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qu'il peut séduire, et prononce qu'il ne veut rien de tout ce qu'il regrettera.

Notre réputation, notre crédit, notre fortune, naissent donc de la réunion des qualités et des cir

constances.

L'Europe criait à haute voix depuis 1792: La couronne de France est là où on a cru l'avoir détruite. Ceux, par milliers, qui y visaient en prenant des routes détournées, tous, en un mot, excepté un seul homme, n'ont pu la reprendre, la laver de toutes ses souillures, et la montrer plus resplendissante que jamais aux yeux de l'Europe étonnée. Cet homme, qui était un composé de toutes les qualités morales et physiques réunies fut servi par une seule circonstance, celle de son commandement en Italie. Mais ces réunions parfaites, la nature en est avare comme elle l'est de ces diamans d'une énorme grosseur, dont le nombre est si rare, que depuis des milliers d'années les mines qui les contiennent en ont à peine produit cinq ou six.

J'aime à raisonner avec toi; les lectures de tous les moralistes n'ont vraiment produit d'effets salutaires sur nos jugemens que lorsque nous réfléchissons nous-mêmes; d'ailleurs mes entretiens te prouvent que je me porte bien, et par cela seul doivent te plaire.

QUELQUES NOTES

SUR MA CONDUITE

AUPRÈS DE LA REINE.

AVANT la révolution, ma famille était comblée des bienfaits de la reine; ces bienfaits m'avaient attiré des ennemis. Les crises révolutionnaires leur fournirent l'occasion de satisfaire leur haine.

Le voyage de Varennes est l'époque sur laquelle on s'est attaché à noircir ma conduite; rien ne pouvait mieux prouver l'aveuglement de mes détracteurs, car je n'étais point à Paris lors de ce funeste départ.

Avant que je m'absentasse, la reine m'avait prévenue du projet ; elle venait de prendre des mesures pour trouver, dans les Pays-Bas, divers objets qui lui étaient commodes.

Au mois de mars 1791, Sa Majesté m'avait ordonné de lui faire faire secrètement un trousseau complet; j'exécutai la commission.

Madame Cardon, ma tante, femme de chambre

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de la reine, partit pour la Belgique, et fit sortir de France la malle 1 qui contenait le trousseau.

1

pas

A peu près dans le même temps, j'emballai, seule avec la reine, les diamans qu'elle voulait faire ser à l'étranger. M. le duc de Choiseul porta ces diamans à Bruxelles.

Lorsque le mois de juin fut choisi pour l'époque du voyage, la reine me fit partir pour l'Auvergne. Les plus grands chagrins et les projets de la plus haute importance ne distrayaient point Sa Majesté de la bienveillance qu'elle accordait à d'anciens serviteurs. C'était par ses ordres que les médecins envoyaient M. Campan, mon beau-père, aux eaux du Mont-d'Or. La reine voulait l'éloigner des scènes populaires qu'elle croyait devoir se passer après le départ de la famille royale.

Le mois de juin n'était pas dans mon service; je ne pouvais donc partir avec la reine. Sa Majesté voulait cependant que je la suivisse; elle pensait que de l'Auvergne, en gagnant Lyon, j'aurais plus de facilité pour sortir de France. Je me mis done en route, avec l'ordre formel de la rejoindre dès que j'aurais appris quel était le lieu de son séjour en pays étranger.

Avant mon départ, la reine me chargea de choisir une personne dévouée, chez qui je pusse déposer un

Il y avait aussi dans cette malle des robes et du linge pour MADAME, des habits et du linge pour monseigneur le dauphin.

portefeuille qui me serait remis par Sa Majesté. Je choisis madame Vallayer-Coster, peintre en fleurs cette dame garda le portefeuille jusqu'en septembre 1791, époque à laquelle je le retirai de ses mains pour le remettre à la reine.

Je partis de Paris le 1er. juin; j'appris au Montd'Or l'arrestation de la famille royale. Mon beaupère se mourait; nous ne revînmes à Paris qu'à la moitié du mois d'août.

Ah! que ne puis-je faire connaître à ceux qui me calomnient l'accueil à la fois sensible et déchirant que je reçus alors de la reine! Ils rougiraient de leur injustice.

Pendant mon absence, les trahisons de la femme de garde-robe R.........., avaient été découvertes. La reine avait choisi pour la remplacer une femme qui m'appartenait cette R........ avait découvert l'emballage des diamans; elle l'avait dénoncé, ainsi que l'envoi du nécessaire. Le maire Bailly fut remettre ces dénonciations à la reine.

:

Je ne quittai point Paris, ni le château, depuis mon retour des eaux, jusqu'à la journée du 10 août.

La reine se rendait souvent dans mon appartement pour y donner des audiences loin des yeux qui épiaient ses moindres démarches.

Chaque jour, Sa Majesté me chargeait des commissions les plus importantes; la nuit je consolais ses veilles, et j'essuyais ses larmes.

Je ne recevais aucun député. Un ancien ami de

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