Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

rite qu'ils avaient à s'acquitter de leurs devoirs de. maris. Un mot imprudent, adressé à Louis XV et ne pouvant être applicable qu'à la reine, fait à l'instant cesser toute la joie du repas. Louis XV prend son air imposant, et, frappant deux ou trois coups sur la table avec son couteau Messieurs, dit-il, voilà le roi1.

TROIS jeunes gens de Saint-Germain qui venaient de terminer leurs années de collége, ne connaissant personne en place à la cour, et ayant

1 Nous ne pensons point qu'aucune anecdote puisse mieux peindre l'excès de la corruption, que cette réunion d'hommes profanant la sainteté du mariage, dévoilant ses secrets, et se faisant un jeu de leur propre infamie. La conduite des femmes n'aurait pu même servir d'excuse aux maris, quoiqu'elle ne valût pas mieux. Les petites maisons recevaient presque autant de femmes titrées que de courtisanes. Des comédiens inspiraient aux duchesses, aux marquises, des passions qu'elles auraient dédaigné d'environner des ombres du mystère *. Des noms qu'on aurait dû respecter se trouvaient mêlés aux déréglemens des plus honteux asiles. S'il faut en croire un fait qu'on trouvera rapporté dans les éclaircissemens, lettre (D), on osa se faire un titre de la prostitution même pour invoquer des séparations; el cette audace du vice arma l'indignation du jeune d'Aguesseau, digne héritier des vertus de son père.

(Note de l'édit.)

* Voyez les Mémoires de Besenval et ceux de Lauzun,

entendu dire que les étrangers y étaient toujours très-bien traités, s'avisèrent de se costumer parfaitement en Arméniens, et de se présenter de cette manière, pour voir le grand cérémonial de la réception de plusieurs chevaliers de l'ordre du SaintEsprit. Leur ruse obtint tout le succès dont ils s'étaient flattés. Lorsque la procession défila dans la longue galerie de glaces, les suisses des appartemens les mirent sur le premier rang, et recommandèrent à tout le monde d'avoir beaucoup d'égards pour ces étrangers; mais il firent l'imprudence de pénétrer dans l'oeil-de-bœuf. Là se trouvaient messieurs Cardonne et Ruffin, interprètes des langues orientales, et le premier commis des consulats, chargé de veiller à tout ce qui concernait les Orientaux qui étaient en France. Aussitôt les trois écoliers sont environnés et questionnés par ces messieurs, d'abord en grec moderne. Sans se déconcerter, ils font signe qu'ils n'entendent On leur parle turc, arabe; enfin un des interprètes, impatienté, leur dit : « Messieurs, vous devriez en» tendre une des langues qui vous ont été parlées; » de quel pays êtes-vous donc? - De Saint-Ger

pas.

main-en-Laye, monsieur, reprit le plus con» fiant. Voilà la première fois que vous nous le » demandez en français. » Ils avouèrent alors le motif de leur travestissement; le plus âgé d'entre eux n'avait pas dix-huit ans. On en rendit compte à Louis XV; il en rit beaucoup. Il ordonna quelques heures à la geôle, et que la liberté leur

fût rendue après leur avoir fait une bonne se

monce.

LOUIS XV aimait à parler de la mort quoiqu'il la craignît beaucoup; mais son excellente santé et son titre de roi lui faisaient probablement espérer qu'il serait invulnérable: il disait assez communément aux gens très-enrhumés: « Vous avez là une toux qui sent le sapin. » Chassant un jour dans la forêt de Sénart, une année où le pain avait été extrêmement cher, il rencontre un homme à cheval portant une bière. « Où portez-vous cette bière? dit le >> roi. Au village de...., répond le paysan.

[ocr errors]
[ocr errors]

>> Est-ce pour un homme ou pour une femme ? >> - Pour un homme. De quoi est-il mort? — » De faim,» répond brusquement le villageois. Le roi piqua son cheval et ne fit plus de questions 1.

