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>> vant toujours à chacun le respect qui lui est dû >> selon son rang et sa qualité. Lorsque le commun

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peuple, et surtout les enfans, se trouvent avec >> des étrangers ou avec des personnes qui sont aul'or>> dessus d'eux, une honte rustique éclate >> dinaire dans toutes leurs manières. Le désordre, >> qui paraît d'abord dans leurs regards et dans leurs

pour

paroles, les déconcerte à tel point, qu'ils ne >> sont plus capables de s'exprimer, ou du moins » de le faire avec cette liberté et cette grâce qui ne >> manque jamais de plaire, et sans laquelle on ne >> saurait être agréable. Le seul moyen de corriger >> la jeunesse de ce défaut, comme de tout autre » méchant pli, c'est de lui faire prendre par l'u>> sage une habitude toute contraire. Mais, comme nous ne saurions nous accoutumer à la conversa» tion des étrangers et des personnes de qualité sans être de leur compagnie, rien ne peut dissi» per cette espèce de rusticité que de fréquenter » différentes sociétés composées de personnes au>> dessus de nous par l'âge, le rang et le mérite. »

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1.

M. de Moncrif 1 dans son Essai sur la nécessité et les moyens de plaire, donne de la politesse cette définition: « La politesse est l'oubli constant de » soi pour ne s'occuper que des autres. >>

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Voilà, ma chère Elisa, ce qu'un des esprits les

Moncrif, lecteur de la reine Marie Leckzinska, épouse de Louis XV, et l'un des quarante de l'Académie française, mourut en 1770.

plus profonds des temps modernes, et ce qu'un homme vivant dans une grande cour, ont dit sur la politesse. Après eux, que pourrai-je ajouter? Je serai porté naturellement à répéter ces réflexions probablement en termes moins choisis, et vous avez un trop bon esprit pour ne pas mettre à profit le peu de lignes que je vous ai transcrites, en jugeant, comme je le fais, que l'on a souvent imprimé des volumes qui renfermaient moins de substance.

:

On peut, je crois, distinguer deux sortes de politesse l'une consiste dans la seule connaissance d'une foule d'usages qu'une femme aigre et désobligeante peut souvent exercer avec scrupule, sans avoir pourtant trouvé l'art de plaire; c'est une politesse d'étiquette, que, dans ma retraite, je puis avoir oubliée et que vous apprendrez bientôt en observant ce qui se passe autour de vous: l'autre ne s'enseigne point; elle est de tous les temps et de tous les pays, et ce qu'elle emprunte de l'un et de l'autre est si peu essentiel, qu'elle se fait sentir à travers le style le plus ancien et les coutumes les plus étrangères. Bien qu'elle ait besoin d'être développée par l'usage, elle part de l'âme, elle tire son charme le plus grand d'un sourire ou d'un regard, elle est la politesse du cœur; et je peux vous le dire, ma chère Élisa, cette précieuse qualité, qui répand la joie autour de nous, et qui attire la bienveillance et l'amitié, vous la possédiez dès votre enfance, et vous l'exerciez comme par instinct envers vos jeunes compagnes. Je suis donc

beaucoup plus rassuré que vous-même sur votre politesse; je suis sûr que votre profond respect pour madame de.... et pour ses parentes aura continuellement guidé vos discours et vos actions, et je gagerais presque que vous avez su distinguer quelque vieux serviteur auquel madame de.... doit être attachée de préférence, pour lui faire entrevoir qu'intérieurement vous lui savez gré des soins qu'il lui rend tous les jours et de ceux qu'il a dû lui rendre.

LETTRE XXXIII.

Zoé à Élisa..

Écouen, ce 7 octobre 1808.

COMBIEN je te sais gré, ma chère Elisa, d'avoir pris la peine de copier les deux lettres de ton oncle ! J'ai bien senti en les lisant qu'il était impossible d'en faire le sacrifice, même pour quelque temps. Que de charmes, que de choses utiles sont réunis dans ta correspondance ! Laisse-le-moi répéter, je te dois mon bonheur actuel, et je te devrai mes bonnes qualités.

L'inspection de madame la directrice a eu lieu les 5, 6 et 7 de ce mois. On a employé une journée pour chaque division. J'ai obtenu cinq cartes de contentement, j'en fais partir quatre pour Valence, et je t'envoie la cinquième. C'est un hommage que je te devais, mon Elisa; tu as été ma plus précieuse institutrice; sans tes avis les soins des maîtresses m'eussent été inutiles. Jamais il n'entrera à Écouen de jeune fille plus ignorante, plus présomptueuse, moins disposée à s'instruire, plus ennuyée, je puis dire plus révoltée, que ta pauvre Zoé. Par la bonté que tu as mise à m'éclairer, tu as fait disparaître

une partie de ces défauts. Enfin je te dois mes succès et je veux te les détailler.

Ma première carte de contentement est pour avoir été première à la grammaire ;

La seconde, pour un résumé de l'histoire sainte dont j'ai récité plusieurs passages;

La troisième, pour les calculs et pour la comparaison des nouveaux poids et mesures avec les anciens;

La quatrième, pour un bouquet de fleurs dessiné d'après un tableau;

La cinquième, pour la géographie; j'ai été interrogée sur la carte d'Europe et sur celle de la France.

J'éprouve de jour en jour de bien douces surprises, à voir combien les choses qui me semblaient autrefois si ennuyeuses commencent à m'intéresser. J'avais une telle antipathie pour l'étude de la géographie, que c'était un dégoût pour moi de voir chez ma mère les grandes cartes qui tapissent les corridors. J'y passais en détournant la tête, et je me promettais bien en moi-même de ne jamais me tourmenter à les examiner. Mais aujourd'hui, quelle différence! avec quel plaisir je trouve sur la carte le nom de Valence, ceux de Romans, de Saint-Vallier et celui de Chabeuil, si voisin de ton habitation! J'ai suivi ta route à travers l'Auvergne, j'ai lu toutes les descriptions qu'en donnent nos livres de géographie, et j'ai cherché long-temps aux

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