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ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES

ET PIÈCES OFFICIELLES.

Note (A), page 16.

"MADAME de Pompadour avait un maître-d'hôtel, nommé Collin, et elle ne le crut pas digne de la servir sans la décoration du cordon de quelque ordre. Peu de princesses auraient conçu une semblable idée; mais elle était d'une autre condition que celles à qui les droits du sang donnent les plus éminentes qualités. Elle conçut, non-seulement cette idée, mais son crédit auprès du roi vint à bout de la mettre à exécution, et Collin fut maître des comptes de l'ordre royal et militaire de SaintLouis. » (Anecdotes de la cour de France pendant la faveur de madame de Pompadour, par Soulavie.)

Note (B), page 21.

I

« Le peuple apprit l'assassinat du roi avec des transports de fureur et avec le plus grand désespoir. On l'entendait de l'appartement de Madame crier sous les fenêtres. Il y avait des attroupemens, et Madame craignait le sort de madame de Châteauroux. Ses amis venaient chaque instant lui donner des nouvelles. Son appartement était au reste comme une église où tout le monde croyait avoir le droit d'entrer. On venait voir la mine qu'elle faisait, sous prétexte d'intérêt; et Madame ne faisait que pleurer et s'évanouir. Le docteur Quesnay ne la

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Madame du Hausset ne désigne jamais autrement madame de Pompadour.

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quittait pas, ni moi non plus; M. de Saint-Florentin vint la voir plusieurs fois, et le contrôleur-général ainsi que M. de Rouillé; mais M. de Machault n'y vint point. Madame la duchesse de Brancas était aussi très-souvent chez nous. M. l'abbé de Bernis n'en sortait que pour aller chez le roi, et avait les larmes aux yeux en regardant Madame. Le docteur Quesnay voyait le roi cinq ou six fois par jour. « Il n'y a rien à craindre, » disait-il à Madame : si c'était tout autre, il pourrait aller au >> bal. » Mon fils alla le lendemain, comme la veille, voir ce qui se passait au château, et il vint nous dire que le garde des sceaux était chez le roi. Je l'envoyai attendre ce qu'il ferait à la sortie. Il revint courant, au bout d'une demi-heure, me dire que le garde des sceaux était retourné chez lui suivi d'une foule de peuple. Madame, à qui je le dis, s'écria en fondant en larmes Est-ce là un ami! M. l'abbé de Bernis lui dit : « Il ne >> faut pas se presser de le juger dans un moment comme ce» lui-ci. » Je retournai dans le salon une heure après, lorsque M. le garde des sceaux entra. Je le vis passer avec sa mine froide et sévère; il me dit : Comment se porte madame de Pompadour?.... Je lui répondis: Hélas! comme vous pouvez l'imaginer; et il entra dans le cabinet de Madame. Tout le monde sortit; il y resta une demi-heure. M. l'abbé revint, et Madame sonna. J'entrai chez elle, et il me suivit. Elle était en larmes. « Il faut que je m'en aille, dit-elle, mon cher abbé ! » Je lui fis prendre de l'eau de fleur d'orange dans un gobelet d'argent, parce que ses dents claquaient. Ensuite elle me dit d'appeler son écuyer. Il entra, et elle lui donna assez tranquillement ses ordres pour faire tout préparer à son hôtel à Paris, et dire à tous ses gens d'être prêts à partir, et à ses cochers de ne pas s'écarter. Elle s'enferma ensuite pour conférer avec l'abbé de Bernis qui sortit pour le conseil. Sa porte fut ensuite fermée, excepté pour les dames de son intime société, M. de Soubise, M. de Gontaut, les ministres et quelques autres. Plusieurs dames venaient s'entretenir chez moi, et se désespéraient. Elles comparaient la conduite de M. de Machault avec celle du duc

de Richelieu à Metz. Madame leur en avait fait des détails du duc, et qui était auta nt de satires sur la conduite de celle du garde des sceaux. « Il croit ou feint de croire, disait-elle, que » les prêtres exigeront mon renvoi avec scandale; mais Ques>> nay et tous les médecins disent qu'il n'y a pas le plus petit danger.

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» Madame m'ayant fait appeler, je vis entrer la maréchale de Mirepoix qui, dès la porté, s'écria : « Qu'est-ce donc, Madame, >> que toutes ces malles? Vos gens disent que vous partez. → Hélas! ma chère amie, le maître le veut, à ce que dit M. de >> Machault. Et son avis à lui, quel est-il? Que je parte » sans différer. » Pendant ce temps je déshabillais seule Madame qui avait voulu être plus à son aise sur une chaise longue.

