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de....... Cette dame aime tendrement na mère, qu'elle a connue en Allemagne.

Ma petite sœur est folle de joie; elle s'attend à trouver beaucoup de petites amies, et s'en réjouit. Elle ne sait pas combien il est rare de trouver une amie qui pense comme nous, et qui ne soit pas susceptible de jalousie et de caprices.

Si ma sœur avait douze ou treize ans, cela me procurerait au moins quelque consolation; mais que faire d'un enfant de huit ans? En vérité, tout se réunit pour me désespérer.

LETTRE IV.

Elisa à Zoé.

Chabeuil, ce 1er avril 1808.

Tu me fais une véritable peine, ma Zoé. Quel travers de rechercher une amie, et de ne pas vouloir qu'elle te parle avec sincérité! Ce n'était pas une amie que tu voulais, c'était une compagne d'amusemens ou une complaisante. L'amitié autorise les conseils utiles. C'est une vérité, ma chère Zoé, à laquelle on est heureux de croire : alors, au lieu de s'offenser des remontrances les plus sévères, on les écoute avec soumission et reconnaissance, lorsqu'elles viennent d'amis qui croient avoir à nous reprendre de nos défauts. J'oserai donc te dire la vérité et te contrarier, puisque ton bonheur en dépend ; je t'avouerai, par exemple, que j'applaudis à la sagesse de ton père, lorsqu'il prescrit de ne pas t'enchanter, pendant une quinzaine de jours, de plaisirs auxquels il te faudrait si promptement renoncer, et qui ne peuvent être, dans tous les cas, que des amusemens passagers pour des familles aussi peu fortunées que les nôtres. En les quittant, tu te persuaderais facilement que tu éprouves un

nouveau malheur. Crois-moi, ma Zoé, tu peux avoir de véritables jouissances à Ecouen; je connais des dames qui ont parcouru ce bel établissement et qui en sont charmées. Tout y est simple et grand; tout y donne l'idée de la bienveillance paternelle du souverain. On dit aussi qu'il y a une réunion de dames très-instruites et très-indulgentes. Tu me demandes ce que ta petite sœur peut faire pour ton bonheur? Beaucoup assurément, au moins dans ma façon de voir, que je voudrais te faire partager. D'après le règlement 'de cette maison, chaque grande élève doit prendre soin d'une plus jeune : tu n'auras pas à soigner une étrangère, tu remplaceras ta mère auprès de sa jolie petite Victorine. Le matin, après l'avoir peignée, habillée, tu lui donneras quelques avis sur l'emploi de sa journée; le soir tu lui feras dire si l'on a été satisfait de sa conduite dans les classes; tu doubleras ainsi pour l'avenir la tendresse qu'elle te doit, et elle joindra aux sentimens d'une sœur cadette, ceux d'une fille soumise et reconnaissante. Peux-tu méconnaître de pareilles jouissances?

Je termine ma lettre, je crains de moraliser beaucoup trop et de finir par t'ennuyer. Écris-moi avant de partir, écris-moi de Paris, écris-moi encore d'Ecouen. Tes lettres, telles qu'elles sont, me font un grand plaisir; et, lorsque je les verrai telles qu'elles devraient être, je jouirai véritablement: car on a beaucoup d'amour-propre pour ses amis.

LETTRE V.

Zoé à Élisa.

Valence, ce 2 avril 1808.

Tu loues tout ce que je blâme, tu t'enchantes de tout ce qui me désespère; si je n'avais pas entendu dire à mon père que les caractères les plus opposés sont ceux qui se lient le plus facilement, je ne concevrais pas comment j'ai pu m'attacher à toi, ni comment je t'aime encore. Cependant, je l'avoue, tu m'impatientes, tu me parais pédante à l'excès, et j'ai toujours du faible pour toi. Ne va donc pas croire avoir fait une convertie; non, mon humeur est toujours la même. Je trouve plusieurs des actions de Napoléon dignes de l'enthousiasme qu'elles font naître; mais je ne puis applaudir à son idée de réunir tant de jeunes filles dans un aussi sévère asile. Si j'étais instruite comme tu l'es, rien ne me forcerait de cacher à mon père le désespoir que j'éprouve. Mais en six mois j'espère bien savoir parfaitement ma langue, et dessiner agréablement; quant aux devoirs du ménage, je les apprendrai aussi bien chez ma mère qu'à Ecouen. Je pars donc, bien résolue de me livrer, dans quelque temps, à

un tel désespoir, que ma santé en souffrira réellement, si l'on ne cède à la demande que je ferai de quitter Ecouen.

Je ne te conçois pas, quand je te vois regretter l'avantage dont je vais jouir. Qu'aurais-tu à apprendre dans ce beau séjour? tu ne pourrais y figurer autrement qu'en institutrice.

Adieu, je n'ai pas le courage d'en écrire davantage. On répare sous mes fenêtres le chariot allemand de mon père, car nous partons en poste, avec deux personnes que je ne connais pas et qui ont affaire à Paris; les frais de route seront moins considérables, et nous n'aurons pas le désagrément de voyager par la diligence.

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