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>>teurs.

>> Il faut que vous ayez de bien faibles protecJe n'en ai point, madame, répondit » le pauvre chevalier tout troublé. Eh bien ! je >> serai votre protectrice. Demain, à pareille heure, » trouvez-vous ici avec un placet et un état de vos » services. » Quinze jours après M. d'Orville fut nommé lieutenant de roi de la Rochelle ou de Rochefort 1.

LA vraie sensibilité de la reine lui fournissait à l'instant même les choses les plus flatteuses et les plus honorables à dire aux gens qu'elle estimait. Lorsque M. Loustonneau, premier chirurgien des enfans de France, fut nommé à la survivance de M. Andouillé, premier chirurgien du roi, il vint à l'heure du déjeuner de la reine faire ses remer

1 Il paraît que Louis XVI disputait à la reine le prix de ses actions bienfaisantes. On en jugera par l'anecdote que rapporte un ouvrage publié sous son règne.

« Un ancien officier avait inutilement sollicité une pension sous le ministère de M. le duc de Choiseul : il était revenu à la charge du temps de M. le marquis de Monteynard et de M. le duc d'Aiguillon. Il avait insisté auprès de M. le comte du Muy, qui avait pris note de son affaire dans les meilleures intentions du monde de le servir; mais l'effet ne suivait pas la volonté du ministre. Lassé de tant de démarches inutiles, il se présenta dernièrement au souper du roi; et, s'étant placé de manière à pouvoir être vu et entendu, il s'écria dans un moment où le silence régnait : Sire! ceux qui étaient autour de lui, lui dirent: « Qu'allez-vous faire? on ne parle pas ainsi au roi.-Je ne crains

cimens. Cet honnête homme était généralement chéri à Versailles; il s'y était dévoué à soigner la classe indigente, et versait chez les pauvres malades près de trente mille francs par an. Son extrême modestie n'avait pu empêcher qu'à la longue de si grandes charités ne fussent connues. Après avoir reçu l'expression de la reconnaissance du bon Loustonneau, la reine lui dit : « Vous êtes >> content, monsieur; mais moi je le suis bien peu » des habitans de Versailles. A la nouvelle de la » grâce que le roi vient de vous accorder, la ville >> aurait dû être illuminée. Et pourquoi cela, » madame? » reprit le premier chirurgien avec un étonnement inquiet. « Ah! reprit la reine avec l'ac» cent de la sensibilité, si tous les indigens que vous >> secourez depuis vingt ans eussent seulement al

rien; » et parlant encore plus haut, il continua: Sire! Le roi surpris le regarda, et lui dit : « Que voulez-vous, monsieur?— Sire, lui répondit-il, j'ai soixante-dix ans; il y en a plus de cinquante que je suis au service de Votre Majesté, et je meurs de faim.. - Avez-vous un mémoire ? reprit le roi Oui, sire, j'en ai un.-Donnez-le-moi, » et il le prit sans rien dire de plus. Le lendemain matin, un exempt des gardes fut envoyé par le roi dans la grande galerie pour chercher l'officier qui s'y promenait. L'exempt lui dit, « Le roi vous demande, monsieur; » et il se rendit sur-le-champ dans le cabinet de Sa Majesté, qui lui dit : « Monsieur, je vous accorde 1500 livres de pension annuelle sur ma cassette, et vous pouvez aller recevoir la première année qui est échue.» (Correspondance secrète de la cour, règne de Louis XVI.)

(Note de l'édit.)

» lumé une chandelle sur leur fenêtre, on n'aurait

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Le jour même où le roi annonça qu'il consentait à la convocation des états-généraux, la reine sortit de son dîner public, et se plaça dans l'enfoncement de la première croisée de sa chambre à coucher, le visage tourné vers le jardin. Son chef du gobelet la suivait pour lui servir son café qu'elle prenait ordinairement debout en sortant de table. Elle me fit signe de m'approcher d'elle. Le roi était occupé à parler à quelqu'un dans sa chambre. Quand l'officier l'eut servi, il se retira; et, sa tasse à la main, elle me dit : « Grand Dieu! quelle nou» velle va se répandre aujourd'hui ! Le roi accorde » la convocation des états-généraux. » Puis elle ajouta, en levant les yeux au ciel : « Je le crains >> bien; cet important événement est un sinistre » premier coup de tambour pour la France. » En baissant ses yeux, ils étaient pleins de larmes. Elle ne put continuer de prendre son café, me remit sa tasse, et fut rejoindre le roi. Le soir, quand elle fut seule avec moi, elle ne parla que de cette importante décision. «C'est le parlement, dit-elle, qui a » amené le roi jusqu'à la nécessité d'avoir recours à >> une mesure depuis long-temps considérée comme >> funeste au repos du royaume. Ces messieurs veu» lent restreindre la puissance royale, mais au moins

>> est-il bien certain qu'ils portent un grand coup » à l'autorité dont ils font un si mauvais usage, » et qu'ils amèneront leur destruction. C'est peut>> être le seul côté favorable d'une aussi alarmante

» mesure. »

Extrait des différentes lettres de madame Campan, première femme de chambre de la reine, du 5 octobre au 31 décembre 1789.

J'IGNORE si j'aurai la force de vous tracer les scènes affligeantes qui viennent de se passer presque sous mes yeux. Mes sens égarés ne sont point encore calmés, mes rêves sont affreux, mon sommeil pénible. Ma soeur était auprès de la reine pendant la nuit du 5 : je tiens d'elle une partie des circonstances que je vais vous dire. Lorsque M. de La Fayette eut quitté le roi en disant qu'il allait faire loger ses troupes comme il le pourrait, tout le monde au château crut pouvoir goûter les douceurs du repos. La reine elle-même se coucha, et lorsque ma sœur eut rempli auprès d'elle ses fonctions, elle se retira dans la chambre qui précède la sienne; là, se laissant aller aux accens de sa douleur, elle dit à ses compagnes, en fondant en larmes : « Se >> couche-t-on quand il y a dans une ville trente >> mille hommes de troupes, dix mille brigands et >> quarante-deux pièces de canon? - Non assuré»ment, répondirent-elles, il ne faut pas nous ren>> dre coupables d'un pareil tort. » Elles restèrent donc tout habillées, et s'assoupirent appuyées sur leurs lits. Il était alors quatre heures. A six heures précises, la foule des brigands, ayant forcé les

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