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>> Il veut être le maître, dit la maréchale, votre garde des >> sceaux, il vous trahit: qui quitte la partie la perd. » Je sortis: M. de Soubise entra, M. l'abbé ensuite et M. de Marigny. Celuici, qui avait beaucoup de bonté pour moi, vint dans ma chambre une heure après. J'étais seule. «< Elle reste, dit-il, >> mais motus; on fera semblant qu'elle s'en va pour ne pas ir»riter ses ennemis. C'est la pétite maréchale qui l'a décidée; >> mais son garde (elle appelait ainsi M. de Machault) le paiera. » Quesnay entra, et, avec son air de singe, ayant entendu ce que l'on disait, récita la fable du renard qui, étant à manger avec d'autres animaux, persuada à l'un d'eux que ses ennemis le cherchaient pour hériter de sa part en son absence. Je ne revis Madame que bien tard, au moment de son coucher. Elle était plus calme, les choses allaient de mieux en mieux, et Machault, infidèle ami, fut renvoyé. Le roi revint à son ordinaire chez Madame. J'appris par M. de Marigny que M. l'abbë avait été un jour chez M. d'Argenson pour l'engager à vivre amicalement avec Madame, et qu'il en avait été reçu très-froidement. « Il » est fier, me dit-il, du renvoi de Machault, qui laisse le champ » vide à celui qui a le plus d'expérience et d'esprit ; et je crains » que cela n'entraîne un combat à mort. »

» Le lendemain, Madame ayant demandé sa chaise, je fus

curieuse de savoir où elle allait, parce qu'elle sortait peu, si ce n'est pour aller à l'église ou chez des ministres. On me dit qu'elle était allée chez M. d'Argenson. Elle rentra une heure au plus après, et avait l'air de fort mauvaise humeur. Ensuite elle s'appuya devant la cheminée, les yeux fixés sur le cham branle. M. de Bernis entra. J'attendais qu'elle ôtât son manteau et ses gants, ayant les mains dans son manchon. L'abbé resta quelques minutes à la regarder, et lui dit : Vous avez l'air d'un mouton qui rêve. Elle sortit de sa rêverie en jetant son manchon sur un fauteuil, et dit : C'est un loup qui fait rêver le mouton. Je sortis. Le maître entra peu de temps après, et j'entendis que Madame sanglotait. M. l'abbé entra chez moi et me dit d'apporter des gouttes d'Hoffman. Le roi arrangea lui-même la potion avec du sucre, et la lui présenta de l'air le plus gracieux. Elle finit par sourire et baisa les mains du roi. Je sortis, et le surlendemain j'appris l'exil de M. d'Argenson. C'était bien sa faute, et c'est le plus grand acte de crédit que Madame ait fait. Le roi aimait beaucoup M. d'Argenson, et la guerre sur mer et sur terre exigeait qu'on ne renvoyât pas ces deux ministres.

» Bien des gens parlent de la lettre du comte d'Argenson à madame d'Estrades; la voici, suivant la version la plus exacte : « L'indécis est enfin décidé; le garde des sceaux est renvoyé, >> vous allez revenir, ma chère comtesse, et nous serons les >> maîtres du tripot. » (Journal de madame du Hausset.)

Récit de ce qui s'est passé au château de Versailles, chez la favorite, au moment de l'attentat de Damiens.

« LA consternation y fut générale; le roi se crut perdu; le Saint-Sacrement fut exposé à Paris et à Versailles. Le roi, qui s'était converti à Metz en 1744, se convertit de même le jour de ce forfait, et le lendemain encore. On pense bien que madame de Pompadour ne manqua pas d'accourir près du roi, pour lui prouver par ses larmes son tendre attachement; mais tous les gens de bien, tous les ecclésiastiques qui environnaient le prince,

se réunirent pour la repousser. Le roi ne fut confié qu'aux soins et à la tendresse de sa famille ; et M. d'Argenson, ministre, trouvant l'occasion de satisfaire sa haine pour madame de Pompadour, se distingua parmi ceux qui la repoussèrent quand elle osa se présenter à la porte du roi.

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pas de longue

Le triomphe des prêtres et du ministre ne fut durée. Madame de Pompadour, furieuse de n'avoir pu jouer sa comédie, songeait à se venger, s'il était possible, de l'affront qu'on lui avait fait avec tant d'audace. La blessure se trouvant bien différente de ce qu'on l'avait crue, dès le lendemain au soir, on cessa de s'inquiéter de ses suites. Au bout de deux ou trois jours, le roi presque guéri fait visible, et, comme en 1744, il reprit son train de vie. Uue de ses premières visites fut celle qu'il rendit à madame de Pompadour. Elle le reçut de la manière du monde la plus propre à faire pitié. Ses yeux éplorés, son visage couvert de larmes, annonçaient une désolation qui ne pouvait manquer de produire son effet.

» Après l'avoir félicité, encore félicité de son heureux rétablissement, elle se répandit en plaintes amères sur la conduite qu'on avait tenue à son égard. Elle finit par dire qué « puisqu'il >> lui était défendu de le voir dans le temps que son devoir l'exigeait le plus, et que lui-même en avait le plus besoin, >> elle ne pouvait faire mieux que de se retirer à temps, pour » ôter à ses ennemis la maligne joie de lui faire encore un pa

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>> reil outrage. »

>> Cette menace de se retirer, menace que cette femme ne, fait guère que quand elle est assurée de n'être pas prise au mot, eut tout l'effet possible sur l'esprit du roi. Il résolut de lui donner la satisfaction la plus éclatante, et de lui accorder ce qu'elle n'avait pu ni osé demander. Il commença par exiler le trop consciencieux évêque, avec trois ou quatre courtisans qui avaient fait les empressés à lui défendre l'entrée. M. d'Argenson fut disgracié et obligé de se démettre de sa charge. On croirait qu'en lui donnant pour successeur le jeune marquis de Paulmyd'Argenson, son neveu, le roi avait l'intention d'adoucir la

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