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Bientôt après, des embarras de finances, l'opiniàtre résistance des parlemens et l'impéritie du ministre de Loménie de Brienne, amenèrent la convocation des états-généraux. Malgré les excès qui souillèrent cette époque, malgré le renversement de toutes les anciennes institutions, le bien pouvait encore se faire, si l'Assemblée constituante eût cédé aux avis, aux lumières du parti qui réclamait nonseulement une garantie pour les libertés nationales, mais les avantages d'une noblesse héréditaire, par la formation d'une chambre haute, composée d'une noblesse qui ne serait plus exposée à voir les talens rendus inutiles au bien du pays par la volonté d'un souverain ou la haine d'un favori. Des noms respectables se voyaient à la tête de ce parti le marquis de Lally-Tollendal, le vicomte de Noailles, le marquis de La Fayette, Malouet, Mounier, etc. Le duc d'Orléans y figura quelques instans, mais seulement comme homme mécontent et factieux, prêt à passer successivement dans tous les partis les plus exagérés. Parler alors à la cour de la constitution anglaise, faire du roi de France un roi d'Angleterre, paraissait aussi criminel que si l'on eût osé proposer de détrôner le roi, de briser la couronne ornée des lis. Le parti des deux chambres, rejeté par la cour, donna le temps à un parti plus républicain de se former et de s'appuyer de la force populaire. M. de La Fayette, imbu des principes américains qu'il avait servis si glorieusement, se

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trouva porté à être le chef de ce parti. Dès le 6 octobre 1789, six mois après l'ouverture des étatsgénéraux, la presque totalité des partisans de la constitution anglaise émigra et fut soustraite aux horreurs qui menaçaient la France.

Un homme, malheureusement digne de la célébrité des orateurs grecs et romains, Mirabeau, embrassa la cause d'une constitution plus républicaine. Naturellement la cour y fut encore plus opposée qu'aux premiers vœux des amis de la constitution anglaise.

Les révolutionnaires enflammèrent le peuple, l'appelèrent à leur secours, l'armèrent; les châteaux furent incendiés ou pillés, tous les nobles obligés de quitter la France. Le palais de Versailles fut assiégé par la populace de Paris; le roi fut traîné dans cette ville d'une manière cruelle et dégradante, sa voiture précédée par une horde qui portait en triomphe les têtes de deux de ses gardes. Les députés, au milieu des orages, travaillaient à achever l'acte constitutionnel; le roi, comme pouvoir exécutif, y était trop dépouillé de puissance. Il jugea l'impossibilité de faire marcher une semblable constitution, et s'enfuit avec sa famille. Sa fuite combinée et son projet trahi donnèrent le temps à l'Assemblée de le faire arrêter comme il touchait aux frontières de son royaume; il fut ramené avec l'infortunée Marie-Antoinette, la vertueuse Elisabeth, Madame et le dauphin. Ils supportè

rent en route toutes les insultes d'une multitude ef

frénée 1.

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A cette époque, les jacobins, secte furieuse et

« Le 21 juin 1791, jour du départ du roi pour Varennes, Sa Majesté, qui, lorsqu'elle fut obligée de se rendre à l'Hôtelde-Ville de Paris, au mois de juillet 1789, avait donné à Monsieur un écrit de sa main, par lequel elle le nommait lieutenant général du royaume, et lui en confiait le gouvernement dans le cas où elle serait hors d'état de l'exercer (écrit que Monsieur avait rendu en 1790), dit à M. de Fersen qu'elle le chargerait de lui en porter un pareil; mais la précipitation l'ayant empêchée de le faire avant son départ, lorsqué Sa Majesté fut à Bondy, et au moment de prendre son relais, elle chargea expressément M de Fersen d'aller, dans le cas qu'elle fût arrêtée, attester à Monsieur ses intentions, et lui annoncer que, dès qu'elle le pourrait, elle lui enverrait par écrit les pleinspouvoirs qu'elle lui donnait verbalement.

