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mis de ne légitimer aucun enfant naturel; le grand nombre de princes de ce genre, que Louis XIV avait laissés, était une charge pour l'État, et rendaient la détermination de Louis XV très-louable. M. l'abbé de Bourbon était très-beau, ressemblait parfaitement à son père; il était fort aimé des princesses, filles du roi, et sa fortune ecclésiastique aurait été portée par Louis XVI au plus haut degré. On lui destinait le chapeau de cardinal, l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et l'évêché de Bayeux. Sans être rangé parmi les princes du sang, il aurait eu une très-belle existence. Il mourut à Rome d'une petite vérole confluente; il y fut généralement regretté; mais les événemens sinistres qui ont assailli l'illustre maison dont il avait l'honneur de porter le nom, doivent faire envisager sa mort prématurée comme un bienfait de la Providence. Mademoiselle de Romans s'était mariée à un gentilhomme nommé M. de Cavanac; le roi en fut mécontent, et tout le monde la blåmait d'avoir, en quelque sorte, quitté par cette alliance le simple titre de mère de l'abbé de Bourbon 1.

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Les monotones habitudes de la grandeur royale donnent trop souvent aux princes le désir de se pro

'Une pareille anecdote serait un sujet de réflexion trop pénible. Faut-il ajouter encore à l'impression qu'elle doit laisser dans l'esprit, en disant que les aventures de ce genre étaient

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curer les jouissances des plus simples particuliers et alors ils se flattent vainement de se cacher sous l'ombre du mystère : on devrait les garantir de ces erreurs passagères et les accoutumer à supporter lės ennuis de la grandeur, comme ils savent très-bien jouir de ses éminens avantages. Louis XV, par la noblesse de son maintien, par l'expression de ses traits à la fois doux et majestueux, appartenait par

nombreuses, ou que le même fait a servi de texte à plusieurs versions? On trouvera dans les éclaircissemens deux anecdotes racontées, l'une par Soulavie, l'autre par madame du Hausset, et qui ont, quoique sous des noms différens, une malheureuse conformité avec celle qu'on vient de lire. Voyez lettre (C). La même note renferme aussi de nouvelles particularités sur mademoiselle de Romans.

Le morceau suivant, écrit avec une rare impartialité par M. Lacretelle, ne peut laisser aucun doute sur la source et sur l'étendue de ces désordres.

« Louis, rassasié des conquêtes que lui offrait la cour, fut conduit, par une imagination dépravée, à former pour ses plaisirs un établissement tellement infâme, qu'après avoir peint les excès de la régence, on ne sait encore comment exprimer ce genre de désordre. Quelques maisons élégantes, bâties dans un enclos nommé le Parc-aux-Cerfs, recevaient des femmes qui attendaient les embrassemens de leur maître. On y conduisait de jeunes filles vendues par leurs parens, ou qui leur étaient arrachées. Elles en sortaient comblées de dons, mais presque sûres de ne revoir jamais le roi qui les avait avilies, même lorsqu'elles portaient un gage de ces indignes amours. La corruption entrait dans les plus paisibles ménages, dans les familles les plus obscures. Elle était savamment et long-temps

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faitement aux successeurs de Louis le Grand 1. Mais ce prince s'est trop souvent donné des plaisirs cachés qui naturellement finissaient par être connus. Il aima avec passion, pendant plusieurs hivers, les bals à bouts de chandelle : c'est ainsi qu'il appelait les assemblées des gens du dernier étage de la société. Il se faisait indiquer les pique-niques que se donnaient les petits marchands, les coiffeuses, les couturières de Versailles, et s'y rendait en domino noir et masqué; son capitaine des gardes l'y accompagnait masqué comme lui. Le grand bonheur était d'y

combinée par ceux qui servaient les débauches de Louis. Des années étaient employées à séduire des filles qui n'étaient point encore nubiles, à combattre dans de jeunes femmes des prin cipes de pudeur et de fidélité. Il y en eut quelques-unes qui eurent le malheur d'éprouver une vive tendresse, un attachement sincère pour le roi. Il en paraissait touché pendant quelques momens; mais bientôt il n'y voyait que des artifices pour le dominer, et il s'en rendait le délateur auprès de la marquise qui faisait rentrer ses rivales dans leur obscurité. Mademoiselle de Romans fut la seule qui obtint que son fils fût déclaré l'enfant du roi. Madame de Pompadour réussit à écarter une rivale qui paraissait avoir fait une impression assez profonde sur le cœur du roi. On lui enleva son fils qui fut élevé chez un paysan. Mademoiselle de Romans n'osa réclamer contre cette violence qu'après la mort du roi. Louis XVI lui rendit son fils qu'il protégea, et qui fut connu sous le nom d'abbé de Bourbon. » (Hist. de France par Lacretelle, t. III.) (Note de l'édit.)

