Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

ANECDOTES

DU

RÈGNE DE LOUIS XVI.

*

ANECDOTES

SUR LE REGNE DE LOUIS XVI,

SUR CE PRINCE ET SUR MARIE-ANTOINETTE.

DANS une cour paisible et heureuse, comme l'était celle de Versailles jusqu'à l'époque à jamais funeste de la révolution, les moindres événemens occupent, et on y aime surtout les choses merveilleuses. Au commencement du règne de Louis XVI, quelqu'un de la société de la duchesse de Cossé, dame d'atours de la reine, découvrit dans un village, près de Marly, une femme retirée dans une chaumière plus soignée et mieux meublée que ne l'étaient celles des autres paysans du même lieu. Elle avait une vache, ne savait pas la traire, et priait ses voisines de lui rendre ce service. Une chose paraissait bien plus surprenante encore, c'était une bibliothèque à peu près de deux cents volumes, qui faisait le plus bel ornement de sa retraite. La duchesse entretint la jeune reine de cette intéressante solitaire : selon elle, ce devait être une Sarah Th***, semblable à l'héroïne d'une Nouvelle que le chevalier de Saint-Lambert venait de faire paraître à la suite du poëme des Saisons.

Pendant plusieurs jours, on ne parla que de la Sarah de Marly; on disait qu'il était à remarquer qu'elle n'était connue dans le village que sous le nom de Marguerite; qu'elle n'allait à Paris que deux fois par an; qu'elle y allait seule; qu'elle parlait rarement à ses voisines, à moins qu'elle n'eût à les remercier de petits services qu'elles lui avaient rendus; qu'elle entendait régulièrement une basse messe le dimanche et les jours de fêtes, mais n'était pas dévote; qu'on avait vu dans sa chaumière les œuvres de Racine, de Voltaire, de Jean-Jacques. Enfin, l'intérêt s'accroissait successivement sur cette solitaire, au point que Marie-Antoinette voulut connaître celle qui en était l'objet, et dirigea sa promenade du côté de sa retraite. La reine descendit de calèche avant d'arriver dans le village, et, tenant la duchesse de Cossé sous le bras, entra dans la chaumière. «< Bonjour, Marguerite, lui dit la reine, >> votre chaumière est bien jolie. Pas trop, ma» dame, mais je la tiens proprement. — Vos meu>>bles sont fort bons. Je les ai apportés de Paris » lorsque je suis venue m'établir ici. On dit que vous y allez fort peu.

[ocr errors]
[ocr errors][ocr errors]
[ocr errors]

Je n'y ai rien à faire. Vous avez une vache que vous ne soignez pas? reprit la reine. — Par régime,

Par régime, je bois beaucoup

>> de lait, et comme j'ai toujours vécu à la ville, je

[ocr errors]

ne sais pas traire ma vache, et mes voisines me

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

>> reine, en prenant un volume de cet auteur;

« ZurückWeiter »