>> M. de Fersen s'acquitta de sa commission lorsqu'il joignit les princes à Bruxelles immédiatement après l'arrestation du roi, et leur fit part des ordres de S. M., qu'il avait eu soin d'écrire immédiatement après les avoir reçus.

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<«< Monsieur écrivit aussitôt (le 2 juillet) au baron de Breteuil, qu'il venait d'être informé directement que l'intention » du roi était qu'il fît en son nom, de concert avec le comte » d'Artois, tout ce qui pouvait servir au rétablissement de sa » liberté et au bien de l'État, en traitant à ce sujet avec les puissances; qu'en conséquence lui, baron de Breteuil, de» vait regarder comme révoqués les pouvoirs qu'il avait reçus >> antérieurement, et n'employer désormais son zèle que con>> formément à ce qui lui serait prescrit de leur part. » Quelques jours après, Monsieur reçut les pouvoirs du roi datés du 7 juillet 1791. » (Mémoires de Bertrand de Molleville, tom. I. )

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(Note de l'édit. )

sanguinaire, à la tête de laquelle étaient Robespierre et Marat, voulurent faire prononcer la déchéance du roi et fonder une république. Le parti constitutionnel, quoique très-affaibli, eut encore assez de force pour s'y opposer. La constitution fut achevée; le roi, qui, depuis son voyage manqué, était en arrestation, fut rendu à la liberté, et vint faire sur cette nouvelle charte le serment de la maintenir et de la défendre. On donna des fêtes brillantes qui précédèrent de bien peu des jours de deuil et de désespoir. Deux décrets que le roi rejeta, celui qui menaçait les prêtres et celui re

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« La cour était dans la plus grande perplexité. Quant à Louis XVI, ce prince, faible et sans volonté, montrait, pour la première fois, le plus grand courage. Le clergé était de toutes parts emprisonné, exilé, massacré lui seul soutenait sa cause avec magnanimité. Henri IV avait abjuré sa religion pour la couronne, et Louis l'abdiquait pour conserver sa religion. Le faible Charles Ier., refusant aux presbytériens de signer l'abolition de l'épiscopat, marchait droit à l'échafaud. Louis, en l'imitant, savait que le même sort lui était réservé; et chaque jour, comme pour apprendre à mourir, il lisait un chapitre de Hume et de Rapin de Thoiras. Étudiant la conduite de Charles Ier., abandonné peu à peu des princes de son sang et de ses tantes qui erraient en Europe à l'aventure; n'ayant pour conseil qu'une femme furieuse qui avait contribué à le conduire à cette situation; environné de ses deux enfans qui avaient une figure angélique, il fut grand et intéressant dans l'adversité. » On reconnaît Soulavie, son injustice et sa haine, aux expressions qui sont soulignées.

(Note de l'édit.)

latif à la formation d'un camp sous Paris, servirent de prétexte aux plus violentes attaques dirigées contre lui. Malheureusement le roi crut que, sans dévier de sa marche, il serait retiré de ses liens et dégagé de sermens forcés. Il se trompait : le peuple entier s'avança; les troupes étrangères furent repoussées; le palais des Tuileries assiégé; le roi et sa famille enfermés au Temple, d'où ils ne sortirent que pour monter sur l'échafaud1, à l'exception de Madame et du jeune prince qui mourut victime des mauvais traitemens qu'on lui avait fait éprouver.

L'EMPEREUR JOSEPH II manifesta, en novembre 1783, et surtout en mai 1784, des prétentions embarrassantes pour la république des ProvincesUnies; il demanda l'ouverture de l'Escaut, la cession de Maëstricht avec ses dépendances, du pays d'outre-Meuse, du comté de Vroenhoven, et une somme de soixante-dix millions de florins.

Le premier coup de canon fut tiré par l'empereur, sur l'Escaut, le 5 novembre 1784.

1 A ce précis rapide, exact, judicieux, des causes et des principales circonstances de la révolution, se joignent encore dans les éclaircissemens, lettre (P), des détails instructifs sur le but et l'esprit des différens partis qui, depuis l'Assemblée législative jusqu'à 1793, se disputèrent le pouvoir et la popularité. (Note de l'édit.)

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