1 Ce que madame la duchesse d'Orléans, dans ses Mémoires, dit de Louis XV encore enfant, annonçait déjà tous les avan

aller en brouette; on avait soin de dire à cinq ou six des officiers de la chambre du roi ou de celle de la reine de s'y trouver, afin que Sa Majesté y fût environnée de gens sûrs sans qu'elle pût s'en douter ni en être gênée. Probablement que le capitaine des gardes prenait aussi de son côté d'autres précautions de ce genre. Mon beau-père, pendant la jeunesse du roi et la sienne, a été plusieurs fois du nombre des serviteurs à qui il était enjoint de se présenter sous le masque dans ces réunions formées souvent à un quatrième étage, ou dans quelque salle d'aubergiste. Dans ce temps-là, pendant la durée du carnaval, les sociétés masquées avaient le droit d'entrer dans les bals bourgeois; il suffisait qu'une personne de la compagnie se démasquât et se nommât.

tages que sa figure, sa taille et son maintien lui donneraienț dans la maturité de l'âge.

>> On ne saurait voir un enfant plus agréable que notre jeune roi. Il a de grands yeux noirs et de longs cils qui frisent; un joli teint, une charmante petite bouche, une longue et abondante chevelure brune, de petites joues rouges, une taille droite et bien prise, une très-joli main, de jolis pieds; sa démarche est noble et altière; il met son chapeau comme le feu roi. Il a le tour du visage ni trop long ni trop court; mais ce qu'il y a de mal, et ce qu'il a hérité de sa mère, c'est qu'il change de couleur d'une demi-heure à l'autre. Quelquefois il a mauvaise mine; mais, au bout d'une demi-heure, toutes ses couleurs reviennent. Il a des manières aisées; et on peut dire, sans flatterie, qu'il danse bien. Adroit dans tout ce qu'il fait, il commence déjà (1720) à tirer des faisans et des perdrix; il a une grande passion pour le tir. » (Note de l'édit.)

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Ces excursions secrètes, la fréquentation trop habituelle de Louis XV avec des demoiselles qui remplaçaient par des attraits les avantages de l'éducation, avaient sans doute appris au roi beaucoup d'expressions vulgaires qu'il eût, sans cela, toujours ignorées 1.

Cependant, au milieu même de ses plus honteux désordres, le roi reprenait quelquefois tout à coup, avec beaucoup de noblesse, la dignité de son rang. Les courtisans familiers de Louis XV s'étant un jour livrés à toute la gaieté d'un souper, au retour de la chasse, chacun vantait et peignait les beautés de sa maîtresse. Quelques-uns s'étaient amusés à rendre compte du peu de charmes de leurs femmes; du mé

1 « Le roi, dit madame du Hausset, se plaisait à avoir de petites correspondances particulières que Madame très-souvent ignorait; mais elle savait qu'il en avait, car il passait une partie de sa matinée à écrire à sa famille, au roi d'Espagne, quelquefois au cardinal de Tencin, à l'abbé de Broglie, et aussi à des gens obscurs. « C'est avec des personnes comme cela, me dit» elle un jour, que le roi sans doute apprend des termes dont je suis toute surprise. Par exemple, il m'a dit hier, en voyant » passer un homme qui avait un vieil habit: Il a là un habit » bien examiné. Il m'a dit une foi, pour dire qu'une chose était >> vraisemblable: Il y a gros. C'est un dictum du peuple, à ce » qu'on m'a dit, qui est comme il y a gros à parier. » Je pris » la liberté de dire à Madame : « Mais, ne serait-ce pas des de>> moiselles qui lui apprennent ces belles choses? » Elle me dit en riant: << Vous avez raison, il y a gros. » Le roi, au reste, se servait de ces expressions avec intention, et en riait. » (Journal de madame du Hausset. ) (Note de l'édit.)

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