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occupé d'elle. Les formes d'un glacial respect, le soin d'éviter le moindre entretien suivi avec le monarque, ne parvinrent pas à détruire cette flamme naissante; le roi finit par adresser à la comtesse une lettre des plus passionnées. A l'instant le parti de cette femme estimable fut pris; son honneur l'empêchant de répondre à la passion du roi, son profond respect pour son souverain lui prescrivant de ne pas troubler son repos, elle s'exila volontairement dans une terre nommée Chalais, qu'elle avait auprès de Barbezieux, et qui, depuis près d'un siècle, n'avait pas été habitée. Le logement du concierge fut le seul qui put la recevoir; de là elle écrivit au roi le motif de son départ, et resta plusieurs années dans cette terre sans revenir à Paris. De nouveaux goûts rendirent promptement à Louis XV un repos auquel madame de Périgord avait cru devoir faire un si grand sacrifice. Quelques années après, la dame d'honneur de Mesdames vint à mourir; beaucoup de grandes familles demandèrent cette place: le roi ne répondit à aucune de ces sollicitations, et écrivit à madame la comtesse de Périgord: « Mes filles viennent de » perdre leur dame d'honneur; cette place, madame » vous appartient autant pour vos hautes vertus » que pour le nom de votre maison. »>

Le comte d'Halville, d'une très-ancienne maison de la Suisse, avait débuté à Versailles par le simple

grade de porte-enseigne dans le régiment des gardes-suisses. Son nom, ses qualités distinguées lui méritèrent l'intérêt de quelques amis puissans qui, pour étayer l'ancienneté de son origine par une belle fortune, lui firent épouser la fille d'un trèsriche financier nommé M. de La Garde. De ce mariage naquit une fille unique qui épousa le comte d'Esterhazy. Dans le nombre des terres qui appartenaient à mademoiselle de La Garde, était le château des Trous, situé à quatre lieues de Versailles; le comte y recevait beaucoup de gens de la cour. Un jeune sous-lieutenant des gardes - du- corps, porté à ce grade par son nom et par la faveur dont jouissait sa famille, avait cette confiance qui accompagne les succès non mérités; et dont heureusement les années dégagent successivement la jeunesse. Il prononça un jour, sans connaissance de l'histoire des anciennes maisons suisses et sans ménagement pour le comte, sur la noblesse de ce pays, et se permit d'avancer qu'il n'y avait pas d'anciennes maisons en Suisse. « Pardonnez-moi, >> lui dit froidement le comte, il y en a de très>> anciennes. Pourriez-vous les citer, Monsieur ? >> reprit le jeune homme. - Oui, répondit M. d'Hal>> ville; il y a, par exemple, ma maison et celle d'Habsbourg qui règne en Allemagne. - Vous avez sans >> doute vos raisons pour nommer premièrement >> la vôtre ? repartit l'imprudent interlocuteur. » Oui, Monsieur, dit alors M. d'Halville d'un ton imposant, parce que la maison d'Habsbourg date

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>> d'avoir été page dans la mienne lisez l'histoire, étudiez celles des peuples et des familles, » et soyez à l'avenir plus circonspect dans vos asser» tions. >>

QUELQUE faible qu'ait été Louis XV, jamais les parlemens n'auraient obtenu son consentement pour la convocation des états-généraux. Je sais, à cet égard, une anecdote que m'ont racontée deux officiers intimes attachés à la maison de ce prince. C'était à l'époque où les remontrances des parlemens, et le refus d'enregistrer des impôts, donnaient de l'inquiétude sur la situation des finances. On en causait un soir au coucher de Louis XV; « Vous verrez, sire, dit un homme de la cour très-rapproché du roi par sa charge, que tout >> ceci amènera la nécessité d'assembler les états>> généraux. » Le roi sortant à l'instant même du calme habituel de son caractère, et saisissant le courtisan par le bras, lui dit avec vivacité : « Ne

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répétez jamais ces paroles : je ne suis pas sangui» naire, mais si j'avais un frère et qu'il fût capable » d'ouvrir un tel avis, je le sacrifierais dans les vingt-quatre heures à la durée de la monarchie, » et à la tranquillité du royaume 1. »

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Un entretien rapporté par madame du Hausset, lettre (F), confirme l'anecdote qu'on vient de lire, en montrant de quel ressentiment Louis XV était animé contre les parlemens. (Note de l'édit.) 4

ΤΟΜ. 111.

Causes naturelles de la mort du dauphin, père de Louis XVI, et de la dauphine, princesse saxonne, en réponse à tous les bruits d'empoisonnemens répandus par Soulavie1.

PLUSIEURS années avant sa mort, M. le dauphin eut une petite vérole confluente qui mit ses jours en danger; il conserva, long-temps après sa convalescence, un galon suppurant au-dessous du nez. On lui donna le conseil dangereux de le faire passer en faisant usage d'extrait de saturne; le remède eut un succès complet; mais le dauphin, qui était d'une corpulence considérable maigrissait

Je laisse le titre de ce morceau tel qu'il est, mais je dois remarquer que le reproche fait à Soulavie manque ici d'exactitude. Il a fait ce qui est du devoir de tout annaliste impartial. Il a rapporté, il est vrai, les indignes accusations dont M. le duc de Choiseul était l'objet, et que je crois sans aucun fondement; mais en même temps il recueille des témoignages qui défendent la mémoire de M. de Choiseul, assez protégé, selon moi, par son caractère. M. de Choiseul n'aimait pas le dauphin; il eut le tort de le braver. On doit lui reprocher, sans doute, de s'être un jour emporté au point de lui dire: « Je puis être condamné au malheur d'être votre sujet; je ne >> serai jamais votre serviteur. » Mais entre cet emportement audacieux et l'attentat le plus noir, la distance est immense, et M. de Choiseul n'était pas capable de la franchir. Voyez dans les éclaircissemens les pièces pour et contre qu'a données Soulavie. Lettre (G). (Note de l'édit. )

insensiblement, et une petite toux sèche annonçait que l'humeur répercutée était retombée sur les poumons. Quelques personnes le soupçonnaient aussi d'avoir pris des acides en très-grande quantité pour se faire maigrir. Cet état cependant n'était pas assez grave pour alarmer, lorsqu'au mois de juillet 1764, il y eut un camp à Compiègne. Le dauphin passa des revues, mit beaucoup d'activité à s'acquitter de ses devoirs on remarqua même qu'il avait cherché à obtenir l'attachement de l'armée. Il présenta la dauphine aux soldats, en disant, avec une simplicité qui fit, à cette époque, une grande sensation : « Mes enfans, voici » ma femme. » Rentrant assez tard à cheval à Compiègne, il eut froid; la chaleur du jour avait été extrême; le prince avait eu ses habits imbibés de sueur. Une maladie suivit cet accident; ses crachats étaient rouillés. Son premier médecin demandait la saignée, les médecins consultans insistèrent pour la purgation et l'emportèrent. La pleurésie mal guérie prit et conserva tous les symptômes de la pulmonie; le dauphin languit depuis cette époque jusqu'en décembre 1765, et mourut à Fontainebleau où la cour, à raison de son état, avait prolongé son séjour qui se terminait ordinairement au 2 novembre 1.

'Le récit que contient la Biographie universelle est tout-àfait conforme à celui de madame Campan.

« Des études littéraires, les soins d'une épouse distinguée

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