1er décembre. Réglement fixant l'âge requis pour les fonctions de Conseiller (Ms. fr. 18150, fo 330).

1595, mai. Réglement cité dans le ms. fr. 18158, f° 180 v°, etc.

Disons aussi que le Réglement de 1571, cité par M. Aucoc à la date du 11 janvier ou du 11 juillet, paraît être du 11 juillet. C'est du moins la date que lui donnent le ms. fr. 7499 (f° 132) et la collection de réglements conservée aux Archives nationales (KK 625).

Mais c'est trop insister sur de petites imperfections. Le livre de M. Aucoc, tel qu'il est, fournit aux érudits de précieux éléments de travail, il témoigne d'une connaissance approfondie des antécédents du Conseil; on y reconnaît de longues et patientes recherches qu'il est vraiment regrettable de voir condensées en si peu de pages. Puisse le bon accueil qu'il a reçu encourager l'auteur à continuer ses études sur l'histoire d'une institution qu'il connaît si bien. Nul assurément n'est plus compétent que lui en la matière, nul n'est mieux préparé à pareil travail par ses études et ses connaissances professionnelles. Son livre prouve que nul aussi n'est plus capable d'écrire avec méthode et netteté une histoire développée du Conseil d'État. R. L.

Le materie politiche relative all' estero degli archivi di stato piemontesi indicate da Nicomede BIANCHI, Sovrintendente ai medesimi. Bologna e Modena, Roma, Torino, Firenze, 1876, in-8° de XXIV-750 p.

M. Bianchi n'exagère pas l'importance du dépôt confié à ses soins et celle du livre qui nous en donne l'histoire et l'inventaire, quand il place au premier rang, parmi les archives européennes, celles de la maison de Savoie. Cette maison, l'une des plus anciennes de notre continent, vit en effet, par une jalousie de la fortune qui l'en a bien dédommagée depuis, grandir à ses côtés et devenir menaçantes pour sa sécurité, des puissances comme la France, l'Empire et l'Espagne. Pour protéger son existence, elle dut compter bien moins sur la force de ses armes que sur l'habileté de ses diplomates. Aussi ont-ils acquis une réputation méritée. Lord Chesterfield les citait à son fils comme des modèles d'habileté, de politesse et d'instruction, et les monuments qu'ils nous ont laissés, c'est-à-dire les négociations et les traités poursuivis et conclus par eux, sont dignes à tous égards d'attirer l'attention de l'historien et de l'homme d'État. Leur importance n'avait pas échappé à CharlesAlbert, qui, en 1831, nous dit M. Bianchi, avait ordonné de rédiger une Histoire de la diplomatie d'après les instructions des princes de la maison de Savoie à leurs agents et les rapports de ces derniers. La nouvelle œuvre de M. Bianchi, pour être d'un ordre moins élevé que la première, n'en sera pas moins utile aux travailleurs.

Si Charles-Albert avait ainsi sous la main les matériaux d'un monument aussi considérable, ses ancêtres en avaient singulièrement facilité l'édification par le soin qu'ils avaient mis à organiser le service et la conservation de leurs archives. Elles étaient, pour nous servir de l'expression de M. Bianchi, « le sanctuaire de leurs secrets d'État », jalousement fermé à qui que ce fùt jusqu'en 1351; au xvime siècle, en 1717, Victor-Amédée II défendait encore d'y laisser pénétrer même les ministres sans son autorisation; la correspondance avait lieu directement entre le souverain et ses agents jusqu'à la fin du xvшe siècle; on avait soin d'empêcher que les documents diplomatiques pussent rester entre les mains des particuliers, et, dans ce but, on faisait apposer les scellés sur les papiers des ministres aussitôt après leur mort; on ne l'attendait même pas toujours; les ambassadeurs étaient tenus, sous les peines les plus sévères, au retour de leur mission, de remettre dans les archives tous les papiers qui s'y rapportaient. Le dépôt ainsi formé fut, aux termes d'une ordonnance de Charles-Emmanuel III, placé sous la haute surveillance des trois juntes entre lesquelles se répartissaient les relations extérieures de la Savoie avec l'Empire, avec la cour de Rome ou les autres États; elles disparurent lors de la réunion de la Savoie à la France et ne reparurent pas en 1814. A leur place, en 1817, Victor

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