1

« Le roi était fort mélancolique habituellement, dit madame du Hausset, et aimait toutes les choses qui rappelaient l'idée de la mort, en la craignant cependant beaucoup. En voici un exemple: Madame de Pompadour se rendant à Crécy, un écuyer du roi fit signe d'arrêter, et lui dit que la voiture du roi était cassée ; et que, sachant qu' u'elle n'était pas loin, il la priait d'attendre. Il arriva bientôt après, se mit dans la voiture de Madame, où étaient, je crois, madame de Château-Renaud et madame de Mirepoix. Les seigneurs qui suivaient s'arrangèrent dans d'autres voitures. J'étais derrière, dans une chaise à deux, avec Gourbillon, valet de chambre de Madame; et nous fûmes étonnés quand, peu de temps après, le roi fit arrêter la voi

J'AI beaucoup vu en société, dans ma jeunesse, madame de Marchais, femme du premier valet de chambre du roi : c'était une personne fort instruite, et qui avait eu les bonnes grâces de Louis XV, étant parente de madame de Pompadour. M. de Marchais, riche et fort considéré, avait servi, était chevalier de Saint-Louis, et réunissait à la charge de premier valet de chambre le gouvernement du Louvre. Madame de Marchais recevait chez elle toute la cour; les capitaines des gardes y venaient habituellement, et beaucoup d'officiers des gardes

ture; celles qui suivaient s'arrêtèrent aussi. Le roi appela un écuyer et lui dit : « Vous voyez bien cette petite hauteur ? If » y a des eroix, et c'est certainement un cimetière, allez-y, et » voyez s'il y a quelque fosse nouvellement faite. » L'écuyer galopa et s'y rendit; ensuite il vint dire au roi : « Il y en trois >> tout fraîchement faites. » Madame, à ce qu'elle m'a dit, détourna la tête avec horreur à ce récit; et la maréchale dit gaiement: « En vérité, c'est faire venir l'eau à la bouche. » Madame, le soir, en se déshabillant, nous en parla. « Quel singulier » plaisir, dit-elle, que de s'occuper de choses dont on devrait éloigner l'idée, surtout quand on mène une vie aussi heu>> reuse ! Mais le roi est comme cela ; il aime à parler de la mort, » et il a dit, il y a quelques jours, à M. de Fontanieu, à qui >> il a pris à son lever un saignement de nez: Prenez-y garde; » à votre âge, c'est un avant-coureur d'apoplexie. Le pauvre » homme est retourné chez lui tout effrayé et fort malade. » ( Note de l'edit. )

[ocr errors]

du-corps. Les auteurs célèbres dans tous les genres se faisaient présenter chez elle comme chez mȧdame Geoffrin. Elle avait du crédit, surtout de l'influence lorsqu'elle sollicitait des voix pour les prétendans aux fauteuils de l'Académie. J'ai vu chez elle tous les gens célèbres du siècle, La Harpe, Diderot, d'Alembert, Duclos, Thomas, etc. Elle avait autant d'esprit que son mari avait de bonhomie; autant de recherche qu'il affectait de simplicité; il aimait à la déjouer dans ses prétentions les plus légitimes. Personne ne résumait un discours académique, un sermon ou le sujet d'une pièce nouvelle avec autant de précision et de grâces que le faisait madame de Marchais. Elle avait aussi l'art d'amener à sa volonté la conversation sur un ouvrage nouveau ou ancien, et souvent son mari se plaisait à dire à ses voisins dans le cercle: «Ma femme a lu cela ce matin. » Le comte d'Angiviller, épris de la grâce de son esprit, lui faisait une cour assidue, et l'épousa quand elle devint veuve de M. de Marchais. Elle vivait encore à Versailles dans les premières années du règne de Napoléon, mais ne sortait plus de son lit. Elle avait conservé son goût pour la parure, et était, quoique couchée, frisée et coiffée comme on l'était vingt ans avant cette époque. Une prodigieuse quantité de blanc et de rouge déguisait le ravage du temps, pour ne laisser voir, à la faible clarté de jalousies baissées et de rideaux tirés par-dessus ces jalousies, qu'une espèce de poupée dont les discours

« ZurückWeiter »